Cette discussion avait commencé sereinement. J’avais avancé la proposition très classique de rechercher un fondement psychanalytique aux intéressantes propositions de classification des « mauvaises décisions », contenues dans l’article américain. Rien ne dit d’ailleurs que l’auteur y serait hostile, puisqu’il parle des pièges… de l’inconscient! Ce prolongement, absolument pas hors sujet, a provoqué une première réaction violente, discourtoise et, hélas, marquée au coin de l’inculture. Mais d’autres réactions furent positives, l’une d’elles, de Borut, renvoyant à des travaux publiés dans Passage, revue d’un excellent niveau. Mais certain dira peut-être que Bernard Amy, Pierre Chapoutot, Jean Boccognano et Xavier Fargeas sont des rigolos… D’autres messages apportaient encore de nouvelles précisions dans cette voie, et continuent de le faire. Ce n’est pas en regardant simplement la vie autour de soi, avec ses soit-disant évidences, qu’on peut dire :" l’inconscient et toutes ces notions freudiennes, c’est des balivernes!". Il en va de même pour la constitution de tout savoir.: la matière n’est pas transparents; l’esprit, qui n’est que la manifestation de la matière, ne l’est pas non plus.
La modération (csv) a cédé selon moi à deux types de pression en scindant et déplaçant, abusivement selon moi, la discussion. D’abord la peur devant les cris poussés par une ou deux personnes hostiles (sans la connaître, de toute évidence) à la psychanalyse. Non, l’approche de tel ou tel sujet par la psychanalyse n’est pas hors sujet. Et il ne s’agit pas d’une activité charlatanesque mais d’un corpus scientifique en cours de construction. Certes, encore une fois, la notion même d’inconscient peut inquiéter les esprits rationalistes. Pour ma part, athée militant, violemment antimystique, matérialiste, je me réclame d’une pensée dialectique et non du simple rationalisme. Freud est profondément matérialiste. On peut se poser la question pour certains disciples… En revanche, les « théories » comportementalistes, avec leurs statistiques et leurs prétendues expérimentations, sont selon moi et d’éminents psychothérapeutes infantiles et simplificatrices au possible. L’effet de mode est d’ailleurs en perte de vitesse. Même chose pour le tout chimique en psychiatrie. L’autre pression est d’ordre interne selon moi, et s’est manifestée grâce à l’opportunité du post sur le suicide. Par préjugé, facilité ou connaissance succincte de la psychanalyse, hop! il fut décidé de déplacer la discussion qui evoquait(entre autres notions) la pulsion de mort vers…le suicide! Comme si ces notions étaient analogues ou sur un même plan de pensée…Attention aux catégories! On mélange les choux et les navets. En répondant raisonnablement aux cris d’orfraie poussés face à des concepts freudiens, la discussion pouvait malgré tout continuer, sans dériver vers le style bistrot. Nous étions trois à nous y atteler, et sans concertation. Mais ainsi, par cette décision arbitraire et surprenante (nous sommes habitués à plus de prudence intellectuelle) la modération pense peut-être avoir la paix… Je tiens à conserver un ton courtois, une attitude intellectuelle ouverte, y compris dans cet aspect de la discussion, malgré l’amertume qui me gratte. La modération ne pourrait-elle envisager même de s’être trompée en réagissant aussi promptement? Reconnaître ses erreurs, c’est faire preuve d’une grande force…