Suicide en montagne et sports à risque

Posté en tant qu’invité par gitaneau:

…dans un contexte montagne (c’est le thème de la discussion, non ?), des noms de gens qui ont fait le grand saut, programmé « x » années avant le passage à l’acte. …

cela n’est jamais programmé
la date n’est jamais connue si longtemps à l’avance; elle n’est décidée que quelques jours/ semaines/ mois à l’avance
mais certains savent qu’ils le feront

à moins que le suicide assisté soit légalisé d’ici là

Posté en tant qu’invité par gitaneau:

[quote=« vref, id: 1726495, post:62, topic:152754 »]mais certains savent qu’ils le feront

à moins que le suicide assisté soit légalisé d’ici là[/quote]

Je crois que tu te nourris de tes propres fantasmes. Quant au reste, on digresse sur d’autres problématiques h.s.

Bon a-m.

Posté en tant qu’invité par matouzalem:

Eh ben , ça ne manque pas…cherche , et trouve toi-meme !!! :stuck_out_tongue:

sinon, sur le sujet… :


ou :

[quote=« csv, id: 1407173, post:28, topic:124727 »]Le livre « Solos » de C. Moulin :
editionsguerin.com/boutique_fr_article_37.html
montagne-virtuel.com/MOULIN/index.php
masse-fr.com/critiques/solos_moulin.html
tvmountain.com/video/culture/6577-chris … uerin.html[/quote]
et récemment :

[quote]Les alpinistes vont en montagne en sachant qu’ils peuvent y mourir mais ils opèrent de la manière la plus sûre possible même si le risque existe. Avec la maladie de Wendy, il n’y avait pas d’échappatoire. »
http://www.lemonde.fr/sport/visuel/2015/04/18/on-a-retrouve-chris-bonington-la-legende-vivante-de-l-alpinisme_4617137_3242.html#XD3qU2OEXrxj6U5x.99[/quote]

Posté en tant qu’invité par De l’eau. De là …:

Oui, c’est cette direction que j’évoquais en disant que le sujet est fécond et profond, bien débattu et exploré par de bien savantes personnes.

Celle d’essayer de comprendre ce qui rend intime à la pratique de l’alpinisme l’idée de la mort.

Beaucoup de visions se sont succédées, voire opposées! Depuis les romantiques – Hééé : pourquoi l’alpinisme serait-il le seul domaine où il n’aient pas sévi ? … jusqu’aux mystiques, au nihilistes, aux adeptes de Prométhée, … j’en passe, et des plus nationalistes, eugénistes, racialistes et pleins de trucs en « iste ».

On a vu des universitaires tout à fait capés expliquer il y a peu que la seule définition qui tienne de cette affaire, l’alpinisme est à peu près celle-ci, si je l’ai bien comprise : «Pour qu’une course en montagne soit de l’alpinisme, il faut accepter l’idée de n’en point revenir ».
En d’autres termes : si l’on se sent « juste » techniquement pour une course donnée, et que par exemple on prend un guide dans l’idée d’annuler cette confrontation au risque mortel, dans l’idée de s’en prémunir, de prendre une « assurance-vie » : on se prémunit aussi de l’alpinisme !
Ce qui fait que contrairement au gastounien précepte, on peut très bien descendre de la Verte sans être alpiniste …
Bien sûr, pour ce qui me concerne, de toutes ces affaires : je n’en sais rien.

Bon, ce n’est pas le même sujet que celui du suicide, mais si j’ai bien compris la question de départ, il s’agissait de comprendre si la pratique de la montagne peut modifier la conversation que chacun entretient avec sa propre finitude. Si l’on écoute ces savants, la réponse pourrait bien être oui.

Tiens, pour conclure définitivement (ce n’est que la deuxième fois que c’est définitif …), je vous propose cette phrase d’un auteur bien intéressant, pas trop connu il me semble, que j’ai découverts grâce à c2c. Je viens de la retrouver sur le net :
« Il ne suffit pas [à l’homme] d’être mortel, il comprend qu’il doit le devenir,
qu’il doit être deux fois mortel, souverainement, extrêmement mortel. C’est là sa
vocation humaine. » (Blanchot, 1973).

Posté en tant qu’invité par De l’eau. De là …:

Je ne parlais, bien entendu que de mes petites interventions !

Et de trois !

Une digression sur le suicide en général a été déplacée au Bistrot :
/viewtopic.php?id=272819
pour laisser ce sujet évoquer le problème du suicide en montagne et sports à risque.

Pour participer à cette réflexion il faut je pense sortir du cadre montagne et penser à un « comportement à risque » qui prend pour cadre ici la montagne :
http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=JDP_251_0058

mais pourquoi uniquement dans les sports « à risque » ?
pour quelqu’un qui aime la montagne, y mourir peut être un désir légitime, voir un idéal
et la seule façon d’être sur d’y mourir, c’est le suicide

tsss …
dans la vie, il n’y a jamais rien de définitif

Posté en tant qu’invité par gitaneau:

[quote=« De l’eau. De là …, id: 1726805, post:66, topic:152754 »]On a vu des universitaires tout à fait capés expliquer il y a peu que la seule définition qui tienne de cette affaire, l’alpinisme est à peu près celle-ci, si je l’ai bien comprise : «Pour qu’une course en montagne soit de l’alpinisme, il faut accepter l’idée de n’en point revenir ».
En d’autres termes : si l’on se sent « juste » techniquement pour une course donnée, et que par exemple on prend un guide dans l’idée d’annuler cette confrontation au risque mortel, dans l’idée de s’en prémunir, de prendre une « assurance-vie » : on se prémunit aussi de l’alpinisme !

Bien sûr, pour ce qui me concerne, de toutes ces affaires : je n’en sais rien.[/quote]

C’est totalement méconnaître l’alpinisme que d’affirmer que la présence d’un guide suffit à garantir la sécurité de la cordée.Par ailleurs, la présence de la corde est la preuve incontestable du désir de vivre dans un contexte hostile et que la pratique de la montagne n’est qu’une forme parmi d’autres de ce désir, loin des clichés du grimpeur téméraire et dépressif tel qu’on veut nous le faire croire depuis le début de cette discussion.
Ainsi la forme la plus aboutie de l’alpinisme serait le solo intégral ? Il n’y a qu’à voir la proportion des adeptes de cette pratique parmi la population qui s’adonne à l’alpinisme, pour se convaincre que les grimpeurs sont avant tout des individus qui ont un instinct de conservation très développé, jouisseurs, hédonistes avec le souci que cela dure le plus longtemps possible !

Que de blanc ! Et toutes les nuances de gris alors ?
Je revendique le droit à la mélancolie du grimpeur.

L’instinct de conservation très développé du grimpeur ? Soit. Mais pourquoi, justement, aller vers des pratiques qui impliquent de tester cet instinct, et permettent de savoir qu’il est là ? C’est une question rebattue en littérature alpine, et pas pour rien.

Se sentir plus vivant en milieu hostile, aller dans le domaine de la lutte (contre la peur, contre les éléments, contre la fatigue, contre… la pesanteur), comme pour se rassurer sur la force de son attachement à la vie. Certains n’en ont pas besoin. Pourquoi d’autres ressentent-ils l’appel du vide ?

Tout à fait d’accord, SDDDRO :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par gitaneau:

…variation sur le thème éternel de l’Homme qui se rêve oiseau. …

L’appel du vide ? Mais je l’ai ressenti à chaque fois que j’allais grimper (Verdon, etc) et j’en redemandais ! C’est jouissif mais ce n’est pas pour autant que j’aurais fait le grand saut…on cherche des explications irrationnelles, théâtrales, pathétiques à un phénomène banalement humain: la recherche de sensations fortes dans un monde aseptisé. That’s all Folks !

[quote=« gitaneau, id: 1727092, post:74, topic:152754 »]

…variation sur le thème éternel de l’Homme qui se rêve oiseau. …[/quote]

Moins oiseau qu’Icare. Face au vide, personnellement, je sais que je ne peux pas voler. Rêve de chute plutôt que rêve de vol.

Un psychologue de comptoir poserait la question de cette jouissance, et de quel dépassement, lutte ou peur elle est la traduction.
Un autre dirait que « grand saut » et jouissance sont deux réactions opposées au même stimulus, alors que la seule réaction parfaitement sereine (et dépourvue de stimulations d’ordre sub ou inconscient) serait une indifférence totale, ou l’absence de désir d’affronter le vide, l’effort, le froid, etc.

.

Peut-être parce que pour « on » les humains sont irrationnels, théâtraux, pathétiques (ou drôles), et que c’est justement ce qui en fait des humains, en toute banalité.

Posté en tant qu’invité par gitaneau:

L’indifférence est un état qui découle de l’habitude, de la routine, de l’expérience. Coutumier d’un site d’escalade, on peut évoluer à plusieurs centaines de mètres du sol sans éprouver la moindre sensation par rapport au vide ou à l’environnement, sauf celle de l’exercice purement physique.

Posté en tant qu’invité par De l’haut. De là …:

M’enfin, gitaneau, pourquoi donc crois-tu que tes interlocuteurs soient systématiquement des ignorants ?

Je n’ai bien sûr jamais dit que la présence d’un guide soit une assurance sans faille de retour heureux ! Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la mortalité de la profession de GHM, particulièrement haute.
Non, là, au débouté, je dois bien être capable de te proposer une dizaine de raisons d’engager un guide, dont aucune ne ferait référence à une assurance tous risques ( amusante, cette expression, n’est-ce pas ? Ne devrait-on pas plutôt évoquer une assurance « sans risque » ?)
Mais tu ne peux pas nier, avec ta haute connaissance de l’alpinisme, que dans les personnes qui engagent un professionnel aguerri et compétant, un certain nombre le fait en croyant à tort, que le risque n’existera pas (je suis bien d’accord qu’ils devraient réfléchir trente secondes à la notion de risque …).
Et donc, si l’on fait référence aux théories de ces savants que j’ai rapportées, en annulant tout simplement ce qui fonde l’alpinisme.
As-tu remarqué que je n’ai pas pris parti dans ces théories : elles sont bien trop savantes pour moi, je n’ai pas l’équipement neuronal et conceptuel qui me permettraient de les manipuler, elles m’intimident et m’effraient bien plus que beaucoup d’itinéraires de l’Alpe …

Sinon, la référence à « l’appel du vide » de notre camarade syndiquée est tout à fait pertinente. As-tu noté que même dans les adeptes de la verticalité, il y a des personnes qui se plaignent de « vertige » ?
On est bien d’accord que l’on ne parle pas de ce vertige-là qui concerne les neurologues ou les ORL, et qui est incompatible ne serait-ce qu’avec la position debout. On ne parle que du sens commun du mot, celui qu’utilisent ceux qui, sur quelque arête plus ou moins aérienne t’expliquent qu’il ressentent une sensation bloquante …
Dans ce sens commun, le vertige n’est pas autre chose qu’une phobie d’impulsion. C’est dire que ces personnes ont peur de ressentir une pulsion leur commandant de se jeter en bas, avec toutes les conséquences. Ils redoutent donc leurs propres pulsions mortifères. Cela entraine un certain nombre de comportements contra phobiques plus ou moins adaptés, plus ou moins pertinents (la corde elle-même, parfois … n’est-ce pas ? …).
Certains de ces « vertigineux » fuient les montagnes, ce qui n’est pas idiot.
Pas tous.
Euhhhhhh : ils y font quoi ?

PS qui n’a rien à voir : à ceux, mal intentionnés, qui ne feraient remarquer qu’après trois il y a quatre, je leur réponds que je ne comprends pas ce qu’ils veulent dire, ni de quoi, ni de qui ils parlent.

[quote=« guillaume sanson, id: 1726895, post:69, topic:152754 »]Pour participer à cette réflexion il faut je pense sortir du cadre montagne et penser à un « comportement à risque » qui prend pour cadre ici la montagne :
http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=JDP_251_0058[/quote]

cela manque cruellement de références… Les chiffres ne montrent pas une explosion des accidents comme il le prétend… Bien qu’intéressant ça semble sortir du chapeau!

Si le guide ne réduit pas le risque à zéro, il le réduit tout de même fortement, surtout si le niveau des clients qu’il emmène est faible techniquement pour la course envisagée.

A part ça, je ne savais pas qu’aller en montagne générait tant de questions existentielles !

C’est la vie qui génère les questions existentielles :rolleyes:

La montagne peut être une façon de nous révéler à nous-même.