[quote=« pire, id: 1625307, post:48, topic:143312 »]
[quote=« topcorri, id: 1625186, post:43, topic:143312 »]j’ai la faiblesse de penser que c’est un peu exagéré de tout déséquiper dans l’eventualité qu’un couple d’aigle de Bonelli venu il y a 25 ans serait suceptible de venir à nouveau dans le vallon.
Bref si tu peux m’en dire + sur ce dossier je suis preneur
Merci d’avance pour la réponse.[/quote]
Au début de ce post je ne savais rien sur le site des Concluses. Depuis je me suis renseigné sur ce cas-là qui me semble être un bon exemple. Résumons l’article: sur un site où il n’y a plus d’aigle depuis 25 ans on veut déséquiper sans raison; à cela s’ajoutent des parallèles avec les sites à faucons où avec ou sans interdiction temporaire on peut concilier la reproduction des oiseaux et l’escalade.
Pour comprendre ce qui se passe il faut à la fois connaître les moeurs de l’oiseau et l’évolution de sa population. L’aigle de Bonelli n’a rien à voir avec un faucon: c’est l’espèce sauvage la plus menacée de France, rien à voir de ce côté avec un faucon crécerelle pour lequel je mets quiconque au défi de me trouver le moindre arrêté interdisant l’escalade à cause de sa présence. Entre 1970 et 2000 la population de Bonellis a baissé de près de 60%. En 1988 je crois il nichait encore aux Concluses mais suite à la diminution des effectifs il a alors disparu de ce site. A la suite de quoi un arrêté de biotope a été pris (et je le répète quant on voit en pratique comment ça se passe ce n’était pas une lubie quelconque). Pourquoi puisque le Bonelli n’y était plus ? Tout simplement parce que les sites favorables sont finalement peu nombreux, et que les derniers sites fréquentés étaient les plus propices et que ce serait ceux-là qui seraient réoccupés en priorité par les oiseaux au cas où la tendance s’inverserait. Jusque là tout le monde côté grimpeurs se fiche éperdument de cet arrêté. Et puis un équipeur se dit que ce serait sympa d’y aller. Il demande une autorisation à un maire qui n’a rien à faire des piafs et qui se dit peut-être qu’attirer du monde sur sa commune serait rentable. Mais le maire n’est pas compétent en ce domaine et son autorisation n’a aucune valeur légale. Le grimpeur en question équipe, en toute bonne foi et je me mets à sa place, normal qu’il chope les boules que maintenant on lui dise qu’il faut déséquiper. Et là il faut reconnaître que les assocs environnementales locales ont eu tort de laisser faire. Car à partir du moment où le site est occupé par des activités humaines régulières il est impossible que l’Aigle y retourne. L’argument il n’y a plus d’aigle depuis 20 ans est absurde: justement c’est parce qu’on y grimpe qu’il n’y revient pas ! Il faut bien voir que le moment de l’équipement a coïncidé avec celui où la population de Bonellis était la plus basse (seulement 23 couples en 2002). Aujourd’hui la courbe s’est inversée, grâce au plan national de restauration qui a permis la mise en place de diverses mesures de protection: amélioration des structures électriques, déviations de sentiers, périmètres de sécurité, informations sur les nuisances, suppression de certaines voies ou sites sur les topos d’escalade etc …L’an dernier 30 couples nicheurs c’est déjà mieux. Du coup les sites historiques les plus fréquentés risquent d’être de nouveau occupés… si le dérangement n’y est pas trop fort. Le site des Concluses est dans ce cas. Après le déséquipement il est probable que la présence du Bonelli sur le site ne sera pas immédiate et cela peut prendre plusieurs années, mais si la tendance actuelle se poursuit les raisons d’y croire sont réelles.
Un couple d’aigles de Bonelli à un territoire auquel il est attaché et bien qu’on ne le voit pas, il y est toute l’année. En fin d’automne et au tout début de l’hiver ce sont les parades amoureuses, le rechargement des aires locales et les accouplements. Il y a ensuite la ponte, la couvaison et l’élevage des jeunes qui s’envolent en général fin mai ou au cours du mois de juin. Ils restent ensuite sur le site avec les parents et partent en septembre pour être erratiques pendant 3 ou quatre ans avant d’atteindre leur maturité sexuelle pour pouvoir se reproduire à leur tour. Concernant les dérangements on dit et on lit un peu de tout et n’importe quoi. Et non ce n’est pas parce qu’on dérange un aigle 5 mn que ça remet en question sa nichée (sauf exception, mais là je rejoins quand même ceux qui disent qu’il faut aussi que les oiseaux s’adaptent). La preuve avec les opérations de baguage. Par contre une présence permanente est très néfaste. J’arrive au pied d’une falaise. Je grimpe et dérange l’Aigle (trop long ici pour expliquer tous les cas) l’oiseau s’envole. Il reviendra une fois le calme revenu (cas du randonneur de passage). Mais pas si quelqu’un stationne sur place, et c’est le point crucial. C’est la présence plusieurs heures de file qui est le principal problème (ou les dérangements répétés): dans ce cas, si c’est la couvaison, les oeufs peuvent refroidir, si c’est pendant l’élevage et si les jours précédents il n’y a pas eu de proie ce peut être un affaiblissement des aiglons, s’il fait froid ils peuvent également se refroidir, s’il y a du soleil se désydrater (la mère fait de l’ombre avec ses ailes) etc … Si le site est soumis à dérangement fréquemment il sera déserté et le couple devra chercher un autre territoire, pas forcément disponible: cela a déjà conduit (au moins deux témoignages directs) à des combats mortels, ce qui est vraiment dommage quand on connaît le nombre total d’oiseaux. Voilà pourquoi préserver un habitat potentiel est fondamental.
Bon c’est déjà trop long à lire je crois, alors j’arrête mais je peux continuer à répondre aux questions s’il y en a que ça intéresse.
PS: le cas de Sainte-Victoire est très particulier et unique, je peux aussi en parler,[/quote]
Bonjour,
Lors de la publication de notre article (il y a un an sur le TL²B nous avions déjà beaucoup polémiqué sur le sujet. Je suis assez d’accord avec vous cher Pire mais quand même, sur ce dossier, deux trois trucs coincent.
1° sur la forme. Certes le Maire n’était peut être pas compétent mais l’APB et surtout les COPIL Natura 2000 sont là pour négocier. Pourquoi avoir attendu 20 ans pour réagir !? Cela laisse penser que côté Ornithio on n’y croyais pas trop à ce retour de l’Aigle.
2° Qui des grimpeurs, randonneurs et chasseurs causera le plus de « dérangements fréquents » et qui est interdits ? Là, il faut un peu de cohérence ! Les grimpeurs sont rares aux Concluses alors que les randonneurs et les chasseurs…
3° Au lieu de déséquiper (comme à Lourmarin d’ailleurs) vu le peu de fréquentation et la difficulté, neutraliser les premiers points aurait certainement suffit…
Bref, faut dialoguer… là dessus on est d’accord.
Bonne journée