Salut à tous,
Désolé, ce post va être (très) long.
Un pote m’a envoyé le lien vers cette discussion après que je lui ai raconté une « mésaventure » survenue au refuge d’Argentière en mai dernier.
A l’époque j’avais avalé ma rage et renoncé à remuer la merde mais ce post m’incite à partager notre expérience.
J’ai lu la discussion, tout … les 10 pages.
Y compris ce que T. a écrit et qui m’a été confirmé par plusieurs sources (dont un guide).
Comme le fait qu’ils n’allument pas le signal par temps de brouillard ou de nuit pour ne pas être dérangés par des arrivées tardives. (Mieux vaut que des gens passent la nuit dehors en plein hiver que de risquer de réveiller les gardiens).
jpm31, si ça peut te consoler : nous ça a été pire que tout ce qui a été raconté ici.
BIEN pire …
XaviG : tu étais là lors de la formidable altercation qu’on a eu avec eux. Je suis surpris que tu ne le mentionnes pas dans ton post …
Et il ne m’a pas semblé que cela t’a fait particulièrement plaisir non plus. Notamment parce pour le coup on a perdu 4 jours de montagne, et toi plus que nous.
Pourquoi occulter ça ?
Est-ce parce que tu négocies (négociais ?) pour être embauché à … Argentière(?) si mes souvenirs sont exacts ?
Alors pour donner le contexte, et éviter de me faire traiter de touriste qui ne sait pas se tenir par Bubu, je fréquente des refuges depuis 25 ans maintenant.
Pas toujours mais parfois, j’essaie de faire le petit plus pour être aimable : monter le journal, …
Souvent je tape un peu la discute avec le gardien et cela se passe le plus souvent très bien.
En 25 ans, jamais eu un problème qui arrive à la cheville de celui-là en tout cas.
Là on montait sur un des ponts de mai sur 4 jours pour faire :
- Y Argentière,
- NNE aux Courtes,
- Pointe du Domino,
- Couturier.
(Ca va Bubu, j’ai le droit d’être sur le glacier ?)
Mon compagnon de cordée habituel - en qui j’ai absolue confiance que je sais d’une fiabilité jamais démentie dans ses dires - a fait une réservation pour notre groupe : 4 pax et 4 nuitées.
Il a dû appeler de nombreuses fois sur l’espace d’un mois car à chaque fois on lui répondait « on ne sait pas si on sera ouverts, rappelez plus tard ».
Après de multiples tentatives, 1 semaine avant environ, il me confirme « c’est bon, j’ai pu avoir les places : 4 personnes x 4 nuitées ».
Les problèmes commencent 3 jours avant quand j’appelle pour signaler qu’une des personnes qui est dans notre groupe (XaviG ) ne prends pas la demi-pension.
C’est à peu près ça :
- Bonjour, je m’appelle on a une réservation pour ce WE : 4 pers. x 4 nuits.
- Ah non, ça c’est pas possible.
- Pardon, comment ça pas possible ? On a appelé il y a quelques jours pour faire une réservation.
- Ah non, ce n’est pas possible : on ne donne jamais de réservation pour plus de 2 nuitées. Vous avez une réservation pour jeudi et vendredi soir et il faudra repartir après parce que de toute façon on est complet ce WE."
S’en suit une discussion de 2-3 minutes où j’essaie de garder tout mon calme et d’observer la plus grande politesse pour essayer d’arranger la situation et trouver une solution et ne pas me trouver bec dans l’eau.
La gardienne en revanche, pas très polie, ne se prive pas hausser le ton et de me sermonner sur le ton de :
« C’est inadmissible que vous osiez questionner ce qu’on vous dit. »
« Vous m’emmerdez là, j’ai autre chose à foutre que de m’occuper de vous au téléphone, j’ai des clients (NDLR : on est en milieu de semaine et il est de mémoire aux environs de 15:00) je vais raccrocher. »
Elle a tellement d’aplomb que je finis par douter : je coupe cours à la conversation et dis que je vais vérifier avec la personne qui a fait la réservation et rappeler.
Je rappelle mon compagnon de cordée, et il me rapporte sa conversation avec le refuge lors de la réservation.
On lui a dit : « Je vous note déjà pour jeudi, vendredi et on verra sur place pour la suite si vous voulez rester plus long il n’y aura pas de problème. »
Je rappelle la gardienne 5 minutes tard pour expliquer la situation et essayer d’arranger le coup.
En tout et pour tout la discussion dure moins de 10 minutes, plus probablement 5.
Je reste toujours dans mes petits souliers dans l’espoir d’arranger le coup mais la gardienne ne se prive pas pour hausser le ton :
Là au fil de la conversation j’ai le droit à :
- « C’est complètement impossible qu’on vous ait dit ça, vous racontez n’importe quoi. »
- « Vous me faites chier, on a autre chose à foutre que de rester 30 minutes à discuter avec vous. »
- "J’ai des clients … " (Il est toujours aux envions de 15:00 un jour de semaine au mois de mai.)
A force de patience et diplomatie, je finis par apprendre que « on est complet le WE parce qu’on a fermé une partie des dortoirs du refuge » et j’arrive à négocier la possibilité de dormir à l’arrache dans un de ces dortoirs au cas où il n’y aurait pas de place pour nous le WE.
Ce qui au passage m’est annoncé par la gardienne (toujours aussi polie) par « bon là vous me faîtes chier, je vais pas rester 2H aux téléphone on va s’arrêter là, montez et on vous mettra dans un dortoir avec une couverture si besoin ».
Au passage notons qu’il y a plein de places et le problème aurait pu se régler il y a longtemps et simplement mais pour une raison qui m’échappe, la gardienne ne souhaite pas les utiliser.
Ouf de soulagement, je crois avoir sauvé mon WE prolongé …
Le jour dit on monte.
J’arrive au refuge quelques minutes après mes collègues et le temps de poser mes affaires, j’entends déjà le ton qui est monté en haut des escaliers.
« Il est où ! Il est où ! Je veux le voir ! »
Elle n’a pas dit « Je vais me le faire », mais on l’a tous compris.
L’heure de la revanche à sonné !!
Là je monte les escaliers, avec mon sac sur le dos.
Je ne me suis pas encore annoncé et elle ne sait pas que c’est moi. Je ne suis même pas sûr d’avoir franchi la dernière marche.
Elle me voit avec le sac sur le dos et avant toute chose je m’en prends une.
Je me fais aboyer dessus :
Moi : Bonjour.
Gardienne : Alors toi pour commencer tu me descends tout de suite ton sac à la salle en bas, t’es pas plus intelligent que les autres, les règles c’est pour toi comme pour tout le monde, les sacs c’est en bas !
Je descends poser mon sac : effectivement il y a un petit panneau qui dit que les sacs doivent rester en bas.
Je ne l’avais pas vu, mon erreur : mais il était tout à fait possible de me le rappeler calmement et poliment.
Le temps de poser le sac et de remonter, la discussion s’est engagée entre mon compagnon de cordée (celui qui a fait la réservation) (NDLR : il est cadre fédéral CAF, encore un qui ne connait rien aux refuges ou à la montagne comme moi) et la gardienne.
Il essaie calmement d’expliquer ce qu’il s’est passé et de tirer les choses au clair.
La gardienne, elle, est déjà à fond.
Quelques morceaux choisis au cours de la conversation au cours de laquelle mon collègue n’a JAMAIS haussé le ton contrairement à la gardienne et n’a JAMAIS eu un mot déplacé.
Lui : « J’ai appelé et on m’a confirmé pour 2 jours en me disant qu’il n’y aurait pas de problème pour rester 2 jours de plus. »
Gardienne : « C’est im-po-ssible qu’on vous ait dit ça, vous racontez n’importe quoi ! Et c’est inadmissible d’insister comme ça alors qu’on vous dit le contraire. Déjà l’autre jour m’a tenu plus de 30 minutes au téléphone à me casser les pieds. »
(…)
Lui : « Je ne comprends pas il doit y avoir un malentendu … »
Elle : « C’est ça, dîtes qu’on est des imbéciles ! »
Lui : « Je ne dis pas ça, je dis qu’il doit y avoir un malentendu. On peut être des gens très intelligents et quand même s’être mal compris ! »
Elle : « C’est des conneries, de toute façon c’est impossible qu’on vous ait dit ça. »
(…)
Lui : « Ecoutez, je suis pas fou, j’ai appelé plusieurs fois le mois dernier pour avoir des places, à chaque fois on m’a dit de rappeler parce que vous ne saviez pas si vous seriez ouverts. »
Elle : « Vous racontez n’importe quoi, on a ici des gens qui se sont inscrit sur internet il y a deux mois. »
Lui : « Internet je n’en sais rien, moi je vous raconte ce qu’on m’a dit au téléphone ».
Elle : « Que des conneries c’est absolument impossible qu’on vous ait dit ça. »
Au total ça dure peut-être 5 minutes jusque là.
Là intervient un gars du refuge, qui était à côté pendant toute la discussion, et dit à la gardienne : « Non mais attends, calme-toi : en fait je me souviens, c’est possible qu’on leur ait dit ça ».
Là j’ai une lueur d’espoir, je me dis que les choses vont s’éclaircir et rentrer dans l’ordre et que tout le monde va se calmer.
Quelle naïveté …
Sans une seconde de réflexion la gardienne répond A SON COLLEGUE : « Non, non, ils ne racontent que des conneries c’est impossible qu’on leur ait dit ça. »
Alors même que son collègue vient de lui confesser du bout des lèvres (car il doit en avoir une sacré claque de son humeur lui aussi) que oui, ce que mon compagnon de cordée se tue à lui expliquer depuis 5 minutes est exact : c’est bien ce qui nous a été dit au téléphone !!
Là mon collègue qui perd patience, hausse à peine le ton par agacement et lâche sur un ton dépité un "Dîtes qu’on est des menteurs … "
Et là la gardienne explose dans l’hystérie la plus totale.
Pendant 5 minutes, un mot sur deux qu’elle prononce est « bande de conards » ou une insulte du même tonneau.
Morceaux choisis à nouveau, il n’y a plus qu’elle qui parle : plus aucun mot de notre part après le « on n’est pas des menteurs ».
Nous on se regarde juste, complètement abasourdis :
- « On va pas se laisser emmerder par des conards pareils qui ont le melon et qui prétendent nous expliquer la vie. »
- « Vous êtes qu’une bande d’abrutis qui vous croyez plus intelligents que tout le monde. »
- « Bande de conards qui venez nous faire chier et qui croient tout savoir ».
- « Il y a deux semaines il y a de nos potes gendarme qui s’est tué alors on va pas se laisser emmerder par des conards comme vous. » (Respect et paix à son âme mais c’est quoi le rapport ?)
Et ça finit par : « De toute façon j’en ai ma claque de vos gueules, je vais appeler les gendarmes pour qu’ils viennent en hélico et vous descendent immédiatement. »
On s’est regardé avec mon collègue, on n’a même pas essayé de répondre parce que c’était clair que si on répondait ça finissait en pugilat.
On a tenu un petit conciliabule dans la salle en bas et en 2 minutes c’était décidé : on a pris non cliques et nos claques et on s’est cassés, direction la vallée.
Pour le coup on est monté le lendemain à Monte-Rosa.
Réservation de dernière minute, le gardien me dit au téléphone : « On est complet mais bon allez montez on trouvera toujours une solution. »
Le soir, on arrive en retard le gardien nous reçoit : « Vous stressez pas, il n’y a pas de problème : posez vous calmement, quand vous êtes prêts venez vous mettre à table et on vous donnera à manger à ce moment là ».
Brefs, reçus royalement, avec le sourire et tout, on mange super-bien et alors que c’est la Suisse c’est à peine plus cher que les refuges CAF.
Comme quoi, l’accueil et être zen c’est possible.
Voilà comme quoi le problème de jpm n’est pas isolé …