Petites précisions pour Bernard et les autres…
1/ A titre d’exemple, cette année, dans les Alpes-Maritimes, le département le plus touché, 100% des attaques avec dégâts se sont produits sur des troupeaux respectant les recommandations : bergers, chiens de protection, regroupement nocturne
2/ La taille du troupeau n’a strictement aucune incidence sur l’attaque ou non du loup. Il attaque où il veut quand il veut, de jour ou de nuit y compris à proximité du berger (le plus proche témoignage que j’ai eu a été en Savoir, à 15m de la bergère, avec comportement agressif du loup, la bergère n’étant pas armée à cette occasion)
3/ Pour être rentable, un berger doit garder minimum 800 bêtes.
4/ Les regroupements de troupeaux en grands troupeaux gardés sont des recommandations du Plan loup et, par le passé, du plan ours
5/ Les regroupements nocturnes favorisent la détérioration des sols et de la végétation. Sur un plan strictement écologique ils ne sont pas recommandés sauf à changer de lieux tous les jours ce qui est matériellement impossibles si on veut garder depuis une cabane
6/ L’indemnisation des bergers par l’état est de environ 80% (souvent payé avec un an de retard) pour UN seul berger par troupeau alors que pour respecter la législation du travail il en faudrait 4 par poste de berger. On a déjà des difficultés à trouver des bergers… Voir à cet égard les offres d’emplois, il n’y a pas de chômage et 4 bergers par poste est économiquement intenable
7/ Un berger ça dort dans une cabane qui bien souvent ne respecte même pas la législation en matière d’hygiène et d’espace par manque de moyens financier pour en construire ou par excès d’exigences dans les Parcs Nationaux. Quand on dort dans une cabane après une journée de travail, on n’entend pas forcément une attaque de loups à l’extérieur qui vient au garde manger qu’on lui offre du fait du regroupement
8/ Un berger ne peut pas passer sa nuit dehors, il a une obligation de repos, parfois en journée. Nous ne sommes pas au Moyen Âge.
En conséquence, le débat de chiffres, petit ou grand troupeau, n 'a pas de sens. Il y a seulement des faits observés qui peuvent être très différents selon la montagne (aucune montagne, aucune estive ou alpage ne se ressemblent) et le type de bêtes (chaque race d’ovins peut avoir des réactions différentes) sachant que les ovins ne sont pas les seuls attaqués mais aussi les bovins et les équins et ce qui est rarement dit etd e plus en plus courant, les chiens y compris les chiens de protection.
Quelques chiffres officiels
- Bilan des attaques et constats des dommages de prédations de loups au 31 décembre 2013 - Comparaison avec 2011, 2012 et 2013 http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/Loups/France/Predations-Degats-Indemnisation/2013-12-31-Bilan-Provisoire-Attaques-Constats-Predations-Loups-2013.html
- Prédations et dégâts des loups en 2014 http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/Loups/France/Predations-Degats-Indemnisation/2014/Predation-degats-Loups-2014.php
Il s’agit là de chiffres officiels c’est à dire les attaques / dégâts indemnisés qui ne tiennent pas compte du non indemnisable comme dégâts sur troupeaux de moins de 50 bêtes et sur bêtes de non professionnels (exemple : chevaux de loisir et chiens de compagnie)
[b]Concernant les pratiquants de la montagne/b
- Conséquences indirectes : Aujourd’hui, les principales causes d’abandon du pastoralisme ne sont plus comme en 1970 / 1980 un départ vers la ville, l’usine ou l’administration comme dans la chanson de Ferrat mais l’écoeurement de ce qui se produit avec les grands carnivores (loups, ours, lynx). Plus de pastoralisme = fermeture des paysages et des chemins. A court terme, la randonnée devient difficile voir même impossible dans certains lieux… déclin du tourisme « doux » ou de « nature », abandon des gîtes… des fabrications de produits fermiers de qualité, etc…
- Conséquences directes et immédiates : conflits entre usagers de loisir et usagers professionnels du milieu du fait de la présence des chiens de protection. Il existe des techniques d’approche d’un troupeau et de chiens de protection qui ne sont JAMAIS enseignés aux professionnels de la randonnée et aux animateurs bénévoles. Des conseils et recommandations sont distribués dans les officies de tourisme mais tout le monde s’en fout.
Comportement des usagers du milieu (résumé)
Certains bergers sont des salariés. D’autres sont des éleveurs / bergers (ils ont leur propre troupeau et garde des bêtes d’autres éleveurs). L’espace occupé par ces personnes est soit loué (ils paient une redevance selon un contrat comportant souvent des mesures agro-environnementales) ou il s’agit de propriétés privées. Des chemins peuvent être communaux ou sur terrain privé avec ou sans convention d’usage pour la randonnée. Contrairement à ce que peuvent prétendre quelques excités, la montagne n’appartient pas à tout le monde et le randonneur n’a pas TOUS les droits. Il n’est que toléré sur un espace qu’il utilise sans titre ni droit. Même chose pour les cabanes et les aménagement annexes (toilettes, clotures, abreuvoirs, mangeoires, etc…). On ne va pas réveiller un berger qui fait la sieste (il a peut être été obligé de travailler toute la nuit si les loups rodent). On ne va pas non plus s’imposer dans les cabanes pour remplir sa gourde d’eau. La cabane du berger est un domaine privé.
Le plus souvent, les bovins et équins ne sont pas gardés. ils sont surveillés selon des formes et une fréquence qui peut différer selon les estives et les bêtes (chaque race a son propre comportement en fonction du lieu)
La très grande majorité des usagers de loisir de la montagne tout comme les intervenants de ce forum et autres réseaux sociaux ne sont pas des professionnels de l’élevage. Chez les éleveurs et bergers, nombreux sont ceux qui lisent depuis leur tablette ou smartphone. Je tiens à dire, et Ouragan pourra le confirmer, qu’ils sont particulièrement écoeuré et dégouté des critiques et des conseils qui sont prodigués depuis un écran d’ordinateur. Et je ne parle pas des agressions verbales et parfois physiques sur le terrain de jour comme de nuit, que certains bergers doivent affronter victimes d’individus se réclamant d’associations écologistes bien connues. Il ne faut donc pas s’étonner si parfois l’accueil des randonneurs à un simple « bonjour » n’est pas toujours bien reçu. Les grimpeurs ne sont pas exclus de ce comportement. J’aurais l’occasion d’en parler en d’autres lieux.
Mais il est vrai que critiquer et attaquer les paysans semble devenir politiquement correct dans certains milieux http://www.pyrenees-pireneus.com/Pastoralisme/Syndicats-Agricoles/FNSEA-Federation-Nationale-des-Syndicats-des-Exploitants-Agricoles/2014-09-16-Declaration-des-secretaires-generaux-de-la-FNSEA.pdf
Bonne lecture… Je n’envisage pas de réponse aux critiques qui pourraient m’être adressées