L'équipement de certaines voies - Sainte Victoire

Bonjour. Je comprends ton point, et pourtant je comprends aussi le comportement que tu critiques. Par exemple, je me suis blessé au pied avec une fracture qui m’empêchera de prendre le risque d’une nouvelle chute en tête que je devrais amortir, sur un profil en dalle ou en mur (typiquement le profil de la Sainte). Et bien oui, sur ce type de profil, cela me poussera à utiliser une perche pour mousquetonner et ensuite grimper uniquement en moulinette. L’observateur qui ne connait pas l’histoire interprétera mon attitude, au choix, comme celle d’un grimpeur qui n’a pas de mental ou qui n’a pas d’éthique. Tout est une question d’interprétation, donc.

Par ailleurs, les grimpeurs se mentent souvent à eux même quand ils ont trouvent un motif de satisfaction à croire qu’ils en ont des grosses parce qu’ils vont dans des voies très engagées ou des voies expos. En vrai, très très rares sont les grimpeurs qui exposent ou engagent à vue à leur niveau max. Au Royaume Uni, les grimpeurs de trad qui vont dans du très dur et à leur limite travaillent souvent d’abord en moulinette. Idem en bloc, sur des voies très engagées ou expo et hautes, le travail se fait d’abord encordé, puis seulement on tente le run sans corde qui valide la voie. Donc, être à 7b à vue en mur / dalle (ou bien plus) et faire l’Hyper Médius (un 6c/7a bien tassé à composante psycho, dans mes souvenirs) en chiant sur les pauvres types ou nanas qui n’osent pas y aller car ce n’est pas une échelle à spits, comment dire : c’est juste qu’il faut alors se demander si la voie est à son niveau max et, si non, si on oserait aller se coller un run terreur et à vue dans une voie à son vrai niveau max équipée de la même manière (et là, la réponse sera souvent non …)

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Totalement d’accord avec toi au sujet de la dalle couchée, qui est dangereuse pour les chevilles ou les pieds qu’on ait ou pas une blessure antérieure. Après, en mur vertical (et c’est le cas sur pas mal de voies aux 2 aiguilles quand même) le risque devient plus modéré non?

J’aurais dit que c’est partie intégrante du jeu : pour aller faire la voie, tu sais à la base qu’il te faut une énorme marge.
Comme tu le dis personne ne va dans ces voies quand elles correspondent à ton niveau max à vue.

Ça ne justifie pas pour autant de les rééquiper plus rapproché.

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A propos, t’as pas répondu à mon mp.

« On » se contente d’empaler le grimpeur avec. « On » est pas des sauvages.

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tu peux voir l’inverse aussi. Pourquoi vouloir conserver des sites dans leur état original ? On pourrait aussi continuer à grimper avec des pitons et de coins en bois, et avec des super gratton ?

Pour ceux qui n’aiment pas les voies avec un point tous les 1,5m, qu’est-ce qui les empêche de clipper un point sur 3 ?

Ca n’a pas grand chose à voir. Quand le prochain point est à 4,5 mètres, et que tu sais pas si ça va faire, tu prends une vraie décision, tu fais un pari avec un vrai enjeu. Si il y a deux points intermédiaires, si ça se passe mal, tu peux toujours les clipper, si bien que tu ne prends jamais que des tiers de décisions, avec des tiers d’enjeu. Et puis tous ces bouts de ferraille reluisants… quel sentiment d’artificialité.

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je vois, le but est de faire un pari avec un enjeu.

Tu peux aussi dans ce cas prendre juste 3 dégaines si y’a 10 points dans la voie, ça te forcera à ne pas clipper tous les points…

oui, c’est le principe. Sinon, il suffit de faire du trad…

Non, il suffit d’aller à la Sainte…

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rien ne t empeche de t interdire de clipper ,si tu veux espacer les protections
souvent sur des voies faciles , on ne met pas tous les points

Il y a une sorte de contrat moral implicite entre toi et l’équipeur. Si la voie est 7a, le gars va pas te mettre le pas le plus dur de la voie, ou le pas le plus aléatoire 4 m au dessus du dernier point. Si tu clippes seulement certains points, tu te prives de ce contrat moral, ou bien tu dois le repenser, avec le risque de mal le repenser et de transformer de l’engagement en exposition.

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ah, mais je croyais que cette exposition, c’était justement ce qui était recherché en espaçant les points ?

Non. Ce qui est recherché, c’est le sentiment de liberté, le plaisir de chercher un cheminement, le contact avec un rocher le moins défiguré possible, le respect de la voie imaginée par l’ouvreur, l’incomparable intensité des émotions. C’est tout cela qui est dénaturé par les excès du suréquipement.
Tu me diras que c’est subjectif, relatif ? En effet, et c’est pourquoi il est bon que différents styles et différentes éthiques d’équipement continuent d’exister, plutôt que d’être uniformisés vers un ‹ toujours plus › au nom d’une sécurité absolue qui est bien sûr illusoire.

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Tant que les gens ne seront pas capable de faire la différence entre exposition et engagement on sera pas bien avancé.

Tu prends un tir dans le Medius ça fera un long courrier mais t’as peu de chances de toucher grand chose. Il y a des lignes bien plus équipées en nombre de points mais bien plus dangereuses.

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Haaaaa, souvenir, souvenir, « le club 3 points » , l’expression : « bienvenue au club 3 points »… un super jeu…une belle époque… On y a beaucoup joué dans les années 2000. Le but :
Faire la plus belle et grande longueur possible « avec seulement 3 points »…
heureusement pour nous, on ne connaissait pas les voies « abu » du Tarn…et heureusement pour nous, ça nous a passé avant de finir tétra…mais on en a fait des kilomètres !

Ça ne m’est quasiment jamais arrivé (de mémoire une seule voie, histoire de voir si c’était vrai qu’entre à vue et après travail je pouvais gagner deux lettres). Après c’est vrai que je n’ai jamais mis les pieds dans du huit. Mais bon, ça ne me gêne pas plus que ça. Bref attention aux généralités qui peuvent nous paraître évidentes…

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Disent ils en oubliant que c’est eux qui ne sont hors des généralités :wink:

oui tout à fait, c’est entièrement subjectif. C’est pour ça que j’en ai pris le contrepieds sans pour autant y être enfermé. De l’autre côté comme je disais, y’a des nouveaux secteurs uniquement en trad qui ont été ouverts si le côté rocher non défiguré est important pour toi, par exemple aux gorges du Blavet.

Il y a le risque et la perception du risque. C’est la perception du risque qui tend à modifier notre sentiment de difficulté et notre niveau de concentration. D’où le fait que faire des voies qui font peur n’a pas le même prix que de les faire en second, y compris sur le plan de l’engagement énergétique puisqu’on se crâme avec la peur. Certain y prennent plaisir, réussir une chose difficile dans le sentiment du risque est quelque chose de puissant. Alors qu’être réellement en risque sans en avoir conscience ne donne aucun plaisir. Par exemple : je grimpe et j’ai peur de faire un vol long courrier qui sanctionnera mon échec : si je réussis, je me valorise parce que j’ai surmonté cette peur qui inhibe les mouvements et fait que je serre plus les prises que de nécessaire … alors même que je sais que ce vol a très peu de chance d’avoir des conséquences même s’il est très probable que je me le prenne. Inversement, je ne vais pas me sentir valorisé de faire une action si je n’avais pas eu conscience d’un risque ou que j’ai la sensation de tellement maîtriser la situation que la probabilité d’occurrence est très faible … même si ce risque est très réel s’il se matérialise (par exemple, faire du solo dans du 2 quand je sors du 7 à vue, marcher sur un sentier à chèvre en rebord de vire, ne pas respecter mes distances de sécurité en voiture, etc.). Le pb est que ce sentiment de valorisation face au sentiment d’avoir pris un risque est devenu socialement inacceptable et que, en sport, il n’est pas reconnu comme un élément constitutif de la performance. Conclusion : laissons des voies équipées terreur et laissons des voies en trad intégral, mais évitons de trop en parler …

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les casses-pieds c’est le comité institué par le grand site de la sainte victoire?
http://www.grandsitesaintevictoire.com/Decouvrir/Activites-plein-air/Escalade#Equipement
La charte ne parait pas stupide et lors de ma dernière visite aux 2 zegs j’ai été très agréablement surpris par la qualité des points de certaines lignes (secteur dièdre tordu). Manifestement des actions sont possibles.
Il est vrai que j’ai aussi vu des spits neufs sectionnés à la disqueuse ce qui me semble être foncièrement une grosse connerie.