Je me suis réveillé du pied gauche ce matin, et la lecture du dernier Vertical m’a fait plus que sursauter.
« Vertical » : j’ai enfin compris pourquoi le magazine avait choisi ce titre. C’est probablement en raison de la position dans laquelle doit se trouver l’appareil intime du mâle à la vision de la dernière page du magazine, grâce à la photo de la « Vertical girl ». :mad:
La nouvelle version du magazine s’annonçait pourtant bien : enfin du texte, et moins de photos ! (même si les textes sont moins intéressants pour le 2ème numéro de cette nouvelle version, car cela fait parfois un peu trop récit de vacances entre potes)
Bref, c’était bien prometteur.
Mais pourquoi donc cette Vertical Girl ?! Quel sexisme ! La femme-objet, avez-vous saisi que c’est d’un autre âge ?
C’est d’autant plus choquant que le magazine, et le monde de l’alpinisme, n’est déjà rempli que de mecs, et ce, à force de faire tourner la définition et la mesure de l’alpinisme autour toujours des mêmes valeurs et normes
- d’effort (critique du touriste paresseux à l’aig du midi, mythe persistant des surhommes et machines de Desmaison à Steck),
- de réussite individuelle (cf. style alpin, cordées légères, anti-cafisme, individualisation des réussites… critique des expés lourdes asiatiques ou de l’est, rareté des collectives comme gmhm),
- d’élitisme (cf. haro sur les « faux » montagnards, les riches touristes de l’Everest),
- du danger (wingsuit, GoPro des pentes raides…)
- de compétition (les « premières » restent toujours la 1ère mesure de la performance, mesure du temps du speed-climbing…),
- de technicité (cf. Piolet d’or, hiérarchie des courses dans les topos en fonction de la difficulté) …
- de la distinction de la « masse », de la vénération de la solitude (sport où le plaisir est proportionnel à la rareté du nb de personnes que l’on croise…)
valeurs et normes qui bloquent, me semble-t-il, l’accès à ce monde de l’alpinisme à d’autres groupes sociaux (d’ailleurs, un peu plus de mixité sociale ferait aussi du bien, l’alpiniste étant mâle, plutôt cadre sup et plutôt à droite!)
Je me trompe ? peut-être. Si oui, dites-moi
Dernier Vertical : 5 « signatures », 5 mecs ! 5 portraits (Charlet, Edlinger, House, Kurtyka, Fomin&Balabanov), 6 mecs !
Vertical, réagissant à un courrier d’un lecteur, un certain Guillaume G, répond d’une manière légère, trop légère.
« Dans notre monde où hommes et femmes sont venus égaux comme objets de désir » : ah oui, le sexisme aurait-il disparu ? Non, la preuve : vous-même
" Nos habitudes monétisées par les GAFA sur internet , seule reste probablement gratuite la vertical girl" : que ce soit gratuit ou pas, ce n’est pas là le problème
"tradition certes politiquement incorrecte" : Le politiquement inccorrect ok, lorsqu’il est progressiste, pas rétrograde.
« 'Pour ceux qui préfèrent les hommes » : Non ce n’est pas qu’une question d’hétérocentrisme - qui est aussi condamnable - ou de faire plaisir ou non aux femmes : c’est un problème de sexisme et de traitement de la femme comme d’un objet.
Votre seule issue c’est de mettre un vertical boy à chaque vertical girl que vous affichez… Ou de supprimer votre Vertical girl.
Et si vous voulez mettre du sexe, faites de la pornographie et non pas de l’érotisme pudibond et conservateur.
« Changer d’approche »… Pour cela, il faudrait que l’on fasse aussi autre chose que de remplacer la voiture par le vélo. Mais aussi travailler sur un monde de l’alpinisme plus égalitaire homme/femme, et moins réservé aux cadres sup qui ont les moyens, lorsqu’ils veulent grimper le mt blanc, de se payer soit la benne de l’aiguille du midi, soit le refuge du goûter… Il faudrait peut être commencer à changer de grilles de lecture, et les magazines ont une belle responsabilité dans ce domaine !
Jocelyn, et l’équipe de Vertical, j’ai confiance en vous