Corde tendue: risque et bénéfice

Pour la dernière méthode on pourrait dire qu’on est en corde tendue des que le second range l’appareil d’assurage et se met à grimper. Avoir des anneaux de buste ça permet juste de brasser moins de corde et de facilement alterner entre la corde tendue et des longueurs.

1 Like

Merci pour le temps consacré à la question, toutes les remarques m’ont été utiles. Mon avis, non professionnel, parmi les autres :

  • cas 1.1, 2.1 et 2.2, certains « « schémas hors sujet car cordes non tendues» : nous sommes d’accord, ne relève pas de la méthode corde tendue (même si vu), que du risque en plus, possibilité qu’une chute de pierre attrape la corde et tt le monde en bas, la corde traînant par terre est un « balai à cailloux », j’aime !

  • « corde tendue ne signifie pas non assurage en début et fin de progression », : yep, assurage début/fin permet de ne progresser qu’en corde effectivement tendue, manips supplémentaires départ et arrivée peu chronophages, gain décisif en terme de risque ! Et dans ce cas effct, la méthode évite ss doute une issue fatale même si possibilité de blessure grave.

  • « flemme, et égo », je confirme cela existe !

  • « encordé=assurage, sinon désencordage ». Cela permet au moins de ne pas s’autoconvaincre (ou plus grave convaincre son binome) d’un niveau de protection qui n’existe pas, même si la remarque concernant le risque de « faire/défaire » les nœuds se comprend aussi,

  • « équilibre risque et bénéfice » : effectivement le gain de temps est parfois stratégique (sortir avant la nuit, météo…),

  • « paramètre frottement non négligeable, corde élastique amortissant choc » : tout à fait d’accord, mes valeurs de vitesse sont enveloppantes,

  • la définition précise de la méthode corde tendue : indispensable si on veut en faire une méthode, sans doute cela existe-t-il, mais je ne connais pas,

  • « on ne tombe pas » : yep, dans la mesure où l’ensemble de la cordée a accepté dès le début le principe.

Voilà, cela ne remplacera pas la formation par un professionnel ou la conduite par une personne certifiée, mais cela aide aussi !

Bonne soirée.

De manière structurée tu peux parler :

  • De corde courte, lorsque (sauf cas particulier comme la pente de neige raide) les personnes de la cordée progressent simultanément, le leader ayant des anneaux à la main avec 5-10m de corde. La réserve de corde permet de gérer de petits ressaut/gradins et offre une sécurité dans certains cas (chute sur arrête horizontale par exemple). Les anneaux à la main, le leader va retenir un déséquilibre mais pas une chute. C’est donc une méthode destinée à une cordée inhomogene et un leader très expérimenté…

  • De longueurs, mini longueurs, micro longueurs ; lorsque le leader progresse de points d’arrêts (ou relais selon le terrain…) en point d’arrêt avec assurance systématique lors de la montée du second (selon le contexte sur le relai, par frottement sur le rocher, à la taille, …).

  • Et de progression simultanée (corde tendue en langage courant) lorsque les personnes progressent ensemble, sans que le leader n’ai d’anneaux à la main. On a alors 10-20m de corde entre le leader et le second selon le terrain, et pas nécessairement de points de protection selon le terrain/contexte : ce qui importe, c’est qu’en cas de chute d’une personne de la cordée, le frottement permette de gérer cette chute. C’est le cas en glacier, ou sur une arête où l’un peut faire passer la corde autour des rochers sans avoir besoin de rajouter des points.
    Dans des contextes où l’utilisation du rocher est limitée, on placera des points de protection et c’est le peu de raideur ou la configuration du terrain qui permettra de freiner la chute.

La progression simultanée en terrain raide, ou traversée avec peu de frottement n’est pas une technique qu’on devrait utiliser, car les conséquences d’une chute sont alors très élevées…
On fera cependant des exceptions pour des terrains nettement moins techniques que le niveau d’aisance de la cordée, ou une optique de gain de temps avec acceptation d’une grande exposition…
Mais pour un usage courant, il y a peu à gagner à faire de la progression simultanée en terrain raide. Pour exemple, les guides Suisses ne font jamais de « corde tendue » au Cervin (de la corde courte oui), et leurs horaires sont rapides…

5 Likes

Un truc que j’ai remarqué récemment c’est qu’en progression simultanée, sauf que si on est parti avec un tas de matos, on ne fait pas beaucoup moins de relais qu’en tirant des longueurs, et le gain de temps n’est pas énorme non plus.

Pas tout à fait d’accord.
Pour une cordée homogène et expérimentée, lors de la remontée (ou descente) d’un bout de couloir neigeux après et avant des difficultés rocheuses, si on ne souhaite pas perdre de temps à se décorder, il vaut mieux se mettre en mode leader/second et corde courte.
Ensuite tout dépend du temps passé à raccourcir la corde par rapport à se décorder.

Rien de plus ch…t (pour le premier) qu’une cordée en corde tendue (sur une arête par exemple) avec un second qui ne suit pas le rythme du premier.

Par contre, avec une cordée homogène qui va se relayer naturellement, c’est un type de progression très agréable.

Il est bien rare de trouver des gens qui vont vite en corde tendue avec des points dans les terrains décrits par @alfaromeo32. C’est une illusion de croire qu’on va plus vite en corde tendue à cinquante mètres dans les terrains faciles. Dans ce type de terrain, le plus habile ne doit non seulement pas tomber, mais en plus être capable de retenir son second. Et ça, ça passe par :

  • une attention de tous les instants,
  • un entraînement au terrain varié,
  • une corde tendue à deux mètres avec des ajustements rapides pour passer un passage plus dur sur le moment,
  • il est très rare d’arrêter une chute de ton second : normalement, à deux-cinq mètres, tu peux faire de la corde tendue : pas de chutes, juste un rattrapage de déséquilibre avant la chute justement. A vingt mètres, c’est impossible.

Quand je fais de la montagne avec d’autres, ce qui est assumé, c’est qu’avec mes 105 kg nu, si je tombe, bien peu de gens seront en capacité de me retenir. Par contre, ce poids m’a déjà servi pour bloquer des chutes, au moins une fois, un lourd dans le Serret du Savon par exemple.

J’ai vécu/vu plusieurs chutes en corde tendue en terrain rocheux, c’est rare qu’une chute ne se fasse pas en vrac sur le tas de cailloux dessous plutôt que dans la corde : le terrain n’est souvent pas assez raide. En tout cas en Oisans.

Une erreur très commune est de faire de la corde tendue dans une longueur facile, puis dure. Si on fait ça, il faut être clair qu’on délègue au second l’injonction : ne pas tomber. En cas de chute le premier est tiré comme un bouchon de champagne vers le bas et bombe très vite. Un copain s’est fait très mal à la Meije comme ça. Pourtant quelqu’un du secours en montagne : j’ai retiré de son enseignement deux choses : pas de montagne sans sac à dos qui apporte une protection dorsale et pas de corde tendue en terrain d’aventure si terrain facile puis difficile, mais l’inverse pour être capable de retenir une chute et de toujours bien gérer l’avancement pour être en corde tendue justement (puisque le leader se retrouve dans du terrain facile).

Je rejoins totalement le commentaire de @Francois_G453303.

C’est aussi un balai à becquets qui pourrait te sauver la vie.

+++++

Oui, mais là, ce n’est aucun des modes de progression décrits auparavant : il ne s’agit que de porter la corde à deux.

3 Likes

On parle de techniques d’assurage, pas de porter la corde :wink:
Il faut être bien conscient qu’à deux grimpeurs de même niveau, la corde courte anneaux à la main n’apporte pas de sécurité mais un risque. Si c’est le leader qui a un déséquilibre, le second ne peut rien pour lui et la cordée dévisse : c’est à priori aussi probable que l’arrêt d’un déséquilibre du second…

@rufus97 :
Si tu ne gagne pas de temps en simultané, c’est probablement que tu le réalises sur un terrain non adapté ? Pour que cette technique fonctionne et soit sure, il ne faut pas avoir à poser un point tous les quelques mètres car terrain trop raide ou technique…
Un exemple de terrain qui marche bien : traversée des Perrons de vallorcine, en alternant progression simultanée, corde courte et quelques micro longueurs (3 vraies longueurs pour début de vouilloz et ifala), le rythme est rapide. Pour ça je ne pose aucun point de protection, tout se fait en sécurité grâce au frottement de la corde sur le rocher.
Dans des terrains moins adaptés, j’ai toujours gagné du temps ( ou mis un temps égal en sécurité) à ne pas faire de progression simultanée : 1) parce que ça me permet de grimper avec plus de sérénité et plus vite, en protégeant éventuellement moins. 2) Parce que ça permet au second de grimper beaucoup plus vite sans stress.

4 Likes

'+50000

2 Likes

Oui je parlais de la progression simultané dans du plus raide/technique, alors justement dans la situation que tu déconseilles.

Désolé, mais si un leader expérimenté juge que ce risque est faible avec un second peu expérimenté (genre guide et client), je pense que 2 personnes expérimentées ne prennent pas plus de risque (si ce n’est pas le cas, ça signifie qu’ils ne sont pas si expérimentés que ça).
Je parle juste d’un passage de 50m, pas d’un couloir de 500m.
Typiquement, quelle est la proportion de cordées homogènes qui se décordent pour remonter le Glacier Carré à la Meije (quand il est en bonnes conditions de neige, sans avoir besoin de s’assurer sur le rocher) ?

Bon je sors peut-être des clous (et du sujet) encore une fois, tant pis: pour moi en terrain facile homogène c’est beaucoup moins dangereux et rapide pour une cordée homogène de carrément se décorder. Quand je vois des gens avancer en corde tendue sur une pente de neige assez dure de 40° ou plus je trouve ça débile; quiconque a fait une école de neige sait bien qu’une chute non enrayée instantanément est inarrêtable par quelqu’un en mouvement.

2 Likes

Encore une fois, je n’ai pas dit qu’il était impossible d’évoluer les anneaux à la main pour une cordée homogène, simplement qu’il faut être conscient de ce que ça implique. En premier lieu, dans l’immense majorité des cas, cela revient à progresser en « solo encordé ».
Pour qu’un assurage en corde courte soit efficace, il faut :

  • que la corde reste sous tension permanente (sauf zones de vires/terrasses où une chute n’a pas d’impact…)
  • Que le leader soit attentif et concentré sur l’assurage, qu’il ai le temps d’anticiper sa stratégie
  • Que le leader soit en permanence bien sur ses appuis

Ça fonctionne donc avec une cordée inhomogène, lorsque le leader avance avec une grosse marge (pas seulement technique mais aussi physique et mentale). C’est généralement impossible pour une cordée homogène, où le second avance plus vite que le leader (parce qu’aucune charge mentale ni d’assurage ni d’itinéraire).

Tu cites un exemple pertinent avec le glacier carré : la majorité des cordées « amateur » (ça peut être deux guides sur la cordée ça ne change rien) va le parcourir anneaux à la main en bonnes conditions. Une grande partie le fait sans s’assurer correctement, et augmente le risque (cordée de guides comprise). Ce n’est pas un soucis, à condition d’en être conscient :wink:
Je suis très bien placé pour en parler, on en bouffe des kilomètres de corde courte entre collègues durant la formation du guide (on passe assez peu de temps avec les « cobayes »…) : c’est intéressant dans une démarche pédagogique, mais absolument inefficace en terme de sécurité. Et très pénible, quand tu essayes d’assurer correctement un mec qui te marche sur les chaussures tous les 3 pas !
Dans le contexte pro, avec client(s) au bout de la corde, là ça fonctionne très bien sur des terrains adaptés. Et heureusement car ça arrive très souvent de retenir un déséquilibre qui aurait sinon fini en bas de la montagne… Idem pour une cordée amateur avec un niveau non homogène.

En résumé : la bonne pratique pour maximiser la sécurité entre deux pratiquants de même niveau (sauf défaillance physique ou mentale d’une personne), ce serait de ne jamais faire de corde courte… Ce qui n’empêche pas en étant conscient des risques de progresser en « solo à deux » les anneaux à la main : c’est un choix.

5 Likes

Tu devrais t’ouvrir l’esprit sur l’analyse de risque, l’occurrence, le danger, les conséquences, tout ça, tout ça … Évidement, @Rob.Bonnet ne dit pas autre chose que : une cordée expérimentée est dans tous les cas plus en sécurité qu’une cordée inhomogène. Mais la réponse à l’analyse de risque d’une cordée vraiment homogène devrait te conduire soit à virer la corde, soit à considérer que ce n’est qu’un accessoire que tu portes à deux, soit il y a un autre élément pour lequel cette corde est utile, mais pas l’amélioration de la sécurité vis-à-vis de la chute.

2 Likes

C’est très « pratique » qd cela permet de gagner qlqs dizaines de mètres en fin de longueur.
Ca peut également aller relativement vite sur du long mais il faut le matos pour protéger ou accepter de ne pas trop protéger.

Par contre, la prise de risque augmente significativement, avec grosso-modo la chute des 2 qd 1 tombe. Un point à ne pas sous-estimer : on ne se repose pas mentalement en second. Dans un terrain pénible, c’est tout de même pas mal d’avoir du vrai repos, mental et physique, en alternant vrai leader et vrai second au relais.

Suivant la configuration, ça peut même dériver vers du solo encordé (sans points séreux entre les 2), avec donc une prise de risque encore plus importante.

Comme toutes les techniques, ça présente des avantages et des inconvénients. Ca nécessite de bien se connaitre et d’avoir accepté de se mettre une boite qd l’autre tombe. C’est donc plutôt à envisager avec modération.

.

Etre encordé permet également de tirer des longueurs qd on le souhaite. Qlq part, c’est plus rapide que de s’encorder, se décorder, s’encorder … Mais la boite, il est probable qu’on l’a prendra à 2. L’ajout de bloqueurs sur les points de progression limite cela mais j’attends de voir.

2 Likes

Oui, tu le ranges à

Mais ça ne change pas l’analyse de risque du moment.

:+1:

1 Like

C’est peut-être débile, mais c’est ce qu’on apprend en école de neige
L’intérêt est j’imagine justement d’arrêter d’enrayer la chute avant qu’elle se produise.

Pas exactement.
Il s’agit surtout de progresser simultanément à quelques mètres, avec la corde à la main, et qlqs anneaux pour gérer la longueur de corde. Le leader peut donc enrayer instantanément un déséquilibre car il tient la corde à la main. Ca dépendra bien sur du terrain et des compétences, notamment du leader.

En corde tendu, cad sans tenir la corde, c’est tout de suite beaucoup plus compliqué d’enrayer un déséquilibre. A fortiori si tu es à 10m-20m.

J’ai parlé de personnes expérimentées, c’est à dire conscients de ce que signifie un bon assurage en corde courte. Pas de guignols qui font n’importe quoi !

Et bien va-z-y. Combien de dévissages de cordées homogènes sur le Glacier Carré depuis 150 ans ? On connait assez bien la fréquentation, et l’accidentologie, il doit être assez facile de calculer le risque réel.

:scream: Je pense que les aspis et les profs de l’ensa vont apprécier la remarque …

Que cherches-tu à dire ? Que le risque est fort ou faible ? Que l’occurrence est probable ou improbable ? Que la gravité est mineure ou majeure ?

Je ne comprends pas ce que tu cherches à dire.