Solutions pour dé-patiner les prises?

Posté en tant qu’invité par elion:

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hehe

Sinon est ce que caguer au pied des voies ça réduit la fréquentation, pour ralentir la patine?
C’était le quart d’heure poésie, merci.[/quote]

Oui superbe idée, mais c’est seulement pour le préventif, pas le curatif. Ici on parle du curatif. Il faut ouvrir un nouveau sujet sur cette question passionnante.
Pour l’idée de mettre du vernis (ou de la résine) avec des particules, je trouve ça plus artificiel et dégradant. Il faudrait en mettre sur toutes les prises, et on ne grimperait plus sur du calcaire, mais sur un nouveau type de revêtement. Pas sûr que ce soit écologiquement et éthiquement acceptable…

Un peu de vinaigre blanc dilué dans de l’eau, une brosse à dent, de l’huile de coude,et hop…Pas mal non. :smiley:

petit déterrage de post
des gens on testé l’acide chlorydrique?
le depatinage est durable?
j’aime pas trop l’idée du sika…

J’y vais de mon propre déterrage de post au vu de l’actualité.

Petite préface pour dire que je suis bien totalement opposé aux tentatives de dépatinage sans aucune concertation avec la communauté, et à titre personnel j’aime bien (à dose raisonnable) les voies patinées qui forcent une précision extrême.

Maintenant supposons qu’il y a globalement un consensus pour dépatiner une ou plusieurs prises dans une voie, il est intéressant de se demander quelle serait la meilleure solution.

Le but dans l’idéal est de restorer la voie au plus proche de la voie originale avec un aspect « naturel ».

Pour le moment j’ai entendu parlé du sika, d’une solution acide, d’huile de coude pour gratter en surface, mais j’ai l’impression qu’on obtient un résultat loin du caillou d’origine et ce ne serait apparemment pas durable pour certaines méthodes. Est-ce que d’autres solutions ont été testées ?

J’imaginais qu’un sablage à relativement haute pression (à déterminer en fonction de la dureté du calcaire) pourrait faire l’affaire pour reproduire l’érosion, mais logistiquement faut se trimbaler le matos en montant dans la voie. Après il y en a bien qui sont allé dans le Cerro Torre avec un compresseur… L’autre problème c’est que c’est destructif et que si on fait ça tous les 30 à 50 ans la voie deviendrait un mur lisse au bout de quelques générations.

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Oui !
En 2014, Michel Piola a dépatiné la voie Indiana Jaune (sauf l’avant dernière longueur (cheminée / boite au lettre), voie ouverte en 1990 :

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Il y a eu une discussion à ce sujet sur un autre forum. Plutôt que dépatiner, un équipeur proposait de rajouter des points là où c’était patiné et loin d’un point, car effectivement la patine on la ressent surtout quand on est loin du point, enfin moi c’est mon cas…J’avais trouvé ça pas idiot du tout,…

pas un forum, mais une liste de diffusion d’un club escalade de l’Isère dont il ne faut pas prononcer le nom ici :wink:

Aucun souci sur camptocamp à donner les noms…

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Ce n’est pas parce que l’équipement plus abondant permet de passer (en réduisant effectivement l’exposition, ce n’est pas forcément juste psychologique), qu’une voie patinée devient intéressante.
Si ce qui nous intéresse dans la grimpe est le geste et les sensations, et non le plaisir de clipper la 18è dégaine de la longueur, ajouter des points ne change rien.
J’arrive à grimper dans certaines voies patinées, moyennant de gros blocages (et donc bourrinage sur les doigts) pour que l’appui des pieds se fasse le plus possible perpendiculairement à la prise. Alors qu’à l’origine le passage se grimpait « sans les mains » (il y avait juste besoin de tirer moins d’1kg avec 2 doigts pour s’équilibrer, tous le poids était sur les pieds, sur des prises en adhérence).

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C’est ptêt valable dans le 6a, mais ça l’est sans doute beaucoup moins dans une dalle à friction en 7a ou 7b qui passait à l’origine … grâce au grain du rocher. Certaines voies ont très mal vieillies à ce niveau.


Pour ce qui est de masquer la patine, j’ai trouvé ça vraiment bien fait dans la Super Sirène aux calanques. À moins de se concentrer dessus, c’est quasi invisible. Alors ce n’est pas magique, ça glisse encore, mais ça à sans doute pas mal rajeuni la voie. J’ai eu l’impression que c’était du bon boulot.

Pour Indiana Jaune, c’est encore mieux fait… pour notre part, on ne l’aurait jamais remarqué si on ne l’avait pas lu avant. Là aussi rien de magique, j’ai trouvé la voie encore assez patinée mais par bonnes conditions, aucun problème. Après j’imagine que l’ouvreur s’est seulement concentré sur les prises les plus problématiques.

Autrement dans les solutions, j’avais lu que certains avaient aussi utilisé du vinaigre blanc, mais que finalement c’était une mauvaise idée. Si j’ai bien retenu, le rocher «buvait» le vinaigre par capillarité et se fragilisait en profondeur ce qui… entraînait la casse des prises. À confirmer si j’ai bien compris.

Ce que j’avais retenu de la question, c’est qu’il semble préférable de rajouter de la matière, plutôt que d’en enlever.

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Hello,

La vidéo de Lionel https://www.youtube.com/watch?v=6nBex5FBJDA montre hélas ce que l’on peut faire peut-être en pire avec le sika… Un tel « travail » annihile toute tentative de réflexion sur la réparation des voies patinées…

Pourtant, dans un contexte où il devient assez complexe de défricher de nouvelles lignes ( grandes voies ou secteur de couennes) en étant sous le feu des pressions naturalistes et/ou des enjeux de responsabilité pour les propriétaires, la question de la réhabilitation de l’existant se pose pleinement à mon sens.

Qu’il est bien triste de voir maints itinéraires historiques - de presque un siècle pour certains comme Super Sirène - ou beaucoup plus récent - Dalles Grises au Verdon par exemple -, subir les conséquences de notre passion…Pour ma part, la patine me détourne de ces itinéraires parfois majeurs, mais trop abîmés car l’escalade y devient parfois vraiment trop pénible voire dangereuse dans la mesure où l’équipement en place n’est plus pensé pour faire face aux « zipettes ».

On peut décider, lors d’un rééquipement, de modifier le tracé pour contourner les passages devenus ingrimpables ; c’est ce qui a été fait avec intelligence au Verdon tout récemment, dans les Dalles Grises. Pour avoir l’avoir parcourue avant et après, c’est une belle réussite! Et par curiosité j’ai essayé de prendre en mains les prises patinées vers le haut en restant dans le passage d’origine sur le côté. Ce fut mission impossible, du marbre glissant, impossible à serrer…en 6a.

Un renouveau qui régale mais qui draine, de nouveau, davantage de cordées, ce qui conduira rapidement à patiner les nouveaux contournements. A court terme, on sera donc coincé.

Sa voisine, Chlorochose, rééquipée il y a une dizaine d’années souffre déjà, dans une moindre mesure, de l’affluence, par endroits. C’est vrai que le calcaire gris du Verdon souffre vite de l’usure. Les roches sont inégales face à cette usure.

C’est le revers de la médaille des belles voies calcaires. La patine est bien moindre en granite ou autre. C’est le lot des voies d’un niveau modeste mais aussi des voies plus dures. Comme à Presles ou à la Tour Termier.

Or il n’est pas toujours possible de créer ces contournements…( changement de la difficulté, perte de l’intérêt du passage, qualité du rocher, voies voisines etc…)

Alors que faire ? On peut décider d’attendre que la chimie propose une solution miracle.

On peut aussi essayer des trucs avec le risque de rater mais aussi progresser dans l’élaboration de solutions « acceptables » à l’œil. Car c’est sans doute un nœud du problème pour certains.

Immobilisme ou aller de l’avant, les chemins de réflexion et d’action sont multiples.

Dans cette dynamique de recherche de solutions, on peut souligner la démarche de la commune d’Orpierre qui a permis une étude approfondie de diverses solutions…et celle reposant sur le sika a été semble-t-il retenue et fait ses preuves -discrètes-, d’après les échos de personnes qui ont constaté le renouveau dans certains secteurs d’Orpierre.

https://www.orpierre-escaladedurable.com/wp-content/uploads/2019/05/Etude-de-faisabilit%C3%A9-r%C3%A9novation.pdf

Si le travail lamentable réalisé dans "Papy on sight " n’est certainement pas à ériger comme modèle à suivre, je ne sais d’ailleurs pas s’il y a un modèle à suivre, mais on peut tout de même avancer la solution efficace et discrète de Michel Piola : sika et quartz.

Avec le risque de générer une déferlante remplie de divers venins en évoquant les Calanques, - il est toujours beaucoup plus facile de critiquer derrière un clavier que de mettre les mains dans la colle -, on peut lister quelques voies du massif qui ont bénéficié de la solution :« sika + quartz ». Vu les années qui se sont écoulées depuis le dépôt de cette couche réparatrice par les petites mains de l’ombre, et les retours positifs ( hormis les venins habituels…), on peut se dire que ce n’est pas trop mal réussi…même si dans certaines voies, il aurait fallu en tartiner davantage en préparant peut-être mieux le support…mais ce n’est sans doute pas toujours aisé de griffer les bords d’une fissure selon la taille de celle-ci.

Voici donc une liste de voies ou passage rénovés par quelques iconoclastes nourris au sika. Peut-être que parmi les lecteurs de C2C, certains ont déjà goûté à ce toucher surnaturel …parfois sans s’en rendre compte :

Super Sirène, En Vau : deux premières longueurs. Un bijou qui redemanderait une retouche (pas assez de sika)

Saphir, En vau : première et les deux dernières longueurs. Très belle dans ce niveau et ce cadre rare, une retouche serait bienvenue dans L1 ( pas assez de sika)

La Calanque, En Vau : première et deux dernières longueurs. Une perle pour monter à Castelvieil

Sans Retour, Castelviel : la fissure anciennement pénible et glissante qui permet de rejoindre les Dents de la Mer. Du sika serait bienvenu au départ dans le premier passage raide (L2 après L1 en traversée)

Sur les traces du passé, Bec de Sormiou: réparation de L2 en 6a dans le bombé lors du dernier rééquipement, passage clef de cette voie superbe, l’une des plus jolies du Bec. Depuis le rééquipement, les cordées sont bien nombreuses à la belle saison…

Secteur du Nid d’Aigle, Calanques : quelques prises très usées dans des 6a/b et « regrippées » permettent de retrouver la cotation originelle

Ouvreur de bouse, Canaille : passage du surplomb en L1 qui était devenu très pénible.

Secteur de la Perle, Sainte Baume : reprise des prises très usées dans le secteur central : deux voies en 5c/6a, un 6c et un 6b en friction ( prises de pied très glissantes). Ces deux dernières voies sont de nouveau parcourues, elles étaient boudées avant… (échos sur place avec les grimpeurs de club habitués des lieux) Ainsi que 3 autres voies partie gauche du secteur: 6c, 6b et 7b+ dont les prises clés en mince pince/plat en zone bombée n’étaient plus tenables (sauf peut-être par température sibérienne). Le grain avait complètement disparu. Pour les avoir toutes parcourues, la cotation n’est pas volée malgré la réparation.

Bien d’autres mériteraient un petit lifting au regard des complaintes des grimpeurs face à la patine…

Même certains as du clavier prompts à la critique facile, auraient, semble-t-il, succombé aux bienfaits de la chimie ( osons même peut-être le mot « chirurgie »?) réparatrice…dans une voie très abîmée de 1941 ouverte par l’Emérite Gaston Rébuffat… Un vrai scoop !

Mais parfois, la promptitude au clavier génère quelques incohérences dans la pensée et l’écriture…Peut-être qu’en s’aérant davantage dans les voies rénovées, les brumes s’estomperont…

Ce n’est qu’en parcourant ces monuments verticaux et en les restaurant au mieux que l’on peut prendre toute la mesure du talent de nos Anciens. Au contraire, en les laissant se dégrader et à l’abandon, ces Anciens finissent par disparaître de nos mémoires. Rénover, au mieux, et faire revivre ces itinéraires, en tenant compte des évolutions des pratiques, c’est à mon sens, rendre hommage à ces Visionnaires et à leur audace. La patine est la blessure du rocher, le sika/quartz en est la cicatrice…

Alors que faire ?! Allez voir, toucher ( pas seulement avec les yeux mais y poser ses doigts), y grimper, se faire une idée du résultat, s’ouvrir l’esprit…ou fuir…A chacun son rapport au rocher.
L’idée fait son chemin, tout doucement, sans tabou. A suivre donc…

Que dire ?!
Peut-être tout simplement: « sikatement vôtre »…

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N’importe quoi. Boudées par qui ??? Sans compter que modifier des points ( scellements !!!) parfaitement solides et bien placés et même des passages sans rien demander à l’ouvreur est tout bonnement lamentable. Le chef d’œuvre étant la voie initialement très sûre et qui maintenant permet de s’exploser les chevilles en cas de vol.
À noter que c’est l’œuvre du même génie qui a taillé dans le pilier de Bertagne.

Gag: je vois maintenant 7 modifs (rien que ça) au message initial, il a rajouté « échos sur place des grimpeurs de club habitués du lieu » mais bien sûr, plus c’est gros mieux ça passe. « le grain avait complètement disparu » ou comment inventer n’importe quoi pour faire passer la pilule, au passage la mention du 7 b est risible, tu as vachement dû le faire pour aller pondre qu’elle était devenue patinée c’est quand même assez énorme.

Le rapport au rocher ça commence d’abord par le respect du rocher. Là on est dans la même logique que « c’est trop dur je taille » donc « c’est trop patiné je sikate ». Cela s’appelle une fuite en avant qui conduira immanquablement dans le mur. L’humain, j’entends l’humain gâté abreuvé de loisirs, ne peut donc pas s’adapter plutôt que de tout bricoler pour son intérêt propre. Se servir de l’argument de mémoire me paraît bien fallacieux, par définition une voie sera d’autant plus mythique qu’elle est inaccessible. Sur ce bonne grimpe, patinée ou pas.

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J’ajoute que la phrase « s’ouvrir l’esprit » est savoureuse: traduire « ceux qui pensent pas comme moi sont étroits du front »; c’est ce qui conduit à des modifs de voies sans concertation pour le bon plaisir de celui qui a décidé d’imposer son point de vue à tout le monde.

Celui qui rééquipe la voie impose son point de vue à tout le monde. Mais pas celui qui l’ouvre ?

Bien entendu, mais ici ce n’est pas le sujet (ce dont je parle à la Perle, c’est le déplacement (ou l’ajout) de points initialement bétons, bien placés, de modifications de tracé, de pseudoamélioration de prises sous prétexte qu’on n’a pas le niveau et surtout de l’absence de concertation. Il me semble que dans la communauté que respecter l’esprit de l’ouverture et ne pas modifier sans concertation (et en particulier quand l’ouvreur est toujours vivant et qui plus est en activité) une voie existante (sauf à la rigueur en cas de danger avéré) est admis. Ou alors n’importe qui peut aller faire n’importe quoi. Peu nombreux sont probablement ceux qui estiment non répréhensible d’installer des câbles tout au long du pilier Desmaison, tailler et sceller des prises dans Pichenibule, installer des barreaux tous les 50 cm dans les Gillardes par ex.

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Tiens c’est bizarre, on lit dans un CR datant d’avant le rééquipement que c’est une « belle voie, seul un ou 2 petits pas tendus avec des petits gratons ».

Peut-être qu’il serait bon de ne pas généraliser son expérience personnelle à tous les grimpeurs, et d’envisager l’activité comme une activité communautaire où la concertation avec les acteurs et pratiquants locaux doit primer avant toute autre chose…

Avec la nouvelle génération de grimpe en salle sur prises bi-textures, on peut espérer que peut-être les grimpeurs se plaindront moins des prises patinées, et considèreront plutôt ça comme une opportunité pour affiner leur art (ou leurs acrobaties) :grin:

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Tu soulèves un point intéressant: dans les voies où je passe facilement je trouve en général que c’est pas très patiné ou que la patine n’est pas gênante. Dans celles où je galère purée ce que c’est patiné !! :grin:

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Je n’irai sûrement pas jusqu’à dire que la patine ne change rien, on serait bien loin de la vérité, mais des fois on dirait qu’il y a une composante psychologique où le moindre contact avec un rocher lustré fait oublier au grimpeur de serrer les prises. Il repart la vache entre les jambes, à grand renfort de jurons à l’encontre de cette usure, prêt à déchaîner toute sa rage contre le rocher à coups de marteaux pour se tailler une prise sur-le-champ si il le pouvait :slightly_smiling_face:

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