Clippages sur un brin, quelques raisons sans ordre d’importance :
- Pour la force choc évidement. Pour @luccio qui aime la physique, il n’y a qu’à regarder la formulation de la force choc d’une corde sous la forme d’un ressort.
Contenu indigeste
Je pars directo de la formule que l’on trouve démontrée ici ou là si l’on ne tient pas compte des frottements ni de la dissipation d’énergie (visco-élasticité) :
avec F = force choc, R = facteur de chute, Ω = module d’Young apparent de la corde, S = section de la corde, m = masse du grimpeur, g = gravité.
si un brin de corde, tu peux mettre que la section impliquée est S et si deux brins de corde, la section impliquée sera deux fois S, toutes choses égales par ailleurs.
Tu peux aisément constater que F(S) < F(2S) dans tous les cas (racine carrée est une fonction strictement croissante et 2RΩS/mg est strictement positif).
Ce n’est pas linéaire évidement, et en fonction des différents paramètres, la différence sera notable ou non, mais toujours la force choc clippée à double sera supérieure à la force choc clippée à simple.
- Pour la force choc aussi : diminuer le tirage n’améliore pas que le confort du leader qui grimpe, cela améliore aussi le facteur de chute réel : https://www.petzl.com/FR/fr/Sport/Force-de-choc-et-facteur-de-chute---theorie - voir en bas de page.
- Pour la force choc encore : dans certaines conditions, on met des points proches mais douteux (enfin, comme on a pu). Si le choc a arraché un point, l’arrivée sur le suivant avec l’autre brin permet d’aborder le second choc avec une corde ayant sa capacité d’absorption préservée : il faut en effet un certain temps pour qu’un élément visco-élastique recouvre ses capacités maximales après usage …
- Pour le tirage aussi, évidement aussi, mais les clippages ne seront pas tout à fait les mêmes que précédemment : on réserve les brins avec une tendance gauche et l’autre avec une tendance droite plus quelques subtilités pour les traversées.
Dans la vraie vie, c’est un peu plus compliqué. Le modèle de ressort élastique est déjà un bien faux sur une corde infinie, le visco-élastique est à peine mieux. Sur une corde de 60 cm avec des nœuds, c’est carrément à côté de la plaque. Ce n’est pas faux de dire qu’il y a plus d’amortissement avec une corde qu’avec une sangle, mais ce n’est pas le jour et la nuit vu la très faible longueur d’amortissement disponible.
Et d’ailleurs, les spéléos en leur temps avaient conclu à l’amortissement du au serrage du nœud … et pas aux capacités dynamiques de la corde utilisée pour réaliser la longe :
Le classement par type de longes est assez simple puisque les quatre meilleurs résultats correspondent aux longes constituées uniquement avec des nœuds, les quatre suivants correspondent aux longes constituées par un nœud d’un côté et une couture de l’autre, l’avant dernier correspond aux longes entièrement manufacturées en corde (avec coutures de part et d’autre) et les moins bonnes performances sont à attribuer aux longes entièrement manufacturées en sangle.
On remarque que Beal donne sa dynaclip à 950 daN de Force Choc sur facteur 2 et on peut lire ici que « D’autres études démontrent que les forces transmises lors de chute de facteur 2, par des anneaux de sangles cousues en polyéthylène haute performance (Dyneema®, Spectra®), sont supérieures à 14 kN (Résultats non présentés; Millet et ENSA, 2003; Beal, 2006b). Alors que les anneaux de nylon transmettent approximativement 11 kN, pour le même facteur de chute (Beal, 2006b) »
Bien évidement, à l’attention des idiots handicapés de la lecture, je ne défend pas la longe ou le relai en sangle, mais les limites du caractère dynamique d’une longe en corde à terminaisons cousues : les capacités d’absorption des chocs ne sont pas celles de la corde dynamique, mais décroissent dramatiquement avec la longueur. Une longe Béal en corde cousue présente des capacités d’absorption certes supérieures à une sangle, mais pas en rapport avec le modèle visco élastique de la corde infinie…
Et pour finir, le seuil lésionel de force choc communément admis, c’est 600daN … à mettre en relation avec les chiffres au-dessus.