Noeud en bout de corde

On le sait, il y a les « pour » et il y a les « contre ».

Mais suite à l’accident survenu au jeune prodige américain Balin Miller, début octobre, sur El Capitan (rien que ça), on ne le répètera jamais assez : le noeud en bout de corde lors de la descente en rappel est une nécessité absolue lorsque cette dernière ne touche pas le sol ! (obligation en formation quelle qu’elle soit !)

Je ne peux pas mettre le lien [Modéré : le forum n’est pas le lieu de contestation des décisions de modération dont on fait l’objet], mais vous pouvez (malheureusement) voir la vidéo de cet accident sur Tik Tok. Si quelqu’un souhaite mettre le lien ensuite ici, pas de problème.
Attention ! Cela peut choquer…

Et pour les fois où il y a du vent, il y a des manières de faire pour que la corde n’aille pas se bloquer dans une fissure, ou autre.

Combien font le noeud systématiquement lorsque la corde ne touche pas le sol ? A vous de voir où se situe la priorité en terme de sécu…

Bonne descente.

Salut @valcibiere,
Pour la formation guide, non ce n’est absolument pas une obligation (de moyen) de faire le nœud en bout de corde systématiquement en rappel. Par contre c’est important de connaître quels sont les contextes qui permettent de faire sans, et ceux qui exigent de l’utiliser…
En ce qui concerne l’accident dont tu parles, il faudrait déjà connaître le contexte précis (je ne le connais pas)… Car si par exemple c’est une chute survenue loin du bout de corde sans utilisation d’un système autobloquant, c’est un gros raccourci d’incriminer l’absence de noeud en bout de corde…

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Apparemment, c’est bien une chute en bout de corde et le défaut de noeud est signalé comme étant la cause. Il descendait débloquer son sac après avoir sorti la voie. En revanche, rien n’est dit sur l’utilisation, ou non, d’une auto-assurance sur le rappel, ce qui aurait évité la chute aussi.

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Ou pas…

Cette remarque de @Rob.Bonnet.guide résume parfaitement 99% des règles de fonctionnement (et de sécurité) de nos diverses activités alpinistiques. Il n’existe à ce jour aucune check-list toute prête et incontournable à laquelle se référer pour organiser nos prises de décisions pour chacune des situations rencontrées, même si on apprend toujours de l’expérience, voire des erreurs parfois fatales des autres.

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L’automne, saison idéale pour les marronniers.
J’ai hâte que sorte le prochain sujet sur la position du machard…

Sinon, il y a déjà plusieurs sujets sur cette question, par exemple ici, ici,
Est-ce vraiment utile de dupliquer / disperser l’information ?

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@Rob.Bonnet.guide : slt Robin, oui on est d’accord, mais l’un n’empêche pas l’autre, et ce, d’autant qu’il est assez facile de gérer le bout de corde avec son noeud durant la descente.

Les inconvénients liés au noeud restent mineurs en regard des consequences en cas d’absence ou de defaillance de l’auto bloquant.
Et oui en formations sur cordes et en secours c’est enseigné.

Après on peut aussi le faire en cours de descente, bien, bien, avant d’arriver au bout, si on a un autobloquant ou au pire en faisant une clé…à condition de ne pas oublier ou de ne pas avoir son attention ailleurs durant la descente. Et dans un temps lointain, très lointain, on faisait comme ça aussi à l’ENSA…d’ailleurs on doit encore pouvoir peut être trouver des vidéos…ou pas !

La vraie question est plutôt : quand faire le(s) noeud(s), avant le lancer de corde ou en cours de descente ? Quels avantages / inconvénients pour chacun ?

Mais sur l’utilité du noeud en bout de corde, je pense que c’est vite vu.
Ensuite à chacun de faire comme il veut.

Bien à toi, terminé.

Pas seulement en rappel, même en couenne (exemple dramatique récent, l’accident à Orpierre).

Perso j’ai 99 % du temps un noeud en bout de corde en rappel, et 100 % du temps en couenne.
En couenne le noeud sur la bâche permet également d’éviter les noeuds dans la corde.

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Tututut… quand on aura épuisé les derniers arguments (et les derniers bretteurs) sur « noeud en bout de corde ou pas », il faudra qu´on s´invective sur :
Un noeud sur chaque corde ou les deux cordes nouées ensemble ?
Puis sur le type de noeud à utiliser : capucin, noeud de huit, noeud de vache ?
:slight_smile:
.

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L’article de Montagnes Mag ne sert à rien, il n’y a aucune recherche ni analyse…

Par contre en fouillant un peu j’ai trouvé ça avec une analyse de l’accident faite par Andy Kripatrick.
En résumé :

  1. Après avoir escaladé la dernière longueur, il a fixé sa corde de hissage dans le dispositif de hissage, puis est descendu en rappel jusqu’à son dernier relai.
  2. Arrivé au relai, il se serait aperçu qu’il restait beaucoup de corde disponible sur sa ligne de hissage (30m sur 70m), a fixé par un nœud la corde de hissage au sac au niveau du relai (à 40m du relai supérieur), puis utilisé les 30m de rab pour « mouliner » les sacs de hissage sous le relai et les mettre en position d’être hissé (ça évite des complications en ne faisant pas partir les sacs sur un gros balant).
  3. Il est remonté sur sa corde de grimpe en récupérant les points.
  4. Il a commencé à hisser les sacs sans soucis, jusqu’à ce qu’ils se coincent sous un surplomb hors de vue.
  5. Il a décidé de descendre sur sa corde de hissage, coté « mou » pour tirer les sacs durant sa remontée sur corde et gagner du temps.
  6. Il a commencé sa descente au grigri sur la corde (qui avait été raccourcie de 30m par sa manip au point 2 et dont la longueur était inconnue !), les sacs et le bout de corde étant hors de vue sous un surplomb, dans un contexte probablement très défavorable au niveau concentration et prise de décision (enfin sorti d’une longue aventure, inconfort, rush d’adrénaline, …). Durant la descente le bout de corde est sorti du gri-gri…

On est donc très loin d’une situation de rappel classique, il y avait de nombreux éléments perturbateurs et éléments à risque… Effectivement ici il aurait absolument fallu faire un nœud en bout de corde avant de partir. Mais de là à dire qu’il faut toujours le faire et que cet accident en est une illustration…

D’une manière générale on peut rappeler ça :

Éléments qui peuvent permettre une descente sans nœud de bout de corde systématique :

  • Arrivée au sol (ou sur très large terrasse sans risque d’en sortir…)
  • Utilisation d’un système autobloquant
  • Relai suivant visible
  • Rappel plus court que la longueur de corde (les deux longueurs étant connues !)
  • Descente prudente en gardant les deux brins de corde en visuel permanent

Éléments qui doivent faire réaliser le nœud en cours de descente si pas déjà fait :

  • Pas de visuel sur le relai alors qu’on approche (environ 10-15m) du bout de corde
  • Relai en vue mais bout de corde à proximité du relai, risque d’arriver avec trop peu de marge

Éléments qui justifie le nœud en bout de corde dès le relai (si technique non utilisée en standard) :

  • Rappel longs et inconnu de nuit
  • Rappel connu pour arriver « pile poil »
  • Rappel long et inconnu avec grosse fatigue ou stress
  • Longueur de corde modifiée (corde coupée, nouée, autre) et pas de visuel sur le bout de corde/relai

Pour l’accident en question il y a plusieurs éléments qui ont été à l’origine de l’accident :

  • Corde raccourcie et de longueur inconnue (il ne connaissait pas l’emplacement réel du sac donc sa distance; il ne connaissait pas la longueur de corde déjà tirée)
  • Absence de visuel sur l’objectif (pas un relai mais un sac coincé ici) ni sur le bout de corde. Les deux étant cachés par un surplomb
  • Fatigue, situation de stress (envie de finir vite, adrénaline, etc)
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Rob, merci pour ces retours détaillés, du coup je me permets de compléter.

Donc, une corde qui sort du Grigri (qui est considéré par certains comme autobloquant !) peut (pourrait) aussi arriver dans l’absolue avec un autobloquant textile, notamment un machard qui de plus a un temps de réaction « long »…
Donc le noeud en bout de corde, lorsque la corde ne touche pas le sol, reste une nécessité. Encore une fois, l’un n’empêche pas l’autre… Et c’est facile à gérer.

Pour info : même en cordiste et spéléo (et d’autres également) où l’on utilise pourtant des descendeurs « autobloquants » (Id, Stop), le noeud de bout de corde est une obligation, et éliminatoire en formation si pas fait !!! En secours c’est carrément une faute suicidaire…

Bonne journée, et à chacun de choisir quand le faire, avant le lancer ou durant la descente !

Pour la préconisation cordiste, il suffit de réfléchir au contexte pour comprendre d’où ça vient… Combien de fois un cordiste enchaîne des rappels en tirant les cordes, par rapport à une descente sur corde fixe pour ensuite travailler dessus ou accéder à un poste de travail ?
Donc la réalisation systématique du nœud est une évidence…

Sinon je trouve très incohérent ta position quand tu dis « noeud systématique mais à chacun de choisir s’il le fait dès le départ ou en cours de descente ». Si le nœud est systématique tu le fais au départ, sinon dans de nombreuses situations ce sera un non sens de la faire en cours de descente :wink:

Qu’on choisisse de faire systématiquement un noeud en bout de corde pour le rappel est un choix, par contre ça me gène ce discours de l’obligation du nœud, c’est une fausse solution qui ne s’attaque pas du tout à la complexité de la pratique et ne questionne pas les véritables enjeux autour de la présence ou non du nœud…

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Rob, le fait que le noeud soit présent est une nécessité.

Que tu choisisses de le faire avant de descendre ou ensuite, dépend de ton appréciation des risques de blocage, vent, etc,… mais sa présence quand tu arrives en bout de corde doit être là, et de plus, pas complètement au bout, mais avant.

En spéléo il y aussi des franchissements de relais avant que le fractio soit installé ! Donc là aussi c’est obligatoire. Quand je parle de ces deux domaines, cordiste et spéléo, (ou autres également) c’est pour ajouter le fait que même avec un descendeur dit « autobloquant » (ceux cités) le noeud reste obligatoire, point.

Enfin, et désolé d’évoquer un argument d’autorité, mais je préfère que le pratiquant ne se pose pas de question si noeud ou pas noeud (et non de se demander quand le faire, ce qui est différent !!!) et soit en vie, que de devoir intervenir en bas de paroi pour récupérer un mort.
Pourquoi ? Parce que ce n’est pas parce qu’une situation ne s’est jamais produite, qu’elle n’a pas la probabilité / possibilité de se produire ! Donc si on peut l’envisager, l’anticiper, on doit le faire, si on en a les moyens techniques, ce qu’ici est le cas. A l’inverse d’un rocher, bloc, qui décroche.

Donc, quand je dis à chacun de faire comme il veut, c’est sous entendu : à quel moment le faire.
Pour le reste c’est une évidence, mais, bien évidemment tu as le droit de ne pas être d’accord.

Bien à toi.

Quel rapport entre le fait d’être autobloquant et le noeud en bout de corde… les accidents avec ce facteur n’ont pas pour cause principale le fait de ne pas savoir faire une clé sur le descendeur, fut il non assisté…

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Slt Seb,

Ben…, juste le fait qu’en cas de mauvaise manip sur l’appareil, ou de clé mal faite (ou non faite), ou de non blocage du machard, ou bien trop tardif, tu auras la certitude d’être stoppé par le noeud ! Ce qui n’est pas rien…

Bonne journée.

Désolé mais ton propos est complétement incohérent…
Tu parles de faire obligatoirement le nœud au départ ou en cours de route, pour qu’il soit là quand tu arrives en bout de corde, plus loin tu parles de l’avoir obligatoirement en cas de défaillance de ton autobloquant :

  1. Si tu considères le rôle du nœud comme étant de prévenir une double défaillance grimpeur/autobloquant, alors le nœud ne peut pas être fait après le départ mais doit systématiquement être fait avant le départ. Tu te contredis.
  2. Si tu considères que le nœud a pour objectif de te sécuriser lors de ton arrivée en bout de corde, et que tu peux le faire en cours de route, alors tu es d’accord qu’en de nombreuses occasions, si tu respectes certains éléments de décision, le nœud n’est pas nécessaire… Et le faire par exemple à 30m du bout de corde en voyant le relai 10m sous toi serait quand même passablement stupide :wink:

Question gestion du risque et pédagogie, je ne peux pas du tout être d’accord avec tes propos comme ils sont formulés dans ce sujet :wink:

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Rob, j’entends tes remarques.

Donc je vais essayer d’expliciter davantage, car dans ma tête c’est clair… :crazy_face: mais visiblement, pas en le tapant… :thinking:

La (vraie) question de fond est de se demander quand faire le noeud :

  • avant de partir, et pourquoi, si oui ou non, (cf. contexte / conditions)
  • en cours de descente, et alors à quelle distance ?
    Le tout étant d’avoir le temps de réagir, et donc avoir une marge de sécurité pour le faire, ou bien que l’autobloquant le fasse, et… à temps !

Dans l’absolue, si on veut / doit à tout prix généraliser, alors je dis : oui dès le départ !
Et comme toujours, il y aura les exceptions / cas particuliers qui confirment la règle, où tu estimeras devoir le faire en cours de descente.

Mais la question de savoir s’il doit y avoir un noeud ou pas en bout de corde, n’a pas lieu d’être, car il est la sécurité ultime, si malheureusement nécessaire.

J’en arrête là, je pense que cela est assez clair, mais encore une fois, on peut avoir un avis différent bien entendu.

Bonne journée !

En formation : « il faut faire un noeud etc etc »
versus
En pratique perso, je me suis souvent maudit d’avoir fait un noeud, beaucoup plus de chances d’emmêler les cordes… mais si rappel douteux en longueur je le fais ou je m’arrête 15m au-dessus pour le faire.
Et pour m’être retrouvé une fois plein gaz en bout de corde à 20 cms horizontal du relais, me suis maudit d’avoir fait un noeud simple, c’est petit et stressant un noeud simple serré

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Ce qui est quand même assez courant en fin de longue voie.
C’est pourquoi je préfère faire un noeud. Déjà un truc de moins à se préoccuper.
Je me dis qu’il y a déjà des types beaucoup plus futés que moi qui sont morts juste en l’ayant oublié (ou en se croyant plus malin et n’en ayant pas besoin).

Je suis assez spécialiste du coincement de corde en rappel, mais je me souviens pas qu’elle l’ait déjà été à cause des noeuds.

perso j’ai perdu assez d’amis ou connaissances avec cette connerie de pas faire de noeuds en bout de corde, que je ne me pose même plus la question, j’en fait point. vaut mieux regretter d’en avoir fait un que de ne pas pouvoir regretter d’avoir oublié…
En speleo c’est obligatoire et systématique, en couenne pareil.
Pourquoi on se pose la question en rappel?
Si il y a du vent, on descend brins lovés ou enkités et pas de soucis.
il n’y a que l’ensa à ma connaissance qui ne généralise pas cette obligation en formation, dans les CREPS c’est systématisé.

Un exemple vécu , il y a 20 ans, par un compagnon de cordée très expérimenté mais pas du tout au fait des technique spéléo moderne, chanceux et toujours bien vivant ( je touche du bois) :

  • descente (reconnaissance pour l’ équipement d’une voie) sur statique pour arriver sur une vire pas très large à mi-parois (Presles) .
  • remonté sur la corde jusqu’au dernier renvoi posé et redescente en plaçant des fractionnement.
  • arrivé à moins de deux mètre au-dessus de la vire il chute brutalement sur celle-ci sans se blesser et coup de chance sans basculer dans le vide. Pas de blessure mais il est éberlué et ne comprend pas pendant quelques longue seconde ce qui lui est arrivé . La corde pend juste au-dessus de lui…sans noeud. Il y avait pourtant de la marge en longueur de corde lors de la première descente où il a mis pied sur cette vire.
    Depuis il fait toujours, enfin j’espère, un noeud au bout de sa statique (ou en rappel) comme le pratique tous les speleos lors de l’enkitage de longueur de corde.

Personnellement j’ai chuté une fois à mes début il y a fort longtemps en bout de rappel en pied de parois.
Quand on a vécu une fois la sensation que fait une corde qui disparaît de la main en une fraction de secondes pour se retrouver 10 mètres plus bas dans un fourré encore vivant on n’oublie plus jamais son noeud en bout de corde.

Je connaissais même un excellent spéléo qui en vendant de la longueur de corde statique neuve les livrait à ses clients toujours avec des noeuds à chaque extrémité. Certains automatismes ça peut sauver des vies.

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