Posté en tant qu’invité par Dominique:
Voici le récit d’une expérience (déplaisante) qui démontre la nécessité d’avoir a porté de main et pas au fond du sac à dos, du matériel additionnel pour se protéger en grandes voies.
J’ai grimpé à Presles ce week-end avec comme objectif initial de parcourir la voie Léadine. Avec mon compagnon de cordée, nous avons choisi de faire, comme cela est indiqué sur le topo, une attaque du bas avec une approche par une vire (Des rappels du haut sont aussi possible . Après mon expérience de samedi, je pense que cela doit être mieux). J’avais choisi cette option afin d’éviter d’éventuels coincements de cordes lors des rappels. Dans la réalité la vire d’accès est difficile à trouver et une fois en face, la dite vire n’inspire pas confiance à moins d’être suicidaire, ce qui n’était pas notre cas. Nous avons donc cherché et trouvé une vire d’accès plus facile. OH surprise des spits ! Tiens un nom de voie effacée qui commence par L. Allez hop, on attaque, la voie L(upita, j’ai compris le soir chez moi) et pas Léadine.
Deux spits sont facilement visibles dés le départ, ils protégent les 6-7 premiers mètres. En revanche le troisième visible est à 20-25m !!! Comme cela est fréquent, j’ai pensé que j’en rencontrerais d’autres en route au fur et à mesure de ma progression. Grave méprise! Par chance je suis d’un naturel prudent et/ou trouillard et j’avais donc emporté coinceurs, deux petits friends et des cordelettes. En progressant, j’ai rencontré le troisième point d’assurance. C’était une cordelette (totalement dégradée par les UV) insérée dans un trou, impossible à défaire et à remplacer pour cause d’équilibre très précaire à cet endroit.
À partir d’ici une chute de 15 m avec retour au sol devenait une réalité qui commençait à altérer mon plaisir de l’escalade. Quelques mètres plus loin, j’ai réussi à mettre une cordelette ( mon machard ) dans une minuscule lunule où je me tenais par simple un pincement pouce index. Scrogneugneu de Scrogneugneu, toujours pas de protection efficace. J’ai choisi de partir à droite vers une longue fissure. Mon mental était en baisse. J’ai mis un friends le plus vite possible. Je me suis délicatement vaché dessus et j’ai installé le mieux du monde un hexentric dans la fissure. Un brin dans chacune des protections. Je me suis dit que j’avais encore 3 mètres à faire pour enfin clipper le troisième spits. Mental dans les chaussettes !!! J’ai hésité, réfléchi aux mouvements, pincements de doigts main gauche de prises fuyantes, grands écarts, coincements de doigts dans la fissure. Vas y Domi, ca y est, je progresse, j’y suis presque. Pschitt, prises trop fuyante, tiens le sol se rapproche, mon taux d’adrénaline sature, ma vie dépendrait-elle d’un coinceur. Boum et reboum le choc sur le rocher m’indique que je suis toujours dans la paroi mais toujours pas sur ce putain de troisième spit. Je regarde le friends, les cames sont sorties à moitié (seul il aurait été arraché), par chance l’hexentric a tenu (il a glissé de 10 cm). C’est pour dire que si je n’avais pas eu du matériel additionnel dans une falaise dite équipée, j’étais mort ! Je n’aime pas cette sensation. J’ai puisé au fond de moi-même et je suis reparti. J’ai enfin clippé ce putain de chiotte de troisième spit à 25 m. Mon mental est remonté j’ai progressé vers les trois autres spits plus rapprochés et puis la sortie est arrivé. Ensuite j’ai retrouvé le début de Léadine et roule ma poule.
Je suis heureux d’avoir passé une longueur 6B puis 6C, mais je ne crois pas qu’une telle sensation (fort éphémère) mérite qu’on puisse y laisser sa vie.
En rédigeant cette mésaventure je pense pense à la maxime de G. Livanos : il vaut mieux un piton en plus qu’un homme en moins. Puisse les équipeurs et les déséquipeurs s’en souvenir.
Merci de m’avoir lu.