Ce que je veux dire c’est qu’il peut faire un pendule deux fois plus long avec des conséquences éventuellement pas anodines, et donc simplement qu’il faut y penser aussi, et décider en tenant compte des avantages et inconvénients autant pour le premier que le second.
Vol et rupture de la corde
Là, comme ça, c’est difficile d’apprécier. Le mieux est de se faire un petit schéma et de voir diverses situations.
Je pense que c’est équivalent.
Hormis l’amplitude du pendule, il faut retenir la commodité de revenir vers l’assureur en bloquant un brin et en aidant le cas échéant avec le second brin (ce qui est moins évident si les deux brins sont clippés) ; c’est un peu comme en artif lorsqu’on demande sec sur un brin et libre sur l’autre pour déplacer le point ou l’étrier.
Bien sûr cela doit s’apprécier sur le moment avec le moindre risque évidemment
Ah ça, ça arrive pas si c’est bien fait (ce qui demande de l’attention je le reconnais)
Les cordes à doubles sont faites pour être utilisées séparément. La plupart des grimpeurs doublent les brins mais c’est un biais cognitif, qui voudrait que le grimpeur double sa sécurité de la sorte, ce qui est faux.
On sépare les brins pour plusieurs raisons :
- Éviter qu’une chute de pierre entraîne une rupture des deux brins.
- Éviter qu’une arrête entraîne la rupture des deux brins (en leur imposant deux cheminement distincts).
- Limiter les forces de chocs sur les ancrages, et lorsqu’ils sont bétons, sur le grimpeur (bonjour le séchage sur 2 brins, bien plus violent que celui d’une corde à simple).
- Limiter le tirage et apporter un confort de grimpe.
Ça demande un peu plus d’effort à l’assurage et lorsque l’on grimpe pour éviter de croiser les brins, mais il n’y a que des avantages.
Doubler les brins est une mauvaise utilisation des cordes à double. Chacun fait ce qu’il veut, mais le matériel n’est pas pensé pour ça : elles sont conçues et étudiées pour subir des chutes sur un seul brin et non l’inverse (sinon il s’agit de cordes jumelées). On ne doublera les points que lorsque l’on souhaite éviter un retour sur vire car on préfère, faute de mieux, un séchage violent et désagréable plutôt que de risquer une blessure avec un retour sur vire. Pour le reste, et sauf configuration vraiment particulière, on est dans l’erreur, même si techniquement ça reste possible de le faire.
Petit rappel : les cordes ne « cassent » pas, même a double dans de fins diamètre et sur de grosses chutes, une corde est toujours sectionnée/coupée par abrasion ou impact de chute de pierre, et pour terminer là dessus je cite le topo 520 voies du Verdon qui met en garde sur les ascensions en corde à simple avec sac de hissage :
Dans tous les cas la corde à double est un gage de sécurité : nous avons déjà eu connaissance de deux cas de cordes sectionnées sur arêtes. Dans les deux cas il s’agissait d’un des deux brins d’un rappel. Si cela avait été une corde a simple, on ne sait pas trop ce qui se serait produit.
Ne pas oublier qu’il existe aussi des petites astuces : on peut par exemple rallonger les dégaines ce qui permet de limiter ou même éviter l’abrasion sur une arête selon les configurations. Ce n’est pas toujours possible bien évidement.
Je cite petzl sur les différentes normes :
Le test dynamique de la norme EN 892 consiste à faire chuter une masse métallique guidée par deux rails verticaux. Toutes les cordes dynamiques subissent ce test.
La masse est de 80 kg sauf pour les cordes à double qui sont testées à 55 kg. Cette masse de 80 kg représente le poids d’un utilisateur moyen avec son matériel.
La chute simule un facteur 1,77 sur un point fixe.
L’effort transmis à la masse, lors de l’arrêt de la chute, est limité à : 12 kN pour les cordes à simple (un brin de corde),
8 kN pour les cordes à double (un brin de corde),
12 kN pour les cordes jumelées (deux brins de corde).
La norme et l’utilisation normale d’une corde à double n’obligent absolument pas à alterner les brins, la force de choc sur deux brins n’est pas un soucis. Et encore heureux, sinon l’existence des cordes « triple normes » serait largement remise en cause…
Avec le matériel moderne, aucun soucis à clipper les deux brins y compris sur protection amovible.
C’est ma pratique, validée à l’ENSA, et ceci évidemment en tenant compte des exceptions :
- pour les premiers points utilisation systématique des deux brins, de nombreux accidents ont eu lieu avec brûlure des mains de l’assureur car très délicat de retenir une chute sur un seul des brins avec une corde fine ou neuve !!
- en cas de risque de tirage, clipage « droite/gauche »
- en cas de risque de cisaillement sur arête, séparation des cordes
Et autres situations rencontrées sur le terrain…
Oui je l’ai dit, chacun fait ce qu’il veut et techniquement ça reste possible de le faire, mais tu n’en tire aucun bénéfice, au contraire, à moins d’adorer se faire sécher gratuitement…
Sauf que la force de choc n’est pas significativement plus importante qu’avec une corde à simple, je ne me ferais pas sécher…
Il y a des bénéfices aux deux usages, et des contraintes également.
C’est bien d’être moins affirmatif
Chaque cas est un cas particulier, excusez le truisme, et demande une solution particulière.
C’était ma pierre à l’édifice.
Donc pour toi deux brins ou un brin ça sèche pareil ?
Je suis curieux de la réponse.
La différence existe mais n’est pas significative, puisque tu restes dans des valeurs largement acceptables
Pas exemple pour la multi label de Simond (sur les cordes à double impossible de trouver ces données car les normes ne les requièrent pas) :
Force choc simple : 7,8 Kn (1 brin, 80kg)
Force choc double : 5,9 Kn (1 brin, 55kg)
Force choc jumelée : 9 Kn (2 brins, 80kg)
D’autant plus qu’on parle de force de choc max à facteur 1.77
Pas de ce que recevra le grimpeur dans une chute réelle, où le facteur de chute et la force de choc peuvent beaucoup diminuer !
Tu veux en venir où ?
Sur deux brins on se fait davantage sécher que sur un brin, je vois pas trop ce que tu cherches a démontrer avec les chiffres que tu cites.
Au fait que c’est un usage correct, et accepté, de clipper les deux brins d’une corde à double. Et que la force de choc en cas de chute n’est pas un problème, contrairement à ce que tu affirmes avec beaucoup d’aplomb.
Bien sûr que c’est un problème. On a aucun intérêt a augmenter des forces de choc, moins on en a et mieux c’est, invariablement, quelque soit le nombre de brins.
Doubler les brins sans raison, est une utilisation qui est possible, sans risque majeur, mais sous-optimale.
Les cordes à doubles ne sont pas développées dans cette optique (contrairement aux cordes jumelées pour lesquelles ce que tu dis est l’utilisation correcte et surtout obligatoire). Ce n’est pas pour rien si les tests pratiqués sur les cordes à double sont réalisés… bah sur un seul brin… et… uniquement… bah sur un seul brin… et toujours… ben sur un seul brin.
Pourquoi ?
Simplement pour se rapprocher de la situation classique/générale/normale de leur utilisation, qui est, une fois de plus… bah sur un seul brin.
Tu nous cites des chiffres, sur une corde multi-label : on est plus sur une corde uniquement labellisée « cordes à double ». C’est plutôt malin, car elles se comportent mieux que ces dernières dans cette configuration puisqu’elles doivent également briller sur l’épreuve des cordes jumelées, contrairement aux doubles qui ne sont pas confrontées à ce test. Mais quand bien même on en fait abstraction, les chiffres que tu donnes vont plutôt dans le même sens, à savoir que… les chutes sont plus violentes sur deux brins que sur un seul. Donc il semblerait que l’on soit du même avis ?
Je vais pas développer sur le fait que les test de laboratoires sont fait avec un assurage statique, contrairement à ce qui se passe in situ, au risque d’être trop long mais là encore c’est à l’avantage des cordes à double avec l’alternance des brins (pour faire bref : il y a plus de longueur de corde qui défile dans un panier avec un seul brin plutôt que deux, car moins de friction/freinage, ce qui résulte là encore… en une réduction de la force de choc).
Dès mon premier message, j’ai dit que techniquement on pouvait toujours passer les deux cordes dans le mousqueton de la dégaine, mais que ça n’apporte rien. Donc si tu veux dire que c’est une utilisation admise, car elle est pratiquée, alors oui, tu as raison, même si (sauf configuration particulière/exceptionnelle) c’est sans intérêt. Dire que c’est une utilisation correcte, beaucoup moins, car on y trouvera que des désavantages, là encore, si on exclue quelques exceptions.
Allez, tu as donné un argument. Le cas des premiers points où l’on clippe les deux brins en évoquant … Les brûlures de main. Un facteur… humain. Si on l’exclue (et c’est facile, exemple simple comme bonjour : des gants d’assurage !), Ben là encore on est gagnant, en particulier au départ des relais avec des points vétustes/délicats/précaires, où la question de clipper sur un seul brin devient franchement pertinente. D’ailleurs dans l’école que tu cites fièrement, je doute qu’ont t’ait apprit a clipper les deux brins en glace, neige, et autres ancrages particulièrement délicats.
D’ailleurs, pour rester sur leurs recommandations que tu as toi même cité, en dehors de l’exemple de la brûlure qui peut-être débattu, il semblerait qu’eux même ne voient que des avantages… à alterner les deux brins.
Bref. Je vois toujours pas une seule bonne raison de doubler les brins a part de faire sécher gratos
PS : j’espère à titre personnel, que quand bien même nous puissions avoir eu des avis divergents sur des sujets passés, qu’à l’avenir chaque sujet traité puisse l’être indépendamment des précédents sans qu’il y ait chasse à l’homme ou guéguerre personnelle. Si j’y pense, c’est que j’ai du mal à imaginer un Guide/BE puisse partir en croisade au nom du clippage simultané alors que la profession passe généralement son temps à pratiquer et enseigner l’inverse.
Certains pratiquent la GV bien en-dessous du niveau max de grimpe en partant du principe qu’ils ne vont tomber que très rarement. Dans ce cas le fait de clipper les deux brins offre peut-être une simplicité d’assurage et d’effort mental avec peu de désavantage (chute un peu plus désagréable, et de combien par rapport à une corde à simple d’ailleurs ? 10% ? 30 ?). Par contre si on fait des GVs en partant du principe qu’on va souvent tomber dans les longueurs, effectivement sur un grand nombre de chute il est sûrement préférable de minimiser au maximum la force de choc.
Pour ajouter à ma propre remarque entre parenthèses, on dirait que ce n’est pas si évident d’estimer la différence de force d’impact entre deux cordes à double clipper en même temps et une seule corde à simple. Déjà la force d’impact donnée par le fabriquant correspond à un test standard avec une masse de 55 kg pour un brin de corde à double, contre 80 kg pour un brin de corde à simple. Il faut retrouver la constante d’élasticité des cordes à double en partant de la force d’impact fournie par le fabriquant, puis refaire le calcul de force d’impact en doublant cette constante (cordes parallèles).
Apparemment il y avait une ancienne page de Beal (citée sur ce thread de mountainproject mais le lien ne fonctionne plus) qui indiquait que pour passer de la force d’impact à 55 kg à celle à 80 kg, il fallait ajouter 25%, et qu’en clippant les deux cordes ensemble, ça ajouter encore 20-25%.
Donc par exemple avec les Cobra II qui ont une force de choc indiquée à 5.4 kN pour un brin seul, on arrive à un équivalent test de corde à simple de 5.4 * 1.25 * 1.25 = 8.43 kN en clippant les deux brins. La Booster de Beal par exemple c’est 7.4 kN. Donc toute chose égale par ailleurs, la chute sera « 14% plus sèche » sur deux brins de Cobra clippés dans le même point que sur une Booster.
Si on prend une corde un peu moins dynamique comme la Mammut Crag Dry, on est à 8 kN contre 8.4, autant dire aucune différence que l’on puisse ressentir dans la pratique.
Reste à savoir si 1/ les chiffres évoqués sur l’ancienne page de Beal sont exacts 2/ le cas échéant, si ils prennent en compte les frottements, car deux brins de corde à double clippés dans toutes les dégaines ça augment le facteur de chute effectif car plus de friction…
En tout cas si tout cela est juste je m’attendais à une différence beaucoup plus importante intuitivement !
Si tu es persuadé d’avoir raison, c’est très bien
Si tu es persuadé que j’ai un problème avec toi plutôt qu’avec tes idées péremptoire, soit
Ça va servir à rien de débattre.
Donc rappelons simplement quelques éléments pour les autres lecteurs :
- clipper les deux brins de corde à double est une pratique correcte, au minimum en formation à l’ENSA qui représente une bonne référence en terme de bonnes pratiques.
- la force de choc max associée est largement acceptables en terme de performance de la chaîne d’assurage.
2 bis) dans la « vraie vie » elle est même plus faible car on aura jamais une répartition stricte de l’effort sur les deux cordes en simultané, et que très vite on s’éloigne du facteur 1.77 (facteur 0.66 si chute 3m au dessus du relai avec premier point à 2m par exemple) - clipper les deux cordes sur les premiers points est la bonne pratique associées aux cordes modernes fines (sauf bonnes raisons de ne pas le faire car inconvénients associés trop importants)
- si les normes corde à double sont ce qu’elle sont, c’est pour garantir une corde versatile qui peut fonctionner aussi bien en clippant les deux brins qu’en clippant un seul brin pendant plusieurs points consécutifs.
« sécher gratos » ça me semble un peu exagéré quand même.
J’ai l’impression d’avoir pris pas mal de chutes avec deux brins clippés, sans jamais avoir eu la sensation de me faire sécher plus qu’en couenne (sauf la fois où je suis reparti encore vaché au coinceur ).
L’avantage que j’ai à le faire c’est d’éviter de réfléchir en clippant, et d’éviter le cas où on oublie de reprendre au reverso avant les torons (dans ce cas clipper séparément peut engendrer du tirage encore pire). Et en dalle, j’ai pas peur de me faire sécher mais de faire une chute plus longue que nécessaire parce que l’assureur aura pas géré le mou optimalement, et c’est plus facile quand on clippe les deux. Donc quand la situation ne semble pas nécessiter de clipper séparément, je clippe les deux.
bof, ça va dépendre de beaucoup de facteurs.
Une corde avec une force de choc faible est une corde qui va beaucoup s’allonger. En cas d’endroit dangereux (vire, béquets ect…) mieux vaut vite arrêter le grimpeur quite à le sécher.
Le séchage ou non va aussi dépendre de l’assurage (dynamique ou non) ainsi que de l’assureur (genre un grigri va beaucoup plus sécher qu’un tube), ou même du tirage.
A force de voir des cordées « escargot » pour cause de ne plus pouvoir tirer leurs cordes clippées à double… A force de devoir compatir avec des seconds mal assurés en traversée pour les mêmes raisons… A force de se demander pourquoi diable on a inversé-sacrifié la logique (ENSA ou pas)…
Je redis que j’ai deux connaissances ayant eu la vie sauve en les clippant séparément, n’ayant ainsi qu’une corde coupée par un tranchant d’arête.
A force… Je pleurerais deux amis de plus s’ils avaient suivis ce « nouveau » concept de clippage à double.
Ce n’est pas parce que tu clippe à double quand la voie est rectiligne que tu le fais lorsqu’il y a du tirage
Je l’ai très clairement explicité.
Avec le matériel moderne, aucun soucis à clipper les deux brins y compris sur protection amovible.
C’est ma pratique, validée à l’ENSA, et ceci évidemment en tenant compte des exceptions :
- pour les premiers points utilisation systématique des deux brins, de nombreux accidents ont eu lieu avec brûlure des mains de l’assureur car très délicat de retenir une chute sur un seul des brins avec une corde fine ou neuve !!
- en cas de risque de tirage, clipage « droite/gauche »
- en cas de risque de cisaillement sur arête, séparation des cordes
Et autres situations rencontrées sur le terrain…
C’est bien parfois de sortir des positions dogmatiques