Rupture inexpliquée de la sangle d'un Tricam CAMP

Effectivement, c’est fait

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Merci pour les photos où on voit bien le problème. Il y a donc bien cette goulotte qui appuie pile sur la boucle quand le Tricam est actif.
C’est exactement là que la sangle a rompu dans la pliure de la boucle au contact avec cette goulotte, le Tricam était actif. La seule autre fois où j’ai réellement mis du poids dessus, il était actif aussi. Ces deux sollicitation on suffit à trancher la boucle.
Sur le mien les bords de la goulotte étaient légèrement écartés et tranchants à un endroit ce qui était complètement invisible avec la boucle serrée dessus.

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Sur cette photo on devine l’aspérité dont je parle.

J’ai parcouru le sujet.
A mon avis le point clé est le bras de levier illustré par @Thierry_A : avec une sangle à hauteur du nombril, c’est à dire pas loin du centre de gravité et des pieds situés assez haut (en progression c’est logique), cela explique un effort exercé supérieur au poids du grimpeur, donc se rapprochant des 200kg : en cascade il m’arrive (m’arrivait plutôt :cry:) de tester les lunules comme ça : en me pendant dessus et en montant les pieds dessous.

Ensuite à la charge statique il y a peut-être eu un brin de dynamique, le grimpeur étant en mouvement.
Enfin la sangle a sans doute été fragilisée avec une amorce de rupture favorisée par un axe-goupille mal usiné.

Par contre l’âge de la sangle non, en 5 ans elle n’a pas perdu grand chose et c’est heureux sinon on pourrait jeter tout le matériel.

Moralité, vérifier l’absence de point d’'amorce de rupture potentiel sur les mousquetons et interfaces avec les sangles et sur du matériel de progression comme celui là, éviter les bras de levier, avec un étrier par exemple.

Personnellement je ne suis pas fan du matériel Camp depuis qu’ils ont tout transféré en Chine : je trouve que les ressorts des doigts fils sont trop faibles, les marges d’usure insuffisantes et j’observe de la corrosion (le nano de mon sac à magnésie est pourri).

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A mon sens, cela justifierait effectivement que Camp revoie la conception. Il ne devrait pas y avoir ce défaut quand le Tricam travaille. Informer la marque était vraiment important. Cela justifierait sans doute aussi, de la part de Camp, une mise en garde des utilisateurs actuels contre ce risque. Voire, un rappel du produit ?

Il est heureux que, dans ton cas, les dommages aient été limités (merci la vire et merci le sac…).

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Bon, c’est pas une conception du tonnerre leur bidule, un bout de stub avec un arrêt ça ferait plus sérieux.

C’est pas une goupille élastique mais pas loin.

N’en déplaise à tout les rabats joie du dessus.

Oui c’est pas génial l’axe avec ce repli métallique qui potentiellement peut être coupant. J’ai inspecté mes évos, le repli a l’air bien dans la courbure de l’axe et les sangles ne semblent pas abimées mais je suis d’accord ça pose question.

Et celui qu’ils t’ont renvoyé a un repli bien propre j’espère ?

Citation
The external overlapping layer might has caused an irregular or slightly burred outer
surface on the pin, that gradually caused wear and damage to the webbing until its
breakage under a low applied force.

Donc visiblement ils sont arrivés à la même conclusion qu’ici. Vont-ils aller plus loin. et faire une revue de leur design?
J’avoue ne pas comprendre ce choix de goupille « spirale »

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Facilité de montage,…sans s’embêter avec des tolérances de fabrication pour que cela réalise un arrêt axial sûr -> gérer l’ajustement avec came/goupille pleine, si trop serré risque de fragiliser le tricam vu le peu de gras, si pas assez risque que la goupille se barre…Mais clairement une solution pas top,…sauf pour changer la sangle facilement :wink:

Oui c’est étrange. Un axe rivetée serait un meilleur design.

Les axes rivetés sont massivement utilisés sur le matos de grimpe, je vois pas tellement le problème à ce qu’il soit utilisé ici.

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Il peut aussi y avoir des problèmes avec les petits axes rivetés, ou les pièces rivetées dans une petite pièce. Voir les problèmes sur les fixations de ski de rando de type low-tech (Dyanfit, Plum). Le rivetage demande aussi une calibration de la machine (et son contrôle régulier) car il ne faut pas appuyer trop fort. Pour le montage de la goupille spirale, c’est plus tolérant.

De plus un rivetage génère des bosses sur le côté du tricam. Or il peut aussi être utilisé comme simple coinceur, et il ne faudrait pas que le rivet soit usé par cette utilisation.
On peut faire un trou plus large en surface pour que le rivet soit juste afleurant, mais ça demande plus d’étape d’usinage, et ça réduit l’épaisseur du tricam à l’endroit où l’effort de la goupille est transmis.

Une hypothèse à vérifier : en bourrinant sur la sangle du tricam, la goupille se tord. La fin de la spirale (à l’extérieur) a alors tendance à former un pli selon sa position (essayez avec une feuille de papier roulée en tube).
Quand l’effort est relaché, la goupille revient dans sa forme initiale, sauf pour la fin de la spirale qui garde une légère courbe, ce qui la décolle de la goupille, et créé l’aspérité.
Peut être que ce phénomène n’arrive pas la première fois qu’on applique XX daN, mais au bout d’une vingtaine de fois (phénomène de fatique sur la fin de la spirale qui dégrade l’élasticité localement).

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En fait c’est utilisé sur les tricam en « tôle pliée » (les gros), mais pas sur les petits forgés.
Je sais pas si un tricam est très pratique en utilisation coinceur. Un coinceur normal me parait mieux.
Sur certains petits tricam (photo du mien dyneema taille 0.5), l’axe en tôle enroulée dépasse franchement sur le côté, ça doit aussi frotter en mode coinceur.

J’ai du mal à penser que le bout de tôle qui dépasse puisse franchement trancher la sangle toutefois. Il y a pas mal de jeu dans l’articulation de la sangle. Mais peut-être.

Je ne pense pas !
(c’est à dire le point d’appui sur la roche, au bassin du grimpeur)

Comme j’avais du temps à perdre j’ai fait un graphique de l’effort dans l’ancrage pour un grimpeur qui a des jambes de 100cm ( jambes qui restent bien tendu et rigide !). Valide uniquement pour une paroi parfaitement vertical et sans vire pour les pieds qui permettrait de reculer l’appui des pied par rapport à la parois.

Le graphe est fait pour un masse de 1kg mais il suffit de multiplier le résultat lu par la masse du grimpeur pour avoir la force sur l’ancrage. J’ai affiché en orange la courbe à 100daN pour un grimpeur de 80kg et en rouge la courbe à 200daN pour un grimpeur de 80kg. Faut donc sacrement faire de la gymnastique sur son point pour atteindre les ne serait-ce que 100daN ! Et on voit bien que en situation statique être vaché court ne surcharge pas du tous l’ancrage et même si on passe au dessus.

Et surtout, ca peut pas se lire sur le graphe du dessus mais : la force à exercer dans les jambes est toujours supérieur à celle sur l’ancrage (enfin c’est exact tant que la la longueur de « longe » est inférieur à la longueur des « jambes » ). Donc, on le sait quand on force sur l’ancrage : c’est quand on force dans les jambes !
(en ce sens ce n’est pas un bras de levier, un bras de levier permet de générer une force importante avec une force faible. Dans le cas present une certain force (les jambes) provoque une force similaire mais inférieur (dans l’ancrage)).

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Un bon schéma de physicien qui met tous les efforts en 1 seul et même point -))

Haha non non ! les flèches sont pas du tous les forces ! C’était pour montrer comment lire le truc mais j’ai pas précisé : on regarde la position du point d’encordement : on peut ensuite lire la position en hauteur (-55cm) et d’écartement de la falaise (40cm) et la couleur donne l’effort (0.4 daN/kg de grimpeur).

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C’est l’équilibre des moments avec comme point de pivot les pieds qu’il faut considérer.

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Pour avoir un ordre de grandeur ce que me donne ma construction graphique ( sur du papier avec un crayon et une règle) de la somme des 3 forces ( dans un même plan) qui mettent à l’équilibre le point d’encordement du grimpeur c’est entre 20 et 30 kg de traction sur la tête du tricam.
Les jambes encaissent un peu moins de 80 kg en compression avec la configuration suivante:

  • les pieds sur une marche à la verticale de la tête du tricam.
  • 20 cm de longueur ( à l’horizontale) entre la tête du tricam et le point d’encordement au baudrier.
  • 1 m entre les pieds et l’encordement ( au nombril) et jambe tendu
  • 80 kg pour la masse du grimpeur.
    On est loin des 200 kg que pouvait supporter théoriquement le coinceur en question.
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Sur la photo c’est une minute avant l’accident. Mon camarade est en train de poser le fameux Tricam avec son bras droit, donc juste au dessus de la lèvre du surplomb à peu près là où j’ai fait la flèche. On voit que ses pieds sont bien posés sur une petite vire.

Ensuite il m’a dit « il a l’air vraiment bon le petit Tricam », il s’est vaché dessus. Puis il s’est décalé légèrement vers la gauche et il a tendu le bras pour mousquetonner le piton plus au moins à la même hauteur que le Tricam (deuxième flèche) et c’est à moment là que la sangle a pêté soudainement. La majeur partie de son poids reposait sur ses pieds au moment de la rupture.

Puisqu’il a bien fallu sortir de la voie et que le copain n’avait pas forcément très envie d’y retourner c’est moi qui m’y suis collé ensuite. Donc je vois bien dans quelle position il était quand ça a pété et il n’y a pour moi pas d’histoire de bras de levier ou d’angle qui ferait qu’une force égale ou supérieure au poids du grimpeur ait pu être exercée sur le point.

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Oui entre 20 et 30 kg c’est à peu près à ca qu’on estimait à vue de nez la tension sur le Tricam avec mon pote. Je suis content de voir que les calculs corroborent la réalité.
Donc on en vient à la conclusion que ce matériel normé à 2 kN n’aurait jamais du rompre sous une telle charge. Et donc qu’il présentait un défaut majeur.

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