Risques objectifs - Mont Blanc du Tacul

Bonjour à tous,

Nous prévoyons une sortie à plusieurs cordées le week-end du 10 juin avec un programme qui pour l’instant ressemblerait à :
J1 - montée aiguille du midi → arrête à Laurence ou Pointe Lachenal → nuit au refuge des cosmiques
J2 - Mont-Blanc du Tacul par la voie normale + éventuellement mont maudit → redescente

Cela a fait émerger des discussions entre nous concernant les risques objectifs que présente la voie normale du Mont-Blanc du Tacul ; en particulier pour les deux pères de famille qui nous accompagneraient.

Concernant les avalanches, le point météo en amont permettra de se donner le feu vert ou non sur cet aspect, mais reste entier le sujet séracs .

Les topos sont peu bavard sur ce point, mis à part le X3 et un lapidaire « risque marqué de chute de sérac ».

Quelqu’un saurait-il me dire quel % de la voie normale est en zone exposée ? Pour quelle durée d’évolution pour une cordée avançant « normalement », voir peut-être un peu plus lentement que la normale ?

Quelqu’un l’ayant fait récemment saurait-il me dire son ressentit dans la voie ? (Du genre « C’est jouer à la roulette russe » ou « faut pas trainer, mais ça sera vite passé »).

Enfin, comment cela se comparerait-il aux risques objectifs rencontrés (du point de vue des séracs) sur la voie normale de la barre des écrins par exemple ? (Voie normale du dôme indiquée X3).

En vous remerciant par avance pour vos retours,
J’ai comme toujours hâte de lire vos avis, anecdotes et commentaires :slight_smile:

Bonne journée !

Sans doute que de nombreuses réponses te permettront de te situer face au risque objectif, sujet du post.
Comme tu évoques la lecture d’éventuels commentaires, … je me suis toujours questionné sur le fait « de ne pas trainer » sous les séracs.
Évidemment, ne pas y trainer, c’est limiter le temps de l’exposition…, mais s’agissant d’un aléa imprévisible, l’heure du rendez-vous n’est pas fixée !!!
Aller vite…, pourrait tout aussi bien amener le pratiquant à se trouver dans l’axe de l’écroulement, là ou le plus lent serait épargné (ça doit parler aux retardataires qui ont raté un avion…, avant qu’il ne se crashe!).
L’illustration de Samivel « Le rendez-vous » traduit bien cette pensée. Être au mauvais endroit, au mauvais moment, ça n’implique pas d’aller vite ou lentement…!
Voilà pour la réflexion sur le sujet…, même si j’avoue que, lorsque j’y suis passé, sous les séracs du Tacul, … c’était à grandes enjambées.

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Ouais, bon… c’est des positions philosophiques. On pourrait tout aussi bien faire nôtre la remarque de Mummery sur les chutes de pierres « on n’est pas spécialement visé ».
Sous les séracs, je fais comme mes petits camarades. Je me dépêche.
Sur les conditions au Tacul, posez la question à ceux qui savent: ohm etc.

Un petit peu quand même, non ?
Plus on va vite, moins on passe de temps au mauvais endroit. Donc moins on a de risque d’y être au mauvais moment. Raisonnement inattaquable :grinning:

Cela dit, je comprends quand même le sens de ta remarque ainsi:

  1. Aller vite n’a rien d’une garantie.
  2. Même en allant vite, le risque d’être au mauvais endroit au mauvais moment n’est réduit que proportionnellement au gain de vitesse. C’est à dire que même si on va 2 fois plus vite (ce qui fait déjà beaucoup, pour un passage d’alpinisme), on ne divise le risque que par 2. Ça ne fait pas une grosse différence. Si le risque de base est déjà conséquent, d’aucuns trouveront que c’est insuffisant. Dans ce cas, une seule solution: changer d’objectif.

Sinon, désolé, pas de réponse plus spécifique sur le Tacul: demander aux gars du coin. Et se dire que la réponse sera forcément une variation sur « Oui, c’est exposé aux séracs ». Je ne sais pas si on peut quantifier mieux que ça.
D’autant que vu les conditions de neige actuelles là-haut, une chute de séracs à toutes les chances de déclencher une énorme avalanche, avec un impact bien au-delà de la zone « exposée aux séracs ». Il me semble que c’est ce genre d’événements qui a conduit à de gros accidents sur cette voie par le passé.

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Les conditions du Tacul évoluent (et en particulier le passage clef et les séracs) et le mieux est de contacter la Chamoniarde qui suit les affaires de près (conditions et cahier de course) et qui en plus a des contacts avec le PGHM et la Cie des guides.

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Tu l’as quelque part ?
ça me parle un peu, cette histoire :wink:

En effet, et pour aller plus loin, c’est un endroit et un moment, mais sont-ils si « mauvais » ?
Je n’ai plus de bras (aya la menteuse il me reste le gauche) mais j’ai davantage la conscience de l’instant présent, de la chance de vivre, de temps pour profiter de mon fils avec la pension d’invalidité…
Bref, y a du bon dans tout mauvais, ou non ?!..
(Pour autant je ne trainerais toujours pas sous des séracs, si j’avais le choix !)

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Salut, les Seracs auront toujours un peu ce coté roulette russe car on n’a aucune maitrise du moment où ils risquent de tomber. D’autre part au Tacul ils ont une facheuse tendance à déclencher des plaques en tombant (ce n’est pas le seul endroit).

Globalement face à ce genre d’itinéraire ma vision est la suivante: chaque personne qui passe dessous devrait le faire en toute conscience du risque existant qui serait alors assumé. Par contre cela m’ennuie que certains s’exposent dessous dans l’ignorance comme on le voit souvent par exemple au Dôme des Écrins (un peu la même config que le Tacul: >4000m, facile, seracs) juste parce qu’ils veulent faire un 4000.

Si tu en es à te poser la question de façon poussée c’est que tu n’es pas totalement à l’aise avec la décision de t’exposer à ce risque. Il faut peut être se poser la question aussi d’un autre choix d’itinéraire/sommet qui ne poserai pas ces questions tout en offrant ce que vous cherchez à vivre pour votre sortie en montagne?

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Ce deuxième point est très important. Je crois que c’est très naïf de penser qu’on va significativement réduire le risque en allant vite. Déjà dans ce genre de course on a l’habitude d’aller aussi vite que possible. La seule exception est si on passe par un endroit à skis, à la descente. La je pense que le gain peut être vraiment important.

En voiture, pour les carrefours, c’est du pareil au même.
Je fonce.

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Comparaison douteuse. Les voitures tu les anticipes et les voies arriver parce-que tu t’arrêtes ou ralentis au carrefour.

Salut,
Délicat de répondre précisément à tes questions… La montée par la VN du tacul est exposée au serac du début de la montée jusqu’à l’épaule du tacul, en permanence. Les chutes de seracs sont régulières, parfois importantes, avec plusieurs gros cartons dans le passé et de nombreux miracles auxquels j’ai pu assister pour certains ces 4 dernières années (chutes de glace balayant la trace entre des cordées, ou toute la face juste après la dernière cordée…).
Pour autant les accidents sont rares en comparaison du passage.
À chacun de faire son choix !
Personnellement je n’y monte pas avec des clients (et encore moins en amateur), et je limite les passages même à la descente.

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Il faut aussi ajouter le risque de plaque même en été.

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Ah ! Le Mont Blanc…
Par la voie normale, il y a le couloir du Goûter.
Par le Tacul, il y a les séracs et les avalanches et les plaques à vent.
Par les Grands Mulets, il y a les séracs.
Par l’arête nord de l’aiguille du Goûter, c’est raide et c’est souvent en glace.
Par les aiguilles Grises, ça n’en finit plus.
Ça devient compliqué, le Mont Blanc (qui n’est plus ce qu’il était quand c’était mieux avant).

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Pour la comparaison, je trouve que les séracs du Dôme des Ecrins et du Maudit beaucoup plus flippants que le Tacul. Mais bon, le Tacul n’en reste pas moins dangereux…

S’exposer à un risque d’accident est une chose .
Y exposer d’autres personnes ( les pères de familles ) en est une autre.
Et que cela se passe dans sa voiture ou sur les pentes des Alpes ou d’ailleurs.
Donc à chacun de faire son choix de prendre un risque ou pas dans une activité et cela en toute connaissance de cause pour peu que ce choix ne soit pas biaisé par des influences extérieurs ( piège euristique etc…).

PS j’ai une autre illustration de Samivel qui résume ma petite philosophie personnelle de ce qui pourrait être ma destinée si un jour le hasard faisait que je me retrouve au mauvais endroit et au mauvais moment .
Il y a de rares fois ou ce n’est pas passé loin.
Pierre ou sérac même destin .
L’œuvre s’intitule « Il attend » .
image

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A tous, merci pour vos réponses, toutes diverses et intéressantes :slight_smile: (géniales ces illustrations de Samivel !)

Après lecture de vos commentaires et échange avec un guide, nous renonçons pour le moment au Tacul !

Nous nous rabatterons peut-etre sur les dômes de miage, mais point à faire avec le refuge des conscrits et les bureau des guides, on me parle de risques de plaques…

@Reveric je l’avais peut être mal exprimé mais je partage totalement ce point de vue.

Bonne idée, c’est une très belle course.

Pour les risques de plaques et le fait de voir avec les gens sur place c’est un principe inébranlable en montagne. La différence avec les Séracs, c’est que tu peux arriver à choisir un moment où les conditions permettent si ce n’est de l’évacuer totalement, de réduire fortement ce risque. Ce n’est pas le cas pour les séracs.

Enfin je me permettrais une remarque: le plus grand danger que vous encourrerez serait de vouloir absolument réaliser votre course parce que c’est le WE que vous avez prévu, parce que le guide est payé, parce que les jeunes papas n’auront pas 50 WE de libres. Même si le guide est là pour limiter la prise de risque la pression que pourraient éventuellement lui mettre des clients pourrait le pousser à prendre une mauvaise décision (ça fait partie des biais de décision documentés sur des accidents). Si je n’avais qu’un seul conseil ce serait de partir dans l’idée d’un beau WE de montagne, avec potentiellement un beau sommet à la clé mais dans l’esprit d’un WE qui sera réussi quelque soit le truc que vous ferez. Vous verrez que même si les conditions ne sont pas optimales et que vous changez d’option il y a toujours moyen de s’amuser même sur une pente secondaire ou un petit bout d’arête qui ne paye pas de mine.

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Ben oui fallait le faire avant

Ah oui les célibataires c’est pas grave

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