Bonjour à tous,
Je créé ce post pour échanger sur le récent rééquipement (visiblement unilatéral) de la voie du Grand Pilier sur la face W de la Sainte-Baume.
Bien que ça soit un cas un peu isolé qui n’intéresse certainement pas toute la France, le débat de fond reste important tout de même sur la pérennisation des vieux itinéraires TA ou semi-TA.
Un état des lieux historique pour commencer (que les pros du coins n’hésitent pas à corriger si erreur) :
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1941 : Ouverture par Robert et Suzanne Tanner. Il s’agit alors d’une voie sérieuse et marquante principalement équipée sur pitons avec les passages les plus durs qui se passent en A0. Quelques clous sont quand même nécessaires.
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2006 : Rééquipement partiel et légères modifications du tracé. Les vieux pitons sont majoritairement enlevés, les relais sur scellements et une vingtaine de scellements sont ajoutés. La voie devient plus obligatoire et avec beaucoup plus de libre. Notons que ce niveau obligatoire reste raisonnable (un bon 6b). Un bon jeu de friends est nécessaire pour compléter.
Rééquipement plus ou moins bien accueilli, mais en l’état la voie trouve un bon compromis entre les amateurs de libre équipé et les amateurs de TA/Artif.
Entre 2006 et 2024 les retours sur la voie sont en moyenne très positifs. Une très belle voie de mixte qui permet de se plonger un peu dans la vision des ouvreurs avec la sécurité de l’escalade moderne. Les détracteurs accusent ce rééquipement d’avoir rendu la voie trop élitiste en libre mais force est de constater qu’elle plait ainsi. La saveur originale des ouvreurs est perdue soit, mais maintenant que les pitons sont enlevés, le retour en arrière est impossible donc il n’y a pas vraiment de débat à avoir (ou alors pour ceux qui aiment débattre indéfiniment, mais c’est grimper qui nous intéresse ici) .
- 2024 : Rééquipement complet, les scellements déjà en place sont complétés par des nouveaux dans les passages qui se protégeaient sur coinceurs. La voie est donc entièrement équipée et les friends ne sont plus utiles.
Action non relayée par le CD13 mais très certainement acquiescée ou alors au moins ignorée sans volonté d’aller à l’encontre du/des auteur/s.
Bilan : la perte d’une voie mythique de la région ou au moins de son caractère aventureux et un pas de plus vers la transformation de ces falaises historiques en SAE.
Le débat du rééquipement des vieilles voies est épineux. Il faut toujours un compromis entre garder l’esprit de l’ouverture et essayer de sécuriser la voie car le matériel en place vieillit (surtout proche du littoral) et un mort dans une voie n’est jamais souhaitable. Le but étant de plaire à la majorité des grimpeurs, qu’ils soient falaisistes sportif ou aficionados de coinceurs.
La Walker de Provence avait trouvé ce compromis en étant partiellement équipée, il était encore possible de se mettre la trash au dessus de ses coinceurs dans le toit de la dernière longueur, tout en sachant qu’un joli scellement vous attendait au réta.
Maintenant il n’y a plus de compromis la voie est équipée, encore engagée certes, mais il y a des scellement à côté de fissures parfaitement protégeables et l’esprit d’ouverture a totalement disparu.
J’en appelle donc principalement à/aux auteur/s de cette action pour connaitre les réelles motivations, objectivement je n’en trouve pas vraiment. Si on suit cette logique alors rééquipons toutes les voies en P2/P2+/P3 de France. Allons mettre des spits dans la Desmaison parce que bon finalement ça serait beaucoup plus fluide de poser des paires que des friends. Et puis une grande voie équipée de 600m ça serait vraiment la classe. Si on pouvait tailler un peu les prises de L2 aussi pour que ça soit plus facile à libérer pourquoi pas…
Mais j’en appelle également au CD, d’oser hausser le ton face à ces actions qui atteignent directement au patrimoine de l’escalade et à l’histoire de notre sport, sans qui, nous n’en serions pas là aujourd’hui.
Un compromis était trouvé entre escalade sportive et escalade traditionnelle, a fortiori, il plaisait à la majorité des répétiteurs donc pourquoi le laisser se faire gâcher ainsi.