Manille Textile en Dyneema

Bonjour à tous,

Voici le compte-rendu d’une expérience que j’ai mené sur des Manilles textiles en Dyneema (aussi appelée manille souple ou mousqueton en Dyneema).
J’ai pu mener cette expérimentation grâce à l’un de mes professeur de Lycée ainsi que d’une machine de test Wolpaert.

Extrait du compte-rendu :

Dans le domaine du nautisme à la voile, les manilles en acier ont été remplacées ces dernières années par des erses à bouton où plus communément appelée « manille textile ». Cette manille fabriquée en Dyneema est tressée de tel sorte que sa capacité en traction axiale serait théoriquement doublée.
L’intérêt d’utiliser ce type de manille textile plutôt que des moyens conventionnels serait bien plus que technique, mais aussi économique (prix au mètre plus faible à résistance égale) et massique (matériau très léger).
Le but de cette expérimentation est de valider les capacités de ces manilles textiles.

Même si ces manilles sont principalement utilisées en nautisme, la Dyneema est depuis longtemps utilisée dans de nombreux domaines (industrie, BTP, sports extrêmes, pêches professionnelle,…). Je pense que ces manilles pourraient (dans certains cas et sous certaines conditions) remplacer des mousquetons utilisés en escalade, spéléo, via-ferrata,…

Pour le moment, je me contenterai de ne faire que des expériences pour déterminer les caractéristiques de ce produit et de les quantifier.

Vous pouvez télécharger le compte rendu en version pdf ici : https://mon-partage.fr/f/ULwk91M3/
J’aimerais aussi mettre en ligne deux vidéos qui montre les essais, mais j’ai encore un peu de mal avec les logiciels de montage vidéo.

Je ne préfère pas vous en dire plus et vous laisse télécharger le document .pdf ci-dessus (il fait 15 pages).

J’attends bien évidemment toutes remarques constructives.
Bonne lecture

1 Like

Allons droit au but : quel est le poids d’une manille ?
Si c’est supérieur à 19g, oublie direct un avantage décisif sur les mousquetons en alu.
Le gros avantage, est que c’est un connecteur souple : pas de problème de mousqueton qui travaille dans le mauvais axe. Sauf que je n’ai pas bien pigé comment on ferme la manille : ça prend combien de secondes ? (pour un mousqueton, on relâche simplement le doigt qu’on avait ouvert, c’est instantané).

ça fait quelques temps que c’est de plus en plus utilisé (de manière expérimentale) en spéléo.

Non, la manille est plus légère, plus résistante, et moins chère.
La manille peut se fermer assez rapidement. c’est plus pour la réouvrir que ça peut être plus long.

Je te remercie pour tes remarques Bubu.
J’ai donc développer un paragraphe spécifique pour traiter cette problématique qui je pensait était évidente, mais méritait néanmoins un éclaircissement.

Voici donc ce paragraphe: (désolé pour la mise en forme des tableaux, je n’arrive pas très bien à les rendre lisible, mais je pense quand même que l’on comprend)

Intérêt de la Manille Textile


Rapport résistance/masse

Il est intéressant de privilégier l’utilisation d’une Manille Textile par rapport à un mousqueton traditionnelle uniquement si sa masse est inférieure et si sa résistance est supérieure. Il faut donc parler de rapport résistance/masse pour comparer des mousquetons, plus ce rapport est élevé, plus le mousqueton permet une grande résistance pour une masse faible.
Rappelons que la masse de la Dyneema utilisé est de 1.30 kg pour 100m (donnée fabricant). Sachant qu’une manille nécessite moins de deux mètres pour être fabriquée, sa masse est de 26 grammes. Pour le moment nous prendrons comme valeur de résistance la valeur moyenne obtenue lors des derniers tests : 3 114 daN.
J’ai choisi de comparer la manille textile à quelques mousquetons de la gamme Petzl parce que cette marque est connue du grand public. Il n’est pas question ici de dénigrer des produits qui ont déjà fait leur preuve, mais juste de justifier la véracité de mes propos.

Modèle de mousqueton Masse Résistance max Rapport résistance/masse
de la marque Petzl en grammes en daN en daN/gr
Vertigo (M40A WLU) 95 2500 26
OK (M33 SL) 75 2400 32
Owall (M41) 68 2400 35
Am’D (M34A SL) 70 2700 39
Djinn (M60A S) 45 2300 51
Spirit (M53 S) 39 2300 59
Angel L (M59 B) 34 2200 65
Angel S (M57 G) 28 2000 71
Manille textile 26 3114 120

Bien que la plupart des mousquetons étudiés ici aient un rapport résistance/masse déjà élevé, la manille textile les surpasse de loin. L’intérêt de l’utilisation d’une manille textile est ici démontré.

Rapport résistance/prix
Là encore, le prix peut avoir une incidence particulière sur le choix d’un mousqueton. Il faut donc comparer les mousquetons sur un rapport résistance/prix, plus ce rapport est élevé, plus le mousqueton permet une grande résistance pour un prix faible.
Rappelons que le prix d’achat de la Dyneema utilisé est de 2.06€ pour un mètre (ce prix peut varier suivant les fournisseurs). Sachant qu’une manille nécessite moins de deux mètres pour être fabriquée, son prix est donc de 4.12€. Comme précédemment, nous prendrons comme valeur de résistance la valeur moyenne obtenue lors des derniers tests : 3 114 daN.
Sur le même principe, nous comparerons les mêmes mousquetons de la gamme Petzl. Les prix indiqués ont tous été trouvés auprès du même revendeur et sont des prix publics. Il peuvent donc varier.

Modèle de mousqueton Prix Résistance max Rapport résistance/prix
marque Petzl € daN daN/€
Vertigo (M40A WLU) 16,7 2500 150
Am’D (M34A SL) 15,5 2700 174
Angel S (M57 G) 9,8 2000 204
OK (M33 SL) 11,7 2400 205
Angel L (M59 B) 10,35 2200 213
Spirit (M53 S) 8,7 2300 264
Owall (M41) 8,3 2400 289
Djinn (M60A S) 6,8 2300 338
Manille textile 4,12 3114 756

Une fois de plus, la manille textile surpasse ses concurrents. Néanmoins, le prix de la manille textile ne comprend que le coût de la matière, il manque les coûts de fabrication, de transport, de mise en vente,… En partant du principe que l’utilisateur va confectionner sa manille textile lui-même, il est fort probable qu’il fasse des économies.

Rapidité et facilité de mise en œuvre

Contrairement à des mousquetons de type « auto-lock », la manille textile nécessite d’avoir les deux mains de libre, est plus long à mettre en œuvre et nécessite une attention particulière afin de vérifier si elle est correctement mise en tension. Si l’utilisateur cherche la rapidité et la facilité de mise en œuvre (grimpeur en tête de voie par exemple), il est préférable qu’il utilise des mousquetons classiques.
Tout ne peut pas être parfait…

Enfin pour terminer, si tu ne comprends pas comment fonctionne les manilles, je t’invite à regarder cette vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=_DmifUQnMe0

La manille textile en spéléo : ici.
Un avantage sur les mousquetons, c’est la compacité. On peut en avoir une poignée dans la poche au cas où on manquerait d’équipement.

Je ne me pose qu’une question : qu’en est il de la résistance au frottement dans le cas de liaison avec des éléments textiles (corde, sangles, pontet, etc.) ?
Dans le cas de la voile, ces manilles sont plutôt utilisées pour liaison d’éléments métalliques, ou bout avec cosse, voile avec oeuillet métallique…

Ta question est pertinente Mc Guiloo

Tu as surement lu que dans mes propres expériences, les manilles textiles ont été testées sur des axes métalliques de 20 mm de diamètre. Et ces axes n’ont subit aucune détériorations.
Même si je concentre pour le moment ma recherche sur des valeurs de résistances en tractions axiales, j’espère bien pouvoir aussi apporter des réponses à cette question un jour.
Actuellement j’ai dépensé environ 70 euros pour ces premiers tests (70 euros pour casser des bouts de cordes). Il me faudrat encore beaucoup de temps et d’argent avant de pouvoir donner plus amples informations. Patience, patience,…

Mais je constate que je ne suis pas le seul à me poser ces questions et à voir les intérêts d’un tel produit. Je reste donc motivé pour poursuivre mes recherches.

Ben non.
Perso, je m’en fout des mousquetons qui résistent à 5 ou 10 tonnes. Je regarde de près uniquement les mousquetons pour mon utilisation, c’est à dire les activités de montagne, nécessitant une résistance de 2200daN.
Un produit de 100g aura beau avoir un rapport résistance/poids 50 fois plus élevé qu’un mousqueton de 20g, je prendrai le mousqueton de 20g.
On peut surement confectionner des manilles résistant à 2200daN et plus légères qu’un mousqueton de 20g. Mais là je n’en vois pas, donc je n’ai aucune preuve que ça marche (ya peut être d’autres problèmes qui apparaissent avec une corde dyneema plus fine, etc).

Ca n’empêche pas que ces manilles sont très intéressantes.

Mon but n’est pas de mettre au premier plan la « suprématie » des manilles textiles, juste de mettre des valeurs chiffrés sur un produit qui pour le moment n’a n’en aucune (du moins pas à ma connaissance). Beaucoup de choses ici et là se disent sur ces manilles, des suggestions, des idées, mais rien n’a été vérifié. Mon but est de faire une vrai étude complète sur ce produit, avec des tests en laboratoire, des valeurs chiffrés,… J’ai besoin d’encouragement, pas qu’on me descende en flèche Bubu.

Il est évident que chaque besoin nécessite un matériel particulier. Peut-être que ces manilles pourront servir à des spéléologues, mais aussi à des professionnelles du BTP qui font du levage sur des chantiers et qui souhaitent travailler avec des matériels offrant plus de possibilités. Personnellement, en tant que cordiste (juste CQP1, soyons humble), j’utilise des mousquetons primaires de 5T. Mais il est aussi possible que jamais un seul grimpeur n’utilise une manille et préfère un mousqueton conventionnel du fait de ces activités.

Sortons un peu des sentiers battus, ne voit pas seulement le grimpeur férue d’escalade 8b. Savait tu que certaines grues mobiles remplaçait leur câble acier par des cordes en dyneema? En effet, lors de la rupture de câble acier, des éclats peuvent causer des dégâts, la dyneema elle, n’émet aucune projection lorsqu’elle rompt. De plus, ces grues soulèvent plusieurs dizaines de tonnes, mais le câble et sa longueur font partie du poids à soulever. La dyneema offre donc la possibilité de soulever plus de charge.

C’est bien là l’objet de ma démarche. Valider et prouver (ou non) ce que les gens disent.
Indique moi ou trouver un mousqueton de moins de 20 grammes qui offre une résistance de 2200 daN, et je te dirait si oui ou non une manille textile peut rivalisé ou non.

[quote]Allons droit au but : quel est le poids d’une manille ?
Si c’est supérieur à 19g, oublie direct un avantage décisif sur les mousquetons en alu.[/quote]

Pas forcément, tout dépend de comment on voie les choses. C’est pour cela que je parle de rapport résistance/masse, mais aussi de résistance/prix et de rapidité et facilité de mise en œuvre, j’essaie de voir touts les aspects et d’être objectif (grâce à des chiffres). Et non, je « n’oublie pas direct » sous prétexte que les manilles textiles ne répondent pas à un seul critère.

Mais, je n’ai rien descendu ! Et je ne critique pas ton travail, qui est bien fait et très intéressant !
Je précise juste les critères principaux qui permettraient que des grimpeurs et alpinistes utilisent les manilles textiles, pour certaines utilisations. Pour l’instant, je ne vois pas lesquelles, mais on doit pouvoir trouver. Peut être pour pendre un portaledge ou truc de ce style, où on a tout son temps pour poser la manille et qui reste des heures en place (donc on n’est pas à 30s près).

http://www.auvieuxcampeur.fr/terre/camping-et-randonnee/materiel-de-montagne-d-escalade-et-de-grimpe/mousqueton-degaine-et-maillon/mousquetons-droits/mousquetons-droits-les-packs/nineteen-g-sixpack-mousqueton.html
Bon, c’est 2000daN et pas 2200daN, mais ça passe la norme visiblement.

Ce n’est pas primordial. Il faut bien sûr que ça ne soit pas 10 fois plus cher que le prix moyen, mais un rapport 10 entre le bas de gamme et le haut de gamme est normal.

Sinon, il y a aussi la durabilité.
Aujourd’hui, j’ai grimpé en couenne, et certaines dégaines comportaient des mousquetons que j’ai acheté en 1992 pour faire de la spéléo. Ils ont donc servi en spéléo (ils sortaient toujours plein de boue), escalade, alpi, exercice de mouflage en crevasse, etc. Ce sont des mousquetons Kong key lock, les key lock les moins chers à l’époque. Ils fonctionnent toujours bien après 24 ans…
Pourra-t-on en faire autant avec ces manilles ?

Y’en a pas des masses !

Ouch. C’est peut être possible, mais je n’ai jamais vu ni entendu parler de cela sur un câble qui rompt, n’écoute pas trop les pubs des fabricants de corde !

Ceci dit, les câbles textiles remplacent effectivement dans certaines applications industrielles les câbles aciers. Par exemple sur les dameuses à treuil. Les avantages sont le poids, la capacité à supporter des enroulements faibles et la facilité de réalisation des épissures pour les réparations. Les désavantages sont l’encombrement, la faible résistance à l’abrasion et la difficulté de réalisation d’une épissure qui tienne les efforts cycliques avec déformations - ce qui n’est pas un problème pour les treuils, mais l’est pour les télécordes par exemple.

[quote=« Alexis, id: 1832056, post:12, topic:164931 »]

Y’en a pas des masses ![/quote]

Sur ce site? ou dans la vie?
parce que dans les deux cas, ça fait déjà un : moi.

Professionelles …

Euh, c’était une blague sexiste pas forcément classe, je l’avoue, mais ta réponse, Fabrice, me laisse dubitatif - à plus d’un titre d’ailleurs !

C’est vrai je n’aurais pas du parler d’éclats, mais simplement de fils d’acier tranchants comme des rasoirs qui partent dans tous les sens, comme nous le montre ces vidéos:
https://www.youtube.com/watch?v=GDJ3QjvRZT0
http://www.dsm.com/content/resources/dyneema/emea/videos/rope-breakage-behaviour-of-dyneema–vs-steel-wire-rope.lightbox.html

Ne pas croire les fabricants de corde, je dirait même plus les fabricants tout court! Que penser de ce vendeur qui vend déjà ce produit : http://www.ruedelamer.com/manille-textile-fse-robline.html?___store=fr&gclid=CObf9vu1zMwCFVU_GwodBmIBdg ? Est-il sur de son produit? Peut-il affirmer que la valeur de résistance est bien celle qu’il annonce?
Ne pas croire les fabricants, c’est bien ce que je fait. Et je vais même plus loin, je met en œuvre, je test et je conclue. Et aujourd’hui, je peut affirmer, démonstration à l’appui, que ce vendeur (et d’autres car il n’est pas le seul) prend des risques car le nœud qu’il a confectionné glissera même si la Dyneema à été préalablement lavée!

Dommage que personne ne m’ait parlé du principe de constriction (page 5); réalité, fantasme? Dommage que personne ne m’ait indiqué d’autres études (plus sérieuses) qu’auraient mené la FFS, la FFME ou autre organisme. Dommage que personne n’ait tenté d’apporter des réponses aux questions posées en pages finales :

  • La gaine extérieure est-elle plus sollicitée que la gaine intérieure et pourquoi ?
  • Le nœud de Bosco constitue-t’il un point de cisaillement pour la gaine extérieure ?
  • Y’a–t’il d’autre nœud qui pourrait remplacer le nœud de Bosco ?
    En fait, je doute même que quelqu’un ait lu ce rapport.

Ton post a moins de 24h !
Tout le monde (qui fréquente c2c) était en WE, et parmi tout ce monde, peu de personne ont les compétences pour simplement comprendre ce que tu as fait, et parmi ceux-ci très peu en savent plus que toi !
Je peux toujours faire des recherches google pour tenter de répondre à tes questions, mais j’imagine que tu es capable d’en faire autant…
Et désolé, j’ai bien lu tout le rapport. Et c’est d’ailleurs en voyant qu’il fallait 2m de corde pour faire 1 manille que je me suis inquiété pour le poids, et que je me suis dit qu’avant de passer du temps à essayer de répondre à tes questions, je vais déjà demander le poids des manilles.

As-tu contacté Nicolas, alias Nec sur Descente-Canyon.com, c’est un homme du Ouaib, tu retrouveras facilement sa trace, à ma connaissance le plus avancé sur ce sujet en France,
il a optimisé ledit-noeud, essayé plusieurs tailles, plusieurs cordes, plusieurs config, ajouté des sécus dessus,
et à finalisé en descendant un gros puits genre -200 amarré uniquement à ses bout de ficelles
tricotées lui même…sans aucune autre sécu pour montrer aux autres qu’il croyait en ses machins de marin…
…bref c’est ton homme, ingénieur, ingénieux et audacieux, grenoblois.

Pour avoir maniper les objets avec lui, je comprend parfaitement l’utilité en spéléo, canyon, travaux
(bref tout les domaines ou l’on équipe en fixe, vaguement à demeure), souvent en bonne posture, avec descendeur verouillé
(avec les 2 mains dispo)
c’est même à mon avis l’avenir.

Probablement moins, en escalade, alpi, cascade de glace, domaine ou l’on « passe » rapidos sur les points,
ou le clippage simple du mousqueton garde encore un gain, car fréquent, réalisé souvent à bout de bras et d’une seule main.

Beau travail de recherche, je te souhaite d’aboutir

Super idée mais pas trop trop pour les grimpeurs hélas…
A part pour attacher des sacs de hissage je ne vois pas trop d’utilisation…
Ou renforcer un relais de manière transitoire

salut,
beau boulot.
Pour l’escalade libre, ca présente trop d’inconvénients qui dépassent très largement les avantages.
Par contre je vois bien ça comme un truc à emporter en fond de sac, qu’on peut laisser en cas de réchappe, pour remplacer le maillon rapide qu’on emporte parfois. ou alors en alpi , pour un assurage en mouvement sur quelques points.

Peut etre utile en artif ? j’en fais pas assez pour me rendre compte.