Voies équipées, pratiques actuelles et risque d'accident

Posté en tant qu’invité par MattH:

Bonjour à tous,
j’ai appris un nouvel accident dans les Pyrénées suite apparemment au descellement d’un relais. L’objet de mon message n’est pas de discuter de cet accident en particulier mais de poser la question sur nos pratiques dites d’escalade sportive. En effet, la plupart des voies pratiquées aujourd’hui sont assez récentes et en dehors des voies courues régulièrement et révisées selon une fréquence et un protocole donnés, le risque de se retrouver avec des équipements qui ont subi les assauts du temps, parfois de manière invisible (fissures dans la roche, mauvais vieillissement de l’interface entre l’équipement et la roche…) reste finalement une réalité qui concerne tout pratiquant en GV. Je suis un simple grimpeur du dimanche et je me pose des questions sur cette question du risque et sur l’éthique de l’équipement. Finalement, s’il n’y avait pas autant de voies équipées (je suis en Haute-Savoie), ne grimperait-on pas un peu moins mais à la recherche d’une qualité de grimpe différente. Vous me direz que grimper en TA peut aussi être + dangereux + engagé… et je veux bien le croire. A chaque relais, je me pose cette question et j’évite quand c’est possible de trop me reposer sur le relais. Bref, ne va-t-on pas vers un risque croissant et aléatoire au fil du temps du fait du vieillissement des équipements ? Qu’en pensez-vous ?

Ca ne sert à rien : construit un autre relai ou renforce le relai.
Mais si tu as peur de seulement te pendre dans le relai, alors que ce sera le seul lien à la paroi pour toute la cordée lorsque le leader partira dans la longueur suivante, et éventuellement le sollicitera avec un facteur proche de 2 s’il tombe avant le 1er point, c’est que le relai est pourri, pour de vrai, ou virtuellement si le doute est dû au fait que tu n’es pas capable de juger de la solidité du relai.

Si les grimpeurs qui s’impliquent dans la maintenance des voies ne sont pas aussi nombreux ou aussi énergiques que les ouvreurs, le délabrement progressif de l’équipement des voies est inévitable.
C’est d’ailleurs largement en cours par endroit.

c’est en effet un problème après avoir crépi les falaises de ferraille pendant 30 ans, problème que les anglais ont sut éviter :expressionless:

Beaucoup de voies donc beaucoup d’ouvreurs! Il y a peut-être ceux qui font du bon boulot dans les règles de l’art (notamment au niveau de la qualité des ancrages) et les autres…

Même en équipant dans les règles de l’art, ça n’empêche pas les pierres de tomber et d’abimer les points, le rocher de travailler et de rendre un passage dangereux (qu’il faudrait contourner), etc.

Posté en tant qu’invité par MattH:

Après des années d’équipement peut être va t ton maitenant vers une phase descendante du nombre de voies équipées. … La question estd’autant plus sensible dans des endroits peu parcourus, quand je vois que des voies sont équipées dans des pays comme Madagascar,des îles grecques… avant ça me faisait rêver, maintenant je m’interroge sur le fait même de la durabilité de tout cela. L’exemple anglais est en effet une voie de réflexion.

Pour avoir discuté avec MiPi hymself par un heureux hasard à vitam parc, il était vraiment alarmiste quand à l’équipement exponentiel des sites à la mode en milieu marin (kalymnos et autres…); beaucoup de ces équipements ne sont pas appropriés à ce genre de milieu hyper corrosifs et vont mal vieillir (déjà des accidents en turquie)…

Pas sûr que le cirque de gavarnie soit un excellent exemple d’école d’escalade aseptisée en cours de putréfaction pour cause d’abandon … Ni que la presse locale soit une excellente source pour comprendre et tirer des conclusions d’un accident.

Mais bon, les zélateurs d’un déséquipement global des voies et d’un développement à l’anglaise font feu de tout bois pour relancer éternellement les mêmes débats …

Quant à l’entretien des voies d’escalade, il manque plus de bonnes volontés que de Cassandre.

MattH ne parle pas du vieillissement de l’équipement des couennes, mais de celui des grandes voies.

et alors ? Le cirque de Gavarnie est devenu Presles pendant que je regardais ailleurs ?

Non, mais MattH ne parle pas spécifiquement des voies du types où il y a eu l’accident (face S des Sarradets).
Il a bien précisé :

Que l’accident ait eu lieu dans une voie sur piton n’a pas d’importance sur son questionnement. Bien sûr qu’en moyenne, les relais sur pitons vieillissent plus vite que les relais sur goujons, mais le problème de l’entretien de l’équipement est le même (même si avec des pitons c’est plus facile de les remplacer (pas toujours mais bon)).

C’est quand méme différent. Quand on part dans une voie sur piton, on est censé apporter du quoi remplacer le matos en place. Pour les autres, on ne va pas apporter le perfo et le stock de goujons … donc, il faut que quelqu’un se cogne le rééquipement.

Oui, mais je répète que MattH ne parle pas spécifiquement des voies sur pitons !!!
Il utilise juste cet accident comme prétexte pour poser la question de l’entretien de l’équipement des grandes voies en générale, que ce soit sur coin de bois, piton, goujon, scellement, etc.
L’entretien des relais sur pitons pose aussi des problèmes :

  • Si c’est fait trop tardivement, le piton casse quand on veut le retirer, et progressivement il n’y a plus de place pour en rajouter à cet endroit.
  • Si on arrive à retirer le piton, il faut parfois (souvent ?) le remplacer par un plus épais.
  • Le rettapage des pitons et leur remplacement use les bords de la fissure et finit par agrandir le trou au point qu’un piton (même plus épais) ne tient plus correctement (trou trop évasé).
  • Si on veut remplacer des pitons de relai correctement, pour que ça dure le plus longtemps possible, il faut emporter tout en tas de largeur et longueur de pitons (qui sont souvent plus longs et plus lourds que les pitons de progression qu’on ne laissent pas). Or on emporte rarement une grande variété de pitons : on prend 2-3 pitons au cas où, et en effet on s’en sort, mais ce n’est pas durable, et c’est même parfois du jetable (la fissure a travaillé durant l’hiver, et l’été suivant le piton n’est plus assez épais pour cette fissure, il faut déjà le remplacer).

je ne crois pas ! sa question porte sur l’équipement des voies dites « sportives » , GV récentes équipées, il évoque donc l’équipement et le vieillissement des voies équipées sur goujons …

Posté en tant qu’invité par MattH:

Oui je crois qu’on part, en tout cas moi, je pars dans des vies équipées avec à tort le sentiment d’une sécurité relative quant à l’équipement alors qu’il n’en n’est pas grand chose. Sans cet équipement à tout va, je ne sais même pas si je me serais mis à la grimpe. Aujourd’hui, outre le fait de vieillir (…) je trouve que de s’en remettre à l’équipement en place sans vraiment avoir les moyens de maitriser cet aspect là, n’est finalement pas en ligne avec mon approche de la montagne au point de m’interroger sur la poursuite de ma pratique. J’ai eu un immense plaisir (et une firtée sans bornes…) à parcourir les aiguilles rouges par exemple mais finalement, dans une vision prospective, va t on vers un climbing park ou veut-on préserver l’authenticité d’un site ?

Il nous faut un access fund européen sur ce modéle US: https://www.accessfund.org/ financé par une part de nos licences caf ou FFME…qu’une part de nos cotisations (5-10 € par adhérent?) que nos cotisations aillent là plutot qu’à une énième compétition ou pour financer les vacances des groupes jeunes :stuck_out_tongue: (nan c’est sympa c’est bien qu’ils partent en vacances à l’étranger :wink: )
Avec des pros qui s’occupent de l’équipement, re-équipement voire déséquipement si nécessaire de la préservation de nos terrains de jeux de l’accès et de gérer les problèmes environmentaux…(relations avec les proprios, les amis des oiseaux et gestion des problèmes d’environnement)
Je milite aussi pour que mipi soit président de cet access fund européen (plutôt que Seb Blatter :lol:OK je -> là… )

Il ne faut pas non plus voir tout en noir, statistiquement, c’est quand même assez solide :slight_smile:
Mais en effet, il faut savoir douter de l’équipement, de la même façon qu’on doute de la solidité d’une prise, ou plus simplement, qu’on doute si on arrivera à tenir telle prise dans tel mouvement.

Posté en tant qu’invité par Ml:

Sujet très intéressant sur les limites de l’escalade « sportive ».

Effectivement, on associe souvent l’équipement avec le caractère sportif d’une voie mais il y a vite une zone d’ombre qui devient dangereuse lorsque les voies équipées ne bénéficient pas d’une maintenance qui est indispensable. En France, je pense qu’avec les conventions FFME ca devrait être assez clair. Par contre, à l’étranger, ça revient vite a une histoire de confiance et de bouche à oreille.

salut,

Je grimpe depuis un an, et donc je ne suis pas le plus grand des spécialistes.

Mais bon, à mon avis, faut faire preuve de bon sens.

On n’est pas dans un gymnase, donc il faut faire gaffe, mais globalement je n’ai pas de scrupules à confier ma vie à un goujon ou une broche,
sauf si ladite broche est rouillée au-delà du raisonnable, ou si elle bouge, ou si ledit goujon est visiblement mal installé : la plaquette tourne et/ou l’écrou est trop
vissé.

Si les goujons n’existaient pas, je n’aurais jamais grimpé en falaise. Je ne pense pas qu’un débutant prenne de risque si il se cantonne aux secteurs assez fréquentés,
qui sont entretenus régulièrement.

Pour le non-fréquenté ou le trad, je n’y connais rien.

Bonne grimpe !

La problématique ne se pose quand même pas au RU…
Même si j’aime bien grimper parfois sur spits, il faut reconnaitre que les anglais ont plutôt raison non? pas de soucis de responsabilité liés à l’équipement, et pas ou peu de soucis lié à la fiabilité l’équipement.
Quand on voit déjà 2 voir 3 générations d’équipement dans certaines voies (verdon, orpierre…), le plus souvent grossièrement renouvelé, il y a quand même des questions à se poser non?