Bonjour à tous,
Je me permets de prendre part à cette discussion… mais je vous avoue que je n’ai pas lu les plus de 500 messages postés avant le mien dans ce fil. Même s’il y a certainement des messages très intéressants, je ne peux pas, désolé.
Il me semble toutefois pouvoir amener un peu d’eau au moulin. Je ne suis ni « pro » ni « anti »-loup par principe. Je suis juste un montagnard (avec un sentiment écologique) et j’ai dans ma famille plusieurs éleveurs, dont un cousin qui a des moutons. Je n’ai aucune raison d’en vouloir à l’une ou l’autre de ces « communautés ». Avant tout, je tiens à dire qu’il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier, autant d’un côté que de l’autre.
Je vous raconte juste un truc qui m’est arrivé le 22 décembre 2008 je ne dirai pas où pour ne pas accuser une personne nommément mais c’était dans le Jura français à un endroit d’accès assez long à pied :
C’était la première couche de neige de l’année et je suis allé en profiter. Seulement en descendant, je trouve un spectacle dégueulasse. Ma femme s’est dépêchée de partir à plus de 50 m pour ne pas gerber, je vous promets que c’est vrai ! Un mouton agonisant, les tripes à l’air, était en train de se vider de tout… vraiment tout. Mais il n’était pas mort. Un chien (avec un collier) était en train d’en profiter, il léchait le sang et mangeait des lambeaux de tripaille pendant que le mouton respirait avec peine. Dégueulasse, je vous jure !
Bon, je ne pouvais pas laisser ça comme ça, un chien qui prend le goût au sang, c’est dangereux. Et pour le mouton, je vous raconte pas. Le chien était avait l’air encore dans son sens, avec un autre randonneur, nous avons réussi à le prendre en main. On s’est dépêché d’appeler le numéro sur le collier… et on a eu affaire à une personne désolée, on lui a donné rendez-vous au parking pour récupérer son chien que nous lui avons amené. Mais là n’est pas le problème, ça peut arriver, un accident, le problème c’est que pour le mouton, nous avons été à un restaurant informer le tenancier de ce qui se passait plus haut et demander le nom du moutonnier pour qu’il s’occupe de ça. Réponse du restaurateur : « Ah oui, je sais, c’est les moutons de X, il a vu la neige alors comme il ne lui en manquait pas beaucoup (je ne sais pas le nombre exact, mais j’en ai vu au moins un autre qui était encore en pleine forme), il s’est dit que c’était ennuyeux de se fatiguer à aller les chercher. Il les a laissé se démerder. » En gros, un mouton, ça ne passe pas l’hiver tout seul en montagne, je suis désolé d’être affirmatif. Donc cela signifiait qu’il avait DÉCIDÉ de les laisser crever. De quelle façon ? Il s’en foutait.
Mais quand le loup bouffe un seul mouton, on en fait une affaire internationale et on ramène une meute de chasseurs, faut pas déconner non plus, les lapinous !
Bien sûr, ce moutonnier appartenait sans doute à la fange de sa corporation et il était peut-être perclus de rhumatismes, mais attention à ne pas mélanger le pastoralisme, qui est une pratique respectable et ancestrale, avec la pratique moderne qui consiste à laisser d’immenses troupeaux en semi-liberté pendant toute la saison, bousillant l’écologie fragile du milieu montagnard (ce n’est pas à prouver), tout ça pour qu’un éleveur qui n’en a rien à foutre de ses bêtes (il les laisse crever les tripes à l’air dans la neige) gagne quelques misérables cacahuètes. La preuve, ça ne vaut même pas la peine pour lui d’aller rechercher les quelques moutons qui manquent à l’appel en automne ! Le système ne fonctionne pas. Il y a soit trop d’argent en jeu, soit pas assez. Mais vous admettrez avec moi que le système a un bogue.
Je ne prétends pas apporter une solution. Les solutions, on en cherche : des chiens, des bergers, des GPS, l’augmentation du prix de la laine, l’éradication de ce système de semi-liberté pour le remplacer par un système d’élevage respectueux et plus productif dans des zones plus restreintes (not. fabrication de fromage), je pense que tout cela a été évoqué dans les autres messages… mais on est obligé d’admettre que le système actuel est grippé, parce qu’on s’est lancé dans une escalade de la taille des troupeaux pour diminuer les risques financiers ! Le loup, là-dedans, excusez-moi mais il me semble assez anecdotique, il met juste la patte dans un engrenage grippé (comme de nombreux chiens errants), il aurait tort de ne pas profiter…
Voilà, merci de m’avoir lu et désolé de toute la place prise.