Rupture de corde

+1 avec Alexis…

Le rôle de la gaine est la protection mécanique.
Donc l’âme coupée par un coup de crampon sans que la gaine soit touchée…. Je n’y crois pas.

Lorsque la courbure de la corde est différente, on croit que c’est l’âme qui est touchée.
Mais l’âme est bcp plus souple que la gaine… En fait, même si ca ne se voit pas, c’est la gaine qui est abimée et a perdu une part de sa rigidité. Pour vous en convaincre, la prochaine fois que vous le constatez, épluchez la gaine au lieu de couper la corde : vous verrez que l’âme est intacte.

A ma connaissance, il n’y a que l’attaque chimique qui peut toucher l’âme sans toucher la gaine, parce qu’elles sont en matériaux différents.

+1

Posté en tant qu’invité par poncram:

Vous manquez vraiment d’imagination ! Quoi que la DGSE… c’est une piste à creuser…

Posté en tant qu’invité par poncram:

N’est pas plutôt le fait que le dommage est invisible, que ce soit pour la gaine et pour l’âme ?

Certes, ce n’est pas les mêmes matériaux mais j’ai du mal à imaginer qu’un produit chimique puisse abimer l’âme d’une corde sans abimer la gaine. Aurais-tu un exemple de produit qui aurait cet effet ?

Je pensais que c’était le même matériau (polyamide) qui était utilisé pour l’âme et pour la gaine.

Posté en tant qu’invité par GIACOBI SEBASTIEN:

Bonsoir à tous, je viens de lire tous vos posts et je me permets donc de vous répondre. Tout d’abord je me présente, je suis guide de haute montagne, instructeur à l’EMHM, et entre autre meilleur ami de Laurent FABRE qui vient de disparaitre à l’arrête des Papillons… Laurent était guide depuis 1999, très fort alpiniste, personne très expérimentée, il avait fait les Papillons plusieurs fois. Il encadrait un groupe de 3 stagiaires, pour un stage d’autonomie.Il grimpait encordé avec un des stagiaires avec un seul brin de corde Joker. La cordée autonome qui grimpait derrière cette cordée était également encordée sur un seul brin de Joker, ce qui aurait permis aux 2 cordées, en joignant leurs 2 cordes de faire un rappel éventuel… Laurent est tombé (pour une raison inexpliquée et inexplicable) à partir d’une vire, au niveau de la deuxième longueur de la voie. Il avait déjà fait son relais (une sangle sur un becquet) et mis son système d’assurance pour assurer son second de cordée. Mais la corde s’est bloquée non loin de lui au niveau d’une petite brèche. C’est en voulant intervenir en revenant en arrière qu’il est tombé.
Personne n’a rien vu.
La corde, peu servie, quasi neuve, sans coup de crampons, bien entretenue, est restée bloquée à la brèche, et pendant la chute qui était pendulaire (3/4m environ) la corde a frotté sur une arête de granit (arête à 90°) qui a tranché la corde immédiatement.
Quoi de plus? Pour moi Laurent est un des meilleurs, il était en plus en chaussons, il connaissait la voie, il n’y avait pas de défaut sur la corde (ni de fabrication, ni de coup de crampons, ou autre…).
RIP mon lolo…
SEB

[quote=« GIACOBI SEBASTIEN, id: 1417154, post:39, topic:125561 »][/quote]
Tout d’abord, je vous souhaite plein de courage dans ce moment difficile.

Merci pour ces détails. Présentés tels-quels, ça laisse interrogatif sur l’usage d’une corde à simple de faible diamètre, hors couenne…
Est-ce que vous savez si des analyses plus poussées sur la corde sont en cours pour déterminer précisément le mode de rupture, ou déceler un éventuel vice caché ?

Posté en tant qu’invité par GIACOBI SEBASTIEN:

Merci pour le soutien.
Il est vrai que celà reste interrogatif, mais ce type d’accident reste très rare fort heureusement. Des théories ont été faites sur cet accident, en fait le facteur très agravant dans cette histoire c’est que la corde soit restée coincée et donc que la « coupure » se soit exercée sur une toute petite longueur de corde voir même sur quasiment un seul point, car il n’y a eu aucun coulissement de la corde qui est donc restée « fixe ». Donc pas de vice caché, pas de défauts, juste un mauvais concours de circonstances, comment bien souvent malheureusement!

C’est le cas constamment quand on assure un second avec une plaquette au relais ! On est par exemple a priori dans le même cas de figure avec un second qui progresse en traversée, enlève le dernier point, à l’horizontale, à 3m du relais, puis chute en pendulant…

Posté en tant qu’invité par GIACOBI SEBASTIEN:

[quote=« Tintin, id: 1417198, post:42, topic:125561 »]

C’est le cas constamment quand on assure un second avec une plaquette au relais ! On est par exemple a priori dans le même cas de figure avec un second qui progresse en traversée, enlève le dernier point, à l’horizontale, à 3m du relais, puis chute en pendulant…[/quote]

Exactement…!

Ce cas qui heureusement n’est pas frequent est arrive a une ou deux reprises ces dernieres annees aux USa ou le rocher est souvent plus abrasif et les courses moins frequentees. C’est d’autant plus tragique qu’en dix annees a la DA (pour ceux qui connaissent) et en stage a l’EMHM, et faisant de la montagne en amateur depuis un certain nombre d’annees , je ne crois pas en avoir jamais entendu parle. Quant a ce qui est arrive a ma connaissance ds ls annees 80 a Varces et ce que l’on nous en a dit a l’epoque etait que le corde avait ete achetee d’occase, qu’elle etait en tres mauvais etat et qu’il y a eu une grosse erreur de manip, mais je n’ai jamais vu le CR detaille. A l’epoque les cordes n’avaient ni l’elasticite ni la qualite de ce que l’on a maintenant et il etait fortement deconseille de marcher dessus et ce d’autant plus qu’on grimpait tres souvent en superguides (Galibier).
Toutes mes condoleances a lui, sa famille et a l’EHM.

Posté en tant qu’invité par jmleonde:

Pour info, j’ai fait un vol de facteur 2 en face Sud du Rouget cet été, relais sur Friend, corde simple 8,6, environ 3-4m au dessus du relais, en cassant une petite prise alors que j’engageais dans une belle dalle en rocher rouge.
Le Friend a tenu :slight_smile: . Mais la corde a souffert, gaine abimée avec l’âme a priori OK. C’est du granit mais sans arête significative a l’endroit de la chute. On a du racourcir la corde avant de repartir, pas d’humeur à compter le nombre de chute avant rupture.
J’ai racheté une 9,1 pour la prochaine fois… Et peut-être repasser en corde à double pour les voies où l’on expose au dessus du relais.
Le sac à dos et le casque étaient bien utiles après le rebond sur le relais pour l’arrêt (somme toute assez brutal) à plat-dos la tête en bas.

Si tu as passé la corde dans le mousqueton d’un des points d’assurage du relais (comme tu te dois de le faire), tu ne peux pas atteindre le facteur 2.
D 'autre part, tu précises que tu as rebondi sur le relais, ce qui signifie que tu ne peux pas avoir dépassé le facteur 1 .

Posté en tant qu’invité par jmleonde:

Euh, le relais n’était pas une terrasse… sinon mes chevilles auraient demandé un passage à l’hosto et je ne serais pas sorti par le haut. Toujours est-il que le mousqueton de renvoi était bien dans le Friend à 50cm de mon compagnon de cordée qui, heureusement, n’était pas en train de me filmer. Mon objet n’était de discuter le chiffre exact de mon facteur de chute, mais juste une incitation à parfois garder la corde à double en tête.

merci Sébastien pour ces précisions. Une pensée pour Laurent, ses amis, sa famille, ses collègues.

J’interviens pour confirmer que les cordes cassent en cas de frottements, ou en cas de chutes de pierre.
J’ai vécu les deux situations

  1. lors d’escalade sur le granit du Val d’Orco en Italie, on installe une moulinette. Une chute en second avec un pendule s’est traduite par la rupture de la corde et chute au sol, mais pas de mal. c’était il y a très longtemps, j’étais inexpérimenté et je n’ai plus jamais refais l’erreur, car il s’agissait d’une véritable erreur. Les frottements sur le granit sont terribles pour les cordes.
  2. Lors 'un rappel dans les Grandes Jorasses, une chute de pierre a coupé net un des brins de ma corde une vingtaine de mètres en dessous de moi. en fait elle ne tenait plus que par un seul toron de l’âme. La corde a été raccourcie de presque 20 m, et on a terminé la descente avec une 70 m au lieu des 90 m du début.

A mon avis, les petits diamètres résistent moins aux frottements, mais tellement plus agréables à manipuler :wink: J’accepte le petit risque supplémentaire. L’escalade et l’alpinisme, c’est aussi une école de la gestion du risque.

OK :slight_smile:

Merci Sébastien de nous avoir éclairer car cela permettra désormais à chacun de mieux choisir son mode d’encordement surtout pour les courses d’arêtes! Une pensée à toute la famille de Laurent ainsi qu’à tous ses amis.

Posté en tant qu’invité par elion:

Le problème dans le cas de figure de l’accident est que le facteur de chute a dû être bien supérieur à 2. Une corde d’escalade n’est pas faite pour résister à un choc de facteur 5 ou 10, et pourtant cette situation peut se présenter en cas de coincement de la corde.

À priori non, puisque la corde est déjà bloquée avant la chute, donc le facteur de chute ne peut être supérieur à 2. Vu que la chute s’est passée depuis une vire, le facteur chute est sans doute plus proche de 1.
Un facteur de chute supérieur à 2 ne pourrait se rencontrer que si le bout de corde devant le grimpeur se coince (complètement) entre lui et le dernier point, alors qu’il est déjà en train de chuter.