Voici une phrase intéressante par ce qu’elle signifie. Déjà on comprend que la discipline en question est le trail ou l’ultra-trail et non sa vitrine, l’utmb. Bien que le sujet du post soit sur l’utmb, il a glissé vers une critique du trail et en particulier de l’ultra-trail en tant que pratique de la montagne.
Pourtant, la pratique de la montagne n’est pas unique mais comprend en réalité des pratiques diverses (marche, alpinisme, ski, randonnée, trail, VTT, escalade, via ferrata, escalade glaciaire, cannyoning, parapente, etc.), chacune avec des dimensions plus ou moins utilitaires, sportives ou contemplatives. La dimension utilitaire a longtemps été prépondérante : exploitation, communication, transport, défense, science, etc. Les dimensions sportives et contemplatives ont émergé avec le développement touristique. On les a souvent opposées, alors qu’au contraire dans une même réalisation, elles sont souvent toutes les deux présentes avec des pourcentages complémentaires allant de quelques % à près de 100 % pour chacune (et inversement !). La phrase : Les adeptes de la chose ne pratiquent pas la montagne (*) pour l’émerveillement, la contemplation qu’elle procure mais bien parce qu’elle est le terrain difficile et exigeant par excellence pour se faire mal et repousser ses limites physiques pourrait s’appliquer à beaucoup de pratiquants, notamment alpinistes. On retrouve même citées dans cette phrase des valeurs essentielles de l’alpinisme. Inversement réduire la pratique de la montagne à l’émerveillement et à la contemplation, c’est ignorer que la composante sportive constitue bien souvent le socle de beaucoup des pratiques citées. On le retrouve d’ailleurs dans le vocabulaire : les alpinistes réalisent des courses ; randonner signifie littéralement courir avec rapidité. En réalité, aucune des pratiques de la montagne ne peut être réduite à une dimension unique !
Aussi, considérer que l’une des parties puisse être la négation de l’ensemble est surprenant. Cette affirmation indique plus probablement un refus, soit de l’évolution de la pratique de la montagne, soit de la remise en cause de sa propre conception de la pratique de la montagne, soit du fait que d’autres puissent avoir d’autres conceptions et pratiques.
(*) Ici, le rajout du mot seulement s’imposerait pour éviter une inutile provocation gratuite.