Définition (provocante) de l'autonomie en falaise

Je me laisse tomber. Pas de risque de me faire mal, car je suis autonome, et je sais « évaluer en regardant une voie du bas où sont les endroits délicats par rapport aux chutes ». :smiley:
Puis :

  • Soit c’est facile d’atteindre le relai en A0 depuis la dernière dégaine, auquel cas je récupère l’avant dernière dégaine pour me faire une longe.
  • Soit c’est difficile ou impossible, et je redescend pour checher une autre solution (pote, perche, récupérer les dégaines depuis une voie voisine, …).

Mais pour tous les autres cas, où le relai est assez confort, on peut soit ne pas se vacher, et directement faire la manip sécure (en se décordant à la fin), soit se vacher à l’arrache autour de la chaine avec un noeud fait avec une boucle de la corde, puis faire la manip sécure.
C’est sûr qu’en cas de glissade lorsqu’on prend du mou pour faire la manip ou le noeud pour se vacher, on tombe plus bas que si on glissait juste avant d’attraper le relai. Mais ça se gère (on peut toujours abandonner la manip et désecalader jusqu’à la dernière dégaine ou se laisser tomber, etc).

J’ai été tenté d’écrire la même chose :joy:

C’est marrant de mettre cette vidéo pour parler du casque.
Je ne sais pas si tu as fais beaucoup de trad. Pour ma part, j’en ai fait pas mal, au RU et aux USA, avec des partenaires Britanniques et US.

Le port du casque était quasi systématique en trad, en tous cas beaucoup plus systématique qu’en France. La plupart du temps, ce n’était pas pour les chutes de pierres mais pour réduire les risques en cas de chute. En Trad, il n’y a pas toujours beaucoup de points et on peut également tout dégrafer. La corde derrière la jambe produisant un retournement, sans être anecdotique, n’est qu’un risque parmi tant d’autres. En cas de chute dans du R ou du X, on serait parfois très content d’être arrêté par la corde derrière la jambe, avant d’arriver au sol. :slight_smile:

Tu veux vraiment que je te réponde?
Parce que je crois que je vais être vulgaire…

Je croyais qu’on parlait autonomie en escalade ici, mais en fait il va falloir renommer ce fil « La vie palpitante de DT1 »

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En dehors des opinions personnelles et des habitudes de pratique, je reviens à la charge parce que je trouve important d’expliquer que tu donnes une représentation qui minimise grandement la capacité réelle de protection d’un casque.

Déjà sur la taille des cailloux qui tombent typiquement en falaise. Je me répète mais 10 cm, ce n’est pas 10 cm^3. C’est excessivement rare d’avoir des cailloux de 10 cm^3 qui tombent de la falaise. En effet, tu as raison, en faisant le calcul avec une masse volumique de 2000 kg/m^3 environ pour le calcaire, le casque ne pourrait absorber l’énergie de la chute d’un tel pavé que jusqu’à 5m de hauteur selon la norme (ce qui est déjà pas mal!).

En réalité quand on dit « je me suis pris un truc de 10 cm », ce n’est pas un cube ou un rectangle, c’est une forme irrégulière. Par exemple voici une image du caillou dont je parlais que j’ai chez moi. Il ne fait que 235g ! Même s’il était un peu plus grand dans la longueur, il ne serait guère bien plus lourd, et pourtant on dirait aisément « je me suis pris une caillasse de 10cm ». Même sur les pires falaises, il y a quand même rarement des trucs plus volumineux qui se détachent. Comme je l’ai montré dans mon calcul précédent, le casque protège d’un tel bolide jusqu’à plus de 30m de chute !! C’est énorme comme protection, dire que ça ne protège que « un peu », c’est vraiment encourager de mauvaises pratiques, ou a minima une mauvaise analyse de la situation.

Sinon effectivement tu fais bien de rappeler que la norme absorption d’énergie est différente de la norme de pénétration. La norme est faite avec un objet avec une pointe particulièrement saillante. Les cailloux qui tombent n’ont que rarement de telles pointes, et en plus s’il s’agit d’écailles leur poids sera d’autant diminué. Une écaille de 10 cm en calcaire ne fera guère plus de quelques centaines de grammes si on est vraiment très généreux, très loin des 3kg du test standard. Si on faisait un calcul d’énergie équivalente concentrée sur une pointe d’écaille plus large que la pointe du test standard, on trouverait très certainement que le casque peut protéger de la pénétration d’un cailloux de ce type jusqu’à plusieurs dizaines de mètres.

Enfin, il est vrai que le casque ne recouvre pas toutes les parties du corps. Les épaules, les doigts, les pieds, etc, d’autres zones peuvent être victimes d’une chute de pierre sur l’assureur. Mais à la différence du crâne, on ne risque pas la mort immédiate lorsqu’elles sont touchées…

Donc non, le casque ne protège pas qu’un peu, il protège grandement, ça se démontre de manière tant anecdotique que quantitative, et je trouve important de le rappeler et d’insister.

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tu pisses dans un violon mon ami :grin:

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Histoire de démontrer, pourrais-tu donner le nombre de décès en couenne sportive en France associé à ce risque ?

Pour ma part, j’évite généralement les falaises de couennes présentant ce type de risque, à fortiori avec les enfants.

j’ai rien à faire aujourd’hui au moins ça me divertit :joy: et j’en apprends plus sur les normes des casques

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Sûrement pas beaucoup, parce que beaucoup de gens portent un casque :slight_smile: sur le plan de l’anecdote personnelle je me suis déjà pris des trucs sur la tête, ou tombés juste à côté de moi, y compris à des endroits déversant où tous les habitués disent que ça ne craint pas, et j’étais bien content d’avoir mon casque

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Conclusion, tu n’en sais rien. :slight_smile: C’est dommage quand on utilise l’argument de la démonstration.

J’ai beaucoup de casques, j’en porte souvent, dans de multiples activités, même simplement pour aller dans mes combles pour éviter de me cogner la tête aux poutres. Mais, la religiosité me fait toujours sourire.

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Ce que je cherchais à démontrer, c’est que le casque protégeais grandement en cas de chutes de pierre, pas qu’un peu, et je l’ai fait.

Encore une fois ce n’est pas du tout de la religiosité, j’ai expliqué précisément la réflexion qui conduit à ce choix. Quand on se targue tellement de savoir analyser les bénéfices et les risques, c’est étonnant de refuser une prescription qui réduit le risque (certes pas à 0) sans aucun coût… Contrairement à ton exemple de la traversée d’Irlande à vélo, porter un casque en couenne ne coûte absolument rien. N’importe quel esprit rationnel opterait pour la réduction du risque, même de 1%, si le coût est de 0%.

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Un esprit rationnel va se focaliser sur les causes principales, les risques principaux, les éléments réduisant significativement le risque. Le 1%, on s’enbatlescouilles qd on est rationnel.

Ceci étant dit, ça ne préjuge pas de port du casque.

Porter un casque en couenne, ça coute simplement l’usure du casque en couenne. C’est pour cela que j’ai rarement un casque light en couenne. Un casque light s’use vite et nécessite de faire attention.

Pour ma part, sur les falaises que je fréquentes, les objets qui tombes à moins de 10m autour de moi, par ordre décroissant de fréquence :

  • Les graviers envoyés par les grimpeurs qui nettoient les prises (après l’hiver ou une pluie).
  • Les blocs de 5-10cm envoyés volontairement par les grimpeurs, en prévenant et en visant loin des assureurs.
  • Les lézards qui font du base jump : ils montent de 5 à 20m, sautent en base jump sans parachute, et recommence pendant 2h. Attention, ils visent les décolletés :slight_smile:
  • Les blocs de 100g à 1kg, partis depuis les pentes au-dessus de la falaise (par des animaux, par le vent qui fait bouger des branches qui frottent le sol, etc). Il y a bien sûr des blocs et graviers plus petits qui sont mobilisés par ces même causes, mais ils s’arrêtent plus facilement dans la pente, alors que les plus gros roulent plus loin et sautent la falaise.
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Et ça n’est jamais arrivé à personne de se taper la tête sous un toit ou dans des branches et qu’on se dit « heureusement que j’avais le casque sinon je serais rayé du cuir chevelu ! » ?
et perso, le casque me garde les cheveux rangés aussi :grin:

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Oui mais non. Des fois on se cogne le casque mais on ne se serait pas cogné la tête, parce que notre inconscient gère nos mouvements en fontion de notre taille, sans considérer les 3cm en plus à cause du casque, que nous ne portons que quelques heures de temps en temps.

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et quand on a pas beaucoup de cheveux, ça évite bien les coups de soleil…

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Le casque m’a pas mal servi pour ça ^^

Sinon la chose que je ne comprend pas sur le casque (mais ce n’est pas le seul concerné) c’est cette tendance à se dire « Pourquoi le mettre vu qu’il y a pas eu d’accident sans ? »

J’ai été sidéré à la SAE d’un grimpeur qu’on reprend souvent car il est parfois dangereux, et quand je lui dit gentiment " Clipper la première dégaine c’est pas une option, et laisser 3 mètres de mou à la première et deuxième dégaine c’est non, c’est le retour au sol assuré" d’avoir eu comme réponse « Bah c’est bon il y a pas eu d’accident je comprend pas pourquoi vous me faites chier avec ça ! » juste waouw. j’ai déjà pété une prise de pied juste après la première dégaine tout comme j’ai déjà volé à cause d’une prise qui a tourné et dans du FACILE. et la falaise bah c’est pareil.

C’est sûr que si on attend l’accident pour penser à sa sécurité ET CELLE DES AUTRES on est pas arrivé…
Mais c’est un autre débat je crois :smiley:

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Des accidents avec retour au sol à cause du mou, il y en a. Une part significative des bonnes règles sécurité proviennent de RETEX suite à des accidents. Dit autrement, l’analyse des accidents permet généralement d’améliorer la sécurité.

Analyser la typologie des causses possibles, et traiter en priorité les occurrences principales couplés aux sévérités les plus importantes, c’est une des bases d’une démarche sécurité structurée.

Poser la question du nombre d’accident est donc juste normal, même si cela ne peut suffire pour décider de la conduite à tenir. Dans le port, ou non, du casque, la sévérité possible de l’accident est également une variable critique à prendre en compte.

Ensuite en salle, avec des points tous les mètres à partir de 2m, et un sol pas trop dangereux, on n’est pas non plus dans le truc abominable. Ca ne signifie pas qu’il faille faire n’importe quoi et qu’il n’y a pas d’accident. Mais on n’est tout de même pas dans le truc compliqué à gérer. Si le collègue ne veut pas faire le job sérieusement, il suffit de ne pas se faire assurer par lui.

Les prises qui cassent existent bien évidement. Mais ça peut également dépendre du grimpeur, et notamment de son habitude & aptitude à grimper en terrain non aseptisé. En salle, une prise qui casse, c’est surtout une mauvaise gestion de la salle.

Dans la liste à la Prevert des mesures sécurité, le double check est probablement une, voire la mesure sécurité la plus efficace et la moins réalisé. Là pour le coup, ça coute 0,00. Des grimpeurs ne finissant pas leur nœud, ne fermant pas le baudrier, assuré sur le pontet, avec un mousquif non verrouillé … il y en a à la pelle.

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En d’autres termes, avant de décider de prendre ou non son casque, il faut deviner si l’accident est possible et dans ce cas, si l’accident sera sévère. Je vais illico de ce pas sans attendre acheter un poulet (fermier et de Bresse, afin d’avoir des oracles de qualité) et consulter mes haruspices.

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Oui, enfin la critique est facile…