Je ne crois pas qu’il s’agisse ici d’une opposition intérieur / extérieur, même si celle-ci existe aussi, et peut éventuellement faire débattre ceux qui le voudront (de même que l’opposition montagne/falaise, voie/blocs bons à récurer les fonds de casserole, etc). Ce doit être ça, les "vieux débats’ cités plus haut. Mais ce n’est pas du tout ce dont il est question.
La question est plus fondamentale. Elle concerne la place de la compétition dans la pratique de l’escalade, et les conséquences que cette place aura sur la politique fédérale. Il y a de la compétition en intérieur comme en extérieur (en bloc, par exemple), tout comme il y a de la pratique non-compétitive en intérieur comme en extérieur. Mais c’est une particularité de l’escalade par rapport à de nombreux autres sports que la pratique compétitive y est ultra-minoritaire. C’est pour cela que l’importance donnée à la compétition (mise en avant comme dans tous les sports, au point d’être le seul aspect visible de l’activité) par la fédération et les pouvoirs publics est disproportionnée. et risque de le devenir encore davantage à l’avenir. C’est précisément cela que je déplore.
Le parallèle avec le cyclisme est intéressant: là aussi, l’immense majorité des gens qui font du vélo le font hors de toute compétition (en intérieur ou en extérieur). Mais ils n’ont rien à voir avec la fédération française de cyclisme: celle-ci s’occupe uniquement de la compétition, et pas du tout de l’aménagement de pistes cyclables, par exemple. Elle ne revendique pas d’être l’interlocuteur de l’Etat pour toutes les questions liées au vélo (pour cela, il existe d’autres fédérations: cyclotourisme, par exemple). À la différence de la FFME, qui tient à demeurer la fédération délégataire pour toutes les activités de montagne, y compris alpinisme, canyoning ou ski de rando. Tout en se recentrant de plus en plus (et les JO ne font qu’accroître cette tendance) sur la partie compétition. D’où, comme je l’ai déjà dit, une dissonance de plus en plus difficile à vivre par les licenciés eux-mêmes, mais aussi par les clubs, qui eux-aussi, dans leur grande majorité, pratiquent l’escalade hors de toute idée de compétition.
S’il y avait une fédération d’escalade de compétition d’une part (activité qui n’a rien de déshonorant), et une vraie fédération de la montagne/escalade/canyoning/etc vraiment reconnue par l’Etat, il n’y aurait aucun problème à voir de l’escalade aux JO. Au contraire: comparé à la plupart des sports olympiques, c’est quand même vachement plus joli à regarder, ça dure moins longtemps, et c’est plus simple à comprendre.