Posté en tant qu’invité par yannick:
Bonjour à tous
J’étais à la Sans Nom dimanche.
Quelques précisions qui sans doute contenteront certains, tout en ne faisant qu’alimenter les avis éclairés des cybermontagnards.
Nous avons fait le choix d’aller faire l’arete Sans Nom. Nous savions les conditions de regel mauvaises et nous nous sommes beaucoup questionnés la veille sur l’opportunité ou pas d’y aller. Les renseignements pris au Couvercle nous indiquaient qu’une descente par le moine était sans doute faisable mais compliquée car « humide ». Nous sommes partis en pleine conscience que la descente serait tendue.
Pourquoi partir quand même? A cette question, chacun amènera des réponses qui lui sont propres. C’est une question difficile à débattre sur la place publique et encore plus sur un forum web. Les réponses me semblent éminemment personnelles.
En tous cas pas pour une « liste de courses » comme j’ai pu le lire, où à cause d’une gente féminine justement reçue au proba.
Cette question, qui je pense se pose très souvent dés lors que l’on pratique la montagne, s’est posée pour nous samedi dernier, en 2007, dans le massif du Mt Blanc. Non pas en 1897 dans le Mt Blanc à l’époque des pionniers, et non pas en 2007 dans un massif de l’Arctique. La réalité est que les secours existent, qu’ils font leur travail, que nous les finançons déjà et qu’en plus on peut les joindre grâce/à cause des téléphones portables. Faire comme si ceci n’était pas une réalité serait hypocrite. Alors certainement, dans le choix d’y aller ou pas, ces paramètres entrent en jeux même si solliciter les secours, aussi sage que cela puisse être, est quelque part un « échec » car cela signifie ne pas avoir géré sa course, ne pas avoir progressé « by fair means ». On ne part pas en course avec l’hélico en objectif. Mais on part en course en sachant qu’il existe et c’est une grande différence. Pour ceux qui auraient du mal à admettre cet état de fait (moi? jamais! les autres peut être… mais moi non!) je vous invite à délaisser vos claviers et partir faire de l’alpinisme ou toute autre activité de montagne dans un lieu du bout du monde où les secours n’existent pas et où la seule « aide » possible est le déclenchement d’une balise Sarsat. Quand le centre Sarsat, basé à Toulouse, captera votre message d’alerte et déterminera votre latitude/longitude, vous aurez juste une semaine (au mieux) avant qu’un hypothétique avion ne se pose et tente quelque chose…
Vous comprendrez mieux alors ce que je veux dire quand je parle d’« état de fait » dans le massif du Mt Blanc. J’ai expérimenté les deux, et c’est bien de deux mondes qu’il s’agit.
Je n’éprouve alors aucune honte à expliquer sur C2C que cette course était belle malgré cette descente improvisée. J’éprouve encore moins de honte à « avouer » que nous nous sommes faits hélitreuiller. Je plains ceux qui taisent leurs erreurs, c’est eux qui devraient se cacher « la face » plutôt que d’avoir peur de la perdre . Publier sur C2C c’est aussi dire « on a fait les cons et c’est pas parce qu’on fait la Sans Nom qu’on est meilleurs que des débutants, qu’on se le dise ». C’est aussi pour nous un rappel à l’ordre, toujours utile dans une vie de montagne, car se trouver au Whymper à la mi journée en cette chaleur était une erreur manifeste. L’expérience n’est pas une garantie absolue de jugement adapté, nous en sommes la preuve.
Alors quand certains y voient de la flaterie pour « amour propre » j’avoue que je ne comprends pas et que ne chercherai pas à comprendre. On ne doit pas fonctionner pareil. Nous avons pensé bivouaquer et attendre le regel, et avons posé calmement la question au PG qui a préféré venir nous récupérer. Voilà tout.
Bonne montagne à tous.
Y.