À rubo et bisounours13:
Si on vous reproche de troller lorsque vous dites que les « tradistes » n’ont qu’à grimper sans clipper les dégaines, c’est parce que ce genre d’arguments à été de nombreuses fois évoqué et réfuté et que ce n’est là que relancer une polémique inutile.
Si vous pensez que les adeptes du terrain d’aventure peuvent grimper à côté de spits, c’est parce que pour vous grimper, c’est essentiellement le plaisir d’une certaine gestuelle et de beaux passages. Ceux qui font du terrain d’aventure jouent d’une certaine manière à un autre jeu, dans lequel le plaisir ne vient pas seulement du geste, mais aussi du fait de l’engagement, de l’autonomie, et de la recherche de l’itinéraire. Quand je dis de l’autonomie, ce n’est pas seulement un simulacre d’autonomie (on fait semblant de ne pas pouvoir se protéger sur spit), mais une autonomie réelle, où on se place volontairement dans une situation où on n’a pas le choix et où on fait la preuve de sa maîtrise de la situation.
Que diriez-vous de quelqu’un qui construirait un bâtiment horrible, ou une décharge, ou un téléphérique dans un parc national et qui dirait: « il suffit de ne pas regarder! Si vous regardez à côté, c’est comme si vous étiez dans une nature vierge et sauvage. » Peu d’entre vous accepteraient ce raisonnement.
Meilleur exemple: Et si un grimpeur de 4sup venait sur le terrain de jeu de grimpeurs de 7 ou de 8 et taillait des bacs dans leur voies, tout en respectant leurs petits grattons; s’il leur disait: « ça ne vous gêne en rien, vous n’avez qu’à ne pas prendre ces bacs »; pensez-vous que la plupart des grimpeurs accepteraient cela ? (peut-être que les grimpeurs de résine l’accepteraient, mais pas les autres). Pourquoi est-ce que, avec cet argument, on ne pourrait pas aménager les écoles d’escalade en taillant partout, dans toutes les voies, des prises pour les grimpeurs de 4sup? Avec le même argument que celui de Bisounours13: « refuser cela, ça s’appelle de l’égoisme et rien d’autre ».
La vérité est que sous le nom d’escalade, il y a des pratiques différentes, qui sont des jeux ayant chacun ses propres règles et ses satisfactions spécifiques. Respecter ces différents jeux, ce n’est pas seulement leur laisser une place en l’évaluant à partir de ses propres critères. C’est surtout prendre le temps de comprendre le jeu de l’autre, ce qui le motive et ce qui est important pour lui. Je pense que ce n’est pas une ambition insurmontable.
Il est normal que les amateurs de terrain d’aventure protestent contre l’équipement de voies adaptées au trad. Avec cela, leur terrain de jeu se réduit. Bien sûr, il suffit de lever les yeux pour trouver des rocher vierges. Mais les lignes à la fois jolies, protégeables, pas trop dures (un grimpeur de trad n’est pas nécessairement un très bon grimpeur), en pas trop mauvais rocher (ce n’est pas parce qu’on aime le « trad » qu’on aime forcément le glauque) ne sont pas si nombreuses. Alors que le nombre de voies sur spits a explosé et que ce n’est pas un gros sacrifice pour les amateurs de voies équipées de laisser aux autres certaines lignes.
Personnellement, j’en ai marre de ce genre de discussion dans lesquelles il s’agit de nier l’originalité et la singularité de la pratique des autres. C’est souvent sur ces questions que les gens trollent. Je serais assez partisan de la création d’une série d’articles sur camtocamp récapitulant, de la manière la plus neutre possibles, les arguments pour et contre qui se répondent. En se donnant quelques règles déontologiques pour l’argumentation. Ce serait organisé par question, sans trancher, par exemple:
-Faut-il équiper des voies aisément parcourables en terrain d’aventure?
-Faut-il rééquiper en spit les voies anciennes?
-Les grimpeurs de dry-tooling peuvent-ils avoir des écoles d’escalade?
-Les raquettistes peuvent-ils marcher dans les traces des skieurs de rando?
-Les spéléologues peuvent-ils équiper des parois pour accéder à leurs trous?
-Les amateurs d’héliski peuvent-ils déposer leurs clients dans des zones fréquentées par les randonneurs?
Et, le nec plus ultra:
-A-t-on le droit de pisser sur la trace en ski de rando?
L’avantage serait que lorsque des gens comme rubo ou bisounours13 viennent ressortir leurs antiennes, on répondrait simplement par: « Voir la question 3 argument 7a réponse 2b ». Ça calmerait…
Bon, ceci dit, je ne suis pas très d’accord avec le déséquipement de la fissure qui fait l’objet de la discussion, pour tous les arguments déjà évoqués.