Récit d'une mésaventure qui se termine bien

c’est courageux de relater les faits et d’analyser ses « erreurs », tu étais responsable de la cordée et tu as pris la meilleure décision, après un bivouac glacial vous auriez été tentés de descendre à l’aube, en tombant sur des névés béton à 5h du mat , sans piolet ni réelles possibilités d’assurage c’était le carton probable.
l’expérience est une suite d’erreurs qui finissent bien…je pense qu’a ton fond de sac tu ajouteras gants, bonnet, buff, gilet doudoune
quelques photos de cette course ?

Si je peux me permettre, j’aurais certainement pris la même décision que toi, dans la mesure où ton partenaire était débutant.

Si j’emmène quelqu’un pour une première fois, je suis responsable de lui à 100%. Je sais comment je réagis au froid dans la nuit, mais je n’ai aucune garantie de la résistance physique et mentale de mon coéquipier néophyte. C’est une chose de prendre un risque en cordée experimentée, mais il est bien différent de prendre un risque pour l’autre.

Merci d’avoir partagé!

Posté en tant qu’invité par euhhhh:

[quote=« oggy, id: 1378208, post:41, topic:122272 »]c’est courageux de relater les faits et d’analyser ses « erreurs », tu étais responsable de la cordée et tu as pris la meilleure décision, après un bivouac glacial vous auriez été tentés de descendre à l’aube, en tombant sur des névés béton à 5h du mat , sans piolet ni réelles possibilités d’assurage c’était le carton probable.
l’expérience est une suite d’erreurs qui finissent bien…je pense qu’a ton fond de sac tu ajouteras gants, bonnet, buff, gilet doudoune
quelques photos de cette course ?[/quote]
Il mettra donc une semaine pour faire les dents de lanfon.
Soyons un peu serieux, c’est de la rando avec quelques pas de 3 au dessus du lac d’Annecy !!

Oui c’est sur. Avec un partenaire habituel, on aurait gagné 3 heures facile. Déjà souvent on dors sur place la vieille (on est de Lyon donc 2h de route). On grimpe en réversible et ça fatigue moins mine de rien.

quote="euhhhh, id: 1378218, post:43, topic:122272"Il mettra donc une semaine pour faire les dents de lanfon.
Soyons un peu serieux, c’est de la rando avec quelques pas de 3 au dessus du lac d’Annecy !![/quote]

Commentaire courageusement anonyme que je traduis par « moi, je suis vachement + fort que ça, ce genre de truc ne peut pas m’arriver ».
Enfin, c’est le jeu de C2C, ca donne une certaine image de son auteur…

Sans neige, c’est un parcours où il faut avoir un minimum de sens de l’itinéraire, et un minimum de connaissance en progression.
Avec de la neige, c’est bien-sûr un cran au dessus, j’aurai du mal à encore appeler ça de la rando.

C’aurait été mieux de parer aux imprévus, mais avec un débutant, alors qu’ils n’étaient pas sortis des difficultés, ca me parait plutôt intelligent d’avoir appelé les secours.
Vaux mieux finir en se disant « on aurait pu » que « on aurait pas du ».

Merci à l’auteur du récit de nous faire partager ses erreurs, ces piqures de rappel sont toujours utiles.

Posté en tant qu’invité par euhhhh:

Prendre le materiel de bivouac n’est pas une bonne option pour ces itineraires de rando-escalade avec l’arete necessitant 1-2h !!
C’est juste de la marche avec quelques pas de 3b a une altitude de 1800m au mois de mai => pas de quoi prendre le materiel pour aller sur la lune.

[quote=« euhhhh, id: 1378301, post:46, topic:122272 »]Prendre le materiel de bivouac n’est pas une bonne option pour ces itineraires de rando-escalade avec l’arete necessitant 1-2h !!
C’est juste de la marche avec quelques pas de 3b a une altitude de 1800m au mois de mai => pas de quoi prendre le materiel pour aller sur la lune.[/quote]

Pour toi comme pour lui, l’erreur principale me semble de croire que la moyenne montagne au mois de mai ne pose plus de problème.

Par curiosité, j’ai regardé ce que disait le BRA 74 du 3 mai.
Assez de neige en versant Nord pour faire des raquettes à partir de 1500m.
Beau temps, mais se couvrant en fin de journée, avec neige possible à partir de 2000 (10cm à 2500)
Le lendemain (4mai), alternance éclaircies et nuages, avec risque d’orage, et grésil à partir de 1800m.

En bivouaquant avant de sortir des difficultés, en se prenant vraisemblablement la douche (+ quelques flocons ?) pendant la nuit, pour avoir finalement une météo incertaine le lendemain, je ne sais pas si ca se serait aussi bien fini.

Posté en tant qu’invité par Bouquetin étourdi:

Perso, avec un débutant, j’aurais fait pareil ! on ne peut pas savoir les effets du stress d’un bivouac improvisé sans matériel survivant, le stress est le principal facteur d’épuisement …

Posté en tant qu’invité par Bouquetin étourdi:

« matériel suffisant » bien sur !

Posté en tant qu’invité par euhhhh:

L’erreur est simplement de ne pas tenir l’horaire et de ne pas rebrousser chemin quand il est manifeste que l’horaire est explose !!!
3h pour arriver a l’attaque en demarrant a 10h de la voiture ! Il suffit de regarder sa montre.

[quote=« euhhhh, id: 1378345, post:50, topic:122272 »]L’erreur est simplement de ne pas tenir l’horaire et de ne pas rebrousser chemin quand il est manifeste que l’horaire est explose !!!
3h pour arriver a l’attaque en demarrant a 10h de la voiture ! Il suffit de regarder sa montre.[/quote]

Effectivement, mais une fois l’erreur faite, et une fois là haut si tard, appeller les secours fut une décision pas dénuée de bon sens. Même si peut être que ça aurait fait avec un bivouac, mais ça, on ne le sait pas.

Posté en tant qu’invité par PN:

Ben j’ai rarement vu en montagne quelqu’un d’aussi arrogant et sûr de lui que euhhhh! Enfin c’est toujours facile de donner de grandes leçons derrière son écran! Comme on dit, ce n’est pas celui qui à la plus grosse qui pisse le plus loin!
Je pense que belgarion a non seulement pris la bonne décision, mais en plus il a le courage de faire part de son expérience sur ce forum en sachant qu’il risque d’en prendre plein la gueule! Alors simplement merci pour ton témoignage!

Bien sur qu’il y a eu des erreurs, et l’auteur en est d’ailleurs conscient. Et je le félicite nous faire part de son aventure.
Je suis de la génération qui n’appelait pas les secours, et je reconnait qu’a plusieurs reprises, c’était complétement idiot:
pied gelé après un bivouac forcé
descente sur une jambe avec un ligament déchiré après avoir passé dans une avalanche
descente de la vallée blanche à ski et à pied jusqu’a Chamonix avec le coccyx cassé.
je me suis déjà retrouvé dans de situations craignos avec des mauvais skieurs dans des pentes avalancheuses dues à des redoux soudains.

mes copains guides n’hésitent plus à appeler les secours dès que ça sent le roussi.

Même à -5 on peut avoir des gelures sérieuses, et ce n’est pas comme cela qu’on va faire aimer la montagne à un débutant. Les bivouacs, c’est génial quand on est bien équipé!

A Chamonix, il y a des appels aux secours pour des sacrés bricoles, c’est malheureusement une dérive. C’est devenu trop facile et beaucoup ne se pose même pas la questions!!!

Posté en tant qu’invité par euhhhh:

Qui connait l’itineraire ?
C’est un peu la promenade digestive autour d’Annecy : de la rando aerienne avec quelques pas d’escalade propice a l’initiation des debutants. Les propos tenus sur le materiel chaud a prendre sont a cote de la plaque.
Un telephone portable peut aussi servir a regarder l’heure.

C’est à cause de posts comme les tiens que les retours d’expérience sont rares et pourtant bien instructifs.

Il n’est pas question d’être au-dessus de la mêlée et sentencieux comme tu l’es mais simplement de comprendre.
On ne juge pas qqn qui a le courage de partager, on s’en fiche que ce soit ou non une promenade digestive :rolleyes:

T’as eu raison belgarion_665, en plus d’avoir initié ton pote, tu lui as offert un tour d’hélico.

Ca c’est un souvenir qui marque une vie. :wink:

Merci à belgarion_665 pour son retour d’expérience ; tous ces retours sont intéressants, de la course PD-/II/P3 3b à la course ED/V/P4 6b+
À ce sujet, n’hésitez pas à alimenter la base accident, il y en a pour tous les niveaux pour analyser des sorties qui ont plus ou moins bien tournées. Le fait de passer par la saisie d’une sortie permet aussi de s’appuyer sur le topo des itinéraires pour mieux comprendre.

Autant que je sache, les secouristes préfèrent ramener des personnes en bon état le soir même que d’avoir un secours difficile le lendemain matin …
D’autant que le lendemain, avec des névés probablement regelés et sans équipement, vous les auriez de toute façon appelés.
Le bivouac n’était pas la solution. Il n’y avait en fait qu’une seule alternative: forcer la descente coûte que coûte dans la neige molle ou appeler les secours.
Avec un débutant, c’est certainement la deuxième solution qui s’impose.

Mais s’il te plaît, la prochaine fois, pars 2h plus tôt.

Non, parce-que, en fait, ça me touche.
Moi aussi, un jour, j’ai emmené un débutant et on a bivouaqué. Imprévu. Dormi sur le casque comme oreiller sous un surplomb dans la tempête de neige.

J’avais un peu honte.
Mais en fait, ça l’a enchanté.
Depuis l’élève a dépassé le maître d’un jour.

Et me chambre toujours gentiment 24 ans après.

hello,

je suis le compagnon de cordé.

Je suis partiellement étonné de la réaction. Je m’attendais à quelque chose de plus constructif pour éviter nos boulettes aux autres.

J’ai deux points à soumettre pour améliorer le topo sous réserve que ce n’est pas déjà fait : Indiquer un temps indicatif de la course?! J’ai vu sur un autre topo 6h30 sur les arêtes.
Pour avoir une bonne lecture des bulletins méteo ajouter : « la descente de 1800m à ~1500m est exposée Nord à Nord Est ».

Sinon je vais répondre aux autres points soulevés.

J’avais plutôt le moral,
je suis très calme de tempérament, et j’ai plutôt l’habitude de cet environnement -mais moins des conditions.
J’ai poussé mon ami à continuer, puis à bivouaquer. Mais je n’ai pas l’expertise d’un alpiniste, ni la responsabilité de la course.
Nous nous connaissons bien, je le connais prudent et moi téméraire, je lui est fait confiance jusqu’au bout dans les décisions.
Il arrive à un moment où le psychologique prend le pas sur le rationnel.

En ce qui concerne le bivouac,
c’était pas très réaliste nous venons de traverser un névé, et je suis tombé au travers - j’étais trempé, l’avenir était plutôt pessimiste.
Sur ce point le secouriste, m’a répondu que ça ne valait pas le coup de passer la nuit la haut.

Coté matos - mon commentaire a peu de valeur, mais de ce que j’ai vu seules les raquettes auraient pu changer quelque chose à notre course.
Je suis passé 3 fois à travers au delas de la ceinture. Nous avions des bâtons de rando, les risques de glisse étaient très limités. Quand au fait de passer au travers, des crampons n’auraient pas changé grand chose.

Coté secours, j’ai pu comprendre qu’ils connaissaient le terrain avec une précision incroyable. Avec le recul il ne faut pas les appeler à la dernière minute. Ils auraient pu nous aider en amont : donner des certitudes sur notre parcours, et surtout remonter le moral. Le 18, ce n’est pas le GPS, ni un « Allo j’ai le moral à zero » m’enfin si ça peu éviter une intervention lourde.
C’est un avis très personnel, j’aimerais savoir ce qu’ils en pensent eux, les secouristes.

Pour finir j’ai écris un texte pour me vider la tête, je vous en fait part - mais je ne cherche pas votre empathie. C’est juste pour faire comprendre qu’un appel au 18 est loin d’être gratuit psychologiquement.

«  »"
Honte de pleurer, Pleurer de Honte.

Les petits clapotis de l’hélicoptère au loin, un avion ? Finalement nous avons bien un hélicoptère en visuel, nous mettons nos frontales en clignotement.
L’émotion monte d’un cran, l’hélicoptère nous repère, nous levons les bras selon les codes de sauvetage. L’hélicoptère nous éblouis petit à petit en se rapprochant, les arbres commencent à vaciller. Le spot de l’hélicoptère agit comme un doigt accusateur, et nous avec nos bras levés renforce mon sentiment de culpabilité et de honte. A partir de là, nous quittons la réalité.

L’hélicoptère est en stationnaire au dessus de nos têtes, les arbres se déforment littéralement à l’effet du vent. Nous sommes accroupis, le regard au sol, le vent puissant est glacial. Deux gendarmes tombent du ciel, l’hélicoptère s’éloigne. les consignes commencent, les gendarmes essayent de comprendre notre parcours, nous déculpabilisent, nous rassurent.

L’hélicoptère fini par revenir, le gendarme parle à son micro, « l’un ou l’autre, ça dépendra du coté qui vient ». Finalement c’est mon collègue qui est hélitreuillé le premier. Le gendarme m’explique qu’ils vont le décharger pour revenir plus léger.

L’hélicoptère revient, le gendarme me parle de la lune à travers les arbres - je ne comprend rien. Finalement le treuil arrive sur notre droite à trois mètres, très lentement le pilote ajuste le treuil pour arriver à notre portée. Il m’attache au treuil, Indique à la radio que tout va bien, fait un signe au pilote.

Là, je pense à un truc très bête « mon baudrier qui m’a supporté toute la journée, et s’il lâchait ? ». Je ferme les yeux les premiers mètres de l’ascension. Je repense qu’on a le vertige uniquement sur terre. J’ouvre les yeux, regarde au tour de moi et fini par me concentrer sur le gendarme. nous tournoyions lentement autour du treuil, faisant défiler le paysage. Le gendarme tend le bras et me dit « regarde on voit le lac d’Annecy ». Je regarde furtivement, me relance, et regarde tout aussi furtivement. Le paysage est féérique, une parenthèse dans cette crise.

Toujours pendu au treuil, nous arrivons finalement au niveau de l’hélicoptère, un homme m’attrape pour m’orienter le dos à la cabine, et dès que je peux, je me glisse au fond de l’hélicoptère. Je me rend compte que dans l’action il m’avait attaché à une sangle.
Finalement le gendarme remonte, m’installe à un siège et m’accroche au sol de l’appareil. Nous nous approchons de notre parking et ils nous déposent au milieu d’un champ.

Tout ceci se passe au ralenti. Mais une fois déposé au milieu de nul part, tout semble un rêve à peine vécu.
Le sentiment de honte reste, celui d’avoir appelé les secours.
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