Technique de relais ENSA

Ah tiens. P’tite question du soir.
J’ai du mal à comprendre l’utilité du mousqueton primaire sur la majorité des relais construits sur sangle (bouline et cab, ou triangulé avec un nœud créant une boucle basse fixe et bien équilibrée).
Pourquoi rajouter un mousquif, alors que se vacher et installer un réverso dans la boucle de sangle ou de Dynaloop (eh eh) est si simple et me semble largement aussi fiable qu’un gros HMS dédié ? Pour moi, plus on rajoute d’éléments à une chaîne, plus elle se fragilise. Et je préfère métal sur textile VS métal sur métal.

Merci pour votre éclairage éclairé et lumineux.

Sylvain.

Effectivement, ça laisse une sacrée marge. Il est logique que les fabricants soient très prudents et qu’ils se donnent aussi une sacrée marge dans leurs recommandations, afin de dégager leur responsabilité. Il y a aussi le problème, purement marketing, du rythme de renouvellement des achats des consommateurs…

Je laisse les chefs te répondre sur la question du mousquif.

Moi, je mettrais effectivement ma vache directement sur l’anneau du bouline et un second mousquif dans le bouline pour installer le reverso. Rabouter deux mousquetons l’un à l’autre, surtout pour le reverso, est-ce que ça ne crée pas, en outre, un risque de faire mal travailler les mousquetons l’un sur l’autre en cas de chute du leader ? Un mousqueton de plus, il faut aussi le porter…

Merci pour les infos :+1:

Pour le point central effectivement pas besoin de rajouter de mousqueton, c’est la boucle du nœud de bouline qui tient ce rôle :wink:

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Sur quoi te bases tu pour affirmer cela? Tu as des données factuelles?

À priori, je dirais que comme il semble toujours vivant, c’est que ses sangles de plus d’1 an n’ont pas cassé ?

Pour des valeurs chiffrées, Hownot2 (par exemple) teste tout un tas de vieilles sangles et cordes.

Egalement ici : Tests de résistance des matériels usagés

La plupart de mes sangles ont entre 10 et 25 ans.
Mais je ne chute pas souvent dessus, et encore moins en facteur 2 !
Par contre je confectionne des relais suspendus avec.
Mais la principale source objective est bien sûr les tests de Hownot2 et @Thierry_A.

Les données factuelles que l’on a:

Celui qui donne une durée de vie de 1 ans est le même que celui qui a une certaine responsabilité dans le materiel.

Celui qui donne une durée de vie de 1 ans est le même que celui qui vendra le materiel de remplacement.

Celui qui donne une durée de vie de 1 ans a absolument aucune idée ce qui sera fait avec ce materiel. Plus tu le gardes longtemps et plus il y a de chance qu’un jour un truc limite lui arrive. Voir un deuxième et là on pourrait toucher à LA limite.

Marketing (changer le matos) + parapluie.
Avec la judiciarisation de la société, c’est normal que les fabricants et les clubs se protègent.

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y’a des clubs qui changent leur sangles tous les 1 à 3 ans ?

Bon en même temps, il suffit de prendre des sangles Petzl plutôt que des Mammut…

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La notice de : https://www.petzl.com/FR/fr/Professionnel/Amarrages/ANNEAU nous dit :

Mise au rebut :
ATTENTION, un événement exceptionnel peut vous conduire à rebuter un produit
après une seule utilisation (type et intensité d’utilisation, environnements d’utilisation :
milieux agressifs, milieux marins, arêtes coupantes, températures extrêmes, produits
chimiques…).
Un produit doit être rebuté quand :

  • Il a dépassé sa durée de vie.
  • Il a subi une chute ou un effort important.
  • Le résultat des vérifications du produit n’est pas satisfaisant. Vous avez un doute sur
    sa fiabilité.

Soit plus ou moins la même chose que cette sangle mammut : Belay Sling 19.0 | Mammut

DURÉE DE VIE ET ÉLIMINATION DU
MATÉRIEL La durée de vie du matériel
ne peut pas être définie à l’avance, du
fait qu’elle dépend de plusieurs facteurs,
comme de la fréquence de l’usage, de
l’entretien, des conditions climatiques etc.
Les rayons UV, vieillissement thermique,
vieillissement dû à l’hydrogène ainsi que
le vieillissement mécanique sont des fac-
teurs qui influencent la durée de vie de la
sangle. Lorsque plusieurs facteurs d’af-
faiblissement se cumulent et lorsque la
résistance de l’anneau est en outre réduite
par des noeuds, des valeurs de résistance
critiques rendant nécessaire l’échange
du produit peuvent être atteintes dans la
pratique. Il est donc primordial d’obser-
ver régulièrement l’évolution de l’état de
l’anneau et de respecter les instructions
relatives à la mise au rebut du fabricant
(voir ill. A). En principe le produit doit être
remplacé immédiatement:
– après une chute libre violente (charge
mécanique extrême)
– en cas de dommages aux coutures ou
aux sangles
– lors de souillures irréversibles (par ex.
huile, goudron, graisse)
– lors de forte charge thermique, contact
avec un objet chaud ou échauffement
dû au frottement avec point ou traces
de fonte visibles.
Avec un stockage optimal et lors d’un
usage peu fréquent, le produit doit être
échangé au plus tard après 7 ans

Tu remarqueras que l’image que tu nous a mis est une « durée de vie aproximative » (« Aproximate durability »). Il faut donc comprendre que si tu t’en sers fréquemment, l’usure normale de la sangle te conduira à la mettre au rebut bien avant sa durée de vie maximum. Comme la Petzl.

Ca s’appelle le biais du survivant.

c’est quoi ça ?

Ça reste un choix. Pour moi en usage « normal », il n’y a pas d’usure de la sangle visible du point de vue mécanique. Si la sangle est abimée, c’est qu’il y a eu un problème.
Dans le tableau Mammut, je suis entre 1 et 3 ans, et clairement je ne vais pas changer mes sangles en moins de 3 ans.

Si, par les frottements contre le rocher, elle s’effiloche progressivement, et ça finit par diminuer significativement sa résistance.
C’est pourquoi en limitant les frottements quand c’est facile de le faire, on augmente sa durée de vie. Typiquement, quand on réajuste une sangle autour d’un béquet : soit elle coulisse facilement et on peut la faire glisser, sinon il faut l’enlever et le replacer (ou autre technique qui limite le frottement).
C’est surtout pour les sangles dyneema car elles s’effilochent facilement.

ok. J’utilise assez peu les sangles pour les bequets, je mets plutôt des ficelous.

« Un événement exceptionnel peut vous conduire à rebuter le produit après une seule utilisation : (…) milieux marins »

La vache ! C’est sympa pour ceux qui grimpent dans les Calanques ou à Pen Hir. Hop, une sortie et les sangles prennent la direction de la poubelle… C’est magique.

Sur d’autres notices, on nous dit par exemple qu’une corde sale (je pense, par exemple, à un brin de rappel qui tombe malencontreusement dans l’eau de mer, ce qui n’est pas si rare) peut se laver, à tout le moins se rincer à l’eau claire.

bah oui, en une seule utilisation la sangle perd déjà 3 ans d’espérance de vie, elle passe de 10 ans à 7 ans.

Pour le lavage, tu peux les laver à la main, ou en machine (30 °C)

Oui oui, j’inspecte mes sangles régulièrement et j’en met au rebus quand je les juge trop usées, et certaines n’avaient que 5 ans.
Par ailleurs je suis loin de les utiliser aussi souvent que les victimes de ces accidents, donc rien d’exceptionnel à ce qu’elles durent longtemps.
Et rien d’exceptionnel non plus à ce qu’on fusille une sangle en 1 an d’utilisation intensive. Mais pour un guide avec clients (ce ne sont pas des travaux accros en environnement sale et abrasif, il maitrise, il n’est pas au taquet), a priori c’est facile de limiter les sources d’usure amenant à mettre une sangle au rebut au bout d’un an.

Merci pour ces nouvelles.
En lisant les posts ces jours derniers, j’en étais venue à penser à Jean-Michel Cambon, justement.

Il y a plusieurs éléments ici. D’abord, la corde statique n’a rien absorbé, de sorte que c’est le mètre de la longe qui, seul, a pris la chute (facteur 2 ?). Certes, la longe n’était sans doute pas neuve, mais elle n’est pas le seul facteur. Un mètre de longe, même dynamique, en capacité d’absorption, c’est limité (on l’a rappelé plus haut).

Marc Batard avait pu dire qu’ « en montagne, l’habitude tue ». C’est un peu le risque du « biais du survivant » évoqué précédemment.

C’est une bonne chose mais il faut aussi avoir en tête que la perte de résistance engendrée par le vieillissement UV peut être indécelable par une inspection visuelle. Certains textiles (selon leur nature, la techno de coloration des fibres, la couleur,…) peuvent se décolorer et ainsi témoigner d’une exposition importante aux UV pouvant conduire à une perte de résistance mécanique mais ce n’est pas le cas de tous. On peut avoir le cas de textiles visuellement identiques à du neuf et ne présentant aucune décoloration mais ayant perdu énormément en résistance mécanique suite à exposition aux UV.

D’autres facteurs peuvent également affaiblir de manière significative des éléments textile sans que cela soit identifiable par une inspection visuelle, on peut citer par exemple un cyclage par mises sous tension répétées générant une sollicitation en fatigue.

C’est la raison pour laquelle les préconisations de durée de vie des fabricants peuvent paraître très sévères.

Il y a eu des cas de rupture de harnais canyon sous des sollicitations faibles (pas de chute, mise sous tension par l’utilisateur en rappel par ex), elles s’expliquent vraisemblablement par un affaiblissement lié à plusieurs facteurs :

  • Perte de résistance mécanique lié à l’exposition UV lors des séchages
  • Conception avec points de faiblesse
  • Cyclage mécanique d’éléments textiles comme le pontet
  • Micro-abrasion liée à la présence de particules dans l’eau???

    Information baudriers canyon - FFME).
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En facteur 10 c’est « limité ».
En facteur 2 et 9 mm de diam. dynamique ( à changer tout les ans en spéléo ) et donc de moins d’un an c’est tout bon.
Une ancienne vidéo fait avec les moyens du bord ( coin de balcon et anneau plastique ) où il est question entre autre de facteur de chute.


PS hors sujet : de l’utilité du « chaise » ( à double) et « bouline » à l’Emhm !