Mon ressort, c’est d’abord la liberté. C’est la loi et l’égalité de tous devant elle qui rend possible cette liberté et c’est cette égalité là uniquement qui me touche (en particulier dans sa version positive, dans notre droit, des libertés publiques). Par ailleurs, individuellement, l’égalité, si elle est opposable à autrui, n’a pas vocation à être opposée à la personne elle-même, c’est-à-dire à l’exercice de sa liberté personnelle, laquelle peut la conduire à adopter volontairement un comportement contraire à ce principe. Dès lors, l’inégalité et l’injustice me sont indifférentes quand elles ne procèdent pas d’une restriction de la liberté imposée par autrui.
Ainsi, qu’il y ait des riches des pauvres et des héritiers et des malchanceux et des opprimés me laisse totalement indifférent dès lors que rien dans le droit ou la société n’ait visé ou ait conduit à interdire ou empêcher ou limiter que le pauvre le malchanceux et l’opprimé aient eu accès et surtout continuent d’avoir accès (en réalité et pas seulement en théorie) aux mêmes moyens de défense, d’éducation, de financement et bénéficient des mêmes libertés politiques, de paroles et d’expression que les autres. Donc, et j’assume, je n’aime pas du tout les militants de type gauchistes parce qu’ils se focalisent sur un aspect idéalisant de l’égalité, alors que ce qui compte pour moi c’est la liberté et que ces gars sont tout prêts à empiéter sur la liberté au nom de leur égalitarisme.
Dans notre cas, rien ne démontre que cette photo de Vertical Girl opprime ou restreigne la liberté ni les droits de quiconque. Au contraire, l’interdire pour une chimère ou au nom d’un militantisme, ce serait cela restreindre la liberté. Quoi que je pense sur le fonds de cette photo et de ce qu’elle peut véhiculer, je suis prêts à défendre le magazine dans son droit à la liberté de la publier et d’en faire la promotion.
Par ailleurs, qu’on m’explique que les femmes sont victimes de restrictions de leurs libertés et que ces restrictions organisent ou accompagnent des inégalités ou des injustices dans certains pays : oui. Que c’était le cas en France encore dans les années 50 : oui. Mais franchement, aujourd’hui, il faut remettre les pendules à l’heure. Concrètement, où sont les restrictions des libertés des femmes en France ? Il n’y en a pas. Ca ne veut pas dire que les femmes gagnent toujours autant que les hommes, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de milieux profondément sexistes ou machistes, ça ne veut pas dire que les hommes n’ont jamais la bit* sur le front. Mais la première condition, fondamentale pour se défendre contre ces expressions de la connerie humaine, c’est la préservation des libertés publiques et individuelles.
Je reviens sur les ressorts personnels autour du sexe. Notre éducation nous incite à confondre la nudité et le sexe. Cacher un corps, créer des tabous, créer des frustrations, cela aide à érotiser et sexualiser le corps. Après érotiser c’est aussi utile et agréable, après tout on serait motivés à se reproduire comment sinon ? En Allemagne, des gens vont entre collègues et nus et hommes et femmes mélangés au sauna : rien de sexuel à cela, rien n’est caché donc rien n’est désiré (je ne dit pas que c’est la norme là-bas, mais juste que je l’ai vu plusieurs fois : voir des sexes étalés ou bien ouverts - selon - partout autour de soi ça immunise contre tout désir). Idem sur les plages naturistes ou nudistes : en quelques minutes, le regard est non érotisé. Hedera, vas en Allemagne, dans les parcs publics en centre ville à Berlin ou à Munich : tu peux te mette nue et personne ne prendra garde à toi ce sera juste normal. Au Krumme Lanke il y a une plage où j’ai pu voir côte à côte une famille musulmane (la maman voilée, le père barbu) et un couple de nudiste, les enfants jouant ensemble, partout des gens à poils ou en maillots voire habillés mais tous mélangés : on est très loin des positions françaises sur le burkini. En revanche, regardez juste cette série de photos de Maciej Dakowicz prises en Inde, société fondamentalement différente de la nôtre, pleine de tabous, avec ces regards hypnotisés et inquiétants d’hommes sexuellement frustrés devant un spectacle d’effeuillage : http://www.maciejdakowicz.com/sonepur-mela/girl-shows/