Comme ma l’a souvent dit Livanos (et écrit d’ailleurs) l’escalade libre consiste à grimper comme on l’entend. Ou plutôt devrait consister.
Pourtant si on y regarde bien c’est plutôt le contraire: l’escalade libre a avant tout pour principe une interdiction (ou si vous voulez une obligation), ne rien toucher qui ne soit pas naturel (Quoique. En glace on peut se poser des questions sur cette définition à géométrie variable. Passons). Enfin pas tout-à-fait: se reposer sur un piton ou sur la corde à la montée est un sacrilège, le faire à la descente (on objectera que ce n’est plus de l’escalade ?) est autorisé. Mais là je m’égare. Quelqu’un connaît-il l’origine du mot. Je dis bien du mot, pas du concept. Qui a employé ce mot, ou plutôt cette expression, pour la première fois ? Pour quelle(s) raison(s) ? C’est un peu étrange que le contraire de l’escalade libre soit l’escalade artificielle. Pourquoi donc l’escalade libre ne s’appelle-t-elle pas par exemple escalade naturelle ? Quelqu’un a-t-il une réponse précise avec les sources correspondantes ?
Escalade libre
peut-être chercher du coté des USA ?
free peut etre traduit comme libre, ou comme « sans », « free from aid » ou dans ce style qui devient free climbing tout court
Possible mais peu probable. Je suis presque sûr que l’expression est apparue en France d’abord (mais pas certain donc si tu as des sources fiables je prends
je pense que Limbo a raison.
d’ailleurs Wikipedia donne une source (un livre de John Bachar)
free climbing originally meant « free from direct aid ».[2]
Les francais sont arrivés tardivement dans le libre… avec plein de réticences (cf les guéguerres entre JCD et les sudistes)
y a de fortes chances que ce soit droyer qui ait popularisé ce terme en france, droyer qui allait grimper de l’autre coté de la manche
du coté des francophones, jaunir vient du belge claude barbier
Oui je sais bien pour jaunir. Effectivement possible que ce soit Droyer auquel cas l’origine anglosaxonne ne ferait plus de doute mais pourtant (il faudrait que je cherche dans de vieux bouquins) ça me semble bien plus ancien.
Je ne sais pas si c’est la première mention de « escalade libre », mais on la trouve dans un article de 1946 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9764731c/f196.image.r=escalade%20libre
Donc avant la naissance de JCD (1947)
Quand on arrivait à faire une voie sans toucher aux points (aux clous) on disait qu’on avait libéré la voie. En fait ça voulait dire qu’on n’était plus tributaire de l’équipement.
Il faudrait chercher dans la revue Paris-Chamonix.
https://www.clubalpin-idf.com/brochure/pdf/ParisChamonix_0.197102.pdf
p 14 un article d’Henri Agresti qui décrit une voie d’escalade libre (je ne suis pas sûr qu’il voulait dire sans s’aider du moindre piton) qu’il oppose à de l’escalade artificielle.
Je viens de voir le message de Bubu et effectivement on parle d’une belle escalade libre…faite avec un étrier.
Merci beaucoup Bubu ! Cela confirme donc ce que je pensais à savoir que ça datait bien de plus longtemps que dit plus haut. On va peut-être trouver encore plus vieux et si l’explication "étymologique " anglo-saxonne n’est pas la bonne, reste à savoir le pourquoi du mot libre
Oui mais ce n’est pas important. ce que je veux savoir c’est pourquoi ce mot (même si ultérieurement son sens a évolué)
Il me semble que la solution serait à rechercher autour des années 50, avec l’ouverture des grandes voies d’artif : ouest des Drus, grand Cap etc. pour se distinguer justement de l’artif. Peut-être Bonatti ?
C’est une hypothèse…
Au temps pour moi, je n’avais pas lu l’article proposé par Bubu!
Je n’ai pas compris ça.
Le texte :
Nous fûmes bientôt amarrés sous ce toit; Francis le franchit en belle escalade libre, une fissure très pénible suivit, et je rejoignis bientôt mon camarade sous une dalle surplombante très rébarbative.
Deux pitons y étaient plantés; nous complétâmes l’équipement du passage par une grosse fiche en duralumin et un étrier; nous flairions le passage-clé, et voulions mettre toutes les chances de notre côté.
Ce ne fut pas inutile, car le surplomb donnait sur une fissure oblique et déversée, où Francis peina, et où je dus prendre la corde.
Je comprends qu’il y a un 1er toit, que Francis franchit en libre, suivi d’une fissure pénible, puis d’un 2e toit ou surplomb, franchi en artif.
Quoi qu’il en soit, @pire a demandé la première mention de l’expression, sans précisé s’il fallait que ce soit sous le sens qu’on lui donne aujourd’hui. Donc l’extrait que j’ai trouvé est valide.
mais le premier à parler d’escalade libre fut l’Autrichien Paul Preuss, au début du XXe siècle
d’après l’article https://fr.wikipedia.org/wiki/Escalade_libre
interessant le texte de Bubu mais je ne crois pas qu’il s’agisse de libre comme on l’entend aujourd’hui.
Par exemple, sur cet article :
on dit " escalade libre où plusieurs pitons mi d’assurance mi progression sont nécessaires "
Non: je pense que là il y a confusion entre le concept et le mot, l’article parle de la manière de procéder mais ne permet pas de savoir si le mot libre était alors employé. Je sais que Fehrmann a édicté des règles strictes sur l’escalade en 1913 qui correspondent à une éthique précise sur l’escalade libre mais je n’arrive pas à trouver son texte original pour savoir s’il avait déjà employé le mot libre (en allemand oeuf corse)
Excusez moi de le répéter: ce n’est pas important, ce que je cherche c’est l’origine de l’expression, même si son sens a évolué.
dans Freiklettern – Wikipedia
ils expliquent que
Ce type d’escalade s’est développé depuis la fin du XIXe siècle, lorsque l’on a tenté de renoncer totalement aux aides artificielles pour grimper au sommet, après avoir initialement utilisé des aides artificielles telles que des échelles et des broches métalliques.
Paul Preuss (1886-1913) fut l’un des pionniers de l’escalade libre dans les Alpes. Au cours de sa courte vie, il a effectué plus de 1 200 randonnées rock, ski et alpin, dont 150 premières ascensions et 300 ascensions à lui seul. Il a rejeté toutes les aides techniques lors de l’ascension et de la descente en rappel et a retenu le principe selon lequel les alpinistes doivent s’appuyer uniquement sur leurs connaissances et leurs compétences.
Le premier guide d’escalade avec les règles correspondantes a été publié en 1908 par Rudolf Fehrmann (« Der Bergsteiger in Sächsische Schweiz »). En 1913, les règles d’escalade saxonnes ont été publiées dans un supplément.
il faut dire qu’on se permettait tous les artifices
L’aiguille de la République, qui culmine à 3 305 m d’altitude, est l’une des aiguilles de Chamonix dans le massif du Mont-Blanc. Elle se détache du flanc nord-est de l’aiguille des Grands Charmoz.
Elle doit son nom à son profil de bonnet phrygien. Son monolithe sommital de quinze mètres, particulièrement raide et lisse (dont l’escalade avait repoussé le grand guide Joseph Ravanel quelques jours plus tôt) fut gravi pour la première fois le 29 juillet 1904 par H.E. Beaujard avec le guide Joseph Simond et les porteurs Louis Simond et Alfred Tournier. Joseph Simond utilisa une arbalète qu’il s’était fait envoyer de Paris, afin de faire passer une corde à nœuds par-dessus le sommet. Le lancer de corde resta la manière classique de la gravir jusqu’en 1971 où une ligne de pitons à expansion fut plantée par MM. Boutier, Germain et Mollier avec Mlle Lange, afin d’y accéder en « tire-clous ». Le passage se gravit aussi aujourd’hui en libre avec la cotation 6c.
Oui oui j’ai bien compris, je connais bien l’histoire de l’alpinisme et de l’escalade, mais ça ne répond pas du tout à ma question
Dans ce que j’ai trouvé sur fehrmann il n’y a pas le mot libre, mais je n’ai pas le texte original intérgarl
il faudrait plutôt en effet chercher du coté allemand voire italien au début XXieme siècle. Employaient ils ce mot ?
Ce que je sais c’est qu’aujourdh’ui en italien on dit « arrampicata libera », donc comme en francais ou anglais. En allemand je sais pas.
ce qui est délicat c’est que certains des récits de cette époque ont été écrits après coup.