Rappel du mont aiguille, situation malcommode

Bonjour à tous,

Un petit mot pour vous relater une situation malcommode nous étant arrivé ce week end, lors de la déscente en rappel du mont aiguille (2ème rappel).

Je vous passe les détails de l’ascension, et du premier rappel qui s’est très bien passé…
Arrivé au lieu du 2ème rappel (40-45m environ) nous faisons les différentes étapes tout comme on a appris.

On vient se sécuriser au relai.
On prépare les deux brins de corde en echevaux.
On fait les noeuds en bout de corde.
On lance la corde, « le plus loin possible » et on se prépare à déscendre.
La première à déscendre réalise son machard, place son réverso et s’en va dans le vide le sourrire jusqu’au oreilles!

Le rappel est déversant: quand on arrive au relai on voit 2-3 mètres de paroi (dalle) et puis c’est tout. Après on voit le paysage au loin…
Ce qui fait que: 1 on ne sait pas ce qu’il y a en dessous, et 2, quand quelqu’un est en train de déscendre on ne le voit pas non plus.

Bref, la première rappelleuse déscend, on attends donc avec mon camarade de cordée que la corde se libère, pour s’élancer à sa suite. Bizarrement la corde reste bien tendue pendant plusieurs minutes. Le rappel est long mais tout de même… Que s’est t’il donc passé?? Pourquoi notre camarade reste t’elle coincée en bas?

La réponse en image:


En rouge la corde à double de rappel, en bleu, corde utilisée pour débloquer la corde
1 : Jusque là tout va bien
2 : Jusque là tout va bien
3 : Merde la corde est bloquée!

Le rappel (rien ne le laissait présager) déscend au milieu d’un couloir. Par conséquent, la corde que nous avions lancé bien loin, est venu attérir sur le versan opposé du couloir et, grâce au noeud en bout de corde est resté coincée de l’autre coté. Du coup lorsque la rappelleuse est déscendue, elle s’est retrouvée dans une situation où elle ne pouvait plus déscendre, puisque la corde « remontait » derrière elle. Etant donné qu’elle était concentrée sur la gestion de la corde (machard + réverso) et sur le rappel en lui même qui est assez impressionnant, elle n’a pas pensé à regarder derrière elle si la corde allait jusqu’au sol et s’est donc retrouvée dans une posture assez délicate…

La solution:
Par chance, quelqu’un encadrant un groupe nous précédait. Il a donc pu rassurer notre rappelleuse et trouver « the good idea » pour tout débloquer. Par autre chance un autre groupe nous suivait avec une corde de rab.
Nous avons donc fait glisser une deuxième corde jusqu’à la personne bloquée. Celle-ci à l’aide d’un mousqueton a attaché la corde (bleue) sur sa corde bloquée. Puis en tirant sur la corde bleue, nous avons réussi à débloquer la corde coincée.
La rappeleuse a ainsi pu terminer sa déscente avec soulagement.

Voilà voilà… Merci aux grimpeurs pour leur aide précieuse. J’espère avoir été assez clair pour exposer notre petite mésaventure.

En résumé:
Rappel lancé trop loin, coincé sur la paroi d’en face.
Rappeleuse coincée 30 m sous le relai.
Utilisation d’une deuxième corde pour débloquer la première.

Comment éviter ça:

  • Plusieurs possibilités sont envisageables, toutes plus criticables les unes que les autres.
  • Penser à regarder comment s’est déroulée la corde le plus tôt possible.

Notes:

  • Je vois souvent des gens déscendre en rappel sans machard - si on avait été dans ce cas là la situation aurait certainement été requalifiée en « dangereuse » ou « accident ».
  • Etant parti relativement tôt pour la ballade (7 h du mat’ au parking) on était dans une plage horaire où on avait forcément des gens qui pourraient nous donner un coup de main. Se retrouver dans cette situation en fin de soirée aurait été d’avantage délicat.

Salut,

Pour eviter de coincer le rappel, je ne fait jamais de noeud en bout de cordes au moment de les jeter depuis le relais. Je jette les deux brins de corde sans noeuds, je commence à descendre avec un autobloquant en défaisant les noeuds éventuels et ce n’est qu’ensuite si je vois que le rappel est long que je m’arrête en tension sur mon autobloquant pour tirer le bout de corde à moi et securiser le rappel par des noeuds en bout de chaque brin.

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Le « grand rappel » du Mont-Aiguile est de longue date un véritable piège à corde, surtout lorsqu’il y a du vent (pas rare à cet endroit). La corde (même sans noeud) se coince très facilement sur l’autre versant de la brèche dans laquelle on descend (la Tour du Taureau) ou plus au Sud dans les blocs de la voie Carrel-Vercesi. Bien sûr si on a fait un noeud au bout de sa corde, c’est cuit !
Concernant le noeud au bout de la corde, cette opération est dans 99% un non sens et une source considérable d’ennuis, surtout si le rappel n’est pas rectiligne. Il n’y a pas beaucoup de situations dans lesquelles le noeud présente un intérêt (sauf peut-être un rappel de nuit où la longueur du rappel est incertaine). La technique décrite à cet effet par Mykeee est tout à fait raisonnable, sauf le fait de « jeter les deux brins », source également d’ennuis. Il suffit de jeter quelques anneaux d’un brin puis de l’autre et de les laisser filer en les contrôlant pour éviter de trouver des noeuds durant la descente ou de se retrouver avec une corde coincée derrière une écaille ou un arbre.
Dans le cas du Mont-Aiguille et pour tous les rappels répertoriés (longueur de corde connue) avec arrivée sur la terre ferme, le noeud au bout de la corde est un non sens.

B.A.

un bon moyen pour la mise en place de rappel lorsque on ne voit pas entièrement là où il va tomber : en lover environ un tiers en boucles alternées comme pour un pliage « en oreilles de cocker », poser ces boucles sur un dégaine accrochée au baudrier, et refermer la dégaine en accrochant l’autre mousqueton avec le premier. Même opération pour le tiers suivant. Même opération pour le troisième tiers, sauf qu’on le prend à plat sur les bras.
Sauf erreur, l’ensemble se délove correctement au fur et à mesure de la descente.
Ça marche aussi par grand vent, et/ou s’il y a des arbres et arbustes :wink:

Mais dans la situation décrite, le B-A BA est que le premier ou la première a descendre en rappel vérifie le plus tôt possible que la corde est bien en place, et au besoin la secoue après l’avoir un peut tirée. Ça fait, en principe, partie des automatismes acquis ou à acquérir.
Raison pour laquelle, perso, je vache mon second ou ma seconde sur la corde pour vérifier que le machard est bien en place, puis je descend le premier. Sauf si je peux faire confiance, bien sûr.

Pareil ou presque, suite à une mésaventure je ne fais jamais deux noeuds en bout de corde mais un seul reliant les deux brins. Le premier avantage est que si on oublie de défaire le noeud avant de rappeler c’est sans conséquence. Le deuxième avantage est que dans la situation rencontrée il peut être possible d’agir sur les deux brins pour débloquer la corde, parfois ça marche.

La solution dans cet incident était sans doute de remonter sur la corde (un truc indispensable à savoir faire quand on est le premier à descendre un rappel) afin de pouvoir tirer la corde la corde vers le haut et la débloquer, ça pouvait marcher.

Se passer d’un machard est une connerie pure et simple. Jamais le machard ne fait perdre de temps, ça en fait même gagner et évidement ça sécurise efficacement la descente.

Pour ce type de rappel bien raide voire surplombant ( j’y etais il y a 2 mois ) pourquoi jeter la corde ? tu la fait glisser toute seule et ainsi elle arrive dans la gorge 45m plus bas.

… et tu évites ainsi de mettre ton paquet de nouille sur la tronche de ceux qui sont en dessous, vu qu’à cet endroit on peut placer en parallèle 4 lignes de rappel !

B.A.

Puis faut vite dégagé si tu veux pas prendre une pierre sur la tête.

Merci Ben d’avoir détaillé notre petite mésaventure lors de cette descente :lol:

Merci aux C2Campistes pour leurs suggestions afin d’éviter une autre situation similaire, et aux autres cordées qui se sont marré avec nous en nous aidant :slight_smile:

Je pense que la bonne attitude que nous aurions dû avoir aurait été tout simplement de vérifier la corde sur toute sa longueur, une fois descendu assez bas pour la voir.
Pour un rappel de cette longueur, les noeuds me paraissent quand même raisonnables: pour une corde de 2*50m il ne reste pas beaucoup de corde, surtout si on descend bas dans la brèche. Par contre effectivement, il est surement préférable de les faire une fois certain que la corde est bien descendue.

la corde arrivant au sol, le noeud (moi aussi c’est un noeud unique) est inutile pour la sécurité, mais bien utile pour aider à la mise en place du rappel en évitant au bout des deux brins de s’emmistouiller

A mon avis votre erreur principale etait que le premier en rappel n’était visiblement pas assez expérimenté pour ne pas descendre plus bas que le lieu du blocage ou pour ne par remonter une fois que il (elle) voit que la corde est bloquée.

C’est souvent ch*** être la première en rappel, je pars sans sourire mais avec une grimace… et toujours avec une cordelette au baudrier au cas où.

Merci pour vos messages pleins de bons conseils!

Effectivement elle aurait pu se rendre compte du blocage de la corde avant… mais bon ça n’a pas été le cas!

Elle avait une deuxième cordelette et connaissait les manips de réchappe, elle aurait pu remonter sur la corde de rappel en cas de besoin, mais bon 30 m à remonter, ça fait beaucoup ^^… Le coup de la corde pour débloquer restait la solution la moins énergivore, et qui sait… la plus esthétique?

En ce qui concerne le manque d’expérience, je pense que de toutes façons on aura jamais fini d’apprendre et que l’on se retrouvera toujours devant des situations nouvelles. Le tout étant d’aborder ces nouvelles situations dans les meilleures conditions possibles!

Il faut remonter quelques mètres pour pouvoir tirer vers le haut.
En disant « expérience » je parle plutôt d’attitude d’être prête de se débrouiller car on ne peut pas prévoir toutes les configurations. J’ai pas d’expérience, je passe parfois pas mal du temps en démêlant-débloquant la corde (surtout si il fais mauvais temps) mais on peut presque toujours s’en sortir.

à propos de comment jeter ou ne pas jeter les cordes.

récemment lors d’une journée de gros vent j’ai improvisé la technique suivante pour ne pas être obligé de descendre avec les cordes sur moi, j’aimerais des commentaires (surtout venant de ceux qui éventuellement ont déjà utilisé le même système)

1-je descend en 1er. La corde (2 brins) qui sort de mon machard remonte vers le relais et passe dans une dégaine
2-mon partenaire fait coulisser la corde qu’il me faut à fur et à mésure que je descends.
3-évidemment, si j’ai des cordes de 60m, arrivé à 30m de rappel mon partenaire est obligé de laisser filer les cordes (sans noeud au bout)

ça s’est bien passé, zero vrilles et zero coincements, mais à chaque fois l’étape 3 me laissait inquiet car je craignais que les cordes puissent se coincer au dessus de moi
des autres auraient essayé de faire le même??? ça s’est passé comment?

Pour ce qui me concerne, je ne jette jamais mes cordes de rappel ; c’est peut-être l’expérience et les années qui parlent… Si vraiment il y a un monstre vent, je leste mes cordes (avec mon sac par ex) ou si j’ai le courage, je remets la corde dans mon sac (en vrac à partir des extrémités) et j’accroche le sac sous mon baudar pour qu’il pende entre mes jambes (technique spéléo) et la corde se déroule toute seule au fur et à mesure de la descente.

B.A.

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+1.
Resté bloqué au même endroit en 1992, dans la même configuration inconfortable que celle décrite par bennoun, à cause d’un fort vent qui avait bloqué la corde dans l’autre versant de la brèche. Les fois suivantes, j’ai lancé contre le vent…

+1

bonjour a tous,

Alors tout d’abord, je pense qu’il est indispensable de faire les noeuds en bout de corde. Il y a plusieurs solutions qui ont été exposées dans cette discussion et elles sont toutes intéressantes. Il y a tellement d’accidents qui se passent à cause de grimpeurs arrivant en bout de cordes… Personne n’est au dessus d’un accident et un noeud, ca coûte pas cher pour une vie… quitte à passer un peu de temps pour une corde coincée.
Après la solution de B.A. est vraiment bien. Le coût du sac entre les jambes pendant la descente, ça évite que des grimpeurs se prennent la corde (ou des caillasses) sur la tête et ça évite de coincer la corde si ça craint un peu.

Je persiste et signe : le noeud eu bout de rappel est une réelle source d’ennuis sérieux, particulièrement lors d’une descente compliquée comportant plusieurs rappels successifs (et je ne parle pas de l’aggravation d’une situation compliquée par les conditions météo et/ou le stress.
L’utilisation d’une sécurité par noeud autoblocant est nécessaire ET suffisante pour faire face à toutes les situations problèmes (cordes coincée, corde trop courte, relais désaxés, etc).
Bien sûr ceux qui imaginent qu’on descend en rappel comme le GIGN ne sont pas concernés par mes propos !!!

Concernant la descente en moulinette, je suis d’accord. Pour ce qui concerne les accidents en rappel, ce genre de situation est rarissime.

B.A.

Ces retours d’incidents sont toujours tres utiles pour faure évoluer ses techniques. Merci pour le topo et le travail photos. Pour ma part, quand il ya beaucoup de vent, une ligne de rappel à problème ou un e grosse hésitation sur la zone d’arrivée du rappel, j’envoie le premier descendeur sur demi cabestan: la dépose de la corde se fait nickel et c’est bien plus simple s’il faut chercher un peu le départ du rappel suivant.