Corde tendue: risque et bénéfice

Pour faire simple et court :

  1. C’est le leader qui décide du type de progression en fonction : du niveau de la cordée et du passage à effectuer.
  2. Il faut distinguer progression « corde tendue » et progression « corde courte » (dit aussi « laisse », ou « anneaux à la main ») qui doit se faire seulement là où il n’y a aucun risque de chute probable !
  3. Sans quoi on progresse par « longueurs », ou bien sans encordement (couloir de neige en piolet/crampons, par exemple).
    D’autant que le temps gagné en progression corde tendu est très relatif, selon les conditions.

En tenant la corde à la main et court, et dans le terrain qui va bien, il y a bien évidement des risques de chutes. Le terme aucun risque de chute probable n’a pas de sens. Par contre, cette technique, utilisée par un leader expérimenté assurant un second peu expérimenté, permet d’enrayer la chute du second peu expérimenté. C’est particulièrement efficace à la descente en neige où le leader peut avoir constamment un œil sur les pieds de son second, et par exemple réagir aux crampons se prenant dans l’autre jambe.

Les anneaux servent juste à gérer la longueur de corde.

Avec 2 personnes expérimentés et ds le même type de terrain, une analyse de risque conduirait souvent, je n’ai pas écrit toujours, à progresser décordés. Mais si on est déjà encordé, c’est plus rapide de garder la corde, à fortiori si la corde pourrait servir ultérieurement. C’est grosso modo la configuration du glacier carré en cdts.

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Bin le second que j’emmène en général au bout de ma corde, même si je sais qu’il est capable de faire tel passage en corde tendue, il y a des fois où il ne veut pas. Je ne vais pas le forcer…

Je ne sais pas.
A la louche, il y a du y avoir une dizaine d’accidents de ce genre, pour 100000 ascensions, dont 50000 cordées homogènes. Ce qui donne un risque de 200 ppm.
C’est un risque bien supérieur à mon risque acceptable, qui est entre 1 et 10 ppm. Même avec un seul accident, ça donne 20 ppm.
Mais à chacun de gérer selon son risque acceptable. Ce que j’ai constaté, c’est que ce n’est pas la majorité des cordées homogènes qui passent le Glacier Carré décordées.

Mon propos de base est que dans une pente de neige non protégeable, on passe soit décordé, soit en corde courte tendue en mode « guide-client », et que les autres types de progression sont + risquées. Mais malgré tout, un type de progression + risqué peut avoir quand même un risque inférieur à son risque acceptable.
Le risque de dévissage dans une pente de neige dépend principalement de la maitrise des 2 membres de la cordée à anticiper toutes les causes et situations où on peut commencer à glisser, en particulier toutes les causes qui font qu’un pied en appui commence à glisser. Une fois qu’on maitrise cette anticipation, le risque baisse fortement. Et donc on ne peut pas généraliser aux autres cordées le risque ressenti (ou mesuré) dans sa cordée. Il n y’ a donc aucun paradoxe à ce qu’une cordée estime prendre un risque inférieur à son risque acceptable en progressant encordé long (ou court détendu), alors qu’une autre estime que seule la progression décordé ou en corde courte tendue leur permet de baisser suffisamment le risque.

À mon avis le fait de trébucher, ou de s’encoubler les crampons n’est pas négligeable non plus.
Voire même de perdre un crampon même si ça doit être plus rare.

Oui bien sûr. Ça fait partie de « toutes les causes et situations où on peut commencer à glisser ». Mais ce que tu indiques est plus facilement maitrisable que d’être sûr à 100% à chaque pas que le pied qui recevra tout le poids du corps une fois qu’on aura levé l’autre pied, ne s’effondrera pas.

tu ne conduis jamais?

En 2019 en France, il y avait 181 millions de déplacements locaux par jour (hors WE), dont 113,7 millions en voiture (source).
Si on considère 45 semaines hors congés, ça donne au minimum 5,1 milliards de trajets par an (sans compter les WE et vacances).
Il y a environ 3000 morts en voiture par an en France. Ce qui donne un risque par trajet de 0,6 ppm. C’est compatible avec mon risque acceptable. Ok, il faudrait refaire le calcul en comptant les blessés graves.
De la même façon, je regarde le risque de parcourir telle pente, et il faut qu’il soit de l’ordre de 1 ppm max. Si je dois parcourir 10 pentes dans la journée, ça multiplie le risque par 10, mais comme je vise un risque par pente de ~1ppm, à la fin de ma vie le risque cumulé sera encore suffisamment faible pour qu’il y ait peu de chance que je meurs en montagne. Voilà voilà…

Tu fais vraiment ce genre de calcul, en montagne ?
Moi, c’est plutôt « comment je me sens ? » (timing, fatigue, altitude, raideur de la pente par rapport à mon habitude, confiance ds mon matériel…)
Et selon tt ça, soit c’est bon, je le sens bien, soit je ne le sens pas trop.
Je vois avec mon équipier qui fait la même chose, et on décide ensemble : corde courte tendue, tirer des longueurs, ou passage « non assurés » anneau à la main ou désencordé, selon ce qu’il y a à faire.
Ca reste assez intuitif, le seul truc étant de ne pas se croire assuré si on a pris une option qui n’assure pas en cas de chute.

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En analyse de risque, c"est bien, essentiel, de factualiser, de poser les choses suivant une grille de lecture « normée et exhaustive ».
Par contre, sortir des chiffres pour se pignoler dessus, n’aide généralement pas beaucoup.

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Le glacier carré tu le traverses une fois, a la rigueur quelques fois dans ta vie. Et des situations comme cela, a moins d’etre pro, tu en a combien dans ta vie?
Des trajets en voiture tu en fais combien? dans une semaine? dans une vie?
En annalyse du risque il ne faut pas oublier de tenir compte de la recurence de l’evenement que l’on considere, et pas simplement du risque ponctuel.

Si tu normalise par la distance parcourue (au lieu du nombre de trajet qui n’est pas une tres bonne metrique considerant que le risque augmente avec la duree de conduite) tu arrives a 0.005 ppm par Km (3000 morts pour 600 milliards de Km). Alors oui ca parrait tres faible, mais sur un trip escalade loin de chez toi (en espagne par exemple) ou tu fais tranquillement 1000-2000 Km le risque passe a 5-10 ppm. Rien que sur cet exemple tu es deja au dela ou tres proche de ta limite.

Aux US, le risque moyen cumulé de deces par accident de la route est de 1/107!

Merci pour cette explication, c’est très clair.

Après je ne sais pas pourquoi mais de manière assez irrationnelle je trouve que la corde me rassure, et me place dans un état de concentration optimale.

Pour rester sur l’exemple du glacier carré, je pense que je me caguerais de le faire sans corde.

A la base j’ai recherché une valeur du risque acceptable pour le risque d’accident d’avalanche. Dans ce cas, on peut facilement devoir évaluer le risque pour 10 ou 20 pentes différentes par sorties (en éliminant d’abord les pentes trivialement safe). En effet, pour ne pas se louper il faut évaluer le risque pente par pente traversée ou sous laquelle on passe, pas en évaluant le risque pour tout l’itinéraire d’un coup.
A 100 sorties par an pendant 50 ans, ça fait 100000 pentes différentes dans une vie. Avec un risque acceptable de 1 ppm, ça donne un risque d’accident d’avalanche de 10 % au bout de sa vie (1 - 0,999999100000 = 1 - 0,905 = 9,5%).
Les valeurs exactes sont discutables, mais c’est l’ordre de grandeur qui compte.
Quand j’ai compris ça, j’ai complètement changé ma gestion du risque. Le but n’est pas de trouver des méthodes de réduction qui permettent de faire passer un risque de 30% à 10 ou 5%, mais d’en trouver qui divisent le risque par 10, 100 ou 1000 d’un coup. Donc quand je vois une méthode compliqué et fastidieuse qui ne réduit le risque que de 20 ou 30%, je ne l’utilise pas. Il faut des méthodes largement plus efficaces, il ne faut pas faire dans la dentelle (en tout cas pour les premières méthodes qu’on met en oeuvre, on aura tout le loisir de faire de la dentelle une fois atteint 5 ppm, pour descendre à 1 ou 2 ppm).

Pour les risques autres que le risque d’avalanche, on n’a peut être pas 100000 situations à gérer dans sa vie, mais peut être 10000 ou 40000, ou seulement 1000. Le risque acceptable pour ce type de risque peut alors être plus élevé. Mais pour un type de risque récurrent, que je dervrai gérer de nombreuses fois dans ma vie, mais je ne sais pas forcément combien, par défaut je prends un risque acceptable d’1 ppm quand même, pour être sûr de prendre assez de marge. D’autant plus que je peux ainsi réutiliser des techniques développées pour le risque d’avalanche, vu que l’ordre de grandeur est le même.

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Sauf que tu ne seras pas deux ds le même état fois sur la même pente, qui elle même ne sera pas ds le même état.
Du coup, les stats que tu auras faites patiemment ne seront plus forcément valables devant ce cas particulier…

Il faut demander à Bubu pour les statistiques, enfin plutôt des chiffres. :slight_smile: Je n’ai jamais parlé de stat.

et tu ne fais donc jamais plus de 200 Km en voiture :wink:

tu fais pas semblant de skier toi en tout cas!

C’est assez habituel de se sentir rassuré par la corde, ça peut même être un intérêt si l’on est du coup plus concentré sur son action que sur la peur et donc plus pertinent.
Mais de manière rationnelle, si la corde ne permet pas de s’assurer correctement et risque d’augmenter les conséquences d’une chute, alors c’est bien d’être conscient de ça dans son choix de progression :slight_smile:

Parce que les logorrhée sur les ppm de risque, pas besoin de dire ce que je pense de leur utilité :smirk:

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Genre : Pas Pertinent en Montagne?

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C’est aussi vrai en via, les gens flippent sur leur longes, tu les encordes et ça va tout seul