Vitesse de dégradation d'un anneau de corde en extérieur

Bonjour à tous,

Certaines voies TA sont jalonnées d’anneaux de corde d’âges divers laissés en place dans les lunules. Je sais bien qu’il ne faudrait jamais se reposer là-dessus, étant dans l’impossibilité de juger de leur l’état, et pourtant, j’ai en mémoire de nombreuses situations dans lesquelles on a d’autres choix que de s’en accommoder, par exemple, lorsque la situation exigerait de couper l’anneau de corde existant pour le remplacer et que l’on est dans l’impossibilité de le faire… Bref, mieux vaut être capable d’évaluer leur état si on s’assure dessus…

Connaissez-vous des études ou retours d’expérience qui permettent d’apprécier l’évolution de la solidité d’un anneau de corde laissé à demeure en extérieur sous l’effet des UV, de la pluie et du gel ? Par exemple, j’ai eu des échos que la charge de rupture d’un anneau de corde laissé à l’abri d’un toit varie peu malgré les UV… Si vous avez quelques informations, je serais ravi d’affiner mes connaissances à ce sujet. Merci d’avance et bonne soirée.

Louis

Bonjour,
Le problème c’est que tu ne sauras jamais (ou quasi) depuis quand elles sont là à prendre les UV et que la résistance doit principalement dépendre du temps passé dehors…

Un bout de cordelette de relais testé récemment, mais je ne sais pas depuis combien de temps il était à ce relais, ce n’est pas une lunule, mais c’est pas pire :

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Merci beaucoup Florence, c’est déjà une info très précieuse. La corde était-elle sur un relais abrité par un toit ? A quelle altitude environ ? Diamètre de la corde ? Apparemment la corde est partiellement blanchie, ce qui signifie qu’elle a déjà pris les UV depuis un certain temps. Une conclusion partielle serait qu’une corde exposée à la pluie, au gel et aux UV partiellement blanchie ne résiste pas à plus de 4.7 kN (470 kg), ce qui est très peu. Ça retiendra d’extrême justesse et guère plus qu’un grimpeur de 80 kg qui subit une chute de 2m avec un facteur 0.25. :slight_smile:

Il était à environ 2200m d’altitude, face NE, pas spécialement abrité par un toit. Plus précisément sur cette voie, quelque part entre le 3ème et le 5ème relais, il me semble.
Je n’ai pas mesuré le diamètre, mais peut-être que @Thierry_A l’a fait.

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Top grand merci Florence, les cordelettes ont un diamètre compris entre 5 et 7 mm ce qui restreint pas mal. La décoloration partielle indique une exposition aux UV, à la pluie et au gel d’environ plusieurs années… Ça fait déjà une bonne base pour estimer la dégradation des propriétés de la corde. Maintenant qu’on sait qu’il ne faut surtout pas prendre de choque sur une corde partiellement ou totalement décolorée, il serait intéressant de savoir si une corde non décolorée peut présenter des risques du fait de sa dégradation non visible. :slight_smile:

J’en profite pour laisser le topic ouvert au cas où d’autres retours d’expérience/référence pourrait venir agrémenter la discussion. :wink:

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Merci beaucoup pour ces précieuses informations. Il est remarquable de voir que des dégaines laissées pendant 3 ans à l’extérieur exposées aux UV et intempéries en basse altitude (400 m) n’aient perdu qu’environ 15% de leur résistance. Sur la photo, on voit que les dégaines n’ont pas blanchi non plus ce qui est étonnant. Il serait aussi intéressant de savoir au bout de combien de combien d’années en extérieur le tissu se décolore, afin d’avoir une estimation du temps passé pour le matériel ancien… (au moins plus de 2/3 ans)

Sur cet article Chamonix. Mont-Blanc : une Italienne se tue à l’aiguille d’Entrèves, on signale un accident mortel par rupture de sangle ‹ ‹ neuve › ›, autour de 3400 m. Méfiance donc, cela pourrait indiquer une très grande vulnérabilité des sangles ou corde au gel.dégel et écarts de température…

Une règle impérative de sécurité dans le cadre de la pratique de progression en spéléologie : quand on progresse sur des agrès et que l’on trouve des équipements en place ( corde cordelette mousqueton ) dont on ne connaît pas l’origine ( qui ? quand ? pourquoi ? ) la règle est que l’on ne les utilisent pas et qu’il doit être mis en place sa propre ligne de progression parallèle à celle qui est en place .
Donc quand je trouve du matériel (mousqueton,corde ou cordelette) en parois je ne m’en sert pas et donc ne l’utilise jamais pour assurer ma sécurité ( ou celle des autres membres de la cordée ).
Simple et logique pour éviter tout accident .
J’utilise mon matériel personnel même si je dois le laisser à demeure ( notamment cordelette 7mm neuve ) et en remplacement de celui que j’ai trouvé en place si cela est nécessaire.
Si je décide d’utiliser ce matériel en place je sais que je prend un risque, très difficilement évaluable, que je dois assumer pour moi et les autres membres de la cordée.

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Tu as tout-à-fait raison dans les faits mais en pratique, ce n’est pas toujours ce qui se passe. La réalité du terrain, c’est le stress de ne pas respecter le timing, la nuit ou l’orage qui survient, l’accident qui arrive toujours au mauvais moment, les secours qui n’arrivent pas… C’est pourquoi l’usage du matériel en place, en situation d’extrême nécessité, peut s’avérer trop tentante, et c’est pour cela qu’il faut approfondir nos connaissances à ce sujet. Un grimpeur a besoin de savoir quand il peut s’engager ou non, et à quel moment il a réellement besoin de renoncer et appeler les secours, qui vont à leur tour prendre des risques pour opérer un sauvetage… Au moindre petit doute, c’est clair qu’il ne faudrait jamais utiliser du matériel en place, mais il y a des moments, où il faut vraiment savoir si cela est possible ou non pour prendre la bonne décision. D’où mon intention de poursuivre cette discussion autant que possible.

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Un témoignage qui montre que l’impact du gel sur le matériel est extrême et fulgurant (extrait de Frozen rope) :

‹ ‹ Hi, This is not proven fact but simply my obversations. Since most of our rope work is outdoors and since that often includes water as well as temperature extremes frozen rope is often wet frozen rope. I would not dare put a numerical value to the degradation but it is extreme. This is true regardless of material, as far as I can see. I think the natural fibers, since they actually absorb water are often nearly destroyed in the freezing process before the work even starts. That said I remember hanging wet lanudry on a sub zero day and having it freeze like a board and yet gradually dry without breaking… so it can’t all be bad. I have worked in extreme cold (-20 F not C){my rough calculation makes -25C about -45F and -20F about -29C} and seen rubber hose shatter and spring steel snap rather than flex and nylon rope fail at very low stress. Why not soak some samples and toss them into the freezer at home. Then put them to some tests against room temp samples and dry frozen samples. Pick some line that you can break by hand. Let us know what you learn. I suspect that mountaineering people and ice cave explorers have some rules of thumb regarding climbing rope. Maybe some of them can join the thread. › ›

De KnotNow, IGKT-PAB PAST PRESIDENT

Ce témoignage va dans le sens des précédentes hypothèses concernant la cause de l’accident qui a eu lieu aux Aiguilles d’Entrèves, où une sangle neuve s’est rompue à l’altitude de 3400 m (Chamonix. Mont-Blanc : une Italienne se tue à l’aiguille d’Entrèves) => Ne surtout plus utiliser du matériel qui a subi le gel.

la sangle paraissait neuve mais ne l’était pas forcément, d’après l’article elle était déjà présente et n’a pas été posée par les alpinistes.

c’est quand même pas évident.
Dans le Chablais (mais j’imagine que c’est similaire dans d’autre massifs calcaires) y’a plein de voies grimpe / alpi avec cordelettes sur lunule.
Je me vois pas trop à chaque lunule changer la cordelette.

Pour un rappel par contre, oui effectivement.

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Ça laisse quand même supposer qu’elle s’est dégradée très vite.

Tout-à-fait d’accord avec toi et je suis presque sûr qu’il n’y a pas de grimpeur en extérieur qui n’ait pas déjà grimpé sur une cordelette déjà en place, d’où l’intérêt d’en discuter afin au moins d’être capable d’estimer un risque en fonction de son état apparent et des conditions extérieures.

Y’a jamais la place de mettre une sangle à côté ? Des lunules où il faut changer la cordelette pour pouvoir l’utiliser, j’en ai croisé mais ça se compte sur les doigts d’une main (principalement des trous forés).

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Ça va dépendre des lunules. C’est pas les petites le soucis mais les grosses ou les tortueuses ou passer une sangle et choper l’autre bout est pas facile.
Souvent à demeurre c’est pas une cordelette mais une corde.
J’sais pas trop comment passer un truc dedans. Ptet avec un crochet à abalakov.

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Faut un crochet à lunule. Un morceau de fil de fer un peu rigide, tordu au bout. 0€ et 30 s à fabriquer.

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tu coupes l’ancienne tu accroches le bout de la nouvelle et tu tires…

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Avec toutes les chances de coincer le noeud…

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  1. c’est pour cela que je répondais dans ce cas là :

les grosses ou les tortueuses ou passer une sangle et choper l’autre bout est pas facile.

  1. je n’ai pas un fil de fer de 1m de long dans mon sac…
  2. une analyse de la situation est toujours nécessaire :wink:
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Je mousquetonnes l’ancienne en me disant que ça tiendra bien, et puis je tombe pas jusqu’au prochain point béton. C’est efficace (jusqu’à aujourd’hui).

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un morceau de cintre, le fil est super costo, il ne rouille pas, est juste rigide , « comme il faut » et ne prend pas de place dans le sac. peu servir a solutionné pleins de problèmes,

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