Sur la berarde on disait, cambon c’est tout bon, lainé faut se méfier…
Décès de Jean-Michel Cambon
Le Chaps, Jean-Michel, ceux qui ont bercé ma jeunesse s’en vont… Très dur
Je ne sais pas s’il y a une vie après celle-ci, mais pour Mr Cambon, c’est sûr, la vie après la vie continue dans ses récits, sa signature sous les centaines parois de l’Oisan et d’alleurs, le regard des grimpeurs, après avoir fait une Cambon.
Bon vent Mr Cambon
Hier soir notre premier ministre nous a annoncé la fermeture de tous les lieux publics « non indispensables ».
Aujourd’hui, force est de constater que toutes les voies Cambon (je dis bien : toutes) sont restées ouvertes. Donc elles sont indispensables. CQFD.
Merci Monsieur pour tout ce superflu vital que tu nous laisses.
Immense tristesse… Les voies de JMC m’ont accompagnées dans toute ma vie de grimpeur ; j’ai démarré les grandes voies en compulsant le topo « les 60 moins pires de l’Oisan » c’était révolutionnaire de vouloir faire de la belle escalade dans ce massif! Quand on voit ce que les 60 sont devenues c’est une évolution presque pandémique! Et qui a permis au plus grand monde de profiter de merveilleux moments en montagne. J’ai pu me mettre minable dans le Don de l’Aigle ou Ballade d’Enfer à la tête d’avail, dans l’horreur du bide version avant rééquipement à la Meije, et emmener mon fils de 8 ans en grande voie à Ailefroide. De l’escalade pour tous sans discrimination de niveau ou d’engagement, juste pour le plaisir de tous et avec une infinie générosité. Voilà ce que j’ai envie de retenir de cet immense bonhomme qui aura marqué l’histoire de ce sport dans les contrées grenobloise et haut-alpine. Ciao l’artiste, on se revoit dans l’autre monde pour encore de belles grimpes!
Merci pour le partage… Intéressant et touchant en effet, petit texte qui ne cache pas les tensions qui ont pu exister (même si avec le temps les choses se sont calmées, il y a quand même eu des phases de fortes tensions : [menaces de] déséquipement…)
Ouais, ça ferait sans doute bien sourire Jean-Michel.
Tout à fait d’accord : un article intéressant et touchant ! Chouette retour des choses après ces anciennes tensions.
On se rappelle de voies comme - si j’ai bonne mémoire - : « les grimpeurs se cachent pour ouvrir », et de belles envolées Cambonesque à souhait dans ses topos d’Oisans à propos des débuts houleux de la Convention escalade.
Je ne lis cette triste nouvelle que maintenant, ayant été un peu éloigné des forums depuis que j’ai quitté mes anciennes responsabilités sur Camptocamp.
N’ayant pas fréquenté les massifs où Cambon avait l’habitude d’ouvrir (ou d’ouvrer, comme peut-être il aurait préféré) je ne l’ai connu que tardivement, au fil du conflit qui a opposé certains ouvreurs à Camptocamp, combat qu’il a mené avec passion. Je n’ai eu d’autre occasion de le rencontrer que quelque réunion pour essayer de trouver des accords sur des sujets sur lesquels nous avions des profonds désaccords. L’homme que j’ai rencontré avait un regard vif, intelligent, espiègle. Un homme duquel on pouvait aisément soupçonner qu’il faisait bon d’être ami.
On dit que l’on peut juger les hommes par ses ouvres, mais je crois que l’on les juge mieux par l’empreinte qu’ils laissent chez d’autres hommes, surtout chez ceux qui les ont vraiment connu. Ce que j’ai vu dans les yeux de personnes qui côtoyaient Cambon de près, qui partagaient sa passion et son combat, c’est un infini respect et admiration pour cet homme, et c’est celle-là l’empreinte qui restera chez moi aussi.
Triste nouvelle.
il a disparu dans les mêmes circonstances que Claudio Barbier.
Immense tristesse ,
Je ne suis pas un grand grimpeur. Mais ayant découvert Ailefroide et ses GV je me régalais à la fois de la grimpe et de la lecture de ses topos. A la fois précis pour les grimpeurs, très drole et en même temps caustique. Le Cambon se lisait autant comme un topos qu’un magazine humoristique. J’aurais voulu le connaître.
Condoléances m^me si ces mots ne sont p
Un très bel hommage du CT 38 de la FFME, sur leur page facebook :
Un très beau texte en effet… Qui restitue un peu ce que l’on droit au grand bonhomme, et l’enjeu de l’héritage à entretenir.
Ses coups de gueule généreux vont manquer.
Mes sincères condoléances à la famille et proches.
Jean-Michel Cambon est l’ouvreur qui m’a fait découvrir les Écrins sous un autre angle, et d’une manière générale la montagne, la possibilité d’être dans des parois verticales, et pas seulement en falaise, tout en mettant au premier plan le plaisir de la progression.
Quelles découvertes que ces voies autour de la Bérarde, d’Ailefroide, les Cerces, Tenailles de Montbrison, tête d’Aval.
Si je suis encore grimpeur 35 ans après avoir commencé c’est grâce à des ouvreurs comme JM, non seulement car je dors bien bien quand je sais que demain je vais dans une voie Cambon, mais aussi parce que plaisir et sécurité ont toujours été au rendez-vous.
Reconnaissance éternelle à cet ouvreur infatigable qui m’a offert plus d’une centaine de journées pleines de bonheur.
Bon.
J’ai eu bien du mal à assimiler les nouvelle. D’où ma réaction tardive. Mais il a le temps maintenant, et il nous en faut pour se remettre.
Lorsque j’ai commencé l’alpinisme, le camp de base de notre cordée était à Ailefroide, et bien sur entre deux courses nous faisions des voies Cambon. Il y en avait déjà plus de 100 autour du camping me semble-t-il.
Et j’avais déjà lu une grande partie du topo, et vu ses vieilles voies (les fameuses Cambon/Francou) longues, raides, expo et glaçantes ! Autant dire que pour mon jeune esprit, c’était un espèce de héros, de demi-dieu.
J’ai fait mon petit bonhomme de chemin, j’ai doucement progressé, visé des voies un peu plus dures, un peu plus longue, avec toujours des passages à Ailefroide, tous les ans, et toujours des voies Cambon.
Et puis j’ai croisé Hervé G., un de ses amis et surtout immense équipeur des Calanques, qui lui aussi fréquente assidûment les falaises au dessus de Pelvoux (et aussi sous le Pelvoux !).
Et puis j’ai aussi sursauter à la lecture de son dernier topo, à la toute fin. Parce que oui, je lisais ses topos comme des livres, des ouvrages littéraires ! Ils en avait la qualité et la densité.
Bref, je saute, j’avais l’habitude des remarques acidulés et piquantes de JMC sur JJ Rolland et son topo concurrent, mais là, que vois-je, C2C, l’association à laquelle j’adhère et que je soutient, qui m’a permis de découvrir tant de parois et surtout d’amis, est accolée à la critique, tous ensemble ! Ah non, ça je ne le comprends pas, alors j’écris un petit mot sur le forum et une longue lettre ouverte à Jean-Michel Cambon. Sans trop y croire, mais sachant que peut être on lui en parlera puisque dans ses topos transparaît une connaissance de certaines choses de par-ici…
Et là, un jour, la réponse, les réponses, les échanges, les discussions. En privé, mais aussi, sur le topic avec des milliers de messages qui ont déchiré les grimpeurs. Ce n’était pas mon but, je voulais juste comprendre.
Aussi, quand l’été qui a suivit, j’ai vu pour la première fois Cambon traversé le camping, c’est avec une petite appréhension que je suis allé l’aborder:
« Bonjour, c’est moi, Bruno,…[pas de réaction]…, Carcharoth !
-AAAAAhhhhhh ! Un visage sur un nom ! »
Et puis là c’était parti pour un échange des plus cordial, sur tout, la grimpe, ailefroide, le parc, les calanques, les connaissances communes.
Ensuite, nous nous sommes recroisés régulièrement, au pieds des voies, au camping, avec Hervé, avec Babeth, après un rééquipement, nous avions parlé d’en faire un ensemble… ça ne s’est pas fait, ça ne se fera pas.
Et ça fait mal de le dire, de le savoir, de mettre des mots dessus, tu as disparu, tu es mort, on ne te verra plus.
Toi qui as fait tellement de choses pour la grimpe, ta passion, pour la rendre accessible à tous, pour partager ce plaisir, cette joie de parcourir la montagne, de pouvoir grâce aux spits passer dans des dalles de granit fabuleuses et offrir cette fabulosité à tous ceux qui le veulent.
Quelque part, la Bérarde et Ailefroide te doivent une fière chandelle, la moitié des hébergements sont occupés plusieurs mois de l’année par des grimpeurs qui n’ont que ton nom à la bouche.
Je ne sais pas si, mort, c’est une consolation. Je ne sais pas si le plaisir était d’être connu, aimé, ou de créer. Sûrement les deux, et cela fait de toi un homme, un homme pareil comme dirait Cabrel, avec son égo et son plaisir de faire, d’écrire de jolis choses sur la montagne (prétexte des topos !) mais aussi de bâtir des itinéraires qui n’existent que par une volonté, la tienne.
Tu étais dans la vie bien plus accessible que ne pouvait le laisser croire le ton de tes écrits, lorsque tu n’étais pas d’accord. On avait discuté sans jamais aucun problème. En se comprenant, même si nos divergences avaient perduré ; peut être juste une histoire de génération, rien de grave.
Ton legs, ce sont ces voies, ces itinéraires, ces morceaux de toi, partout dans les Hautes-Alpes et l’Isère. Et bien d’autres choses encore, plus essentielles, mais que je ne connais pas, à tes proches. Celles là, elles sont pour eux ; nous nous avons le rocher et c’est déjà beaucoup. En fait non, tu n’es pas mort, tu es là, partout, avec nous ! Tu as tellement donné pour des gens que tu ne connaissais même, ou juste par le fait qu’ils aiment la même chose que toi.
Je retiendrais ton rire, ton humour mordant, fait de petites phrases bien placé, ton sourire, ton dynamisme, et sache le, on ne laissera pas mourir tes voies. Ce sera notre remerciement, notre pierre au grand cairn à ta mémoire.
Merci pour tout Monsieur Cambon.
2003, j’envoie un mail à JMC pour lui commander ses deux topos sur l’Oisans. Il « râle » pour me les envoyer mais quand je lui explique qu’il m’est difficile de me les procurer là où ils sont en vente (c’était encore bien restreint à l’époque le commerce en ligne), il le fait et je les recevrai par la poste dans un magnifique emballage fait maison, vous savez comme ces paquets que nos plus anciens faisaient dans du papier marron pour nous envoyer par la poste qui du linge, qui des vêtements et parfois même des livres ! Et en ouvrant les topos, j’y avais trouvé plein d’histoires et d’anecdotes et pas seulement des lignes à grimper. Et notamment un magnifique hommage à Albert Tobey (l’homme de la face Nord de la Meije) qui fut mon 1er guide-initiateur dans un camp du CAF à la Bérarde en 1975. Je l’avais alors remercié chaudement et nous avions échangé quelques mails sur l’Oisans, l’avant et le présent. Les topos Cambon c’est aussi l’histoire (la grande et la petite) de l’Oisans.
Octobre 2014, Sév et moi partons pour faire Brazil à Orpierre. Elle est enceinte de 8 mois. Arrivés au pied, une cordée de 3 est au-dessus : Monsieur et un jeune ado à R1, Madame dans L2. On se dit bonjour, on demande s’il y a bien des relais doublés et comme la réponse est positive, on démarre tranquillement et on se suivra tout aussi tranquillement en faisant tout de même quelques pauses pour attendre un peu car la cordée du dessus est un peu lente. Au relais de l’avant-dernière longueur, changement de leader. Monsieur, qui doit commencer à en avoir marre qu’on les suive et qu’on attende, passe devant et la cordée s’envole littéralement. On la retrouvera au parking et on échangera quelques mots notamment sur le jeune ado qui a perdu un chausson pendant la descente et qu’il faut aller rechercher. Et on se quitte comme cela. Sauf que je me remémore enfin cette tête que je me disais bien connaître et oui, c’est bien JMC. Je lui écrirai un mail quelques jours plus tard et par échange de mails on rigolera bien sur « ventre à terre » et sur « polichinelle dans le tiroir » et sur l’état de nos compagnes respectives du moment. Et il pouvait dire qu’il n’était pas un grimpeur de 7 mais seulement un honorable grimpeur de 6, quand il grimpait dans ce niveau, il allait vite, très vite.
Août 2019 : le 15, Sév et moi faisons le pilier rouge hebdo à la tête d’aval. J’avais toujours eu envie de faire cette voie notamment pour la photo de « Rouge » dans le topo de l’Oisans qui m’avait bien fait rire. On se fait vraiment plaisir dans ce grand mur où nous sommes seuls à grimper tout à fait sereinement grâce au travail des ouvreurs/équipeurs et notamment de JMC. Le 17 nous faisons « Soleil glacial ». Les bâtons sont sur la vire, ouf quel soulagement, nous « ne plongerons pas dans une profonde dépression liée à la désillusion de ce qu’est le genre humain ». Et quel plaisir dans cette voie d’y grimper sur un caillou de qualité, de finir sur un vrai sommet et d’admirer toutes les faces Nord de l’Oisans (là où on trouve les Cambon-Francou mais aussi Aurore nucléaire et une Septentrion pour rire, il y en a bien pour tout le monde). La voie Cambon typique de montagne : sur un bitard improbable, une grande et belle voie est née tant dans l’escalade que dans son environnement. Et le 18, nous finissons par « bleu pétrole » parce que quand même, il n’est pas possible de finir un séjour dans la vallée sans une voie à Ailefroide. Cambon ou le plaisir à l’état pur de l’escalade en grande voie.
Deux jours après, je bois une bière à la terrasse d’un café des Vigneaux et Monsieur Cambon s’installe en charmante compagnie quelques tables plus loin. J’ai hésité à aller le déranger juste pour l’envie de lui dire combien je m’étais éclaté dans ses voies et à la lecture de ses topos et à le voir grimper dans Brazil.
Je n’ai pas osé et ne l’ai donc pas fait et je ne pourrai jamais plus le faire. On ne devrait pas remettre à demain ! Regrets !!!
Bonjour
Merci pour vos messages, ça nous touche et c’est sympa d’avoir quelques anecdotes.
J’ai eu des questions et c’est normal de se questionner, voici des informations sur les circonstances de l’accident :
Bonne journée à tous
Sylvain Cambon
Bonjour
Juste une remarque : il ne détestait pas C2C dans son ensemble, mais le côté « éditeur exhaustif de topo ».
Il n’avait aucun grief contre l’immense majorité des utilisateurs de C2C, et c’était je pense réciproque, vu la qualité des hommages rendu ici. Merci encore.
Bonne journée
Sylvain Cambon
Deux cordistes travaillent en façade. S’approche un type, souriant, qui leur pose quelques questions. Vous grimpez ? Oui, répond l’un deux.
Le lendemain, revient le même gars : tenez, je vous refile mon topo.
Merci pour tout, en particulier les rochers de l’homme, un travail de fou, un résultat étonnant, et plus besoin d’aller jusqu’à Presles pour faire de la grande voie sans paniquer, même dans son niveau max. La prochaine fois je penserais très fort à lui. Plus que d’habitude, je veux dire.