Pulsion de mort et inconscient en montagne

(…) Mais, si le sport est investissement musculaire, ce « culte du muscle agressif » (Marcuse) est un culte de la pulsion de mort. En fait, le sport est alors la « culture de la mort », la « pratique volontaire du risque de la mort ». Et à ce point de vue, l’alpinisme est sans doute bien placé. (…)
Jean Bocognano, dans Alpinisme et politique (Passage - cahiers de l’alpinisme 1, Ed. Fernand Lanore, Paris - 1977)

Dans ce même cahier, je viens aussi de relire le très beau texte de Xavier Fargeas : Symbolique ?

Pour éviter ça, il vous reste plus qu’à éviter d’aller en montagne, surtout dans les massifs où je vais :slight_smile: Surtout que si vous me rencontrez, vous seriez face à qqun qui cultive la pulsion de mort, quasi un serial killer. Il ne faut surtout pas approcher à moins 200km.

Pour éviter quoi ?

Pour éviter la pratique volontaire du risque de la mort.

Ces gens (ceux qui écrivent ces biiiiiiip) sont quand même bien dérangés.
Ils ont une pratique perso de l’alpinisme qui se révèle être une confrontation volontaire à la mort.
Ok pourquoi pas si ça les amuse.
Mais ça ne leur pose aucun problème d’affirmer que tous les alpinistes sont dans le même état d’esprit.
Ils sont incapables de penser une pratique différente de la leur, et donc ils en concluent qu’il est impossible d’avoir une pratique différente.
Perso, je fuis ce genre de pensées réductrices / avec des œillères / enfermé dans ses certitudes.
Ca permet d’explorer un champ des possibles qui se révèle être bien plus grand que leurs petites pensées.

Adressez vous au Comité des Cahiers de l’alpinisme (par exemple : @amy )

No fear, one life :slight_smile:

Ah mais je n’ai pas envie de les convaincre, ils pensent bien ce qu’ils veulent. Surtout si leur conclusion est qu’il ne faut pas aller en montagne :slight_smile:

c’est plus compliqué que ça. Pour simplifier, parmi les choses qui nous attirent dans ces sports, il y a cette pulsion de mort… Tu la nies, c’est normal, c’est un truc inconscient que notre pulsion de vie essaye de cacher au fond. Enfin, c’est très simplifié mais moi je vois ça comme ça. Cette pulsion peut se cacher derrière des raisons du genre « j’aime me retrouver seul en train de skier dans la nature, pour echapper à la civilisation » , raisons valables mais plus complexe en réalité.

Ben non désolé.
Il faut prouver que cette pulsion de mort est plus importante en montagne que dans la vie quotidienne.
Tu arriveras peut être à le prouver pour toi même, avec ta pratique.
Mais démontrer que les millions d’alpinistes fonctionnent aussi de cette façon, c’est une autre affaire !

Du calme. La pulsion de mort n’est pas spécifique à l’alpinisme.
C’est humain http://psycha.ru/fr/dictionnaires/laplanche_et_pontalis/voc245.html

J’ai bien peu de connaissances et de recul sur les pratiques des autres.
Mais je crois que je connais un peu mes moteurs, et je n’ai pas l’impression que ce soit une pulsion de mort. En escalade je prends plaisir à améliorer ma technique d’une part, à regarder le paysage, à faire confiance à l’autre, à être digne de la confiance de l’autre, et aussi à affronter et dépasser ma peur non fondée. J’ai bien écrit ma peur non fondée, parce qu’il n’y a pas d’autre danger qu’une entorse ou quelque chose du genre.
En montagne, ben c’est pareil, sans quoi je ferais du solo intégral. Idem à ski: même si j’adore la poudreuse et le défi de ne pas tomber dans des trucs durs pour moi, je passe plus de temps à freiner les envies de pentes raides et de sorties par risque élevé de mon partenaire préféré qu’à l’encourager. Ça ne veut pas dire que je ne me ferai jamais prendre hein.
Le seul truc difficile à appréhender en neige et glace et dont je me méfie, c’est que j’ai souvent envie de savoir si le support « aurait tenu », c’est donc juste le côté expérimental qui me frustre, le fait de ne pas savoir si c’était solide ou pas. Et pas le fait de jouer à pile ou face avec ma vie.

Disons que mon surmoi reste suffisamment puissant pour que ma pratique soit à peu près sage.

Je n’y connais rien en philo mais quand je lis ce genre de choses je me demande si ma pratique ne serait pas plutôt une forme de pulsion de vie en pratiquant des activités dans des environnements sublimes mais considérées à risque (ski de rando, alpinisme, plongée sous-marine,…) et où justement on gère et surmonte le risque de mort. Je pense que ça a quelque part un côté très gratifiant peut être poussé assez loin par certains (escalade en solo non encordé, ski de pente raide, ,…) mais je ne pense pas que toutes ces personnes aient des envies de mort. Peut-être certains ont une pulsion de frôler la mort pour la vaincre ?
Je ne pense pas que mon attirance pour ces sports soit guidée par leur danger. C’est peut-être un truc de mecs ?

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Ton texte n’est pas du tout une étude sérieuse, c’est simplement des concepts sorties du chapeau.
Que ça ait pu avoir un certain succès au XXè siecle, pourquoi pas.
Mais c’est basé sur du vent, juste qq exemples bien choisis pour conforter la théorie.

Ce que tu affirmes, Catherine, se situe sur le plan de désir manifeste, formulable, alors que la question soulevée s’intéresse au domaine de l’inconscient. À moins de postuler que l’inconscient n’existe pas, que l’esprit est donc transparent, on est amené à s’intéresser aux incidences de l’activité inconsciente dans tous les domaines, y compris la montagne, qui n’est pas un domaine réservé ou pur! Il faut bien prendre garde de ne pas confondre envie de mort et pulsion de mort. Cela n’a rien à voir, puisque, avec les pulsions, nous parlons de processus inconscients et, qui plus est, contradictoires. Chercher à prendre conscience de ces processus n’a rien de négatif, ne procède en aucune façon d’une fascination morbide. Au contraire, cela peut nous aider à mieux réfléchir, à mesurer les dimensions de nos gestes et de nos décisions. J’ai quand même observé des comportements en montagne (et ailleurs) qui auraient pu être évités si la personne en question avait ne serait-ce que commencé un travail sur elle-même.
L’approche psychanalytique a toujours suscité des réactions violentes. D’abord la religieuse, car le postulat (démontré) de la place Centrale de la sexualité dans la formation et l’activité de l’individu était forcément dérangeante. Certaines réactions irrationnelles ici prouvent bien que la psychanalyse dérange aujourd’hui.

Un postulat ne se démontre pas, par définition.
Le pinailleur de service.
Quant au reste, je ne dis rien mais je n’en pense pas moins.

Hedera ou Bubu, vous parlez d’expériences conscientes, de raisons réfléchies, etc. Cette notion (qui dans mes souvenirs est de toute façon contestée) se réfère à des processus insconscients, donc par définition on ne s’en rend pas compte.

Quiconque a déjà dévalé une pente de poudreuse vierge connait le plaisir immense que ca suscite. Qui serait capable de donner toutes les raisons de ce plaisir ? on peut citer plein de raisons conscientes : la douceur des appuis, la sensation de flotter, etc.
Mais pourquoi refuser l’idée que dans ce plaisir il y a aussi des raisons inconscientes, dont certaines poussées par des pulsions de mort ? ca vous fait si peur que ça d’avoir des motifs d’actions inconscients ? l’idée que vous n’etes pas à 100% maitres de vos décisions ?

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:sweat_smile::sweat_smile::sweat_smile:
« Les mathématiques sont une science où l’on ne sait pas de quoi l’on parle ni si ce que l’on dit est vrai ».
Il y a beaucoup de domaines (pas seulement scientifiques) où cela s’applique.

Sinon pour la sexualité de Toscano (pas la sienne :stuck_out_tongue:, celle de sa phrase) il faudrait peut-être une majuscule ?

Ok, il y a un inconscient qui peut générer des pulsions de morts chez certaines personnes.
Mais il n’est pas démontré que tout le monde, c’est à dire les 108 milliards d’humains depuis le début de l’humanité, aient eu ou ont tous un inconscient qui génèrent des pulsions de mort dans des situations aussi banales qu’une sortie d’alpinisme.
Et donc que quand tu essaies d’expliquer le comportement de qqun d’autre par des pulsions de mort, il n’y a aucune raison de te croire plus que n’importe quel charlatan.

En gros, c’est comme dire que dans telle région tout le monde parle thaïlandais, c’est inconscient, ils ne choisissent pas, et en conclure que l’humanité entière a toujours parlé, parle et parlera thaïlandais.

Merci,Toscano pour la patience et bravo pour la synthèse…
A titre d’exemple : Si on grimpe au Verdon en se tenant sur deux bidoigts avec 300 m de gaz sous les fesses on évolue à priori dans un environnement plutôt inadapté à la survie de l’espèce humaine… Si on met des bons spits le danger est écarté-mais si l’on fait le même passage à 3 m du sol -plus le même plaisir. C’est à dire -on joue avec ladite pulsion,mais elle est là et bien là.
HS pour Borut-j’étais récemment à Ljubljana et j’ai vu ton nom parmi les membres de la Philarmonie slovène -c’est toi -ou un homonyme?!

Ben non, et ca ne le sera jamais, puisqu’on parle de médecine, pas de maths. Tout comme il n’est pas démontré que manger gras cause le cancer. On constate des trucs, c’est tout. Et ca fait réfléchir, c’est quoi le problème ?

Tu sais que des fois, on donne un placebo à quelqu’un en lui disant : « c’est un placebo ». Pourtant des fois ça le soigne. RIen n’est démontré, on dit juste « il y a des mécanismes qui nous échappent » on leur donne un nom et c’est tout.