@laurentM05
Bonjour Laurent,
étant donné ton point de vue et ton état d’esprit, je peux comprendre ta réaction (et j’ai même un peu de compassion car je suis persuadé que tu es quelqu’un de sympathique avec qui je m’entendrais bien en « vrai ») mais ayons de la modestie et les pieds sur terre (d’accord on a tous des incohérences et on est tous le con de quelqu’un).
Je n’ai pas ton expérience d’ouvreur et de rédacteur de topo, la mienne est plus petite que la tienne mais j’en ai une.
Ne t’en fais pas je sais ce que c’est d’ouvrir et d’équiper du bas (du haut aussi), je sais ce que c’est que de se taper une marche d’approche avec un sac hyper lourd et de redescendre en rappel et à pieds à la frontale le soir en plein mois de novembre.
Je sais ce que c’est de partir avec 6kg de perfo Hilti, une 12 douzaine de goujons plus 1 relais et 1 clé, un marteau, quelques pitons et quelques coinceurs au baudrier en tête dans une longueur vierge d’équipement.
Je sais ce que c’est que de ne rien manger et presque rien boire de la journée parce que tu es pris dans l’action, que tu veux avancer au maximum la voie.
Je sais ce que c’est que de se poser des questions et d’avoir la trouille parce que tu es plein gaz et qu’il y un brouillard hyper dense à couper au couteau.
Je sais ce que c’est que de dénicher une ligne, de l’imaginer et de la créer, de purger le rocher, de nettoyer les prises, d’essayer ma couenne en moulinette, de marquer ma voie, de la percer, de la coller (et de tester les points après) ou de la goujonner.
Je sais ce que c’est aussi le plaisir de faire son topo et jais ce que c’est aussi le plaisir de voir son nom sur d’autres topos.
Je sais ce que c’est également le plaisir de diffuser et partager les informations (sur topo papier et sur site collaboratif) à propos de ses voies.
Ce que j’ai fait en matière d’équipement (surtout pour la grande voie), reste dans mes plus beaux souvenirs de montagne.
Mais ce que j’ai écrit :
Mais les voies « naturelles » ; non je ne suis pas d’accord. Percer des trous, nettoyer des prises n’est pas une œuvre de l’esprit ; c’est juste du travail type BTP.
Un ouvreur/équipeur c’est juste quelqu’un qui montre la route à suivre et sécurise le chemin à emprunter (ou pas pour ce point).
C’est ce que je pense du « travail » que j’ai réalisé en ouvrant et équipant, tout simplement.
Ce n’est pas une provocation gratuite à ton égard comme on pourrait le penser. Non, c’est ma conviction profonde, ma vision de la chose, ni plus, ni moins.
Alors, je persiste en ré-écrivant que ce n’est pas du tout un œuvre de l’esprit !
On a beau créer un cheminement, imaginer et réfléchir où et comment passer, ce n’est pas une œuvre de l’esprit puisque le rocher était déjà là avant avec ses trous et ses aspérités, on a juste trouvé où et comment passer c’est tout.
Le fait que 2 personnes puissent imaginer 2 cheminements ou 2 solutions différentes n’a rien de spirituel non plus.
Il faut juste faire preuve d’un peu de réflexion, d’intelligence et d’imagination ; c’est tout. C’est à la portée de (presque) tout le monde.
Mais, ne pétons pas plus haut que notre derrière… Ce n’est pas parce que l’on est passé en premier ou presque qu’on est au dessus des autres et qu’on créé une œuvre de l’esprit.
Sur ce, je te souhaite une bon dimanche, un bon réveillon et une bonne année (je suis sincère, vraiment).
Pierre-Michael Tissot (c’est ma vraie identité ).