Il n’y a pas de miracle, passé un certain âge, on régresse, plus ou moins vite selon sa pratique et sa motivation. Le corps se rappelle à nous, et nous montre ses limites : moins de souplesse ligamentaire et articulaire, arthrose, baisse de force musculaire et du tonus, proprioception moins affutée, capacités de concentration et de vigilance en baisse, culture de la performance et de la transcendance en déclin , etc etc
Le caractère inéluctable de l’usure physique et mentale au delà d’un certain âge ( 50 ? 60 ?) est un fait … Pourtant, certains grimpeurs maintiennent un niveau élevé de performances, parfois même jusqu’à un âge très avancé. J’ai entendu le cas de grimpeurs de plus de plus de 70 ans être dans le 8, et de 80 dans le 7. Linn Hill, la soixantaine fleurissante et vaillante, conserve un très haut niveau en falaise et en bloc. Idem pour Bouvier « la Mouche », ou encore Alain Robert, qui a près de 60 et malgré ses handicaps, soloïse en grande voie largement dans le 7 …et bien d’autres encore, connus ou anonymes.
Jusqu’à quel point peut-on repousser ses propres limites ?
Et quand on décide de laisser faire la nature, d’accepter de lent processus de régression et de s’y plier, comment continuer à grimper malgré tout en y prenant du plaisir ?
Je suis moi-même confronté à une baisse de motivation et de niveau, l’un alimentant l’autre dans un cercle pas vraiment vertueux… Pourtant, j’ai envie de croire que de bonnes choses restent possibles en escalade, à condition de trouver de nouvelles ressources, plus intérieures, et un autre regard . Abandonner l’idée même de la performance, mais grimper plus en douceur et en sérénité, dans l’abstraction des chiffres, à l’écoute de mes sensations. Etre dans une dimension de sens plus marquée, en phase avec l’environnement …
Qu’en pensez-vous ?