L'équipement de certaines voies - Sainte Victoire

On ne touche pas au « Medius » !
les chutes ne risquent rien. (comme dans ses voisines droite et gauche). Juste un peu terreur parce qu’il n’y a même pas les lames de rasoir de ses 2 voisines.
De toute façon, le crux est à 7 m du départ; sous le 1er point…

1 Like

Si on se protège avant le crux vers les 6 mètres avec des crash pad, genre un gros empilement, genre dans la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=4YGaWpfl5_Y&feature=emb_logo à 6:21, la voie est validée ??? :slight_smile: :grin:

Qu’est-ce que ça veut dire, ‹ validée ›?
Je n’ai pas l’impression qu’on parle d’éthique d’escalade ici, mais d’éthique d’équipement.
Ce sont deux choses bien différentes. Que tu grimpes sur douze crashpad pour faire le premier pas, que tu clipes les points d’en bas avec une perche, ou que tu tires au clou abondamment, ça ne change en rien l’état de la voie pour les autres, donc ça ne devrait pas les concerner. En tous cas, ça ne me concerne pas. En revanche, si tu modifies l’équipement d’une voie, tu en changes la nature, le style, et le plaisir pour tout le monde. Ça me paraît nettement plus important. Et je crois que c’est bien ce qui est en jeu dans la discussion sur la Sainte.

1 Like

En réalité, l’éthique d’équipement n’est qu’un mode de mise en œuvre de l’éthique d’escalade. Par ailleurs, c’est l’éthique d’escalade qui conditionne le niveau de difficulté psychologique d’une ascension, cette dernière étant une composante de la difficulté. Les anglais l’ont bien compris qui utilisent des adjectival grades, lesquels ne valent que dans un cadre éthique précisément borné par un mode d’usage (escalade en tête) de l’équipement disponible ou possible au vu de ce qu’offre le rocher. Aussi est-ce déjà changer la « nature » de la voie que d’adopter une éthique d’escalade différente (c’est-à-dire modifier la nature d’une ascension) qui découle d’un usage différent de l’équipement voulu par l’ouvreur (cas des voies équipées) ou rendu possible par le rocher (escalade full trad).

Oui, ton raisonnement se tient. Mais tu admettras peut-être que dans un cas, tu ne changes la nature de la voie que pour ton ascension. Ce qui est finalement de peu de conséquence pour quiconque d’autre que toi, du moins hors d’une éthique de compétition.
Alors que dans l’autre, tu affectes clairement les ascensions de tout un chacun, y compris beaucoup de grimpeurs qui n’ont rien demandé et préfèreraient qu’on respecte l’esprit des ouvreurs, ou simplement l’esprit du lieu.

J’ajoute que le « problème » causé à certains par les voies Guyomar de la dalle du Médius vient de ce que dans notre éthique actuelle de l’escalade sportive, seule la difficulté « technique » est mesurée. En Grande-Bretagne, la cotation à deux entrées permettrait à chacun de savoir (et donc déjà un peu d’accepter) que dans le 6c/7a de l’Hyper Médius il y a le 6c technique plus une autre chose - la composante psychologique qui fait qu’en perception la voie parait plus difficile que le 6c/7a de Debiloff Profondicum au Verdon (la seconde ouverte plus 10 ans après la première, mais quand même au début des années 80 et qui a été soloée par on sait tous qui).

Des cas comme ça il y en a plein. Ce qui est amusant, c’est que les gens se prennent la tête pour des voies engagées ou expo à la lisière du 7 (parce que le niveau max max des grimpeurs moyens mais aussi un niveau où vont aussi les grimpeurs plus forts ?), alors que personne ne parle de trucs vraiment très dangereux en 5 comme la première longueur de l’Antirabique, et que personne ne parle des milliers de voies en 6c/7a sans composante psychologique …

Même en n’affectant pas l’équipement, il y en a des traditionalistes qui n’hésitent pas à conspuer leurs prochains quand ils voient une moulinette posée dans une voie engagée. C’est de tous les âges. Plusieurs illustrations du fait que modifier l’éthique d’escalade sans même toucher à l’équipement c’est déjà modifier la voie, au moins symboliquement : les voies d’artif très dures ont été renommées quand elles ont été gravies en « libre » (cas du Saussois) ; les grimpeurs de « libre » se faisaient conspuer par les tradis car les premiers venaient « casser » le terrain de jeu (ou diminuer de toute évidence la grosseur du zz des seconds, outre qu’ils étaient déjà des vieux… mais tu remarqueras qu’à la Sainte c’est ces mêmes ex-jeunes maintenant devenus plutôt très vieux qui emmerdent les jeunes en voulant maintenir, au nom d’une tradition de soixante huitards, un équipement dont les jeunes ne veulent plus …) ; si tu te pointes dans le massif de l’Elbsandgebirge et que tu utilises des coinceurs a priori un peu plus fiables (ou moins déroutants) que des nœuds de cordelettes, tu auras des problèmes (on te diras que ça abime de rocher, bon, à prouver); etc.

C’est un mot à la mode, un tic de langage.

Ce qui peut se prouver par le nb impressionnant d’accidents dans cette longueur, que tu vas nous fournir ?
Et ouais, certaines longueurs sont du quasi solo, les rares points protègent que sur 30% de la hauteur de la longueur, le reste étant exposé au-dessus de vires ou du sol. Ce sont des choses qui arrivent.
D’un autre côté, il y a des centaines d’accidents en salle. Faudrait-il imposer les enrouleurs sur chaque couenne pour réduire au maximum les risques ?
Et comment fais-tu dans un escalier ? C’est du 1, parcouru en solo par des milliards de personnes. Mais ça n’empêche pas des soloistes de 7 de s’y tuer…

Dans le même genre, j’imagine que tu as conservé les règles du 1er confinement même après le 11 mai, car il ne faut prendre aucun risque.

1 Like

Oula, faut pas raisonner à la place des gens.
Évidemment qu’il est plus dangereux de tomber dans du facile, depuis le temps que je suis un mauvais grimpeur, j’en ai une idée assez claire.

Avec un point béton tous les 10 mètres environ tu sais qu’il ne vaut mieux pas tomber, c’est plus une assurance vie. Et il ne faut pas hésiter à compléter quand il y a un doute, mais dans les voies historiques les pitons qui restent (remplacé par des spits dans le caroux) sont en plus souvent au niveau des difficultés…
Ce qui veut dire que dans du 4, loin des spits c’est souvent plutôt du 3 (niveau dans lequel on ne sort pas toujours la corde…)

Faire la différence entre des propos prescripteurs ou moralisateurs ou avec de l’affect et des propos cherchant à évaluer lucidement ce qu’on fait. Je me réserve le droit d’assumer de prendre des risques et de le dire, sans tabou, sans me cacher derrière l’argument stupide du « mec qui meurt en descendant du trottoir donc ne parlons pas de gestion du risque » (argument stupide : 100% des êtres vivants meurent quoiqu’ils fassent contre et quelle que soit leur prise de risque et leur comportement. Argument qui traduit comme une gêne de la part de celui qui l’emploie, comme s’il se sentait menacé dans sa pratique et projetait quelque chose de moralisateur).

Personne ici ne raisonne à ta place, en tout cas pas moi. Le choix d’une prise de risque est un terrain de liberté, même s’il y a des intérêts qui vont à l’encontre de cela (juridiques, assurantiels, etc qui s’y opposent, ce dont à titre personnel je regrette les conséquences liberticides sur nos pratiques, tout en reconnaissant qu’on n’a pas de solution en ce moment sur cet autre sujet).

En escalade tant qu’on n’impose pas aux autres de se foutre dans la m je ne dis nulle part qu’il faut (moralement etc) se protéger ou ne pas prendre de risque. De même, je suis contre le fait de transformer les 3 médius en des voies sans engagement.

2 Likes

Bah non pas du tout…

Tout le monde peut pas y aller --> et alors ? Tout le monde peut pas faire un 7a, un 8a, un 9a…

Je dirais que soit tu équipes la voie pour de l’escalade sportive et tu mets les points qu’il faut, soit tu laisses tout sans rien pour faire en trad.
Je vois pas l’intérêt de mettre des points tous les 5m si c’est juste pour rendre la voie expo.

Après tu peux aussi avoir des voies où une chute de 10m est pas dangereuse (dalle à 90° ou légèrement surplombante ect…) et dans ce cas pourquoi pas.

Cad? Au rythme où ça va, on va bientôt avoir un point tous les 25 cm.

3 Likes

Eh ben c’est comme le bac; ça se démocratise, faut que tout le monde passe. Pourquoi certains passeraient et pas d’autres ? Y’a pas de raison.

1 Like

Est-ce que j’ai dit qu’il ne fallait pas parler de gestion de risque ?
Non, c’est faux, tu inventes complètement.
Et c’est le contraire ! Ca fait 20 ans que je dis sur ce forum que ce qui compte fondamentalement, c’est apprendre à gérer les risques.
Sauf que pour pouvoir s’exercer à gérer des risques, il faut qu’il existe des terrains / des voies qui comportent des risques.
Un exemple : à Saou, il y a une couenne (ou la 1re longueur d’une voie de 2 longueurs), en dalle, qui comporte une vire tous les 5m (chaque vire faisant entre 10 et 50cm de large). Elle a été équipée du bas, avec une broche au-dessus de chaque vire. Il y a souvent un pas dans la cotation max sous chaque vire. Résultat, si on tombe dans le pas sous la vire, on chute de 4-5m et on se mange la vire du dessous, puis on continue à tomber de 5m et on se mange la vire encore en dessous (avec le mou et l’élasticité de la corde). Ou alors on tombe directement de 10m sur l’avant dernière vire.
Pour protéger correctement les retours sur vire, il faudrait doubler ou tripler le nb de points, transformant la voie en échelle à poule sans intérêt, car la gestuelle n’est pas transcendante. Ce qui fait l’intérêt de cette voie, c’est la gestion de l’exposition : ne pas s’en mettre une au mauvais endroit.
Ce serait peut être mieux en déplaçant tous les points juste sous chaque vire, sans en ajouter. Mais pas sûr qu’on gagne vraiment en proportion de la voie où on serait protégé contre un retour sur vire, à regarder de près (mon impression après l’avoir grimpé était que ce serait mieux de déplacer les points, mais après réflexion je n’en suis pas sûr, ce n’est pas si évident).
D’autant plus qu’un point sous chaque vire impose le passage pour sortir sur la vire, alors qu’actuellement on peut sortir où on veut, puis traverser sur la vire pour clipper le point. Un point sous chaque vire diminuerait les possibilités entre chaque point.
En fait c’est ce bout de falaise qui n’est pas propice à une voie offrant de la belle escalade avec de belles envolées sans exposition, c’est tout, inutile de chercher à faire croire que la voie sera plus belle avec 3 fois plus de points.

tous les 25 cm j’ai encore jamais vu

1m50 c’est pas mal, en gros au pire tu tombes de 3m50

Ton exemple est intéressant, et on apprend à se connaître. Finalement, la voie de Saou que tu décris est une voie objectivement dangereuse et qui ressemble à une bouse et sans qu’une modification de l’équipement puisse changer la donne. Elle a le droit d’exister comme ça, cette voie. De ce que tu en dis, je comprends que le niveau technique et physique est plutôt « grand public ». Alors la question que je me pose, c’est de savoir si c’est une voie juste au milieu d’un secteur de couennes de type sportives et bien équipées qui va naturellement attirer et mettre au carton par erreur des grimpeurs cherchant une grimpe aseptisée (je n’ai jamais grimpé au Saou, je ne connais pas le style de ce site, désolé pour cette inculture là) ou bien est-ce qu’elle est située dans un secteur (ou un site) déjà réputé pour être un peu plus psychologique et où ce type de grimpeur ne va pas trop venir ? Avec le problème actuel sur les conventions, c’est malheureusement le type de question qui se pose …

1 Like

Et même pire !
Dans n’importe quelle site de couenne, il existe des portions de rocher ne comportant pas de ferraille. Certains peuvent imaginer une ligne, et la grimper en solo par erreur. On peut s’attendre à des milliers de morts à cause de ces portions de falaises qui ont l’indécence de ne pas être équipées.
Ton raisonnement suppose que les grimpeurs sont des demeurés incapables de se rendre compte que les points sont éloignés avant de commencer à grimper.
Par ailleurs, on a le droit de faire des topos qui indiquent explicitement l’exposition. Mais pour cela, il faut d’abord accepter qu’une voie exposée fait partie de la diversité des styles d’équipement, et que l’exposition ne doit pas nécessairement être éliminée à tout prix.
Actuellement, l’absence d’info concernant l’exposition des couennes fait que le grimpeur lambda suppose que c’est non exposé car on lui a dit que c’est la norme, puis se rend compte qu’une voie est exposée (sans se faire mal, juste en regardant depuis le bas ou depuis une voie à côté), et en vient à exiger un rééquipement avec un point tous les 2m voire moins.

Tout le secteur est dans le même style.
Il n’y a pas souvent du monde, et il n’y a aucune patine bien sûr (ce qui est bien utile pour grimper serein 5m au-dessus d’une vire).
Le secteur mériterait un rééquipement, avec ajout de qq points, mais sans chercher à éliminer l’exposition, juste la réduire par endroit si ça vaut le coup.

Juste une question : est-ce que tu sais que les voies dont on parle pour la Sainte ont été ouvertes à une époque où, si je peux ainsi dire, l’escalade n’existait pas encore ?
C’est justement d’un temps, d’une période qui n’avaient pas les mêmes codes dont elles témoignent. Elles ont une valeur patrimoniale, en plus de leur caractère engagé qui offre l’avantage à ceux qui aiment grimper ainsi de pouvoir le faire.

11 Likes

Il faut quand même rajouter que le point tous les 5m ne rend pas forcément la voie expo. Même si pour certaines un point au départ protègerai des pas devenus patinés ou à des endroits où des prises ont sauté.

Et puis pour rappel, dans certaines lignes (Tamanrasset par exemple), les anciens posaient un coinceur avant le premier point, maintenant on râle surtout du premier point haut (ou on perche).

Après dans beaucoup de voies de la Sainte celui qui risque le plus, c’est le caleçon…

4 Likes