Fashionista?

Là où je grimpe, à Benslimane (au Maroc), les relais sont presque uniquement sur deux broches, donc pour les manips, si on doit les faire toute la journée, ça devient vite énervant, donc dans ce cas là, on met deux dégaines et on essaye de grimper le plus possible en tête (sauf quand c’est vraiment engagé, auquel cas on ne grimpe pas trop sur cette voie mais on la pose en moulinette pour les deux ou trois grimpeurs qui veulent la tenter). Les (très) rares fois ou le relais est chainé avec un anneau, on en profite et on pose une moulinette pour toute la séance.

justement je me disais qu’il fallait faire appel @Francois pour trancher définitivement ce sujet. En attendant sa réponse je vais relire Tu veux une tarte ?

Commençons par le commencement:
J’ai débuté vers les années 62-63. Mousquetons Simond acier à 130 g pièce (j’en ai encore 2 bien bronzés) puis un peu plus tard, toujours dans les années 60, j’ai cassé ma tire-lire pour des PA alu sans ergo. On m’a fait comprendre que les mousquifs sans ergo, c’était le diable. Ça ne m’a pas empêché d’utiliser le diable pendant qq années. Il faut dire qu’alors, la pratique n’était pas la même qu’actuellement: qq clous, qq coins de bois, pas de sangles et on n’avait donc que peu l’occasion de mousquetonner à tour de bras.
Vers les annés 68-70 sont apparus en France (venant des US; Yosémites) les sangles et les coinceurs (on appelait ça des « clogs » à l’époque). J’ai acheté alors des mousquetons Bonaïti-Cassin et j’ai fabriqué mes dégaines (ça ne s’appelait pas comme ça et en fait ça ne s’appelait pas du tout) avec de la sangle nouée. Nettement plus pratique et économique que la chaîne de mousquetons pour éviter le tirage. Ce système a perduré qq années jusque vers 1980. Puis on est passé aux sangles cousues, qu’on pouvait acheter seules pour faire ses dégaines.
Puis les voies spitées se sont généralisées et le matos est devenu spécifique: dégaines complètes etc… En 1987, j’avais déjà des dégaines comme maintenant.
Si je puis porter un jugement, il n’y a rien eu de vraiment nouveau depuis l’apparition des dégaines et du 8. Tous les systèmes actuels sont des avatars du 8 (frottements pour dissipation de l’énergie). Quant aux dégaines, rien de neuf à part la couleur et le prix.
Les fabricants ne sont pas des philanthropes et il faut vendre, trouver du neuf (c’est plus facile de trouver du neuf que du nouveau) et créer le besoin. C’est une industrie comme une autre.
En 87, il y a longtemps que je n’avais plus de super-graton !

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La terreur. On en croise encore avec un bout de ficelle aussi raide que blanc, au fin fond de certaines fissures, totalement rongés: les cernes vieillissent plus ou moins vite par alternance.

Aujourd’hui, il n’y a aucune raison d’avoir peur en voyant un coin de bois. Il suffit de mettre un friend à côté. Ce qu’aurait fait la plupart des grimpeurs qui en ont posé s’ils en avaient eu.

C’est évident qu’on n’utilise pas ceux resté à demeure…
Mais je m’imaginais dans la peau du grimpeur qui tabassait son bout de bois pour bien le coincer, puis serrait les fesses pour ne surtout pas tomber.
Quand je vois (par mon métier) comment le bois éclate ou se déchire facilement, on comprend mieux que les anglo-saxons utilis(ai)ent des boules de cordelettes en guise de coinceurs.

Les anglo-saxons… faut pas généraliser. Le coup des noeuds de corde, c’était très circonscrit. Pratiquement uniquement dans l’Elbandsteingebirge.

Un vrai talent de conteur et d’historien ce François !
Il m’est arrivé de trouver de vieux mouskifs datant de l’époque des débuts de François, de petite taille, très minimalistes dans la conception et surtout qui pèsent un âne mort ! Je ne les ai jamais utilisés, trop lourds.
Faisons donc un bilan. Quatre contributeurs estiment (dont 1 avec des réserves !) que les dégaines cousues du commerce étaient largement répandues dans le milieu de l’escalade et de la montagne en 87 (et dont certains n’ont pas connu cette période !). Ça n’est franchement pas représentatif et déterminant pour affirmer de façon péremptoire que des milliers de grimpeurs en 87 étaient équipés de dégaines, même si elles commençaient à apparaître dans leur forme quasi définitive dans les « shops »…à cette époque-charnière, beaucoup de grimpeurs s’inspiraient des dégaines du commerce pour fabriquer les leurs et les utiliser en fonction des passages et non pas de façon systématique comme le font les grimpeurs actuels.J’ai encore en mémoire ces gros rouleaux de sangle américaine multicolore ou fluo vendue au mètre et qu’on utilisait dans la plupart des cas avec un mousqueton, pour des raisons diverses et variées (suspicion, conservatisme, débauche de matériel au baudrier, moyens financiers limités, etc).

4 témoins c’est effectivement peu représentatif …
Mais quand même 4 fois plus qu’un seul :wink:

Ben non, il faudrait surtout interroger des contributeurs de la même génération ayant connu la même période ! :wink:

j’ai debutée 1970 au parc du saussois…PA, RD ,Terray-Saussois…la corde dans les passants du pantalon…puis j’ai appris que le plus grand danger en géneral, est de se prendre au sérieux !!!alors je me régale en vous lisant…continuez seulement.

C’est effectivement ce que disent les lecteurs qui ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants de cette discussion, surtout quand la seule motivation de certains intervenants est d’entretenir la polémique avec des arguments fallacieux parce qu’ils étaient trop jeunes, voire pas nés ou modestes débutants dans la période considérée !
En revanche, je peux comprendre qu’on ne soit pas en mesure d’argumenter sur des problématiques particulières liée à une période de notre histoire, ça crée forcément une frustration !

Moi aussi je me régale -)
Bon tu grimpais avec des dégaines en 87 ?
Le blond dans dans le film opéra vertical de 82 (donc 5 ans avant) utilisait des dégaines quand il n’était pas en solo.

Tout est dit Thierry ! On a en effet un as des couvertures de papier glacé avec des dégaines et tout le monde se rue dans les boutiques pour l’imiter, les messages subliminaux commerciaux ont encore de beaux jours devant eux !!!
Merci thierry-_A, tu abondes dans mon sens, sans doute contre ta volonté :smile:

Mais je n’ai pas de volonté, j’essaie juste de savoir en croisant les infos si les dégaines étaient généralisées à cette époque. En 87 je n’avais pas d’activité d’escalade donc je ne peux pas dire avec quoi je grimpais, mais en 90 quand j’ai débuté modestement, tous mes compagnons grimpaient avec des dégaines, effet de mode ou pas !

Boudiou ça s’enflamme! J’ai commencé l’escalade il y a cinq ans, mais je ne grimpe pas en salle. L’hiver je randonne, l’été l’automne et le printemps je vais en falaise ou en montagne. Bref chacun voit midi à sa porte je crois.
Même si je n’ai pas d’affinités particulières avec les SAE en général, je considère que ça fait évoluer le sport (peut être pas de la manière dont je le conçoit mais bref…) et que ça apporte du positif.
C’est a chacun de prendre ses responsabilités face au consumérisme non? Je veux dire, je grimpe avec un vieux short de rando décat’ et du matos d’occaz que j’ai acheté sur ce site. La plupart de mes potes font comme moi donc je me sens pas particulièrement exceptionnel.
Après les types qui vont faire du pan à clichy je les vois rarement à ailefroide, la pratique est trop différente et ils ne s’y sentent pas dans le élément je crois.
Tout ça pour dire que ça ne me dérange pas du tout cette mode fashion escalade, au contraire ça me fait un sujet de conversation en commun quand je drague une citadine XD

tiens vu qu’on a la chance d’avoir un livre d’histoire vivant, tu peux nous dire quand est ce que tu as arreté de tirer au clou?

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Comme tu dis. Si les mecs veulent claquer du fric pour ressembler à une couverture de mag’ papier glacé, ça les regarde.
Primitivement, il était question de l’historique des dégaines.

Personnellement, jamais. J’essaie de pas, mais quand l’instinct de conservation reprend le dessus ou qu’il faut passer absolument, je n’hésite pas. Et ce qu’en pense les autres, je m’en tape.
J’ai un principe: tu fais ce que tu veux à condition de ne pas gêner les autres et de laisser les lieux propres.

j’étais avec des gens qui cherchaient à grimper, et pas à faire le beau avec leur matos de chez Dior !!!alors au début c’était en chaussures de montagne, puis on a vu qu’avec des chaussons parfois, c’était mieux, et hop on met des PA.on ne mettait d’abord qu’un mousqueton mais beaucoup de frottement de corde suivant l’orientation du piton, alors on a mis 2 mousquetons, puis un anneau de corde entre les deux…;pour recycler les vieilles cordes et plus de liberté, et de facilité à se tirer dedans.eh oui, il y avait une cotation: ASE:artificiel sans etrier, j’ ai vu des gens ( très forts)en solo ( en pantalon blanc de platrier…) avec un mousqueton dans chaque main pour se tirer dans chaque piton…et ça jusque … 1974.peu à peu on à utilisé des dégaines cousues plus pratiques…Nous on ne savait rien alors on à appris en regardant les pratiques des gens forts…d’un oeil critique. …assurage du premier à l’épaule et en vrillant la corde au relais pour le second c’était génial,et pas de petits chefs pour te faire des remarques sur la date de péremption de ton baudrier ou de ton casque.et ça c’est un plaisir inestimable !!!La grimpe c’est d’abord la LIBERTE.

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