Risque et gestion du risque en montagne

Posté en tant qu’invité par Evidence:

C’est de la montagne mais moins risqué et moins difficile qu’un 8000.

Comparer un niveau technique en escalade pur gymnique (sorti de son environnement) avec le risque à franchir une pente de neige n’apporte rien à la discussion.
Faire du 7a en SAE est plus facile et moins risqué que de faire du 3a en grosse dans une face N en solo hivernale sur un 8000m.

Comparaison à laquelle personne ne s’est risqué.

Si tu multiplies les facteurs de différence tu n’arriveras à rien comparer. A vrai dire ta comparaison n’est même pas évidente et tu dois pouvoir trouver des types capables de faire du 3a à 8000m mais pas du 7a en SAE donc ce n’est pas évident que ce soit plus facile.
Maintenant si tu prends une falaise avec des voies en 5 et en 7, équipement sportif similaire, il sera sans doute (pas toujours) moins dangereux de se prendre un plomb dans le 7 que dans le 5 et c’est juste ce que je voulais faire remarquer pour dire que risque et difficulté ne sont pas toujours liés.

Posté en tant qu’invité par Evidence:

Certes, mais ces 2 situations sont assez éloignés de l’alpinisme. On peut également comparer la difficulté et l’engagement du point de croix par rapport au point de Jersey.

Posté en tant qu’invité par Partage:

Bonjour,
Je souhaite partager mon questionnement sur l’acceptation des risques en haute montagne.
J’ai pu remarquer, que jeune alpiniste, je pensais peu aux risques du milieu. Tout en y prêtant une réelle attention, et en sécurisant un maximum ma pratique, j’étais surtout dans le plaisir.
Avec l’âge, le décès de proches en montagne, certaines frayeurs (la pierre qui passe à côté, le sérac qui tombe le lendemain de notre passage…), ma conscience du risque (et sa concrétisation par expérience vécue) a augmenté, jusqu’à parfois me faire arrêter l’activité pendant quelques temps. Les amis, nouveaux parents, ont pour certains choisi de ne plus y aller.
Pourtant, je reviens par période à la haute montagne, j’accepte alors les risques car j’y trouve une contrepartie : je me sens bien dans ce milieu, il alimente mes projets et donne tout simplement du sens à mon existence…
Et vous, chers compatriotes alpinistes, comment approchez vous l’acceptation (ou pas) du risque en haute montagne?
Au plaisir de vous lire…

[Bonjour Partage,
Ta discussion fait double emploi avec une autre menée conjointement sur le même thème du risque en montagne: elles ont donc été fusionnées.
csv pour la modération]

Posté en tant qu’invité par toyotam:

En écoutant hier la radio publique, JP Vernant par la voix d’Emmanuel Laborie proposait une lecture du héros militaire grec qui renvoie à ta reflexion : celui qui peut choisir une belle mort… Kesako ? La belle mort pour les grecs : mourrir jeune sans avoir à survivre aux années. Ca renvoie au combat des exemples de vie entre Achille et Ulysse. Achille va défier Hector et mourrir sous les murs de Troie, les armes à la main dans l’Illiade. Ulysse, lui, choisit de vivre auprès de sa bienaimée, vivre voulant dire ici vieillir et affronter les viscissitudes de la vie, dans l’Odyssée.

On dirait que ton questionnement a quelques années de vol. Bon courage, on en reparle dans quelques milliers d’années !!

en regardant les reponses, je suis quand meme etonné par le nombre de personnes qui considèrent la montagne comme plus risqué que la plaine.
Certes, il y a ceux qui font des 8000 en face nord en solo et en hivers.
Bon, mais pour les autres: en plaine, les dangers objectifs sont la aussi, rien qu’a voir le nombre d’accident de voitures, d’accident de sport banal, d’accident du travail…

Posté en tant qu’invité par toyotam:

En fait très doctement on parle de « gestoin », « risque », « niveau »
Plus simplement, on devrait parler « vie » et « mort ».
Ca mènerait le niveau au dessus en gérant bien les risques…

On peut élargir le questionnement au delà d’un choix personnel de vie. Parfois, le compromis entre le risque et le plaisir des sensations fortes se fait par rapport à la douleur énorme potentielle des proches et non un peu égoistement par rapport à soi et sa petite vie…

[quote=« Josselin, id: 1270780, post:46, topic:116523 »]en regardant les reponses, je suis quand meme etonné par le nombre de personnes qui considèrent la montagne comme plus risqué que la plaine.
Certes, il y a ceux qui font des 8000 en face nord en solo et en hivers.
Bon, mais pour les autres: en plaine, les dangers objectifs sont la aussi, rien qu’a voir le nombre d’accident de voitures, d’accident de sport banal, d’accident du travail…[/quote]
Et moi je suis surpris que des gens pensent qu’il n’y a pas plus de danger en montagne qu’en plaine. L’explication que je vois c’est que nous n’interprétons pas la question de la même façon, les avis ne sont pas différent mais nous ne répondons pas tous à la même question.
Tu parles de voiture ou d’accident du travail mais « en plaine » pour moi veut dire dans une activité similaire à celles que nous pratiquons en montagne, c’est à dire principalement la randonnée qui est sans doute moins dangereuse en plain qu’en la randonnée en montagne même si elle n’exclu pas certains risques.

Munter (encore lui) explique dans son bouquin que son objectif de départ était de ramener le risque pris en « ski sauvage » à un niveau socialement acceptable, d’environ le double du niveau de risque pris dans la circulation automobile. Il estime y avoir réussi.

Posté en tant qu’invité par jayjayemr:

je pense que l’acceptation des risques va de soi pour le « vrai » alpiniste. J’entends par vrai celui qui en fera toute sa vie car c’est une évidence. Je ne suis pas le seul je pense à me mettre au taquet de temps en temps et n’avoir qu’une envie : y retourner. Personnellement, le risque fait partie du plaisir, il me fait sentir « plus vivant ».

Posté en tant qu’invité par Habitant de tonneau:

L’alpinisme n’est-il pas simplement un moyen aussi plaisant qu’inconfortable de decouvrir ses limites et donc d’appliquer ludiquement le principe: connais-toi toi-meme?

Pour decouvrir ses limites il faut bien les depasser, legerement (!), ce que l’alpinisme permet rapidement.

Une fois decouvertes, le but n’est-il pas de constamment repousser ces limites?

Je ne me pose quasiment plus la question, j’accepte (égoïstement? pas sur…). Tu te la poses si tu fais de la montagne mais aussi du basket, du foot ou du badminton, si tu triques en chinant dans une brocante :lol: :lol: :lol: … si tu peux t’en passer en fait! Si cette activité te correspond complètement , tant physiquement, que mentalement, que par le milieu dans lequel elle se déroule, que c’est la-haut que tu es bien, ben y’a pas photo, t’acceptes! Et puis franchement respirer l’air de la vallée de l’Arve en ce moment, c’est sans doute plus risqué que de sortir par risque 5!!!
Et puis tout faire pour « survivre aux années » à tout prix et se taper une belle vie insipide, ben perso ça me branche pas…

Posté en tant qu’invité par Jeun’s:

[quote=« Partage, id: 1270577, post:44, topic:116523 »]Bonjour,
Je souhaite partager mon questionnement sur l’acceptation des risques en haute montagne.
J’ai pu remarquer, que jeune alpiniste, je pensais peu aux risques du milieu. Tout en y prêtant une réelle attention, et en sécurisant un maximum ma pratique, j’étais surtout dans le plaisir.
Avec l’âge, le décès de proches en montagne, certaines frayeurs (la pierre qui passe à côté, le sérac qui tombe le lendemain de notre passage…), ma conscience du risque (et sa concrétisation par expérience vécue) a augmenté, jusqu’à parfois me faire arrêter l’activité pendant quelques temps. Les amis, nouveaux parents, ont pour certains choisi de ne plus y aller.
Pourtant, je reviens par période à la haute montagne, j’accepte alors les risques car j’y trouve une contrepartie : je me sens bien dans ce milieu, il alimente mes projets et donne tout simplement du sens à mon existence…
Et vous, chers compatriotes alpinistes, comment approchez vous l’acceptation (ou pas) du risque en haute montagne?
Au plaisir de vous lire…[/quote]

je suis jeune parent et je sors régulièrement en montagne. Alors oui, je ne fais pas de grandes face Nord en hiver… Faut arreter de mystifier la montagne, il y a un tas de grandes voies classiques en TA, de goulottes classiques pas trop engagées qui te permettent de sortir jusqu’à la fin de tes jours sans prendre trop de risques.

Personnellement, mes 2 plus graves blessures ont été faites au foot : luxation de l’épaule et en VTT : chute avec belle plaie, points de suture. Aucun bobo en montagne.

@ Josselin
@ J2LH

En fait si on ramène la question à une question général sur l’ensemble de la population de pratiquants, il n’y a pas lieu à la discussion. Il suffit de faire les statistiques et calculer les probabilités. Et les compagnies d’assurances l’ont déjà fait. Elles n’aiment pas assurer les pratiquants de certains sports, alors qu’ils n’ont pas de problèmes pour assurer les automobilistes.

Et au vu des réponses sur ce sondage (qui valent ce qu’elles valent), elles semblent avoir raison.

@Freenours

Je comprends la démarche: éviter que la société se décide à limiter l’accès à la montagne pour nous « protéger », dans le cas où elle serait trop scandalisée par les risques que nous prenons.

Mais ça me révolte.

Je me demande quand même quelle est la part de réalité et la part de fantasme. L’escalade ? C’est quoi ça ? Ah oui ce truc où on grimpe sur des cailloux à mains nues, ça doit être dangereux on va pas assurer ça…
En terme de nombre d’accident la logique voudrait que les compagnies d’assurance n’aiment pas non plus assurer le ski en station.

Posté en tant qu’invité par TDM:

[quote=« J2LH, id: 1270828, post:56, topic:116523 »]

Je me demande quand même quelle est la part de réalité et la part de fantasme. L’escalade ? C’est quoi ça ? Ah oui ce truc où on grimpe sur des cailloux à mains nues, ça doit être dangereux on va pas assurer ça…
En terme de nombre d’accident la logique voudrait que les compagnies d’assurance n’aiment pas non plus assurer le ski en station.[/quote]

il y a aussi une question de volume. Quand peu de gens pratiquent une activité à fort risque, c’est pas rentable ( ou alors il faut des cotis très élevées … que les pratiquants ne paieront pas )

Par contre, des activités à fort risque mais pratiquées par beaucoup de monde permettent d’étaler les cotis.

Ne t’inquiète pas pour les modèles mathématiques des assurances, c’est tout sauf du fantasme…

Fusion des deux discussions menées conjointement sur le risque en montagne

Les assurances sont prêtes à assurer presque n’importe quoi, tant que tu paies.
Si tu étais prêt à payer une assurance montagne le même prix que ton assurance bagnole (tout risque, pas seulement au tiers, car en montagne la plupart des accidents concernent ceux qui en sont la cause), les assurances n’hésiteraient pas à assurer les alpinistes…
En plus, l’assurance décide du montant de dédommagement en cas d’accident : elle peut toujours s’arranger pour que ce soit rentable, sauf que quand le montant est ridicule, elle n’aura pas de client pour ce contrat.

Attention à ne pas mélanger des poires et des pommes. (je sais, c’est moi qui a commencé)
L’assurance tout risque de la bagnole te fait payer cher pour un risque très élevé: celui de rayer la peinture de ta voiture. C’est une autre histoire.

Peut-être une meilleure comparaison serait l’assurance d’accident que ton employer paie pour toi (en Suisse en tout cas). Les sports à risque sont explicitement exclus, alors que la conduction de voitures ne l’est pas (en tout cas pour celle de Wintherthur, la mienne)

J’appelle Wintherthur, pour savoir qu’est-ce que c’est « les sports à risque » puisque je fais de la montagne et j’ai un doute.

- par exemple, si vous montez au Mont blanc avec un guide, ça c’est un sport à risque. - me répond une voix féminine.

- ah! et si je monte sans un guide? - que je lui rétorque.

- Oh monsieur ! alors ça c’est à très haut risque ! - me dit-elle d’une voix terrifiée.

Je n’ai pas demandé plus de précisions sur les différentes formes d’alpinisme… :rolleyes:

Pour les suisses qui s’intéressent à la question, ils se trouve que la LAA est en effet obligée à couvrir les accidents en montagne (secours inclus), et il y a des directives spécifiques à ce propos. Mais les assurances de prime abord t’invitent à souscrire une assurance spécifique. Ce n’est pas par hasard.