Je crois que c’est pas « descente en rappel libre » mais « descente libre » c’est-à-dire sans corde
Escalade libre
L’escalade libre ne se définissant que par rapport à l’escalade avec moyens artificiels et l’un de ces premiers moyens étant le mousqueton, on pourrait voir du côté de Otto Herzog qui l’a « inventé « en 1911 et utilisé effectivement en 1913. Vu que après 1913, il y a eu la guerre, où on avait d’autres chats à fouetter, il semble raisonnable de penser que l’expression n’est pas apparue avant les années 20.
Je ne suis pas tout-à-fait d’accord. D’une part il y a la corde, qui à elle seule est contestée par Preuss lorsqu’elle sert d’aide, d’autre part les premiers pitons étaient utilisés sans mousqueton
A force j’ai fini par les dénicher, mais en anglais, du coup il y a peut-être des problèmes avec la traduction. Qui les a en allemand ?
C’est bien pour ça que j’ai écrit « un des premiers moyens « .
Si ceci est la traduction exacte de l’allemand voilà peut-être la première utilisation écrite dans ce contexte du mot libre : everything that’s scaled on the ascent is also climbable free on the descent.
Le Grec dans les années 50, était libre de garer sa traction à la Gardiolle ,libre d’ouvrir des voies ,libre de grimper toute l’année , et libre de grimper sur les nids de piafs
« Les instruments de l’alpiniste », de Jean-Baptiste Duez p 25-26 :
Pourtant, le pionnier de l’escalade « libre », c’est-à-dire – quoique les définitions de ce terme diffèrent – sans assurage, Paul Preuss, fait déjà mention des pitons en 1911 dans un article publié dans le Deutsche Alpenzeitung (Preuss 1911, cité in Messner, 2000). La querelle entre celui-ci et Tita Piaz, tout aussi amicale et nuancée qu’elle fut passionnée, a véritablement été à l’origine de la polémique sur l’utilisation des moyens d’assurance.
Paul Preuss a abordé la question des techniques, tout en étant le premier à essayer de la théoriser, parce que celles-ci popularisaient, pour le plus grand nombre, les espaces privilégiés. Mais pour les meilleurs des alpinistes, et parce qu’ils se pensaient invincibles, trop s’entourer de matériel était perçu comme une manière pour les hommes de s’abaisser dans leur virilité (Preuss 1911). Preuss déclarait alors :Loin de moi l’idée de prêcher pour l’abolition des moyens d’assurance dans les passages rocheux ; pas un alpiniste raisonnable ne contestera leur valeur pour la grande majorité du public amoureux des montagnes et de la nature. Mais s’agissant de l’alpiniste ou du grimpeur sportif, c’est l’inverse qui me paraît important, en bref : l’assurance par des pitons qu’on plante, de même que la descente en rappel (qu’elles soient l’unique moyen de réussir une escalade ou accessoirement utilisées au cours de cette escalade) ou toute autre manœuvre de corde, sont pour moi des “moyens artificiels” critiquables et injustifiables, aussi bien au point de vue de l’alpinisme que de celui du sport.
(Piaz 1999).
Il citait également un guide qui se rangeait à son avis :
Voici, tiré du récit d’une escalade moderne, un exemple significatif (c’est le célèbre guide Fiechtl, tombé plus tard dans le Kaisergebirge, qui parle) : “Il est impossible de se tromper, car l’itinéraire est direct et marqué par vingt pitons.” Avec l’aide des pitons et de la corde, on “fait” les passages les plus bizarres, les plusinvraisemblables. Sur les murailles les plus lisses, on imite le balancier de l’horloge et c’est avec de telles acrobaties qu’on conquiert des montagnes.
(Piaz 1999).
Je n’ai pas trouvé la phrase correspondante dans la traduction française du livre de Piaz ; juste une phrase approchante dans le 1er article d’août :
Vous n’avez pas le droit de monter là d’où vous n’êtes pas capable de descendre par vos propres moyens.
En revanche voici l’extrait où Preuss cite deux fois le mot « libre » (du moins dans la traduction) :
Cela ne signifie pas pour autant que la descente libre ne puisse précisément et ne doive s’apprendre tout comme on apprend à monter : il suffit de s’entraîner. L’art de la descente libre est resté, il faut bien le reconnaître, à un niveau déplorablement honteux !
Hum… Piaz est mort en 1948. Ta datte est celle de l’édition classique en français. Le livre a été écrit dans les années 40
Oui… L’ensemble du post est une citation de Duez.
Il cite le livre de Piaz dans sa dernière édition chez Arthaud de 1999.
Chez Preuss, ce qu’il appelle la « descente libre », c’est la désescalade.
Dans l’Annuaire du GHM de 1933, une description de l’itinéraire de la 1re ascension de la Cima Premuda :
Par un rappel de 10 mètres, descendre dans une gorge. (Laisser une corde pour le retour; autrement l’escalade libre est extrêmement difficile.)
J’ai trouvé: Messner dans un de ses livres, sur Preuss justement cite cet article de 1911 et pas de doute il y est bien écrit frei kletterbar
https://books.google.fr/books?id=0NUUAwAAQBAJ&pg=PT65&lpg=PT65&dq=Deutscher+Alpenzeitung+oktober+1911&source=bl&ots=01-CPi9DOk&sig=ACfU3U2RuVLV6-G0sKtoS23VkD-bmSJg9A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjD9PnstaLiAhWx0eAKHTMgAToQ6AEwDXoECAcQAQ#v=onepage&q=Deutscher%20Alpenzeitung%20oktober%201911&f=false
Bravo !
Mais… est-ce la première fois ? Va falloir rechercher encore plus avant…
Bravo !
Peut-être dans Notre-Dame de Paris : Quasimodo fut un précurseur de Preuss…
Ou alors dans La Bible ?
Ce n’est pas au sujet de l’escalade libre, mais sur l’évolution des techniques.
Dans mes recherches, je suis tombé sur un article « Recherches récentes sur les crampons », de Paul Reuschel, paru en 1925 dans la Zeitschrift des DOAV (ne me demandez pas ce que c’est, peut être une revue du club alpin allemand ou qqch du genre).
La traduction est paru dans la revue Alpinisme du GHM en juillet 1927.
La fin de l’article est délicieuse :
A noter que les anglo-saxons appellent ça « French Free Climbing » (ou simplement « French Free ») : grimper en libre mais tirer au clou de temps en temps quand c’est trop dur
Sur le forum de SuperTopo, quelqu’un propose de renommer ça en « Freedom Free Climbing », tout comme les Américains avaient renommé les « French Fries » en « Freedom Fries » quand les Français s’étaient opposés à la guerre du Golf de 2003