Les grimpeurs sont ils inorganisés?

Posté en tant qu’invité par ghisino1:

@JPG

moi, peut-etre a cause de ma comprehension encore partielle de la langue française, j’ai du mal a comprendre le lien que tu proposes entre non-professionalisme et kronthalose.

les deux phenomenes sont bien comprehensibles et observables, et il faut pas beaucoup des mots.

c’est le lien que tu constate entre les deux qui, en ma opinion, a droit à une explication plus detaillée et explicite.
car si non, ma impression est d’un gros melange d’idées…un melange inorganisé et improfessionel! :smiley:

[quote=« ju Ier, id: 877218, post:23, topic:86925 »]Pourquoi le petit monde de l’escalade a du mal à s’organiser, à peser ?
Parce que dès qu’on lance un sujet touchant à des intérêts communs chacun en revient très vite à sa petite expérience … et a du mal à dépasser son petit monde.[/quote]

[quote=« baghirati, id: 877356, post:38, topic:86925 »]

non : je n’en n’achète plus depuis de nombreuses années[/quote]

:lol:

Je sais pas si ca gène l’organisation, mais le débat ne va pas vers les sommets.
Peut-etre des interventions plus utiles ce soir?

Des revues engagées localement et culturellement, on en trouve dans les pyrénées : Pyrénées magazine, Res’pyr par exemple. Ca existe! Il doit forcément y en avoir dans les Alpes.
Après, ca va etre dur de trouver un magazine culturel sur la grimpe en falaise et le bloc : ce sont des disciplines récentes, on a vite fait le tour de l’histoire.
Mais à coté de ca, les revues de grimpe permettent aux gens qui n’ont pas la varappe infuse d’apprendre des techniques, de découvrir de nouveaux spots, de se tenir au courant des évolutions du matériel, que sais-je… Elles ne valent peut-etre pas les publications anglaises historiques mais ont leur utilité aussi.
Et quand l’alpinisme avait l’age de la grimpe en libre, « Peaks, Passes and Glaciers » avait le même rôle que « Grimper » de nos jours : montrer ce qui se fait, les gars qui se la pètent, les nouvelles prouesses…
La grimpe est encore jeune, ses magazines ont moins de 30 ans et si ils se mettent à parler d’alpinisme et de premières chamoniardes du début du XXème, vont-ils continuer à intéresser leur public?

Posté en tant qu’invité par JPB:

Aaaahhhh!!!
Je sais que je ne dois pas répondre !

Bon , la Kronthalose ( marque déposée ) est le symptome d’un glissement évident vers l’attrait de la facilité . Réduire la difficulté à son niveau propre pour être encore réduit par le prochain amateur éclairé .
‹ ‹ Amateur éclairé › ›… amateur qui ne connait pas l’histoire de la pratique , qui ne connait pas ses valeurs , qui ne reconnait pas l’impact de sa pratique , qui ignore les faits et gestes de l,escalade d’ailleurs .

Cet amateur fait tout cela parce qu’il est nombrilliste , bien entendu , mais aussi parce que nous nageons dans un flou artistique tant du coté des organismes responsables que des organes de diffusion du savoir . Quant aux manufacturiers , leur implication dans la diffusion des valeurs de la grimpe est pour ainsi dire nulle .

Voici qui est dit : La Kronthalose , c’est pour frapper l’imagination et titiller tous mes amis alsaciens … car le fait est bien plus avancé ailleurs en France . On pourrait appeler l’épidémie , ailleurs : la Sicalithe …
Tu vois donc le lien entre ceci et cela .
Qu’est-ce qu’être professionnel?
Vaste question …
Qui ne l’est pas ??

Posté en tant qu’invité par csv:

A _ Petite distinction préalable (j’essaye d’être le plus clair possible, mais ce n’est pas facile…) :

1- le fatalisme = résignation passive face aux événements ;

2- L’« amor fati » des Stoïciens = « amour du destin » = volonté d’accorder sa nature individuelle avec l’ordre nécessaire du cosmos qui m’entoure et des événements auxquels on consent, qu’on supporte avec constance, parce que leur nécessité ne dépend pas de nous). Mais pour ce qui dépend de nous, à nous d’agir sans nous résigner passivement, comme dans le fatalisme !

3- l’amour intellectuel de Dieu chez Spinoza = volonté d’orienter son dynamisme en fonction de la connaissance que j’ai de la Nature (= Dieu) et de ses déterminismes. Le conatus (effort pour préserver son dynamisme personnel, persévérer dans son être, conserver son existence) ne s’oppose donc pas à l’amour de la nécessité (comme pourrait le laisser entendre l’article de Wikipédia) , mais s’y accomplit plutôt, en tentant de prendre conscience de ce qui le détermine. Et une liberté qui se voudrait indépendante de la nécessité ne serait qu’une illusion.
Le déterminisme (la nécessité d’une chose en fonction de ses antécédents, de ses causes) qu’il s’agit pour le conatus de connaître étant le contraire du fatalisme (la nécessité d’un événement quels que soient ses antécédents – ex : quoi que je fasse, si c’est écrit que je doive tomber malade aujourd’hui, cela arrivera)

4- l’acceptation de l’adversité chez Nietzsche ( où je veux que revienne éternellement tout ce qui m’arrive, car j’ai compris que j’en suis responsable, y compris dans ses côtés les plus négatifs. Mais ce n’est ni l’anesthésie affective des stoïciens, ni le fatalisme, car la volonté de l’éternel retour ne se résigne pas au retour du Même, mais sélectionne ce qu’il y a d’affirmatif et de joyeux, en laissant de côté le négatif)…

B _ Risquons-nous maintenant à une application au problème de la « Kronthalose », du moins ce que j’en comprends ( c’est à dire l’élimination progressive des difficultés réelles des voies d’escalade, afin d’en faire des ascensions réalisables par tous, ce qui peut conduire les entreprises d’escalade à se refuser à innover, en se réfugiant dans une escalade minimale en salle, plus confortable pour tous )

1- le fatalisme consisterait à rester en bas de la voie, ou à abandonner sans lutter dès la première difficulté : résignation passive face à l’obstacle.

2- L’« amor fati » des Stoïciens consisterait à distinguer ce qui dépend de nous (les voies que je peux escalader et où je peux aller sans problème), et ce qui n’en dépend pas (les voies qui sont trop dures pour mes forces, et où je ne me risquerai pas). Mais comment faire cette distinction quand on est au pied de la voie ? Réponse : soit je m’abstiens et renonce à mon désir d’aller dans une voie incertaine (mais ce sont les obstacles qui me révèlent ce que je vaux !) ; soit je m’engage dans la voie, et je n’aurai pas à me plaindre si je prends un but, et même pire. Mon échec ne sera pas dû à la voie, mais à moi-même. Modifier et adapter cette voie pour conformer le monde à mes désirs –alors que ce devrait plutôt être le contraire- serait donc une totale absurdité. Le stoïcien ne gravirait ainsi que des voies « naturelles », sans équiper ni toucher à une nature nécessaire et ordonnée. Un peu comme les inventeurs des arts martiaux qui observaient les combats des animaux , il regarderait attentivement les techniques d’escalade des chamois et des singes. Le stoïcien serait-il un grimpeur « traditionnel », un Preuss économe de pitons qui chercherait les lignes « logiques » sur le rocher ? Ou le grimpeur anglo-américain qui ne jure que par ses coinceurs et ses friends en terrain d’aventure ? Ou l’ouvreur « éthique » qui part du bas ?

3- l’amour intellectuel de Dieu chez Spinoza demande de connaître les lois qui président à la nature de la voie à grimper pour ne pas chercher vainement à aller à l’encontre de leur nécessité. L’homme n’est pas le maître qui doit commander au monde, mais quelqu’un qui doit chercher à le connaître, afin d’y construire la place qui va le plus dans le sens de son intérêt propre bien compris (ce qui n’est pas son égoïsme). Le spinoziste serait-il alors l’équipeur modeste, qui cherche à tracer une voie dans des lignes « logiques », à connaître les dangers objectifs de l’environnement, la résistance du rocher, en rapport avec les normes de sécurité des EPI qu’il met en place ? Ou le grimpeur qui réfléchit à la meilleure méthode pour franchir un passage, sans qu’il soit besoin de creuser une réglette inutile ou de tailler un bac superflu ?

4- l’acceptation de l’adversité chez Nietzsche insiste sur la nécessité de devoir « prendre des buts » pour progresser. Tout ce qui ne me tue pas dans l’ascension me rend plus fort. Il s’élève fortement contre l’égalitarisme faussement démocratique qui nivelle tout par le bas, et serait sans doute sévère avec la « Kronthalose », certes, mais aussi avec les chaussons dont le « grip-ventouse » permet d’avoir bien moins à pousser sur les orteils et sur les abdos quand on grimpe, sévère avec ces skis qui tournent tout seuls, avec la transformation actuelle des pistes de ski en pistes bleues/rouges, afin que tou-te-s puissent skier confortablement, sévère avec l’engouement pour les via ferrata, comme avec la juridicisation exponentielle des activités à risque … On verrait bien le grimpeur nietzschéen entre l’élitisme d’un cafiste montagnard en « grosses » dans du 7, et un grimpeur-danseur aux mains et aux pieds nus, escaladant pour lui-même, en dehors de toute médiatisation … Et bien à l’opposé de tous ceux qui veulent se venger de leur propre impuissance face à la difficulté des voies, et qui expriment leur ressentiment en modelant le rocher à l’image de leur faiblesse…

C- Notre petite « voix intérieure » doit-elle alors nous nous orienter en priorité vers les voies (d’escalade) extérieures, où nous nous confrontons à des difficultés que nous ne maîtrisons pas d’avance ? Nous pousser en priorité à mieux observer et connaître la nature et les lignes du rocher avant de vouloir le tailler ? Et nous inciter à inventer des voies en salle qui imitent l’aléatoire et l’incertitude des voies extérieures ? Au rebours de ce qui se fait souvent, c’est-à-dire tailler des voies en plein air qui sont comme autant de pans en pleine nature…
Ou encore nous faut-il chercher à promouvoir une vraie démocratie en escalade, non pas celle qui rend toutes les voies accessibles pour tou-te-s, mais celle qui s’attache à équiper des voies différentes, avec des critères spécifiques aux différents niveaux existants. Il en faut pour tous, des grimpeurs de 4 (inf) aux nonogradistes, et il faudrait renoncer à exiger des critères homogènes pour toutes les voies et tous les niveaux, loin à la fois de l’élitisme condescendant et du nivellement par le bas du faux égalitarisme

D- Mais dans ce défilé de philosophes-grimpeurs, une chose est sûre : chacun refuserait l’uniformisation de voies suréquipées et aseptisées, aménagées « en force », sans tenir compte des lignes du rocher… Et surtout, ils dénonceraient toutes les tentatives qui ne visent seulement qu’à adapter le monde et ses obstacles aux désirs de l’être humain, dont le moindre reste celui de la facilité… Car derrière ces polémiques autour des voies d’escalade, on trouve toujours le vrai enjeu : la nécessité de mieux contrôler les désirs humains, avant de chercher à les imposer de toute force aux autres comme au rocher. Accepter que l’adaptation du rocher à l’être humain ne soit que la première marche vers la découverte de ce qu’amène l’adaptation de l’être humain aux contraintes de la montagne…

E- Peut-être enfin y a-t-il (au moins) deux professionnalismes : celui qui consiste à utiliser les meilleurs moyens pour être efficace au service du déploiement d’une activité, et celui qui a la même exigence de moyens les plus efficaces, mais au service d’une autre finalité : le profit. Et pour qui recherche le profit avant tout, tous les moyens sont bons, et il s’agit s’il le faut d’adapter l’activité à cet objectif, et d’aller dans le sens du poil pour mieux séduire : c’est-à-dire rechercher toujours plus de confort et de facilité, dans la peur d’inciter les potentiels clients à innover, à se risquer dans des champs inconnus, incertains, aléatoires…

csv

[quote=« JPB, id: 877445, post:43, topic:86925 »]d’un glissement évident vers l’attrait de la facilité . Réduire la difficulté à son niveau propre pour être encore réduit par le prochain amateur éclairé .
‹ ‹ Amateur éclairé › ›… amateur qui ne connait pas l’histoire de la pratique , qui ne connait pas ses valeurs , qui ne reconnait pas l’impact de sa pratique , qui ignore les faits et gestes de l,escalade d’ailleurs .[/quote]

combien de pratiquants de l’escalade en 1970 et combien en 2009 ? combien de pures lumières sachant et d’éclairés en 70 et combien aujourd’hui ? et puis les temps changent mon brave monsieur

Posté en tant qu’invité par JPB:

Voir ma dernière chronique sur Edlinger où il explique pourquoi l’engagement et la distance entre les points !!

Bon , je retourne chez moi . Désolé de vous quitter !

Posté en tant qu’invité par Localcharente:

[quote=« csv, id: 877452, post:44, topic:86925 »][/quote]
Magistral et instructif.
Cependant, il me semble que cette analyse se base sur la nécessité d’une confrontation de l’individu avec ses limites.
Point de vu tout à fait défendable, mais qui réduit les plaisirs à ceux de la progression et de la réussite.
L’escalade reste un jeu qui ne découle d’aucune exigence vitale. Pourquoi parcourir une voie suréquipée sans se faire peur, serait-il moins moral que de parcourir cette même voie en se mettant au taquet six mètres au dessus d’un hexentrique? (moins valorisant, sans doute)
Peut-on juger une pratique supérieure à une autre? Y aurait il des valeurs morales consubstantielles à escalade qui désigneraient certaines manières de grimper comme étant plus nobles ? Quels sont les critères qui organiseraient cette hiérarchie ?
Le respect du support? Le respect des règles fédérales ? Le courage ? le plaisir? L’efficacité? Le refus de la technologie ?…
Si l’on pousse au bout la logique qui découle de certains d’entre eux, on arrive rapidement à des positions idéales, mais difficilement tenables, même par les plus purs d’entre nous.
Finalement, j’ai l’impression que ce qui nous gène le plus, ce n’est pas la « Kronthalose » en elle même (on s’en accomode fort bien lorsqu’elle est administrée à la dose considérée comme acceptable par la communauté) , mais l’apparente dévalorisation de nos propres performances qu’elle entraîne.

Posté en tant qu’invité par ghisino1:

je suis pas trop d’accord.

beaucoup des grimpeurs d’aujourd’hui seront contre au moins une partie de la « krtonthalose » (taille des prises).

considerons entre eux, ceux pour les quels la « performance », la croix, a une importance.

bien : essaie de proposer eux d’abandoner la cotation (qui est une « opinion commune ») pour des criteres plus indicatifs du valeur de la « performance » en elle meme (par example : un rapport entre nombre d’essais et nombres de succés sur une voie. plus elle est essaié sans succés, plus elle est dure, c’est clair…)
Beaucoup de monde va protester vivement et reclamer le droit a une performance jujée par « opinion »…

…ceux qui fint l’8a a kalymnos ou a el chorro, sachent bien qu’il vaut pas un 8a années 80’s à Buoux ou Frankenjura ou autre part…et il le sachent aussi ceux qui au contraire se refusent de grimper dans les falaises nommées comme « soft ». Mais cette dishomogeneité ne gene pas les deux groupes, au contraire! Les uns ils ont la cote (n’importe combien loin du « standard »), les autres ils ont le « bon nom » de la falaise ou ils ont fait la croix, meme si modeste en cotation…personne entre eux souhaite se placer dans une echelle « objective » qui pourrait permettre de comparer les uns avec les autres, et meme le passé avec le futur…

donque, je pense pas que la kronthalose nous gene en premier place parce que un certain 7b ou 7c n’est plus les 7b ou 7b qui certains ont sorti il y a quelques années…

Posté en tant qu’invité par Localcharente:

Je pense que l’on dit la même chose. Reste le problème de la traduction…

[quote=« csv, id: 877452, post:44, topic:86925 »]…

csv[/quote]

Pas mal, cette application de diverses pensées à l’escalade.
Je vais l’enregistrer.

Posté en tant qu’invité par JPB:

Je dois vous avouer que la teneur de ces échanges me réconcilie un peu avec les forums que j’avais délaissés depuis quelque temps , dépité de constater le niveau de discussion .

Pour la petite histoire , tous mes textes ont un second degré de lecture que seuls quelques amis peuvent comprendre .
Le titre de cette chronique par exemple , ‹ ‹ Amor Fati › › , fait référence à ma santé et à ma situation familiale tout autant qu’à l’escalade.

Pour l’engagement , je vous recommande de lire ma chronique ‹  › Je cherche un Homme’’ ou d’écouter l’entrevue de Edlinger sur le site du festival de Trento .

Pour le reste , merci beaucoup ! Il n’y a pas de vaine discussion , surtout si elle est intelligente …

JPB

Posté en tant qu’invité par ju Ier:

Alors je tente … une contribution … un décalage, dans un sens, pourquoi pas positif.

Ou bien : acceptation de ce qui arrivera ; et il faut déjà essayer et donner pour en avoir une petite idée. Avec « passif » il y a jugement de valeur et orientation face à ce qui doit arriver. Défaitisme correspond mieux à la définition. Ce qui biaise les points suivants.

Non, ne sélectionne pas, car par nature l’homme est affirmatif et joyeux, c’est notre regard qui pose des valeurs. Nietzsche n’accepte donc pas l’adversité ; par contre, la confrontation. Il n’y a pas à proprement parler opposition de forces, mais jeu de forces. Je chipote peut-être, mais c’est pour sortir de la dialectique bon/mauvais dans laquel on continue malheureusement d’enfermer le pauvre Friedrich (et pourtant il s’est battu, le diable !).

[quote=« csv, id: 877452, post:44, topic:86925 »]B _ Risquons-nous maintenant à une application au problème de la « Kronthalose »

[…]

1- le fatalisme consisterait à rester en bas de la voie, ou à abandonner sans lutter dès la première difficulté : résignation passive face à l’obstacle.[/quote]

Du coup non : fatalisme c’est donner tout ce qu’on a à donner et, le cas échéant, accepter la défaite sans se plaindre.

Ouais … ou en n’importe qui n’ayant rien à foutre de ce qu’on pensera de lui s’il prend tous les points dans un 4 sup. La haute idée c’est de créer soi-même sa valeur, alors que là on reste dans des schémas très « valorisés », mine de rien (la pub Grany). Dans la pub elle-même (désamorçons de suite), le grimpeur n’est pas médiatisé …

Ben non … plutôt en permettre l’exression plurielle. Avec ce peiti problème récurrent : c’est quand même chiant quand ça me correspond pas (nous sommes encore des enfants)

Spinoza et les stoïciens connais pas ; ça viendra peut-être pour Spinoza, pour les autres ça m’étonnerais. Pour en revenir au débat : démocratisation revient à une appropriation croissante, des projections croissantes, un bordel croissant.
l’escalade en tant que pratique rassemble un public beaucoup plus large dans ses aspirations et modes de vie que le surf ou la chasse. Alors il faut partager, ce qui pose bien sûr problème. Bon comment ça se règle un problème ? Conflit et loi du vainqueur, ou exil. Tant qu’il y a de la place, tout reste possible.

Posté en tant qu’invité par ju Ier:

Aîe , commentaire insérés dans la citation … bon courage.

Edit : j’ai corrigé :wink:

Posté en tant qu’invité par Aaaa…tchoum:

[quote=« ju Ier, id: 877587, post:52, topic:86925 »]Alors je tente … une contribution … un décalage, dans un sens, pourquoi pas positif.

Ou bien : acceptation de ce qui arrivera ; et il faut déjà essayer et donner pour en avoir une petite idée. Avec « passif » il y a jugement de valeur et orientation face à ce qui doit arriver. Défaitisme correspond mieux à la définition. Ce qui biaise les points suivants.

Non, ne sélectionne pas, car par nature l’homme est affirmatif et joyeux, c’est notre regard qui pose des valeurs. Nietzsche n’accepte donc pas l’adversité ; par contre, la confrontation. Il n’y a pas à proprement parler opposition de forces, mais jeu de forces. Je chipote peut-être, mais c’est pour sortir de la dialectique bon/mauvais dans laquel on continue malheureusement d’enfermer le pauvre Friedrich (et pourtant il s’est battu, le diable !).

[quote=« csv, id: 877452, post:44, topic:86925 »]B _ Risquons-nous maintenant à une application au problème de la « Kronthalose »

[…]

1- le fatalisme consisterait à rester en bas de la voie, ou à abandonner sans lutter dès la première difficulté : résignation passive face à l’obstacle.[/quote]

Du coup non : fatalisme c’est donner tout ce qu’on a à donner et, le cas échéant, accepter la défaite sans se plaindre.

Ouais … ou en n’importe qui n’ayant rien à foutre de ce qu’on pensera de lui s’il prend tous les points dans un 4 sup. La haute idée c’est de créer soi-même sa valeur, alors que là on reste dans des schémas très « valorisés », mine de rien (la pub Grany). Dans la pub elle-même (désamorçons de suite), le grimpeur n’est pas médiatisé …

Ben non … plutôt en permettre l’exression plurielle. Avec ce peiti problème récurrent : c’est quand même chiant quand ça me correspond pas (nous sommes encore des enfants)

Spinoza et les stoïciens connais pas ; ça viendra peut-être pour Spinoza, pour les autres ça m’étonnerais. Pour en revenir au débat : démocratisation revient à une appropriation croissante, des projections croissantes, un bordel croissant.
l’escalade en tant que pratique rassemble un public beaucoup plus large dans ses aspirations et modes de vie que le surf ou la chasse. Alors il faut partager, ce qui pose bien sûr problème. Bon comment ça se règle un problème ? Conflit et loi du vainqueur, ou exil. Tant qu’il y a de la place, tout reste possible.[/quote]

Plein la tronche, que j’en ai pris. J’aurais dû passer ma vie sur des bancs d’école pour avoir une chance de comprendre l’escalade au lieu de la passer… à grimper.
Bien fait pour moi. Mais… bravo pour les propos, c’est beau, il y a des cerveaux musclés dont les neurones passent le 9b. Encore. s.v.pl.

Posté en tant qu’invité par ju Ier:

à la tienne Jean Marc :slight_smile:

C’est une connaissance, platon, qui m’a parlé d’un spot sympa (il le tiendrait de son poto aristote, mais je n’y crois guère… il l’a inventé vu qu’il s’emmerde sec dans sa grotte…) : une falaise immense, moitié grès, moitié calcaire, moitié granite, de la dalle inclinée au surplomb, de l’artif, du libre, il ya meme déjà vu un neanderthalien grimper pieds nus, sans corde!
Ca a l’air chouette, je suis donc allé y faire un tour. C’est vrai que c’est grand, varié, ya de la place pour tout le monde…

Au pied des voies, je tombe sur nietzschzsche et spinoza, en grande discussion. Ca devait faire un bail qu’ils avaient commencé au vu de la rouille sur leur équipement qui ne servait meme pas. J’écoute un moment, intéressant, les idées fusent, si je m’y connaissais j’aurais bien participé parce que la dialectique c’est très enrichissant. Mais bon, il me manque toute une vie de réflexion pour me mettre à leur niveau, donc je continue mon chemin.

Et là, coup de bol! je croise epicure, un bon pote :
"Mec! kesstuféla?
_ Bin y fait beau, je viens grimper, cool quoi!
_ T’as raison, pareil pour moi.
On se fait quelques voies sympa, faciles, belles et bien équipées, on se fait plaisir!

Et là, il se passe un truc étrange.
Des gars un peu louches passent près de nous, ricanent betement et nous disent que grimper des voies en 5+ de 25m avec 10 dégaines c’est pas très sérieux et que rebuffat y doit bien se retourner dans sa tombe toutes les deux minutes.
On a bien essayé de leur expliquer qu’on vient juste se faire plaisir, mais ils continuent de plus belle : rien à en tirer. Du coup on se casse.

Epicure faisant bien les choses, on se retrouve au sommet de la falaise, l’herbe est grasse, le feu crépite, le soleil nous darde de ses derniers feux et le rhum vieux nous réchauffe les entrailles.
La nuit venue, après un calumet, on se fait un peu de philosophie en observant la voie lactée : « On est bien peu de choses, hein mec? » _ « Tu m’étonnes John. »
Je l’aime bien ce gars.

Le lendemain matin on repart grimper, un léger mal de crane ainsi que des brumes sont dissipés par le soleil. nietschscshze et spinoza se sont endormis sur des rochers d’avoir trop bataillé, ca a pas l’air très confort.
On regrimpe, c’est rebien et pleins de gens différents viennent faire ce qu’ils veulent. Que la grimpe est belle et simple avec mon pote épicure!

Avant que nos chemins ne se scindassent, un doute m’étreint l’espace d’un instant :
« Tu crois pas qu’on devrait tout faire pour faire connaitre ca au plus grand public? »
_ « Je ne sais pas, peut-etre. Mais je n’ai pas vraiment l’impression qu’on manque gravement de clubs, de salles, de murs en milieu scolaire, enfin de structures accessibles au plus grand nombre. On peut toujours faire mieux, certes : une presse quotidienne vide de sens, des émissions pourries à la télévision avec des présentateurs pas du tout concernés, des stars dont on parle dans gala… on pourrait meme organiser un genre de pmu de la grimpe! »
_ « Ah ouais, pas con… »

Posté en tant qu’invité par ju Ier:

ho ? Déjà la récolte ?

:slight_smile:

Meme pas!! elle est à tahiti ma falaise-balaise, ca pousse toute l’année au pied des voies!!
Tu crois pas qu’épicure va se faire chier à jardiner quand meme… :cool:

Posté en tant qu’invité par ghisino1:

[quote=« Localcharente, id: 877528, post:49, topic:86925 »]

Je pense que l’on dit la même chose. Reste le problème de la traduction…[/quote]

ou de choix des mots et de ma comprehension de leur signifié…

en essayant avec « croix » en place de « performance », et en supprimant « apparent » je suis plus d’accord.

je m’explique avec 2 examples.

tomber à vue au dernier mouvement de « ground zero », 9a presque entierement bricolé dans un gros devers au dessus d’une ligne ferroviaire pas loin d’Aoste (italie), serait une performance exceptionelle sans etre en aucun cas une croix. Meme si enchainé, pas une « belle » croix.

faire « la Marie Rose », premier 6a bloc de Bleau, est une performance ridicule aujourd’hui, mais reste une croix de valeur, pour l’histoire de la ligne.

ce qui gene c’est la devalorisation des notres croix
(parce que en tant que grimpeurs nous avons autres criteres de jujement que la performance en sens purement sportif…)

ou pas?

3 moitiés donc …