En considération générale, car je ne connais pas l’escalade dans le vrai sud, n’ayant jamais grimpé plus au sud que le Diois, il est dommage que le rééquipement ne soit pas fait à l’identique de la première. Evidemment, on peut toujours remplacer un piton branquignolant par un spit placé au même endroit ou à proximité directe, le caractère de la voie serait ainsi conservé.
Grand Pilier (Sainte-Baume Face W)
Non rien
Question effectivement intéressante… Quand on parle de « conserver le caractère d’une voie » on parle souvent d’éviter d’ajouter du materiel supplémentaire. Mais de l’autre coté, un piton fraîchement planté lors de l’ouverture, et le même piton 30 ans plus tard, il y a une grosse difference.
Un bon piton, si on l’a placé lui même et entendu chanter comme il faut, c’est pourtant très rassurant - presque autant qu’on spit? - alors qu’un piton rouillé dont on ignore l’état et l’histoire vaut moins qu’un petit câblé…
Tout à fait.
Ça viendra …
C’est ce qui a été fait à Ailefroide, étape intermédiaire entre l’escalade salle d’escalade et l’escalade en haute montagne, par exemple « la Snoopy » ouverte avec 1 seul piton sur toute la voie et équipée ensuite avec 12/14 spits par longueur …
Il faut savoir qu’à cette époque les coinceurs n’existaient pas, on ne se posait pas la question entre l’escalade protégée ou le trad puisque il n’existait que l’escalade traditionnelle !
Toutes les falaises qui sont à moins d’une heure de marche d’approche facile sont pratiquement rééquipees sur plaquettes !
Les seules qui restent en trad sont les falaises difficiles d’accès ou à plusieurs heures de marche, ex la Coryphène dans les calanques, la majorité des voies dans les Dolomites, etc …
Il y aussi des endroits où l’éthique local est plus respectée, comme le Caroux (génial pour s’entrainer à la haute montagne) ou la Sainte-Victoire. Mais effectivement preserver cette éthique demande un certain effort, qui fait que les acteurs locaux se font qualifier (injustement) comme des « Ayatollahs » etc.
L’exemple des Dolomites est faux dans le sens où tu l’utilises, mais c’est un très bon exemple pour ce débat :
si les voies restent préservées là-bas, ce n’est pas pour la longueur des approches (il y en a un paquet qui sont courtes ), mais simplement car la communauté locale souhaite le respect des itinéraires… Ils n’ont fait qu’un seul gros compromis aujourd’hui c’est de remettre à neuf certaines voies normales et descentes qui étaient dangereuses.
Pour donner deux exemple que j’ai parcouru :
la voie des guides au Crozzon, superbe, longue, approche facile. Pas un seul goujon dans les 800m de paroi, un régal…
La voie des Aspirants guide, une des plus proches du refuge Brentei, ouverture récente, escalade résolument moderne, et un équipement resté vierge de goujons. Encore un régal.
D’autres voies sont plus équipées, car ouvertes comme ça… Et c’est bien aussi !
En France on n’est pas capables de respecter ce type de terrains de jeu, c’est d’une tristesse…
En France, on a pas la chance d’avoir les Dolomites
Je rejoins @Rob.Bonnet.guide sur le respect à avoir des différentes pratiques, à fortiori dans des itinéraires historiques. J’aime la grimpe plaisir dans du P1 très bien équipé comme le Terrain d’av’ dans du P4. Le seul point pour moi qui doit prévaloir c’est la sécurité : je ne vois pas l’intérêt de ne pas ajouter de point dans une longueur improtégeable où une chute conduirait le grimpeur au mieux à l’hôpital. De la même manière, je ne vois pas l’intérêt de garder des longueurs mal équipées ou exposées, pour la seule raison que « c’est l’équipement historique ».
Je ne connais pas cet itinéraire, mais il ne semblait être dans aucune de ces deux catégories, et était en plus semble t-il parcouru. Donc en effet ce rééquipement me parait contestable, mais c’est dommage de ne pas connaitre la motivation des « coupables ».
En fait, ce débat c’est le même serpent de mer que chaque débat sur l’équipement / les topos etc. Qui est « propriétaire » d’une voie ? L’ouvreur ? La communauté (mais laquelle ?) Les fédés ? etc.
C’est pas facile de connaître l’avis des grimpeurs ?
Il faudrait savoir qui sont "les grimpeurs"
Est ce qu’on parle de ceux qui sont sur ce forum ?
De ceux qui font partie des CAF et autres clubs ?
De ceux qui grimpent plusieurs fois par semaine mais qui ne sont pas sur ce forum ni dans des clubs ?
Cette dernière catégorie est probablement la plus nombreuse mais impossible de leur demander leur avis !
Grimper une voie exposée historique est pour certains extrêmement intéressant.
De plus, dans quasiment toutes les voies, et parfois même en école, les chutes peuvent être dangereuses.
C’est à l’appréciation du grimpeur de juger si son niveau et son expérience correspondent ou non à ce passage. Sinon ce sera toujours trop dangereux pour quelqu’un et on rajoutera toujours un point.
Les voies dont je suis le plus heureux comportent ce genre de passages, et de mon côté je suis d’accord pour ne pas avoir le niveau de parcourir une voie, il me reste alors à progresser ou à rêver mais pas à en modifier le caractère. Ce qui est dangereux pour un grimpeur ne l’est pas forcément pour un autre.
Personne ne nous oblige à faire telle ou telle voie, et il y en a bien assez de suffisamment aseptisées aujourd’hui pour laisser les autres tranquilles.
Je te rejoins à 100% là dessus. Surtout que maintenant, avec c2c et tous les autres réseaux, le fait qu’une voie est engagée voire exposée est presque toujours connu.
Bien évidemment qu’il n’est pas possible de demander à tout le monde. Mais quand même à l’heure actuelle avec les moyens informatiques que nous avons et tous les groupes Facebook qui regroupent les grimpeurs du 13/83 c’est assez facile de sonder les grimpeurs de tous horizons pour avoir leur avis. Ça ne représente pas 100% des grimpeurs mais déjà une bonne partie.
C’est ce qui a été fait pour la Sainte Victoire il y a très peu de temps car des bénévoles essayent de relancer un peu les discussions avec le grand site pour rééquiper des voies.
Bref sonder les grimpeurs n’était pas quelque chose de compliqué à faire pour le CT ou les rééquipeurs. Quand un rocher se décroche à la Sainte on a un message dans la journée du CT pour ne dire de plus y grimper. La même chose pourrait être faite pour prendre la température sur les rééquipements.
Bien d’accord avec tout le message ! J’ajoute quand même juste une petite nuance. Chacun en fonction de sa marge et son engagement va se sentir plus ou moins en danger dans un passage mais l’exposition réelle et les risques restent les mêmes. Dans certaines voies des calanques ou les pitons cassent un par un, il peut être intéressant de discuter à des rajouts de spit si le passage devient réellement déraisonnable avec des gros risques de déboutonnages et casse relais en cas de vol. Le déraisonnable reste assez objectif je suis d’accord mais bon la sécurisation de certains itinéraires pourrait se faire avec parcimonie pour faire vivre aussi ces voies sans pour autant les dénaturer.
Edit : je pense par exemple à la Directissime de la Concave. Il est fort possible qu’elle devienne de moins en moins praticable avec les casses de pitons. Dans ce genre de voie l’ajout de points peut se discuter…
Mais bon en général ces cas sont très isolés et le CT ne s’en occupe pas car ces voies sont peu parcourues…
Le seul risque c’est que sur 100 grimpeurs, il va y avoir 100 avis différents, c’est pareil qu’en politique !
Sinon, mes potes de la région de Nice font régulièrement des grandes voies en Paca ou dans toutes les Alpes mais ils ne vont jamais sur internet, ni sur ce forum ni sur Facebook !
Il ya peu de gens sur les forums en dehors des jeunes retraités qui ont beaucoup de temps libre et tout le monde n’est pas accro à Facebook, au contraire, nombreux sont ceux qui essayent de s’écarter des réseaux sociaux marre d’être flicés en permanence !
Donc, je crois que la discussion sur TA ou pas intéresse peu de grimpeurs …
Non en fait rien à ajouter.
Je suis d’accord avec toi sur le fond car je réfléchis comme ça aussi. Ça responsabilise le grimpeur.
Mais bon dans les faits c’est un peu plus compliqué. Déboutonne 3 pitons forés dans le devers de la Concave et bon courage pour continuer. Dans ce genre de situation 90% des grimpeurs vont tamponner un spit avec comme ligne de mire de sortir vivant.
Je ne suis pas pour l’ajout de spit systématique dans ces voies mais il faut bien se dire que ceux qui seront en galère un jour finiront par le faire s’ils n’ont pas une canne à pêche de 10m.
Livanos a foré les pitons pour forcer le mur, il faut accepter qu’il ne soient pas éternels et que parfois ça devienne impossible de passer sans ces points s’ils ont cassé.
Edit : on arrive dans des cas très particuliers et un peu extrêmes. Je reste persuadé que dans la plupart des cas on peut passer avec des pitons ou des techniques d’artif même si des points ont cassé et c’est le jeu ! Mais dans un mur lisse avec des spits forés on arrive un peu au bout du raisonnement…
D’accord, et c’est une bonne chose pour eux, mais même s’ils s’écartent des réseaux, ils ont encore des avis sur la preservation des voies historiques/TA/trad…
De toute façon, si on respecte le principe plus ou moins établi qu’on ne modifie pas des voies TA/historiques sans avoir une très bonne raison, on n’est pas obligé à mener des débats éternelles au sujet du rééquipement.
Qui a établi ce principe ?
Sans avoir une très bonne ? peut être tu voulais dire "une très bonne raison " ?
Si c’est le cas, tous ceux qui équipent des voies historiques t’expliqueront qu’ils ont une excellente raison de le faire
Il y aura des débats éternels parce que les 2 extrêmes ont des arguments solides et valables …
Dans les guerres équipement/ déséquipement, il faut garder à l’esprit que ça coute moins cher financièrement et en énergie de déséquiper que d’équiper, le seul grand perdant dans ce genre de conflit reste le rocher…
Mais par exemple en chartreuse, toutes tentatives d’équipement de classiques se font rapidement démonter, du coup la majorité des voies historiques restent en TA … Mais ça demande des gardiens du temple motivés
C’est une base assez universelle de vivre ensemble (dés lors qu’on a la chance comme nous en France d’être gâté par la présence d’innombrables sites de pratique pour l’escalade. Et encore bien assez de terrain « vierge ». ) : ne pas priver les autres de leur pratique lorsqu’elle n’empiète pas sur les autres formes de pratique.
Dans le cas contraire ce n’est plus du « vivre ensemble » mais du « vivre au dépend ».
Les voies équipées sont bien plus que suffisantes pour qu’il n’y ait aucune privation à laisser le « TA » non équipé à demeure sur goujons/scellements…
L’inverse est par contre totalement faux : on manque aujourd’hui de voies de difficulté modérées en « TA » (dans le 3,4,5 principalement, et hors terrain branlant ou très compact). C’est un soucis pour beaucoup de pratiquants ou de personnes désirant se lancer dans la pratique des escalades « TA ».