Estimer un risque … Je pense que tu veux dire « attribuer une probabilité chiffrée à l’issue d’une situation risquée ».
Je ne suis pas vraiment d’accord avec toi, pour des chutes de pierre, ou de sérac, même si on ne connait pas la valeur exacte de la probabilité d’occurrence d’un tel risque, ce n’est pas un dé réglé à P=1/6, qui fait globalement des 6 une fois sur 6, et encore rien ne garantira de prendre le 6 au premier ou au 15 ieme tirage, (mais on ne connait pas la valeur exacte, ni la date de sortie, non plus, pour les avalanches), l’évènement pouvant sortir n’importe quand, on arrive à s’en approcher par des approches simplistes, avec les temps de retour/temps d’exposition, et donc des probabilités « temporelles » d’être dessous au moment T. C’est le sens de la réponse de A_D. Pour détailler.
A la monté :
Un sérac qui largue des cubes de glace une fois par jour (5 minutes) et toi qui randonne dessous 2.5h. 288 créneaux de 5 min par jour. 30 impactés. Probabilité d’être impacté à une chance >1/10 c’est monstrueux, ta vie sur un dé.
Un sérac qui largue des cubes de glace une fois par jour (5 minutes) et toi qui randonne dessous une demi-heure. 288 créneaux de 5 min par jour. 6 impactés. Probabilité d’être impacté à une chance sur 50 c’est énorme.
A la descente :
Un sérac qui largue des cubes de glace une fois par jour (5 minutes) et toi qui sprint dessous 30 secondes. 2880 créneaux de 30s par jour. 10 impactés. Probabilité à une chance sur 288, une chance sur 300 c’est encore beaucoup.
Cette approche « temps de retour/temps d’expo » a 1 ou 2 puissance de dix foirée dans le raisonnement (car on ne connait pas les temps de retour exact (certains seracs tombent une fois semaine, d’autres 2/3 fois par jour, balayent les face en plus ou moins de 5 minutes), et aussi car une fois l’avalanche déclenchée et toi dessous, tu n’es pas nécessairement impacté, et une fois touché tu n’es pas forcément mort), peu importe, c’est pour cela que de 1/100 je donnais des risques à 1/10 000, on peut encore passer entre les balles. mais qu’importe l’incertitude, il faut parfois poser des chiffres pour avancer un peu.
Mais de telles proba simplistes, ne sont pas, ni plus juste, ni mois juste, qu’une estimation qu’un risque 1 à 5 d’avalanche, pour lequel l’occurrence de déclenchement est « calculée » à partir de modèles numériques ténébreux sur un manteau neigeux simulé et des cas analogues. D’ailleurs MF, ne se risque pas à une approche probabiliste et se tient à 1 à 5 sur la proba d’avalanche.
Si on doit se risquer à une comparaison chiffrée il faut transferer vers ce qui se dit depuis peu, pour les cailloux ( Guide technique Aléa rocheux - Méthode MEZAP | BRGM - page 10) :
risque très faible 1/1 000 000 (risque de mort par jour d’expo au risque)
risque faible 1/10 000 à 1/1 000 000
risque moyen 1/100 à 1/10 000
risque élevé 1/10 à 1/100
très élevé sup à 1/10
Par extension sur l’échelle d’avalanche il viendrait (c’est capilotracté car je met en relation 2 echelles qui n’ont rien à voir, mais c’est 2 echelles qui qualifient un risque, et ça donne qq chose) :
risque 1 : très faible 1/1 000 000 (risque de mort par jour d’expo au risque)
risque 2 : faible 1/10 000 à 1/1 000 000
risque 3 : moyen 1/100 à 1/10 000
risque 4 : élevé 1/10 à 1/100
très élevé 5 : sup à 1/10
On pourrait alors faire une liaison (douteuse je le répète)
Pour schématiser, passer sous un sérac serait comme skier :
par risque 5, en restant sous un serac plus de 2.5h dans la journée
par risque 4, en passant dessous à la montée 30 minutes
par risque 3 en passant à la descente 30 secondes
Disons qu’on arrive à des équivalences…foireuses…mais qui donnent quelque chose.
La conclusion est raccord avec mon avis de skieur et de montagnard qui passe sous les seracs :
de dire exit les config « sérac à la monté » et le ski risque 4 et 5 dans des pentes qui craignent,
et à la rigueur un tout petit peu de config « sérac à la descente », genre Grépon/Mer de Glace, une fois l’an.
C’est ma vision…d’autres en ont probablement d’autres.