Salut, je vous remets une couche prévenance issue de précédents posts de moi-même ou de complément de @Oobert :
Toute chute en crevasse n’est pas un événement anodin s’agissant de la sortie de crevasse.
Remontée par une tête de mouflage de celui ou ceux resté(s) à l’extérieur
Sauf à n’avoir que peu d’expérience en montagne, on ne tombe pas dans une crevasse sur un glacier tout en glace. Les crevasses sont visibles, la glace vive (de glacier) n’est pas un matériau piégeux comme peut l’être la neige, on ne se jette pas dans les crevasses normalement. La configuration chute en crevasse sur glace vive (= frottements faibles) n’existe statistiquement pas. On ne tombe pas en crevasse sur le bas de la mer de glace mais dans un environnement plutôt neigeux. Ce qui change tout.
Et même sur la glace, les frottements sont généralement faibles, mais …
- dès tu as un angle (genre t’es tombé dans une crevasse), les frottements augmentent.
- dès la corde touche la glace avec une tension (genre quelqu’un est pendu au bout de la corde), elle va marquer rapidement la glace et augmenter les surfaces de contacts, les frottements augmentent encore …
Dans la neige, c’est même tellement pire, qu’un simple nœud sur une corde laissée traînante derrière toi peut te bloquer en cas de chute = l’objet de cette étude.
Dès qu’une corde est tendue sur une lèvre de crevasse, à fortiori en neige, sortir son collègue relève d’une tâche ardue. Et, sans mouflage bien monté (grosse multiplication), ou capacité de traction conséquente : c’est mort : vous ne sortirez pas votre collègue. Il devra sortir seul.
Ne pas négliger l’aspect psychologique : vous étiez en environnement neigeux… Pour les collègues qui ne sont pas tombés, psychologiquement, ça change beaucoup également car ils prennent conscience qu’ils sont dans un champ de mine. De l’image du glacier immaculé tout blanc qu’ils avaient 5 mn avant, ils ont maintenant dans la tête un environnement où il n’y a que des ponts de neige foireux. Mine de rien, ça inhibe les déplacements autour du pot. Tout ça en ayant un camarade avec lesuel ils ne peuvent pas communiquer et qui se trouve dans une position délicate.
S’entraîner est très important, ça permet de mécaniser certains gestes et libérer des neurones pour d’autres choses.
Remontée depuis le fond de la crevasse
Il faut vraiment être déjà tombé volontairement ou non dans une crevasse pour comprendre que :
- tu arrives dans un endroit tout sombre et anxiogène,
- les sons ne passent pratiquement pas, il faut compter faire les manips de part et d’autre juste sur l’entraînement,
- les paquets de neige lourde et humide que t’as sur le dos pèsent un âne mort,
- se nettoyer, se retourner, le cas échéant : enlever les skis sans les perdre, les sécuriser …
- et déjà avoir froid et trembler dans un air bien qu’à seulement 0 degré,
- mais avec 100% d’humidité et de la glace autour n’ayant qu’un objectif : achever sa transition de phase,
- l’adrénaline redescend, elle t’avait bien vasodilaté au début aggravant les choses, la neige t’ayant bien humidifié, et tu n’étais pas forcément bien vêtu au soleil, là-haut …
- mettre un bloqueur sur la corde sous les tremblements de ton corps,
- que tu remontes ou qu’on te remontes, le passage de la lèvre est très physique, la corde a profondément entaillé la lèvre et tailler cette neige lourde avec tes skis ou ton piolet à coup de gestes fatigués et imprécis n’est pas des plus indiqués pour l’intégrité d’une corde de 8 mm tendue comme un string sur les fesses de Kardashian …
Et personnellement, si je suis certain de savoir encore monter un mouflage efficace, je suis plus que pas certain de pouvoir remonter seul …
Encore une fois, s’entraîner régulièrement comme il est conseillé est la solution qui permet de ne pas être démuni en cas d’accident. Le matériel est aussi un élément crucial : s’il est long et compliqué à mettre en oeuvre, si son efficacité est relative : vous grevez vos chances de réussite.