À mon avis le fait de trébucher, ou de s’encoubler les crampons n’est pas négligeable non plus.
Voire même de perdre un crampon même si ça doit être plus rare.
Corde tendue: risque et bénéfice
Oui bien sûr. Ça fait partie de « toutes les causes et situations où on peut commencer à glisser ». Mais ce que tu indiques est plus facilement maitrisable que d’être sûr à 100% à chaque pas que le pied qui recevra tout le poids du corps une fois qu’on aura levé l’autre pied, ne s’effondrera pas.
tu ne conduis jamais?
En 2019 en France, il y avait 181 millions de déplacements locaux par jour (hors WE), dont 113,7 millions en voiture (source).
Si on considère 45 semaines hors congés, ça donne au minimum 5,1 milliards de trajets par an (sans compter les WE et vacances).
Il y a environ 3000 morts en voiture par an en France. Ce qui donne un risque par trajet de 0,6 ppm. C’est compatible avec mon risque acceptable. Ok, il faudrait refaire le calcul en comptant les blessés graves.
De la même façon, je regarde le risque de parcourir telle pente, et il faut qu’il soit de l’ordre de 1 ppm max. Si je dois parcourir 10 pentes dans la journée, ça multiplie le risque par 10, mais comme je vise un risque par pente de ~1ppm, à la fin de ma vie le risque cumulé sera encore suffisamment faible pour qu’il y ait peu de chance que je meurs en montagne. Voilà voilà…
Tu fais vraiment ce genre de calcul, en montagne ?
Moi, c’est plutôt « comment je me sens ? » (timing, fatigue, altitude, raideur de la pente par rapport à mon habitude, confiance ds mon matériel…)
Et selon tt ça, soit c’est bon, je le sens bien, soit je ne le sens pas trop.
Je vois avec mon équipier qui fait la même chose, et on décide ensemble : corde courte tendue, tirer des longueurs, ou passage « non assurés » anneau à la main ou désencordé, selon ce qu’il y a à faire.
Ca reste assez intuitif, le seul truc étant de ne pas se croire assuré si on a pris une option qui n’assure pas en cas de chute.
En analyse de risque, c"est bien, essentiel, de factualiser, de poser les choses suivant une grille de lecture « normée et exhaustive ».
Par contre, sortir des chiffres pour se pignoler dessus, n’aide généralement pas beaucoup.
Le glacier carré tu le traverses une fois, a la rigueur quelques fois dans ta vie. Et des situations comme cela, a moins d’etre pro, tu en a combien dans ta vie?
Des trajets en voiture tu en fais combien? dans une semaine? dans une vie?
En annalyse du risque il ne faut pas oublier de tenir compte de la recurence de l’evenement que l’on considere, et pas simplement du risque ponctuel.
Si tu normalise par la distance parcourue (au lieu du nombre de trajet qui n’est pas une tres bonne metrique considerant que le risque augmente avec la duree de conduite) tu arrives a 0.005 ppm par Km (3000 morts pour 600 milliards de Km). Alors oui ca parrait tres faible, mais sur un trip escalade loin de chez toi (en espagne par exemple) ou tu fais tranquillement 1000-2000 Km le risque passe a 5-10 ppm. Rien que sur cet exemple tu es deja au dela ou tres proche de ta limite.
Aux US, le risque moyen cumulé de deces par accident de la route est de 1/107!
Merci pour cette explication, c’est très clair.
Après je ne sais pas pourquoi mais de manière assez irrationnelle je trouve que la corde me rassure, et me place dans un état de concentration optimale.
Pour rester sur l’exemple du glacier carré, je pense que je me caguerais de le faire sans corde.
A la base j’ai recherché une valeur du risque acceptable pour le risque d’accident d’avalanche. Dans ce cas, on peut facilement devoir évaluer le risque pour 10 ou 20 pentes différentes par sorties (en éliminant d’abord les pentes trivialement safe). En effet, pour ne pas se louper il faut évaluer le risque pente par pente traversée ou sous laquelle on passe, pas en évaluant le risque pour tout l’itinéraire d’un coup.
A 100 sorties par an pendant 50 ans, ça fait 100000 pentes différentes dans une vie. Avec un risque acceptable de 1 ppm, ça donne un risque d’accident d’avalanche de 10 % au bout de sa vie (1 - 0,999999100000 = 1 - 0,905 = 9,5%).
Les valeurs exactes sont discutables, mais c’est l’ordre de grandeur qui compte.
Quand j’ai compris ça, j’ai complètement changé ma gestion du risque. Le but n’est pas de trouver des méthodes de réduction qui permettent de faire passer un risque de 30% à 10 ou 5%, mais d’en trouver qui divisent le risque par 10, 100 ou 1000 d’un coup. Donc quand je vois une méthode compliqué et fastidieuse qui ne réduit le risque que de 20 ou 30%, je ne l’utilise pas. Il faut des méthodes largement plus efficaces, il ne faut pas faire dans la dentelle (en tout cas pour les premières méthodes qu’on met en oeuvre, on aura tout le loisir de faire de la dentelle une fois atteint 5 ppm, pour descendre à 1 ou 2 ppm).
Pour les risques autres que le risque d’avalanche, on n’a peut être pas 100000 situations à gérer dans sa vie, mais peut être 10000 ou 40000, ou seulement 1000. Le risque acceptable pour ce type de risque peut alors être plus élevé. Mais pour un type de risque récurrent, que je dervrai gérer de nombreuses fois dans ma vie, mais je ne sais pas forcément combien, par défaut je prends un risque acceptable d’1 ppm quand même, pour être sûr de prendre assez de marge. D’autant plus que je peux ainsi réutiliser des techniques développées pour le risque d’avalanche, vu que l’ordre de grandeur est le même.
Sauf que tu ne seras pas deux ds le même état fois sur la même pente, qui elle même ne sera pas ds le même état.
Du coup, les stats que tu auras faites patiemment ne seront plus forcément valables devant ce cas particulier…
Il faut demander à Bubu pour les statistiques, enfin plutôt des chiffres. Je n’ai jamais parlé de stat.
et tu ne fais donc jamais plus de 200 Km en voiture
tu fais pas semblant de skier toi en tout cas!
C’est assez habituel de se sentir rassuré par la corde, ça peut même être un intérêt si l’on est du coup plus concentré sur son action que sur la peur et donc plus pertinent.
Mais de manière rationnelle, si la corde ne permet pas de s’assurer correctement et risque d’augmenter les conséquences d’une chute, alors c’est bien d’être conscient de ça dans son choix de progression
Parce que les logorrhée sur les ppm de risque, pas besoin de dire ce que je pense de leur utilité
Genre : Pas Pertinent en Montagne?
C’est aussi vrai en via, les gens flippent sur leur longes, tu les encordes et ça va tout seul
On discute sur le fait que l’analyse de risque est modifiée selon des paramètres dans la cordée. Tu fais un fourre tout généraliste à grand coup de doctes chiffres pour faire croire à de la pertinence. Tu ne montre pas le moindre signe que tu ais compris de ce dont il retourne. On vient de comprendre grâce à toi que la fréquence d’occurrence du risque n’était pas modifiée par le niveau des membres d’une cordée.
Bref, là où tu passes, le débat trépasse.
Mais pour le coup c’est plutôt rationnel en via : il y a plus de risque de se faire mal sans la corde qu’avec (s’il y a assurage dans les parties verticales).
Whaouh la formule
A regarder de cette façon, tu te mets hors sujet pour plusieurs raisons. Par exemple, quel est le risque si tu ne regardes que la fréquence d’accident d’une cordée homogène de non-débutants (ou expert soyons fous) décordé sur le glacier carré ? 0 ? Quel est la fréquence d’occurrence d’une cordée homogène experte encordée ? Il faudra sans doute rajouter les cordées de professionnels même si tu les qualifies de guignols sinon on n’aura pas d’échantillon représentatif.
Ne t’est-il jamais apparu que tu te cachais derrière des chiffres sortis du chapeau ou de ton doigt mouillé pour tenter de remplacer la réflexion par un algorithme et être certain de ne pas réfléchir ?
Et je t’annonce que je ne traverse pas le glacier carré décordé. Même quand le chemin est très large. Pour la raison principale que le passage est trop court face au temps de décordement, rangement de la corde, ressortir la corde et se réencorder plus haut au pied du passage en III du Cheval Rouge, très facile, mais avec un pied aléatoire au démarrage et des blocs plus ou moins branlants quand tu tournes en face nord : aléa + facilitée à avoir une vraie assurance (un piton en bas + le fait de changer de versant (passage de l’arête)).
Ce qu’on t’explique, c’est que dans une cordée homogène, le risque de glissade est très faible (bien plus faible que pour une cordée hétérogène sans doute), mais il est le même pour le premier que pour le second. Et que même sans prendre les éléments de @Rob.Bonnet, la corde ne protègera que de la chute (ou déséquilibre) du second. La corde ne divisera le risque que par deux, mais double la gravité (deux personnes au fond, et pas une) en cas de réalisation du risque. Toujours sans compter ce qui est lié à la gestion de la corde (empiagé et compagnie).
Du coup, je traverse bien le glacier carré encordé … On sait juste qu’on ne fait que partager le poids de la corde, qu’on est plus rapide pour la manip suivante et d’autres choses. Les chiffres, c’est bien, la réflexion, c’est mieux.