Revenons dans le droit fil du sujet original:
Bizarre autant qu’étrange cette manière de s’offusquer pour une question de vocabulaire. Les coureurs de l’Enfer du Nord doivent-ils monter sur leurs grands chevaux parce qu’on dit aussi « vélo avec des petites roulettes » ?
En première lecture, je me suis dit « on s’en moque »
… et on ne s’en prive pas
(intégral ou auto assuré).
Là ça devient intéressant. Parce que ce n’est pas du tout la même chose.
Solo c’est le risque et l’engagement total,
Oui, le solo intégral, ou le free solo, … enfin le Solo. Pas le solo auto-assuré.
Etonnant d’ailleurs cette illustration en tête de tribune par un portrait de Preuss, qui a théorisé le Solo, … pour embrayer sur le Solo auto-assuré, qui est un peu au Solo de Preuss ce que la moulinette est à l’escalade en solo… Surtout sur des ascensions de big-wall faites avec une bonne dose d’artif. C’est très bien, un peu tâcheron sur les bords, engagé oui, mais pas du tout au niveau d’une ascension en Solo, même de quelques dizaines de mètres seulement: ce n’est en rien du Solo (si on veut mettre de l’égo et du jugement de valeur sur des questions de vocabulaire, autant le faire vraiment et honnêtement.)
En première lecture, donc, je me disais « on s’en moque ».
Mais il y a d’autres enjeux.
Dévaloriser ou dénigrer la montée de corde auto-assurée, c’est aussi laisser entendre que c’est une activité anodine, à la portée de n’importe qui. Et ce n’est pas le cas.
@limbo l’a rappelé plus haut, la remontée sur corde comporte des dangers, et il y a des accidents. Il se trouve en parallèle que, notamment avec l’élévation du nombre de forts grimpeurs, un certain nombre de gens, peut-être focalisés plutôt sur la performance sportive, vont travailler des voies comme ça, et ne mobilisent leurs assureurs que de temps en temps: tout comme les équipeurs ils peuvent se retrouver seuls sur un site, et si quelque-chose se passe mal, s’exposer à des conséquences graves.
La montée de corde n’est pas une pratique anodine. De ce fait, l’affubler du qualificatif de solo est tout à fait pertinent. Le Top rope solo, tout comme le solo auto-assuré, ce n’est pas du solo… mais c’en est quand même !
Insister sur ce terme permet d’insister sur le niveau d’engagement et sur l’exigence de maîtrise technique dans une situation où le grimpeur dépend, peut-être encore plus qu’en solo auto-assuré (où on peut aussi bien ne jamais chuter et tout faire en libre), du matériel et de la manière dont il est utilisé.
Ressource: voir par exemple le blog de Dave MacLeod self belay top rope