J’ai souvenir d’un collègue qui avait percé un pont de neige vers le Mont Rose. On était à skis mode descente donc non encordés mais endroit plat où on devait pousser. Par chance il a atterri quelques mètres plus bas sur une sorte de plateforme de neige.
On lui a lancé une corde et on a tiré. Ça a marché impec.
Bon on était plusieurs à tirer. Et il était tout à fait lucide donc il a du nous aider pour passer la lèvre au mieux. Et surtout on n’a pas eu à retenir sa chute. Cas favorable donc, mais on était bien sur de la neige et pas de la glace (vers 4000 au printemps) et j’ai pas souvenir que ça posait pb, au contraire le frottement permet de se relâcher un peu sans qu’il retombe direct.
Je ne me souviens plus si on lui avait fait enlever ses skis avant.
Sinon déjà fait aussi l’exercice de chute en crevasse, j’avais pas trouvé trop difficile d’enrayer la chute. Même configuration, glacier enneigé, par contre là la « victime » pendait complètement dans le vide (superbe immense crevasse sous les Bans). Bon faut dire, comme c’est un exercice on s’attend à ce que ça arrive et on a tout ce qu’il faut à portée de main (plus le contre assurage au cas où).
De mémoire on avait fait un corps mort avec piolet puis système de démultiplication de force je sais plus trop comment par contre mais sans poulie de mémoire. Machards et mousquetons. Aucun pb pour remonter la « victime » Hélas je ne saurais pas le refaire (faudrait que je révise)
Bon désolé j’ai pas lu tout le fil si ça se trouve vous avez déjà dit tout ça (ou son contraire) en plus précis et argumenté.
Noeuds de freinage sur glacier: étude de l'ENSA
c’est également une grosse brutasse capable de sortir son pote du crevasse à la force du poignet
Bonjour à tous.
C’est ce qui est fait pour les encadrants FFCAM dans les stages ski-alpinisme UV2 « Sécurité sur glacier ». Pour le corps mort, lors de mon stage on le faisait avec le piolet, ce qui permet de ne pas glisser vers la lèvre puisqu’on a toujours les skis aux pieds. Et moi avec mes moins de 50kg, j’avais réussi à retenir quelqu’un de (forcément) nettement plus lourd (bon, je n’ai pas fait avec quelqu’un de 80kg non plus!). Mais c’est vrai que ça avait été compliqué pour la confection de l’ancrage.
Quant au problème en situation réelle, la seule fois ou quelqu’un est tombé à 15m de profondeur dans une crevasse en ski dans mon groupe, on n’était pas encordé (on est tout de même rarement encordé en ski de rando). Donc c’est beaucoup plus simple pour l’ancrage.
P’tit’ étoile.
Edit: je viens de lire le post de pasinvite, donc c’est un peu la même expérience.
Lol. Oui forcément. Chute de 15 mètres? Il s’en est sorti dans trop de bobos?
Oui sauf que moi l’exercice c’était pas en ski mais en crampons. Ça doit être plus facile j’imagine.
Oui, elle s’en est sortie sans bobo car il y avait beaucoup de neige (c’est d’ailleurs pour ça qu’on ne voyait pas les crevasses: on pensait qu’on n’était pas encore sur le glacier) et sa « chute » a été lente (par à-coups a-t-elle dit ensuite), bien freinée par la neige.
P’tit’ étoile.
Euh non en fait … je sais par expérience (de chutes ou d’essais comme @Rob.Bonnet l’a fait) que pour toute chute en crevasse, il n’est pas possible de remonter la personne à la force de ses poignets, voire de ses cuisses. Dès qu’il y a frottements, c’est mort. Sur la glace, les frottements sont généralement faibles …
- sauf que dès tu as un angle (genre t’es tombé dans une crevasse), les frottements augmentent.
- sauf que la corde touche la glace avec une tension, elle va marquer rapidement la glace et augmenter les surfaces de contacts, les frottements augmentent encore … Dès que le poids au bout de la corde est conséquent, sans mouflage bien monté, c’est mort.
Dans la neige, c’est même tellement pire, qu’un simple nœud sur une corde laissée traînante derrière toi peut te bloquer en cas de chute = l’objet de cette étude. Pour info, cette technique est pratiquée depuis très longtemps par divers soloistes. Celui qui m’a enseigné divers choses en montagne m’en parlait dans les années 80. Il le pratiquait dès les années 70.
Et juste un détail : sauf à n’avoir que peu d’expérience en montagne, on ne tombe pas dans une crevasse sur un glacier tout en glace. Les crevasses sont visibles, la glace vive (de glacier) n’est pas un matériau piégeux comme peut l’être la neige, on ne se jette pas dans les crevasses normalement. La configuration chute en crevasse sur glace vive = frottements faibles, n’existe statistiquement pas.
Je trouve que penser que sortir un gars d’une crevasse en le tirant, sauf à être une tripotée, est une erreur. S’entraîner régulièrement comme le conseillent Rob et les autres est la solution qui permet de ne pas être démuni en cas d’accident.
Il faut vraiment être déjà tombé volontairement ou non dans une crevasse pour comprendre que :
- tu arrives dans un endroit tout sombre et anxiogène,
- les sons ne passent pratiquement pas, il faut compter faire les manips de part et d’autre juste sur l’entraînement,
- les paquets de neige lourde et humide que t’as sur le dos pèsent un âne mort,
- se nettoyer, se retourner, enlever les skis sans les perdre, les sécuriser …
- et déjà avoir froid et trembler dans cet air bien qu’à seulement 0 degré,
- mais avec 100% d’humidité et de la glace autour n’ayant qu’un objectif : achever sa transition de phase,
- l’adrénaline redescend, elle t’avait bien vasodilaté au début aggravant les choses, la neige t’ayant bien humidifié, et tu n’étais pas forcément bien vêtu au soleil, là-haut …
- mettre un bloqueur sur la corde sous les tremblements de ton corps,
- que tu remontes ou qu’on te remontes, le passage de la lèvre est très physique, la corde a profondément entaillé la lèvre et tailler cette neige lourde avec tes skis ou ton piolet à coup de gestes fatigués et imprécis n’est pas des plus indiqués pour l’intégrité d’une corde de 8 mm tendue comme un string sur les fesses de Kardashian …
Et personnellement, si je suis certain de savoir encore monter un mouflage efficace, je suis plus que pas certain de pouvoir remonter seul …
Et s’entraîner est très important, ça permet de mécaniser certains gestes et libérer des neurones pour d’autres choses.
Et un nom qui commence par la même lettre ! Par contre, je ne sais pas comment je suis sensé comprendre la seconde phrase …
je plaisantais hein ? C’est évident que même une grosse brute avec des avants-bras comme mes cuisses comme toi n’y arrivera pas…
Pareil.
Le mouflage, c’est de la méthode, mais si tu fais tt ds l’ordre, ca fonctionne très bien.
La remontée sur corde, c’est bien beau qd on essaye à la salle, mais qd on se retrouve brutalement ds une situation qu’on n’attendait pas, c’est une autre histoire - sans parler du franchissement de la lèvre qui peut être épuisant, voir quasi impossible.
Merci
Tu as traduit ma pensée en mots, merci.
Je ne suis pas près de sortir sur glacier avec la majorité des intervenants sur ce post, tu les as remis à leur place, merci.
Merci.
Le seul truc:
Ben si. Glacier = Veste Goretex sur soi. Même si t’as trop chaud. Une fois en bas ça change tout.
Sinon, encore merci.
C’est la théorie, oui … Mais qui ne s’est jamais dévêtu dans le fond d’un glacier ? Sans vent, au soleil, en ski de printemps les chaleurs peuvent être carrément démentes sur le glacier ! Et te faire oublier qu’en cas de chute, une simple pente de neige devient un piège brûlant sans manches longues et un piège froid dans une crevasse. Y’a la théorie et il y a la pratique : on ne tombe pas forcément dans une crevasse bien préparé. Que celui qui n’a jamais fauté …
Ce n’était pas l’objectif de remettre qui que ce soit à sa place, mais juste de rappeler qu’une chute en crevasse, c’est pas quelque chose d’anodin. Un peu un rappel sur la sécurité en somme.
Entre la théorie et MA pratique, il y aussi évidement un monde … qui ne me permet pas (plus ?) d’être trop exigeant avec les autres.
Bonne initiation à la tribologie, la remontée de crevasse !
Tout est dit. Je suis toujours très dubitatif de voir des cordées trainer des noeuds sur leur corde. Ca interdit quasiment tout espoir de secours autonome. Remonter une corde sans noeud représente déjà un sacré effort. C’est pour moi juste inimaginable de franchir des fractionnements.
Ce n’est parce-que des guides utilisent cette méthode avec leur client pas forcément entraînés au risque, que ces mêmes techniques soient a conseiller aux cordées autonomes qui n’ont pas les mêmes besoins de sécurité active.
On est pas censés être encordés en Z et avoir une longueur de corde libre à envoyer à la victime ?
si mais je pense à la remontée lorsque tu es suspendu. C’est sur ce brin que sont faits les noeuds. Le « Z » c’est pour faire le mouflage et s’il est assez long, pour essayer le mouflage en traction directe (Autrichien ? le plus efficace à mon sens dans le cas ou il y a une autre cordée en surface pour aider)
La reserve de corde peut parfaitement servis à remonter sur la corde. Faut juste bloquer la microtrac de la tête de mouflage dans ce cas.
Autre avantage ça évite d’avoir le poids du sac en dessous, selon la façon dont tu renvoies la corde libre en dessous c’est confortable.
je ne vois pas bien la manip…
quand tu te vautres ton assureur fixe la situation: tu es pendu sur la corde à noeuds.
Tu te débarrasses de ton sac et l’accroche en dessous de toi à ta propre réserve de corde.
Il t’envoie sa réserve de corde sans noeuds te permettant de remonter sur cette corde (je répète bloquer la tête de mouflage dans les 2 directions dans ce cas là).
Comme tu remontes sur une corde sans poids en dessous tu peux faire un renvoi sur l’autobloquant qui tient ta pédale avec la corde en dessous, ce qui est confort pour remonter (même genre que la méthode Grigri Jumar quand on fait des photos en falaise ou qu’on équipe).
Tu as tout dit.
Tu as tout à fait raison de préciser qu’on ne tombe pas en crevasse sur le bas de la mer de glace mais dans un environnement plutôt neigeux. Ce qui change tout. Rien que d’installer la tête de mouflage… Pour les collègues qui ne sont pas tombés, psychologiquement ça change beaucoup également car ils prennent conscience qu’ils sont dans un champ de mine. De l’image du glacier immaculé tout blanc qu’ils avaient 5mn avant, ils ont maintenant dans la tête un environnement ou il n’y a que des ponts de neige foireux. Mine de rien ça inhibe les déplacements autour du pot.
Le stress et le froid dans la crevasse, la gestion du matos à enlever sans le perde, c’est tout à fait vrai. Au début te trembles, tu as froid, il faut vraiment faire attention à chaque manip. Le fait de passer à l’action t’aide à évacuer le stress. Surtout quand tu vois que ça se passe plutôt bien.
Aucune communication possible avec l’extérieur. Je trouve que c’est ça le plus difficile car tu ne sais pas ce que font tes collègues en surface et ils ne savent pas ce que tu fais, si tu es blessé… Lors de mon unique expérience j’avais pensé à un moment me vacher sur broches dans la crevasse pour qu’il y ait moins de tension et que mes 2 collègues installent la tête de mouflage. Mais sans communication, c’est trop risqué. Quand est-ce que tu sais que le mouflage est OK et que tu peux te pendre dans la corde? Du coup j’ai préféré remonter sur corde.
Je viens de retrouver cette vidéo. A poster à chaque fois que quelqu’un parle d’aller se balader seul sur un glacier :
Tu fais ça comment avec une microtrac ?