Excellent point : l’éthique de l’escalade et, donc, l’éthique de l’équipement était différent. Ce que la majorité des pratiquants « gymniques » appellent escalade aujourd’hui et ici n’est sans doute pas exactement ce que les ouvreurs de la Sainte dans les années 70 appelaient escalade (faut regarder le dernier film commercial de RedBull sur la construction éphémère d’une voie de 300m sur prises résine et cheminée d’usine : les deux grimpeurs sont dans le 8b+ et les circuits de compet’ … mais ils doivent apprendre à faire un relais et assurer un second, ça les rend tout blanchâtres les premières fois et ils font plein d’erreurs, genre je laisse tomber mon reverso en faisant ma manip …). Et ce que les jeunes des années 70 appelaient escalade n’est pas ce qu’à leur époque les grimpeurs de 40 ou 50 ans en grosses et coins de bois appelaient escalade.
La pratique évolue, les jeunes remplacent les vieux qui crèvent et réinventent de nouvelles règles et de nouvelles éthiques. Dans 30 ans, l’escalade ce sera peut-être un sport pour les 8-12 ans très légers et ultra dynamiques en mode gymnastes et les voies du 10 a / 10b avec uniquement des jetés monstrueux et uniquement en moulinette pour ne pas casser le rythme ?
Reste une question bien gênante à laquelle je répond « non » même si je n’ai sur le fond aucune raison de dire « non » : puisque les jeunes grimpeurs de « libre » des années 70 ont eu le droit de dénaturer les voies d’artif des vieux en les déséquipant, est ce que les jeunes d’aujourd’hui ont à leur tour le droit de dénaturer ces mêmes voies devenues expos dans les années 70 en les rééquipant plus serré pour se maintenant se concentrer uniquement sur la difficulté technique ? Après tout, tant que les prises restent les mêmes, c’est juste un bout de ferraille amovible ou discable en plus ou en moins dans le rocher …