Responsabilité de la FFME dans l'accident de Vingrau - Appel de Toulouse

Même sans être « documenté » ou affiché, un danger peut être considéré évident (cas d’espèce : le « simple aspect » d’une falaise révèle son « caractère dangereux » à tout promeneur, sportif, ou pique-niqueur) - auquel cas la responsabilité du gardien de la chose était déjà susceptible d’atténuation : comportement inadapté de la victime face à un danger toujours évident (une falaise est toujours source de chute, un plan d’eau toujours source de noyade).

Dans le cas de dangers n’allant pas de soi mais susceptibles d’être connus (ça exclut la chute de météorite, mais inclut p.ex. les vieux arbres à branches mourantes, la vieille carrière au milieu d’une parcelle forestière, ou le bloc instable au-dessus d’un lieu de passage), la responsabilité après un accident reste (fort heureusement) recherchée et engagée s’il y a eu p.ex. défaut de mise en sécurité, de signalement/signalisation du danger (réalisation de travaux dans les règles de l’art, mise en défens temporaire ou permanente de la zone dangereuse par une clôture) etc.

Face à la concrétisation d’un danger connu (objets contondants, forte pente, vieux puits…) et d’un risque prévisible (fréquentation possible ou constatée, accessibilité par des sentiers, publicité via des guides ou sites…) : il faut y remédier, ce qui n’est pas toujours équivalent à interdire. Le cas échéant aménager, avertir, sécuriser, dévier, surveiller, encadrer, former, limiter…

Ces obligations ne sont pas levées par le nouveau texte de loi ; il se contente de « bouger un peu le curseur » concernant la responsabilité a priori de certains visiteurs seulement (à savoir ici les grimpeurs, qui dans l’exercice de leur pratique sportive peuvent se voir opposer un nouveau niveau de « risque accepté »). Drame de cette loi : face à la multiplication des grimpeurs et, on peut le craindre, des accidents, elle n’aide pas à la prévention de ceux-ci (pas de budget supplémentaire pour surveiller les falaises, former les grimpeurs, équiper/fermer des sites, indemniser les aléas…), s’occupant seulement de maintenir ouverts un maximum de sites (et tant mieux lorsque tout s’y passe bien) en décalant le poids des responsabilités (et tant pis si ça ralentit ou complique l’indemnisation des victimes).

Terrible exercice de pensée pour juristes : lors d’une « purge » un peu vigoureuse, une falaise déjà réputée pour son instabilité s’écroule avec ses divers grimpeurs mais aussi des randonneurs à son pied… :cold_sweat:

C’est aussi par exemple l’essence même de la base sérac qui pourrait être impactée : je ne vais pas rentrer un épisode pour ne pas que ça soit retenu contre un copain si jamais, histoire qu’il puisse dire « le risque n’était pas connu devant des avocats d’assurances adverses »

Donc totalement contre productif in fine… Au lieu de protéger et éviter des accidents, on fera tous prendre plus de risques

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Tu es certain ? Je n’avais jamais lu ça…

Le but est de prévenir les accidents, pas d’en avoir et d’être indemnisé après.

Je me suis pas bien fait comprendre : bien sûr qu’on ne cherche pas l’accident
Mais si on déclare un accident dans un secteur, le risque est que la loi débouche sur une interdiction du secteur (au regard du risque « prévisible »)

Et donc si un accident ou un presque accident ou un incident conduit à fermer le secteur où il se produit…

Je n’est pas dit qu’on cherche l’accident: la prévention évite (autant que possible) l’accident donc moins d’accident et en conséquence moins besoin d’indemnisation.
Pour éviter la fermeture d’un secteur, il faut peut être essayer autre chose.

Oui, voir par exemple l’affaire Viersou.

Kesaco ?

France, Cour administrative d’appel de Nantes, 2e chambre, 01 mars 1995, 93NT00477 (juricaf.org)

edit: voir aussi cet arrêt de la C. C., concernant l’exonération partielle du gardien d’une falaise.

euh oui mais quoi ?

la loi est passée et les effets pernicieux ou pervers ne se feront pas pas tout de suite sentir

Continuer à reporter les presque-accidents et à informer sur les dangers et dangers potentiels rencontrés.

Ben il me semble que c’est tout à fait normal la conclusion de cette affaire Viersou.
Et j’ai du mal à comprendre ta position.
C’est ce qu’on demandait, une responsabilisation du pratiquant.
Personnellement, je n’ai pas du tout envie de voir des panneaux partout pour me signaler les dangers inhérents au milieu naturel.

Pourtant ce rappel serait utile, ne serait-ce que pour tenir compte de l’affaire Vingrau. En effet, l’information au pratiquant est (serait?) un élément clef de la défense des équipeurs/propriétaires/gestionnaires. Certains conseils départementaux se lancent (se lanceront?) dans ce type d’actions.

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C’est plutôt un appel à ne pas sur-interpréter ce changement, qui reste en fin de compte assez mineur dans sa portée et ses effets escomptés. Sans quoi gare à la douche froide après cette, je cite, « victoire »…