Fashionista?

Depuis peu de temps, l’escalade se démocratise. Comme le dit le numéro hors-série Hiver 2018 du magazine Vertical (page 144), des pans et des salles apparaissent un peu partout:

« L’escalade se veut tendance, les nouveaux gladiateurs passant désormais par le tube cathodique. Par chance ces héros modernes sont des grimpeurs qui prouvent que 100 kilos de muscles ne servent pas à grand chose pour s’affranchir de ‹ simples › obstacles. Ainsi un ninja warrior bien médiatique à une heure de grande écoute n’a-t-il pas fait plus de bien pour la reconnaissance de notre superbe sport que quelques pages racoleuses dans la presse nationale? L’effet ninja a bien lieu. Dans les salles de muscu commencent ainsi à fleurir des bouts de pan tandis que dans les salles d’escalade sortent de terre des agrès de parkour. Seulement ces pratiquants-là ne sont surement pas prêts d’aller user leurs fonds de culotte au pied d’une falaise. Pour eux, ils va falloir répondre à une tout autre demande : du beau, du design, du rare, voire de l’unique… Les marques commencent donc à s’y intéresser fortement. »

L’article cite aussi les marques So iLL pour ses choix de coloris et de design, mais aussi le concept MaverInk de La Sportiva.
Après la sortie de la nouvelle gamme de baudriers milieu de gamme de Petzl (Adjama, Sama et Selena) avec un tissu type jean qui fait plus penser à un accessoire de style qu’à un équipement de sécurité, on peut se demander si cette approche plus artistique du matériel est vraiment nécessaire, étant donné qu’une « popularisation » du sport, (le pan, le bloc… ce sont des activités qui représentent une fraction de ce qu’offre ce sport.) risque aussi de faire enfler les prix, à la fois du matériel, et des forfaits de salles d’escalades par exemple.

Certes quand on pense à un matériel d’escalade très coloré, on peut penser aux premiers harnais et collants fluos, qui ont l’avantage d’être repérables à des kilomètres. Mais ceux-ces rappellent l’époque où la gestuelle était une part très importante de l’esthétique et du « prestige » de l’escalade (Eldinger par exemple). Un style bien différent, voire même opposé, à ce qu’on peut imaginer du pan dans les salles de musculation, où un style plus bourrin, moins esthétique, est prédominant, où justement on peut chercher la mise en valeur de 100 kilos de muscles.

Inévitablement, l’aspect marketing est très important pour le succès d’une marque, mais doit-il être plus centré sur l’esthétique d’un produit ou au contraire sur ses fonctionnalités (un chausson So iLL en cuir doré n’a surement que peu d’avantages techniques par rapport à un chausson équivalent de La Sportiva)?
Un équilibre entre ces deux aspects est important, mais quand on utilise son matériel, on ne fait pas forcément attention à ses couleurs (on utilise une certaine dégaine parce qu’elle a un mouvement fluide et qu’elle clippe bien, pas parce qu’elle est rose vif, doré ou noir mat).

Quels sont donc vos avis à ce sujet, quel point de vue avez vous sur la popularisation par le style et les salles de muscu?

le matos a pas besoin d’être beau pour être fonctionnel, mais encore moins d’être moche
un baudard jean?


(marc le menestrel sur les 2 tofs)
bon on ne peux pas nier que l’activité connait un gros boom…
le grigri1 n’a pas bougé pendant 20 ans, et la tous les 3 ans on change de bestiole

mais bon, le retour a des cordes avec des couleurs sympas (c’est subjectif, moi j’aime le fluo, mais d’autres aiment le noir et le gris) me choque moins, que l’arrivé de longes cousues, et anneaux de cordelette manufacturé…

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J’ai vu ça aussi, c’est totalement ridicule et significatif de la dérive de l’escalade. On ne fait plus son nœud soi-même de risque de se tromper. Pour 10€ tu vas avoir du mal à le laisser dans une lunule.

C’est vrai que l’activité évolue de plus en plus vite, et donc le besoin de renouveler les gammes de produits pour qu’ils soient à la mode devient plus présent. (Même si c’est aussi par rapport aux diamètre des cordes, et la fonction anti-panic du grigri+ est un aspect utilitaire et sécuritaire du produit).

Tout à fait d’accord, mais l’article cite clairement les pans et les blocs, et que la grimpe en falaise (donc avec une corde) ne reste pas la priorité. C’est aussi pour ça que des salles spécifiques bloc apparaissent.

Me souviens de ces photos. Y’en a une qui a servi de couv’ à alpirando non ? (Les vieux qu’ont pas encore alzheimer detrompez moi si je me plante).

surement, la c’est dans un bouquin, mais la voie et la maniere sont historiques

Franchement j’ai grimpé dans le 90’ j’ai repris y’a 2 ans et les 2 époques m’ont fait réver tant par le look que par le matos , l’escalade connaît un essor surtout en milieu urbain , tant mieux , laissons aux jeunes le soin de la faire évoluer dans le bon sens ( je n’ai aucun doute là dessus) je vois de belles choses dans mon club dans les salles de bloc et en falaise, toutes les générations se mélangent les 2 sexes partagent ensembles même passion ,il y a un très bon esprit peu de sports offrent ce spectacle moi je kiffe!!!

Ma femme a des chaussons SoIll. Ils sont tellement beaux qu’elle ne grimpe jamais avec de peur de les abîmer :stuck_out_tongue_winking_eye:

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Je pense que les anneaux de cordelette manufacturés sont là pour répondre à certaines obligations de suivi des EPI dans les clubs qui sont de plus en plus pénibles. Ca permet de suivre un élément précis sur sa fiche de vie.
M’enfin je trouve ça un peu débile effectivement.

Je ne sais pas si des clubs prêtent ce genre de matériel mais je trouve ça ridicule. Non, c’est juste un nouveau produit que les fabriquant mettent sur le marché et ils vont essayer de nous faire croire que c’est indispensable. Ils l’ont déjà fait avec les vaches.

Un club qui veut disposer de quelques anneaux de cordelette en rab n’a qu’à acheter 10m de cordelette tous les ans, remplacer tous les anneaux de cordelette, ça lui coûtera moins cher que d’avoir des anneaux cousus.

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La vache réglable c’est pas du tout indispensable, mais c’est bien pratique (tentative désespérée de troller en lançant le débat debile qui a remplacé celui du machard).

La vache à lait c’est encore mieux…

moi je veux bien polémiquer mais j’ai pas compris l’objet du débat.
On est contre les nouveaux grimpeurs et c’était mieux avant. C’est ça ?

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Des clubs prêtent des baudriers tout équipés pour l’escalade et si tu suis à la lettre les recommandation de gestion des EPI tu dois pouvoir avoir un suivi individualisé de tout le textile sur le baudrier. Donc effectivement c’est peut être un attrape gogo, mais globalement c’est aussi une solution pour être dans les clous de la règlementation.

Dans ce cas tu ne t’embête pas, tu changes tes cordelettes régulièrement. Ce n’est pas très compliqué en changeant de couleur.

Ca dépend des situations mais à mon avis les clubs devraient plutôt inciter les grimpeurs à s’équiper.

En gros, les grimpeurs d’avant mettaient surtout l’accent sur la gestuelle de la grimpe, la grimpe comme « art » ou style de vie.
Aujourd’hui, on a un gros développement de types de grimpe comme le bloc, le pan, etc. à des fins d’entrainement où la gestuelle est beaucoup moins présente, mais au profit du style de l’équipement (de la couleur de ses chaussons par exemple).
Donc on peut dire: [quote=« Le_Rico, post:13, topic:215700 »]
c’était mieux avant
[/quote]
Mais je ne cherche pas à critiquer les « nouveaux » grimpeurs. J’observe juste qu’il y a une partie de ces « nouveaux » grimpeurs qui se servent du sport pour l’entrainement, la muscu, la frime, et se servent de l’argument escalade pour acheter des chaussons colorés et chers.
Le « problème » (qui n’en n’est pas forcément un) de ces nouveaux grimpeurs c’est qu’ils s’intéressent surtout (voire uniquement) au bloc et au pan et non à la couenne, la grande voie… donc quand certains d’entre eux font le pas vers ces autres disciplines, ce n’est pas pour s’amuser à apprendre à faire toutes les manips de cordes (d’où les anneaux de cordelette cousus) mais pour grimper un peu plus haut et raide (donc souvent plus bourrin et plus pour dire « j’ai fait un toit en 8c+ » que de travailler la gestuelle comme les grands grimpeurs des années 90).

Donc ce que je critique (si je critique), ce n’est pas les grimpeurs, mais un peu leurs choix (même si c’est ce qui fait évoluer le sport dans certaines directions, qu’on le veuille ou non), c’est le fait qu’ils s’écartent de ce que les « anciens » grimpeurs voient comme l’escalade. De mon point de vue, c’est une question d’idéologie qui change, peu de nouveaux grimpeurs vont directement s’intéresser au big wall et à l’aventure, mais plus à une pratique compétitive qui n’existait pas dans les années 90.

Autrefois il y avait les marathoniens et les pratiquants de cross country qui faisaienit de la course de fond. Ils ont vu débarquer dans les années 80 des gens qui faisaient un sport qui ressemblait au leur dans une optique de fitness. Le jogging …
Presque 40 ans après, leur sport n’a pas’changé. La massification a probablement ammené des matériels nouveaux et des pratiques nouvelles. Et je ne pense pas que beaucoup de monde ait à senplaindre de tout cela …
Quant au fantasme des grimpeurs torses nu dans les faces nord de l’oisans, il est quand même assez ancien. Les seuls qui s’y sont risqué avait le niveau pour le faire …

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Ca n’a pas grande chose à voir avec mes impressions, disons que ce que tu dis se déroule sur un autre plan. Gestuelle ou gros biceps ça me semble réservé à une élite (lecteurs de Grimper ?) et pas à la masse des grimpeurs (lecteur de… je ne sais pas quoi… peut-être un truc qui n’a rien à voir avec la grimpe).

Je n’ai pas connu l’escalade avant les années 2000 mais en une quinzaine d’années j’ai surtout vu une évolution vers une activité de fitness de masse, l’objectif étant essentiellement de se bouger un peu une soirée par semaine, de personnes qui parfois vont mettre les chaussons en falaise avec l’appréhension d’un touriste breton sur une plage du lac d’Annecy, pas vraiment dans son milieu donc.

Ce qui était un moyen de patienter pendant l’hiver est devenu le milieu naturel du grimpeur moyen de 2018 au point d’oublier même que l’escalade est un sport de montagne. Certains d’étonnent qu’on puisse débuter en falaise, il y en a un qui m’a demandé si ça posait un problème de participer à une collective alors qu’il n’avait jamais grimpé en salle avec le club. J’attends celui qui me demandera après combien de saisons en salle on peut envisager d’aller grimper dehors.

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A la machine à café, ça fait mieux de parler d’escalade que de salle de fitness. AMA, il ne faut pas chercher plus loin : les SAE permettent de se démarquer de ceux et celles qui font du fitness classique. L’escalade est perçu comme plus noble, valorisant, probablement parce qu’il y a le risque, la peur du vide … (AMA c’est plus dangereux de bouger des poids que de faire du pan mais c’est un autre débat).
AMA, ce n’est guère différent de l’engouement pour le trail et autres pseudos raids aventures avec des quadras ayant besoin de se prouver des choses alors que c’est totalement aseptisé/organisé.

Ça ne dérange personne et permet à quelques personnes d’en vivre.

Anneaux de cordelette, vaches réglables…j’irai plus loin: je n’ai jamais compris la nécessité des dégaines ! On vous vend à des tarifs prohibitifs une sangle et deux mousquetons quand, dans la très grande majorité des cas, une sangle et un mousqueton suffisent !
Même dans le monde de la grimpe, on sait créer le besoin !
Et je ne parle que du prix, on peut évoquer le poids que représentent les dégaines…
Vu que ça s’est généralisé, quelque chose m’échappe !